lundi 29 février 2016

Dylan LeBlanc : « Cautionnary Tale »



Troisième album pour ce jeune auteur-compositeur (23 ans) au patronyme « bien de chez nous » trompeur puisque originaire de Muscle Shoals (Alabama) ville où était sis les mythiques studios Fame. Alors que les premières notes s'échappent des enceintes, LeBlanc s'inscrit dans la grande tradition des songwriters, on parle là de Neil Young (cf. « Easy way out »), de Bob Dylan, des artistes de ce calibre. Acoustique chatoyante, LeBlanc nous transporte au « crossroad » de plusieurs cultures ancrées dans le terroir étasunien. La guitare sèche délicatement arpégée, nous ramène immédiatement au folk légèrement teinté d'arrangements country (cf « Man like me »). La voix, elle possède ce charme rare, délicate, mélodique mais transpirant le vécu, il y a quelque chose de soul dans le chant de LeBlanc qui, en dépit de son jeune âge, a déjà dû surmonter ses démons et son mal être. Pourtant, la note soul chez LeBlanc est sophistiquée et assez éloignée du style survolté généralement pratiqué dans sa ville natale (cf. Candi Staton). Un bel album, représentant dignement le sud des Etats-Unis, ce terroir où les styles s'entrecroisent et se mélangent. A découvrir…
https://www.facebook.com/dylanleblancmusic/

dimanche 28 février 2016

Raphaël Imbert : « Music is my home Act 1 »



A l'origine de cet album il y a un voyage. Un long périple initiatique dans le « deep south » des Etats-Unis, entre Louisiane et Mississippi, effectué par Raphaël Imbert, saxophoniste et homme de terrain de son état. L'objectif pour le musicien venu du jazz est de se confronter aux musiques terriennes, notamment le blues et la country. La démarche est profondément humaine, se base sur les rencontres, le partage et l'échange. Ainsi tout au long de ces treize pistes, Imbert questionne la créolité (une partie de l'enregistrement s'est effectué à la Nouvelle-Orléans) et la façon dont les musiques, autant que les musiciens, dialoguent ensemble. Il en résulte un certain éclatement des structures qui démontre in fine que le blues reste une musique vivante, loin d'être figée dans un carcan à douze mesures. L'originalité vient d'abord du saxophone, un instrument que l'on entend assez rarement dans le blues, et qui apporte une touche free trahissant les origines jazz du musicien (cf. « Black Atlantic »). L'album est l'occasion de découvrir de magnifiques musiciens et vocalistes parmi le casting des invités. On pense à Alabama Slim et Big Ron Hunter, les deux figures tutélaires, débonnaires (« Going for myself », « Please don't leave me », « Make that guitar talk ») même lorsqu'il s'agit d'évoquer le dramatique ouragan Katrina (« The mighty flood »), ignominie dans laquelle Alabama Slim a tout perdu. Leyla McCalla est une autre découverte marquante de cet album dont le violoncelle ou le banjo irradie la musique d'une touche créole (« La coulée Rodair »). La chanteuse française Marion Rampal possède un coffre impressionnant que l'on jurerait étasunien, elle est bluffante ! Enfin, invitée de dernière heure, la chanteuse Sarah Quintana est une figure de la Nouvelle-Orléans et une camarade de longue date de la compagnie Nine Spirit qui fournit l'accompagnement musical du disque. Un album magnifique qui nous prouve, à l'image de son titre, que grâce à la musique on se sent partout chez soi. Comme l'affirme le saxophoniste : « Jazz is the rule, blues is the tool and swing is the obvious thing ».
https://twitter.com/Raphaelimbert

samedi 27 février 2016

Dirty Deep+Daddy Longlegs+Jim Jones and The Righteous Mind, Festival les nuits de l'Alligator, La Maroquinerie, 26 février 2016.



Circonscrit autour d'un périmètre entre rockabilly, blues, rock garage, soul, folk et country, les nuits de l'alligator sont un de nos festivals préférés. L'assurance de chaudes nuits en plein hiver et des découvertes chaque année, dans le superbe écrin de la maroquinerie…

« Vous êtes arrivés un peu en avance pour voir un vrai groupe de rock n'roll ? Nous sommes Dirty Deep et on vient de Strasbourg... » lance l'excellent batteur installé derrière son kit. Au moins les intentions sont clairement énoncées dès le départ. Après des débuts en one man band, puis en duo guitare/batterie, Dirty Deep est désormais un power trio. La formule est considérablement enrichie, le gain est certain : plus de groove, de swing, le trio est redoutable. Si l'énergie est incontestablement rock garage, Dirty Deep possède ce petit plus, le petit détail qui, prenant la forme d'un subtil glissé de guitare ou d'un harmonica bien senti, nous ramène immanquablement au blues. Mais une forme blues crade et déglinguée héritée du Delta et proche dans l'esprit des production Fat Possum. Sur scène, les trois musiciens se donnent à fond, finissent en nage et le chanteur termine le concert le visage aussi rouge écarlate que son tee-shirt. Les cordes de guitare ne résisteront d'ailleurs pas à une telle débauche d'énergie. Un excellent set pour commencer la soirée, à peine gâché par une fin abrupte, le groupe, victime d'un timing impitoyable, ne peut jouer son dernier titre. Les aléas de l'organisation d'un festival… En tout cas, on attend impatiemment des nouvelles de Dirty Deep dont le nouvel album sortira le 29 avril prochain…

On continue dans une veine similaire, mais moins réussie à mon sens, avec le trio hyper looké Daddy Longlegs, groupe qui, sur le papier, a tout pour nous plaire. Pourtant on n'accroche que très moyennement. Le trio se singularise par une approche rythmique particulière, une batterie réduite à sa plus simple expression, un tome basse, une grosse caisse et une caisse claire. Aucune cymbale. Pour compenser le batteur cogne sur ses tome à l'aide d'une maracas. Ce qui donne un son très mat, et un manque de groove certain (c'est peut être de là que vient le problème). Un harmonica au son sale et une guitare complètent la formule. Si on accroche dans un premier temps, l'ennui nous gagne, trop répétitif… Le public a néanmoins l'air d'accrocher…

On termine enfin avec un gros morceau, l'Anglais Jim Jones accompagné de son nouveau groupe, The Righteous Mind dans lequel on retrouve Gavin Jay déjà bassiste à l'époque bénie de la Revue. Dans un premier temps, Jim Jones et ses acolytes restent fidèles à ce qu'ils savent faire de mieux, un rock n'roll survolté, hérité des années 50, foudroyé par une énergie digne du punk. Ainsi les deux premiers titres du soir, servis avec un piano au boogie woogie ravageur, n'auraient pas dépareillés dans le répertoire de Jim Jones Revue. C'est lorsque le piano s'efface au profit d'un orgue, lorsque la contrebasse et la guitare lap-steel font leur entrée en scène, que Jim Jones sort de son pré-carré, délaissant la composante roll de sa musique pour des paysages plus sombres et torturés (une nouvelle orientation également perceptible dans l'artwork du groupe) qui rappellent parfois Nick Cave. Les instruments en sourdine, avec un squelette rythmique pour seul accompagnement, Jones expérimente autour du gospel, le résultat nous rappelle le « 7 times around the sun » de son ancien groupe. Si l'on reste inconsolable après la séparation de la Jim Jones Revue, on adore ce nouveau groupe et on est ravi d'avoir une nouvelle formation à se mettre entre les oreilles…




vendredi 26 février 2016

Traces, Bobino, 25 février 2016.



Dans une ambiance urbaine et apocalyptique, sept artistes (six garçons et une fille) cherchent à laisser une dernière trace… Et c'est parti pour une heure et demie d'acrobaties étourdissantes. Sur un rythme frénétique et rock n'roll (ah ce numéro d'arceau sur l'air du « I'm shipping up to Boston » des Dropkick Murphys) les sept acrobates enchaînent les sauts et les pirouettes, mettant toujours l'accent sur l'aspect humain et émotif de la performance physique, repoussant les limites de la gravité et de l'attraction terrestre. Les sept acrobates sont tous des artistes accomplis, tous savent jouer du piano, chanter, danser et même jouer au basket et faire du skateboard. Électrisant !
Du mercredi au vendredi à 21 heures. Le samedi à 16h30 et à 21h00.
Jusqu'au 23 avril 2016.
http://7doigts.com/fr

jeudi 25 février 2016

Nada Surf : « You know who you are »



Ce nouvel album marque une petite révolution pour le groupe New-Yorkais qui devient un quartet avec l'arrivée du guitariste Doug Gillard. Pourtant, à l'écoute, l'ajout d'une deuxième guitare ne change pas grand-chose à l'affaire, car comme l'indique le titre de ce nouvel effort, les membres du groupe savent très bien qui ils sont. C'est donc avec un plaisir non feint que l'on retrouve alors la power pop ourlée du groupe qui reste fidèle aux recettes qui ont fait son succès. Point de revirement brutal vers le dubstep (par exemple) ici (ouf), les contempteurs en seront pour leur frais. Il convient donc d'apprécier cet album pour ce qu'il est, à savoir une magnifique collection de chansons, finement écrites (« Believe you're mine », « Out of the dark ») et délicatement produites (« Friend Hospital », « Victory's yours »). Derrière l'énergie brute (« New Bird », « You know who you are », « Gold Sounds ») développé par le désormais quatuor pointe toujours une mélancolie diffuse perceptible dans la voix du chanteur Matthew Caws. Comme un clash entre une guitare aux lignes puissantes et un chant mélodique et délicat. A l'image du sport dont il tire son nom, Nada Surf, tient en équilibre, sur le fil de plusieurs influences pop rock et folk (« Animal ») et provoque des émotions parfois contraires entre espoir, joie et mélancolie. Tout est affaire de dynamique. Et même si cette nouvelle livrée semble légèrement inférieure aux chefs d’œuvres passés du groupe (« The Proximity effect », 1997 ; « Let go », 2002), le tout est d'une tenue suffisamment haute pour pérenniser encore un peu plus Nada Surf, le nom du groupe étant déjà un gage de qualité en soi.


mercredi 24 février 2016

Trixie Whitley : « Porta Bohemica »



Trixie Whitley est la fille du regretté bluesman Chris (décédé en 2005). De son enfance passée entre la Belgique et les États-Unis, Trixie a gardé le goût du voyage et son nouvel album, « Porta Bohemica », fait référence à une ancienne ligne ferroviaire qui sillonnait l'Europe. Sa musique semble ainsi toujours en mouvement. Les racines venues du blues, du jazz ou de la soul ne sont jamais très loin mais, à la recherche de sa propre identité musicale, et refusant un atavisme trop évident, Trixie évite l'écueil de la tradition pour parsemer sa musique d'influences plus contemporaines la parsemant d'arrangements électro (« Soft spoken words ») sur lesquels se posent sa voix chaude et profondément soulful (« Closer », « New Frontiers »). Ainsi, l'écoute de ce nouvel effort prend la forme d'un long périple au pays de la musique avec ce que cela comporte de panoramas magnifiques (« Hourglass », « Eliza's Smile ») et de paysages plus anodins. Préférant emprunter les petits sentiers plutôt que les grands axes trop évidents, Trixie tâtonne à la recherche de la bonne formule. Parfois, elle met le doigt sur le bon dosage lorsque la guitare blues se mélange harmonieusement aux sons électroniques (« Hourglass », « Soft spoken words »). Encore en rodage, Trixie porte en elle de grands disques qu'elle n'a pas encore réussi à totalement coucher sur bande. Cela devrait arriver bientôt.


mardi 23 février 2016

Cage The Elephant + Chrome Pony, le Trabendo, 22 février 2016


On commence par une bonne surprise venue de Nashville, Tennessee en la personne de Chrome Pony, excellent groupe chargé d'assurer la première partie. Entre blues, rock psyché et garage, Chrome Pony assure un très bon set avec ce qu'il faut de nerfs mais aussi de passages plus atmosphériques par la grâce d'un clavier toujours de bon aloi et d'une guitare aux interventions judicieuses. Un très bon groupe pour débuter cette soirée.

C'est ensuite Cage The Elephant qui débarque sur scène, sur la foi d'un excellent album, probablement le meilleur à ce jour, « Tell me i'm pretty », et c'est un vent de folie qui s'empare d'un coup du Trabendo. Cage The Elephant, c'est une tornade et l'une des meilleures formations sur scène à l'heure actuelle. La sécurité est rapidement débordée lorsque le guitariste Brad Shultz invite un jeune slammeur à les rejoindre sur scène avant de présenter ses excuses au vigile en question (de fait, en dix de rock et d'interviews, les deux frangins Shultz comptent parmi les personnes les plus gentilles qu'on a eu la chance de croiser). Le concert ressemble à un meeting d'athlétisme : saut en hauteur, sprint le long de la scène et plongeon dans le public ; le tout en gardant toujours le souffle nécessaire pour chanter, il est fortiche Matt ! Porté par le public, debout au dessus de la foule, pieds et torse nus, le chanteur Matthew Shultz est le performer le plus marquant depuis Iggy Pop ! En formation augmentée ce soir (une guitare et un clavier supplémentaire) Cage The Elephant poursuit la mue entamée avec l'album précédent, « Melophobia », délaissant peu à peu le grunge des débuts au profit de sonorités marquées par le blues (le « Cry Baby » d'ouverture), la pop 60s (« Sweetie Little Jean ») ou le rock psyché (« Cold cold cold »). Malgré tout, et c'est heureux, le groupe n'a absolument rien perdu de son feu intérieur, « Punchin'bag » ou « Portuguese knife fight » dans une veine marquée par les Stooges sont délivrées avec une puissance d'exécution qui laisse rêveur. La greffe prend assez bien avec le public même si les titres les plus acclamés sont ceux des deux premiers disques (« In one ear », « Back against the wall », « Aberdeen ») qui, étonnamment, ne sont jamais sortis officiellement en France, ce qui en dit long sur la façon dont la musique est consommée de nos jours. Une tonalité plus acoustique (« Ain't no rest for the wicked », « Trouble ») voire mélancolique (« Cigarette Daydreams ») vient compléter la palette, particulièrement complète, du groupe. Sur scène Matthew parle peu, ou se contente entre chaque titre, de répéter la même phrase : « This song is about love ». En sortant sous la pluie, à la fin du concert, on se dit qu'on a passé une bonne soirée et on a plutôt le moral…



dimanche 21 février 2016

Telegram



Telegram. Voilà un nom de groupe particulièrement nostalgique. De fait à l'écoute du premier album de ce quatuor Londonien, il y a effectivement un peu de ça. Comme bien souvent dans le rock, le groupe se réfère aux années 1970, cette époque glorieuse unanimement considérée comme l'âge d'or du rock. Mais plutôt que de repomper le passé, Telegram préfère picorer à droite, à gauche, piquer ses éléments préférés et faire sa cuisine bien à lui pour finalement proposer un cocktail original et détonnant. On pense immédiatement au rock psychédélique (« Under the night time », « Follow », « Telegramme »), mais un soupçon de dinguerie expérimentale (ils sont tous fans de Brian Eno apparemment) pousserait la chose du côté progressif de l'affaire (« Aeons », « Telegramme »). Histoire de corser un peu la recette, Telegram pimente la sauce de guitares puissantes évoquant le glam rock. Certains morceaux prennent ainsi la forme d'un assaut sonique que n'aurait pas renié T Rex (« Taffy come home ») ou Roxy Music (le guitariste Matt Wood et le bassiste Oli Paget-Moon ont fait partie de Proxy Music, groupe tribute au combo de Bryan Ferry). Finalement le disque s'avère plus intemporel que simplement nostalgique, le groupe dégageant une puissance tout à fait moderne. Bien écrit, fort en refrains fédérateurs (« Regatta ») et suffisamment riche en guitares, Telegram a tout pour attirer une adhésion immédiate. A découvrir.
http://telegram-band.com/

samedi 20 février 2016

Birth of Joy : « Get Well »




Album après album, Birth of Joy affine son identité musicale. D'abord classé comme un ersatz du rock psychédélique retro, sous influence sixties et seventies, le trio franchit une nouvelle étape avec ce nouveau disque, un peu comme si les Hollandais quittaient la sphère nostalgique pour inventer la psychédélie du 21ème siècle. Les amateurs de rock ne seront pas déçus, le disque est rempli de guitares du sol au plafond. Mais le trio innove en incorporant de nouvelles sonorités à sa palette intégrant des éléments venus du punk ou du métal stoner tout en gardant intact ses intentions planantes : une gageure ! Ainsi le trio se fait une spécialité du coup de chaud musical. Les compositions sont pleines de surprises, partent dans des directions inattendues, pratiquant un art consommé de la tension/détente (« Blisters », « Meet me at the bottom ») passant d'un couplet planant à un déluge de guitares sur le refrain. Un petit tour de force qui se situe quelque part entre Pink Floyd et Nirvana, le trio évoquant pêle-mêle Hawkwind (de regretté Lemmy) pour le psychédélisme sonique (« Carabiner ») ou, plus près de nous, les Comets on Fire pour le mélange punk/psyché. La recette repose sur deux ingrédients essentiels : d'une part la guitare, bien sûr, urgente et crade, les lignes sont étonnantes et c'est un véritable délice pour qui aime la six-cordes. A l'autre bout du spectre, les claviers et autres orgues incarnent la face planante et délicate (cf. « Numb ») de Birth of Joy. Située au milieu, la batterie se charge de dynamiter le tout d'une imparable scansion. Tellurique (« Midnight Cruise ») et dionysiaque.

vendredi 19 février 2016

The Cult : « Hidden City »



The Cult, survivants héroïques des années 1980, est de retour avec un nouvel album, le dixième de leur carrière, et le point final d'une trilogie entamée en 2007 avec « Born into this » et poursuivie en 2012 avec « Weapon of choice ». Du groupe original, il ne reste plus que le chanteur Ian Astbury et le guitariste Billy Duffy et la formule musicale de « La Secte » se résume aujourd'hui à ces deux ingrédients. La voix de baryton d'Astbury d'un côté, les guitares grasses et urgentes de Duffy de l'autre (« Dark energy »). Le reste, la section rythmique et quelques claviers aussi éparses et discrets, ne sont là que pour soutenir le duo. En 1987, grâce au fabuleux album « Electric », The Cult était apparu comme les sauveurs du rock n'roll, dur et indomptable. Presque trente années se sont écoulées, et on peut affirmer sans peine, à l'écoute de ce nouvel effort, qu'il en est toujours de même aujourd'hui (cf. « Hinterland »). Les années aidant, le duo a appris le recul et la distanciation (« In Blood », « Birds of paradise ») ajoutant ainsi de nouvelles couleurs à sa palette. Quelques influences bluesy (« GOAT ») viennent ainsi s'ajouter au psychédélisme (l'album « Love » de 1985) et au hard rock, marottes habituelles du groupe. Le timbre d'Astbury, désormais grave et rocailleux, respire le vécu et ses textes en quête de spiritualité, participent de cette évolution. Un album solide et consistant, une valeur sûre…
https://twitter.com/officialcult

jeudi 18 février 2016

Nathaniel Rateliff & The Night Sweats



Il n'y a pas à dire mais il y a parfois des petits signes qui nous font bien plaisir et même chaud au cœur. Il y a quelques jours on a trouvé une raison toute simple de réjouir en découvrant dans la boîte aux lettre un cd avec un fameux logo, représentant un claquement de doigts, « stax » dans le coin en bas à droite qui a fait naître un sourire sur notre visage. Ainsi donc, la Stax renaît de ses cendres avec, qui plus est, un excellent album, quoique plus rock n'roll (ce n'est pas spécialement fait pour nous déplaire) que ceux sortis naguère par le label, signé Nathaniel Rateliff. D'emblée, Rateliff se place dans la lignée des grands vocalistes, sa voix, grave, profonde ou rocailleuse au besoin, est à elle seule le vecteur de mille émotions. Si le chant est le reflet de l'âme, alors Rateliff se met littéralement à nu le long de ces onze plages. De fait, l'écriture de Rateliff trouve sa source dans des émotions brutes qu'il retranscrit en musique, laquelle prend la forme d'un exutoire moite et funky (« Shake »). Et c'est peu dire que l'album est intense, on jurerait que les enceintes transpirent lorsqu'on écoute le disque. Musicalement la chose se situe à la croisée des chemins entre soul, gospel (la merveilleuse « S.O.B. »), teinté de rock n'roll garage au détour d'une guitare bien sentie (« Thank you »). C'est le genre d'album, qu'on écoute les pieds dans la boue, où des cuivres surchauffés croisent le fer avec un piano bastringue (« I've been failing »), une lap-steel échappée d'un album country (« Wasting time ») ou une guitare rock au son cradingue et déglingué (« Look it here », « Shake »). Et que dire de cet orgue hammond, instrument omniprésent, dont le souffle chaud nous caresse les oreilles ? L'écoute provoque les émotions chez l'auditeur, on imagine un pick up poussiéreux, l'album sent la caillasse, les champs et le soleil de plomb. En dépit de l'angle éminemment roots, on se gardera bien de parler d'un quelconque revivalisme ou d'évoquer en l'espèce un énième retour de seventies, Nathaniel Rateliff se plaçant dans la catégorie des artistes aux inspirations intemporelles. Quel changement pour un artiste ayant débuté dans la scène folk ! Notre coup de cœur de ce début d'année.
En concert dans le cadre du festival les nuits de l'alligator, le 18/02 à Paris, le 20/02 à Nantes, le 21/02 à Mérignac et le 22/02 à Rouen.
https://twitter.com/nrateliff

mardi 16 février 2016

Beat Mark : « Contemporary is temporary »



Intriguant Julien Perez ! Dans les derniers mois de 2015 paraissait « Saltos », son premier album solo, d'obédience pop, hautement synthétique, chanté dans la langue de Molière. Le voici de retour au sein de son groupe Beat Mark, toutes guitares dehors, fougueux et sauvage, soit l'exact antithèse de son œuvre en solo. De fait, Beat Mark, n'est pas le genre à s'encombrer d'arrangements alambiqués et d'instruments exotiques. Non, ici il n'est question que d'énergie et de saturation, mené tambour battant, quelque part entre le garage rock étasunien (cf. « Never ending fun ») et le beat anglais, « Teenage Fever » ; le tout pratiqué avec un art consommé la déglingue mélodique (« Contemporary is temporary »). Ce qui n'empêche nullement l'ambition musicale et les détours vers la pop comme « Together » qui clôture cet effort sur une note mélodique et planante. Enfin, placée pile en milieu de programme, « I'm looking forward » fait figure d’îlot isolé au cœur du disque. Les sept minutes du morceau en font le titre le plus ambitieux de ce nouvel effort, s'aventurant sur des terres psychédéliques et hypnotiques à force de répétition dans une sorte de cavalcade échevelée. Une excellente formation malheureusement encore trop méconnue.
https://www.facebook.com/beat.mark.1

https://soundcloud.com/beatmark

lundi 15 février 2016

Dirty Deep : « Shotgun Wedding »



A l'époque de ce premier album, Dirty Deep était ce que l'on appelle un « One man band », un projet solo où un seul musicien s'occupait de tout, la guitare sur les genoux, l'harmonica autour du cou et une grosse caisse de batterie aux pieds pour marquer le tempo. Un peu comme le Legendary Tiger Man (il semblerait toutefois depuis que Dirty Deep soit depuis devenu un véritable groupe). Écouter ce premier album de Dirty Deep, c'est un peu comme se transposer dans le bayou profond. Il est bien évidemment question de blues, un blues rêche et pêchu où les guitares crades se taillent la part du lion, un harmonica bien senti venant agrémenter la chose («Junky green truck »). Lorsque les décibels sont en sourdine, « Middle of nowhere », le blues de Dirty Deep devient fantomatique accompagné d'arpèges acoustiques délicats, de bottelneck et d'un harmonica aussi fuyant qu'un courant d'air. Un bel album en vérité, aussi intense et punk dans l'esprit que ceux fomentés dans les années 1990 par le label Fat Possum (T Model Ford, Junior Kimbrough, RL Burnside). Ou comment délocaliser en Alsace (oui Dirty Deep est français) le Delta du Mississippi…
En concert le 26 février à Paris (La Maroquinerie, festival les nuits de l'Alligator)


dimanche 14 février 2016

George Fest




C'est grâce à l'impulsion de son fils, Dhani guitariste de grand talent et sosie vocal de son père, qu'a été organisé ce concert hommage à George Harrison un soir de septembre 2014 au Fonda Theater de Los Angeles, la ville où l'ex-Beatles est décédé il y a déjà 15 ans. Avec sa pléthore d'invités, au CV prestigieux, ce grand raout rappelle le « Concert for Bangladesh » ordonnancé par le paternel George en 1971. Compositeur frustré au sein des Beatles, systématiquement barré par la paire Lennon/McCartney, il était difficile pour George d'exister au côté de ces deux légendes du songwriting. Signe de sa frustration, son premier effort en solo, le magnifique « All things must pass », était un triple album (du moins en vinyle), vendu dans un coffret ! Et dont, pour la petite histoire, le morceau titre avait refusé par les Fab four. Copieux, deux cds et un dvd, George Fest se propose de réhabiliter le compositeur, trop facilement réduit à « My guitar gently weeps », qui tournait en boucle sur toutes les radios au moment de son décès, et qui est d'ailleurs judicieusement absent de la présente sélection. A la place, Dhani et ses copains élargissent le spectre à l'ensemble de la carrière de George, des Beatles (« Something », « Taxman ») à sa carrière solo (« Wah wah », « Give me love », extrait du magnifique « Living in the material world » de 1973 ;« Got my mind set on you » issu du sublime « Cloud Nine » de 1987) en passant par son autre groupe, les Traveling Wilburys (« Handle with care »), alliage de superstars (Bob Dylan, George, Tom Petty, Roy Orbison) essayant de survivre au cœur des années 1980. Pour rendre hommage à George point d'ex-Beatles ou d'autres fils d'ex mais un savant alliage entre légendes vivantes, Brian Wilson (The Beach Boys), Ian Astbury (The Cult), Perry Farrell (Jane's Addiction) et quelques valeurs sûres du rock US : Britt Daniel (des merveilleux Spoon), Nick Valensi (The Strokes), Ben Harper. Quelques groupes se sont également déplacés en formation complète comme les Heartless Basterds, BRMC, Jamestown Revival ou les Cold war kids. Également présentes, Karen Elson et Norah Jones assurent, avec beaucoup de talent, la note féminine et sexy de la soirée. Soulignons enfin pour finir la prestation pour rire de l'animateur télé Conan O'Brien, qui se sort d' « Old brown shoe » avec les honneurs et du comique parodique Weird Al Yankovic, pour une fois sérieux. Le dvd apporte un bonus conséquent à la bande son, les images permettant d'apercevoir Brian Bell (Weezer) et Elvis Perkins parmi les musiciens accompagnateurs ainsi qu'Al Jardine assurant les chœurs auprès de son Brian Wilson, son ancien compère des Beach Boys. C'est avec beaucoup de plaisir que l'on redécouvre le répertoire de George à l'écoute de ces deux cds.

samedi 13 février 2016

Milos : « Blackbird – The Beatles album »



Originaire du Monténégro, Milos est un guitariste classique, genre qu'il a revisité lors de ses trois derniers albums. Aujourd'hui, Milos change de genre s'attaquant au répertoire des Beatles, un autre genre de classique, qu'il revisite de ses six cordes en nylon. Comme il l'explique dans le communiqué de presse, c'est en arrivant en Angleterre pour ses études à l'age de 17 ans qu'on lui a demandé d'apprendre l'arrangement de « Yesterday » (que l'on retrouve d'ailleurs sur ce disque). Un nouveau monde venait de s'ouvrir à lui. En compagnie de quelques invités en charge des parties vocales, Tori Amos, le soulman jazz Gregory Porter dans un genre très différent de ce qu'il a fait auparavant, Milos s'est enfermé à Abbey Road afin d'enregistrer sur les micros d'origine. Le musicien rend ainsi hommage au fab four sur un mode acoustique, intimiste et majoritairement instrumental. Cela marche particulièrement bien sur « Fool on the hill » qui se pare d'un arrangement de cordes apportant une note mélancolique alors que « While my guitar gently weeps » se retrouve radicalement métamorphosée. Notons également la participation d'Anoushka Shankar dont le sitar transforme « Lucy in the sky » en mantra indien. Un bel album, mélodique et délicat, à écouter au coin du feu les longues soirées d'hiver.

mercredi 10 février 2016

Secret Lie : « Beautiful wild rose »



Originaire du Portugal, Secret Lie débarque avec un album de rock gothique délicatement ourlé. Les guitares sont savamment muselées au profit d'arrangements de cordes plongeant l'auditeur dans une douce mélancolie (« Beautiful wild rose »). L'écrin est idéal pour les impressionnantes vocalises de la chanteuse Sara Madeira, seulement 18 ans et déjà une voix profonde et assurée. En choisissant un angle d'écriture délibérément pop et mélodique, richement arrangé, au détriment de l'assaut sonique généralement pratiqué ailleurs, et mettant en avant des instruments autres que la guitare (le piano de « Black Butterflies », magnifique, les cordes, les nappes synthétiques), Secret Lie nous propose un album, comme on n'en fait plus depuis au moins 25 ans, propice aux rêveries automnales. Le disque contient son quota de rock nécessaire grâce à quelques titres plus musclés en guitares (« Filling Spaces », « Blackout »), plus proches du métal, à l'agressivité maîtrisée, et toujours avec cet aspect mélodique mis en avant ; un peu comme Lacuna Coil savait le faire naguère. La référence avec le combo Italien n'est pas innocente, le groupe jouant, sans ostentation heureusement, avec les codes du néo-métal et les duos masculins/féminins (« Blackout »). Avec ce bel album sous le bras, Secret Lie s'est déjà taillé un joli succès d'estime au Portugal.
https://twitter.com/1SecretLie

mardi 9 février 2016

Lonely Walk : « Teen »



Originaire de Bordeaux, Lonely Walk débarque avec un deuxième album dont on n'a pas fini de faire le tour. « Teen », c'est le genre de disque qui vous prend à la gorge. Comme ça, sans prévenir, ni coup férir. Sombre, oppressant, « Teen » aurait fait bonne figure au milieu de la scène blafarde des années 1980, entre guitare post punk, beat obsédant (« Burial Tomb ») et synthés trempés dans l'acide lysergique (« Rosie »). Et puis il y a la voix, blanche, étrangement (dés)incarnée, détachée, sur un ton a déclamer la fin du monde. Avec cette album, Lonely Walk se place au croisement de plusieurs styles, pratiquant un songwriting pop oblique et vicieux (« Pretty good thing ») mâtiné de guitares garage (« Licked by the flames ») dans une ambiance apocalyptique post-industrielle. Incarnant l'envers du psychédélisme, son négatif noir, Lonely Walk nous livre un grand disque, au flash aussi puissant qu'un néon blanc.
https://www.facebook.com/LonelyWalkband/

lundi 8 février 2016

Martin Courtney : « Many Moons »



Martin Courtney, leader de Real Estate, fait un petit pas de côté dans sa carrière avec ce premier effort en solo. « Many moons » est un album comme il en tombe un par décennie, un disque qui, tel un poison insidieux, s'installe dans les oreilles de l'auditeur pour ne plus le quitter. Alors, certes, il n'y a rien de révolutionnaire ici, des guitares, folk ou électriques, doucement arpégées, une section rythmique, quelques claviers pour enrober la chose, évoquer le fantôme des Beatles (« Northern Highway ») ou la scène psyché (« Asleep »). Mais on oublie là l'essentiel : les chansons. Des petites merveilles pop acoustiques, doucement électrifiées, avec un savoir faire mélodique évident, dont on s'étonne encore de les découvrir pour la première fois tant elles nous semblent familières (« Focus »). Derrière ses atours simples et modestes, « Many moons » est un disque tortueux qui réussit l'exploit de ne jamais se perdre en route. La balance parfaite entre immédiateté et couloirs mélodiques labyrinthiques (« Airport Bar »). Avec sa jolie pochette automnale, Martin Courtney nous offre un disque hors-saison, que l'on prend plaisir à écouter, quelle que soit la lune, et vers lequel on revient toujours en quête d'apaisement. Le natif du New Jersey s'inscrit ici dans une lignée qui partirait de Nick Drake, pour la mélancolie (l'instrumental « Many Moons »), à Big Star pour le sens mélodique. Contrairement à d'autres, Martin Courtney ne cherche pas particulièrement la caution vintage, cette dernière vient toute seule, la qualité des compositions inscrivant derechef ces dernières dans la catégorie des classiques instantanés.
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dimanche 7 février 2016

Kula Shaker : « K 2.0 »



Silencieux depuis 2010, Kula Shaker est de retour avec un nouvel effort, « K 2.0 », vingt ans après un premier album déjà intitulé « K ». Dans les années 1990, le groupe avait cassé la baraque ouvrant une brèche psychédélique béante au beau milieu de la vague britpop à laquelle ils n'ont jamais vraiment appartenu. Toujours marqué par le son des années 1960 (« Holy flame », fantastique) la clique de Crispian Mills n'évite pas un certain nombre de clichés, le sitar d' « Infinite Sun » qui ouvre le disque, comme pour mieux solder le passé avant de s'ouvrir à de nouveaux horizons marqué par le blues, le folk (« 33 Crows ») ou des sonorités baroques inspirées des Doors reprenant Brecht (« Death of democracy ») ou Bowie (« Here come my demons »). Plaisant.
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samedi 6 février 2016

Festival au fil des voix : Matt Elliott+Gabby Young and Other Animals, l'Alhambra, 5 février 2016.

Matt Elliott (c) Léa Jiqqir


Pour sa deuxième soirée, le festival au fil des voix nous offre une programmation so british. On commence avec Matt Elliott, un pionnier de la drum&bass sous le nom de Third Eye Foundation, méconnaissable depuis sa transformation en chanteur folk il y a une douzaine d'années. Sagement assis derrière son instrument à cordes de nylon, Matt, tel un artiste, peint une impressionnante toile sonore. Orfèvre de l'arpège, ses cordes délicatement pincées, partent dans d'impressionnantes arabesques sonores avant-gardistes et expérimentales, convoquant à l'occasion Leonard Cohen. La flûte apporte une note étrangement surannée. Le musicien n'est absolument pas effrayé par la durée, régulièrement ses titres dépassent les dix minutes. La transposition sur scène de ce genre de musique atmosphérique n'est jamais évidente. Cependant, le résultat sonne absolument fascinant à nos oreilles, pour peu que l'on soit disposé à lui accorder l'attention qu'il mérite.

Gabby Young

Gabby Young


Changement radical d'ambiance par la suite avec l'arrivée, telle une tornade, du cabaret / swing /art déco / steampunk de Gabby Young et de son groupe Other Animals. Le batteur se présente seul sur scène pour un long solo de batterie en guise d'introduction. On se croirait dans Whiplash ! Puis le reste de la troupe arrive contrebasse, guitare acoustique et accordéon. Et c'est parti pour un grand moment festif à base de jazz swing, les années folles ne sont jamais bien loin, mâtiné d'influences balkanique et de western spaghetti. La troupe de saltimbanques n'a pas son pareil pour mettre le public dans l'ambiance, la grande farandole autour des fauteuils en plein « I've improved » restera dans nos mémoires ! La charmante Gabby, ses cheveux rouges et son kazoo en plastique nous ont offert un grand moment de partage collectif, bonne humeur assurée ! Mais la belle sait aussi atteindre une corde sensible lorsque le swing se calme. Elle est déjà une grande star en Grande Bretagne, espérons qu'elle rencontrera le même succès en France où vit son frère, présent dans la salle et d'ailleurs mis à contribution au cours du spectacle. C'était chouette.
http://www.aufildesvoix.com/paris2016/
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vendredi 5 février 2016

Shoefiti : "From dusk till dawn"


Le nouveau clip magnifique, dessiné par l'artiste Elodie Boutry, illustre à merveille le rock indé aux effluves 90s de Shoefiti. Poétique, nostalgique, le clip de From dusk till dawn (qui ouvrira Coriolis, le futur album du groupe) a la saveur de nos cahiers d'écoliers de naguère...

mercredi 3 février 2016

Classique Relaxant



On le tient acquis depuis ce fameux jour où notre ancien moniteur de conduite a, dès potron-minet, eu la riche idée de brancher l'autoradio du véhicule sur radio classique afin de détendre l'auteur de ces lignes, peu habitué à l'époque à être installé derrière un volant. On le tient donc pour acquis : la musique adoucit les mœurs. L'effet a été immédiat et c'est une véritable sensation physique de paix intérieure que l'on a ressenti sous la cascade des descentes de cordes de l'orchestre. Mettre en avant les vertus curatives et apaisantes de la musique, c'est la ligne éditoriale choisi par les responsables de cette nouvelle compilation. La chose est roborative et on ne compte pas moins de quarante pistes reparties sur deux cds. Quelque grands noms incontournables du répertoire classique sont bien évidemment au programme : Beethoven, Debussy, Vivaldi, Bach, Ravel ou bien encore Erik Satie. Mais le disque ne se contente pas de compiler les compositions classiques, quitte à faire mentir son titre, pour également aller piocher dans la musique de film orchestrale. C'est ainsi que l'on retrouve différents compositeurs hollywoodiens tels qu'Ennio Morricone, Alan Silvestri ou Hans Zimmer. Plus étonnant encore, le spectre est même élargi au domaine de la pop et on retrouve des chansons de John Lennon, Massive Attack ou London Grammar, réarrangés dans des versions instrumentales, souvent au piano. Enfin, pour compléter l'expérience, le livret propose plusieurs pages à colorier soi-même prolongeant ainsi sur un nouveau médium cette mini art thérapie.


mardi 2 février 2016

Her Magic Wand : « Everything at once »



Everything at once, tout en une seule fois. Tel pourrait être le credo de Her Magic Wand (a.k.a Charles Braud) tant la diversité est au cœur de sa musique. Commençons par préciser que Charles est un geek des années 1990 qui a utilisé la même boîte à rythmes que les Smashing Pumpkins (celle de « 1979 »), ou le module de sons orchestraux des Flaming Lips (celle de « The Soft Bulletin ») pour enregistrer son premier album. Voyez le genre ? Et bien, oubliez ! Car toutes les madeleines de Proust rock qui parsème son album, Charles les transforme, modifie, pour obtenir un résultat singulier bien éloigné d'un quelconque (et énième) revivalisme nostalgique. En effet, « Everything at once » n'est pas vraiment un album rock. Cela y ressemble parfois au détour d'un éclair de guitare aussi inspiré que fulgurant (« Mistakes », « Drowned into it », « DQ01 ») mais l'essentiel de la partition se joue ailleurs. Nostalgique mais l'esprit tourné vers le présent (voire l'avenir) Charles conjugue les musiques électroniques sur un mode dream pop ("Blank memory track"). On parlerait plutôt de dynamisme rock, réduit à une pulsation, celle qui anime sa musique bien loin de tomber dans des clichés planants. Le résultat étonne, désarçonne et bouscule à l'occasion les oreilles de l'auditeur. Mais l'album est tellement riche qu'il mérite bien que l'on s'y arrête un peu. Tout au long de ces onze plages, Her Magic Wand invente une nouvelle saison musicale où les feuilles seraient bleues comme sur la pochette...
http://www.hermagicwand.com/
https://hermagicwand.bandcamp.com/

lundi 1 février 2016

Candide : « Refrains étranges »



De retour sur ses terres nordistes, Candide nous revient avec un nouvel effort, enregistré pour la première fois en compagnie d'un groupe et non plus en duo avec un batteur. En conséquence l'artiste élargit considérablement sa palette tout en restant fidèle à ce qui fait dorénavant sa « patte ». On retrouve ainsi avec plaisir cet univers unique entre rock anglo-saxon et chanson française, Serge Gainsbourg ou William Sheller qu'il reprend d'ailleurs sur ce nouveau disque, mais agrémenté de nouvelles nuances. Et c'est peut-être là finalement que se cachent ces fameux refrains étranges, dans la multitude de couleurs ici déployées, du folk teinté de country (« Le chat et la souris »), au blues en français au texte malin (« Manon ») en passant par le rock psychédélique (l'instrumental « L'homme imparfait », « Say hello to the trees » aux accents velvetiens, « Fier et fou de vous », "Ou monde s'en va"). Une autre nouveauté, peut-être un peu moins heureuse, est l'adoption de l'anglais sur deux titres (« Say hello to the trees », la Beatles « Little dog »). Si l'artiste s'en sort honorablement, il perd son originalité au passage. C'est un peu dommage, Candide écrivant des textes de grande qualité dans sa langue maternelle, « La plage de l'éléphant », évocation nostalgique des vacances enfantines, touchant ainsi une corde sensible qu'il est très compliqué d'atteindre dans une autre langue. Ces petites réserves mises à part, c'est avec grand plaisir que l'on écoute ce nouveau disque qui ravira les nostalgiques du rock des années 60/70.