dimanche 11 septembre 2016

The Jayhawks + Joana Serrat, Le divan du monde, 9 septembre 2016.



On commence par souligner la prestance de la jeune Joana Serrat, artiste Catalane, originaire de Barcelone que l'on a pu admirer en première partie. Seule avec sa guitare en main, Joana nous a fait voyager le long de routes imaginaires, sur un mode tantôt mélancolique, cordes arpégées, tantôt sur une dynamique plus enlevée les cordes frappées à pleines mains. Visiblement un peu impressionnée par le lieu, son harmonica a failli tomber en plein morceau, la pauvre en était toute contrite, Joana nous a ravit, une petite demi-heure durant, par la variété de paysages qu'évoque sa musique nerveuse et rêveuse à la fois. Tout chez elle est suggéré plutôt que violemment affirmé et se joue sur la retenue. Si les fantômes du passé ne rôdent jamais bien loin, Joana ne recycle pas le folk sixties à l'envie pour autant et réussit à exprimer des émotions personnelles par le biais de sa guitare. Un beau moment et un jeune talent à suivre…

Le show commence avec l'enregistrement du carillon d'une église. « Ce sont les cloches juste sous ma fenêtre à Minneapolis » affirme le chanteur Gary Louris. Les Jayhawks et la France, c'est une histoire en pointillés, la chronique d'une romance ratée tout simplement par ce que les Jayhawks sont très rarement venus nous voir (on a retrouvé les traces de passages au Hot Brass, l'actuel Trabendo, en 1995 et à la boule noire en 2000). Les occasions de voir ce groupe en concert en France étant extrêmement rares autant dire que la prestation du soir revêt un caractère exceptionnel… C'est donc tout ébahis et les yeux grands ouverts que l'on a admiré pendant près de deux heures ce groupe fantastique. En effet les Jayhawks sont avant tout un assemblage d'excellents musiciens, le bassiste Marc Perlman en particulier nous a impressionnés par son sens du placement, le groove inné de ses lignes et la puissance avec lesquelles ces dernières sont délivrées. Le batteur Tim O'Reagan possède un art de la descente à l'avenant : cette section rythmique pratique un swing puissant à toute épreuve !

Lorsqu'on évoque les Jayhawks et ce style de country/rock/folk, les clichés abondent sans tarder, il est alors question de ruralité, de CSN, bla bla bla... Très clairement, les Jayhawks boxent dans une toute autre catégorie. Bien loin d'être de simples revivalistes, le quintet mené par Gary Louris transcende les traditions en injectant une bonne dose de modernité noisy (tout à fait étonnante) dans ses guitares, à la limite du showgaze expérimental, tout en restant fidèles au format chanson. Idem pour les claviers, dont les boucles sont utilisées avec à propos, évitant toute surenchère, toujours à bon escient : c'est fort ! Comme le disait Gary Louris : « On devrait revenir plus souvent ! »...


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