lundi 30 novembre 2015

Jacko with Bambool



Premier album pour le jeune chanteur Jacko accompagné de son groupe Bambool. Personnage charismatique, excellent chanteur doté d'une belle voix dont le timbre chaud dépasse très largement le cadre du reggae pour rentrer dans le cercle fermé des grands soulmen, Jacko est aussi un être conscient dont les textes débordent d'humanité. Ainsi ce premier album le voit s'interroger sur ce qui peut bien pousser les gens à dormir dans les rues (cf. « Sleeping in the streets ») d'une « City so shitty », tout comme s'inquiéter du sort de la communauté des gens du voyage (« Gypsies »). Mais le chanteur est loin d'être le seul atout de cet album attachant. Accompagner une telle voix demande une bonne dose de talent et d'imagination. En cela, l'association avec Bambool s'avère parfaite. Loin de se cantonner au roots reggae old school, Bambool prouve qu'il est avant tout un groupe de talentueux musiciens n'ayant pas peur de sortir de son pré carré pour s'attaquer à des rivages funky (« Sleeping in the street », « City so shitty ») voire même jazzy manouche le temps de l'excellente (« Gypsies »). Ailleurs, le groupe parsème son reggae d'arrangements soul ou d'effets de guitare rock ("No one"). Plus qu'un simple album, le groupe nous sert sur un plateau tout un assortiment de musiques ensoleillées dont on ne demande qu'à se repaître. Cool ! Un seul regret, l'album est un peu long (16 titres) et les remixes dub clôturant l'affaire semblent dispensables à nos oreilles. Un bien moindre défaut au regard des qualités déployées plus avant.
http://jackowithbambool.com/

dimanche 29 novembre 2015

The Slow Show : « White water »



Venu tout droit de Manchester, The Slow Show fait figure d'extra terrestre sur notre planète rock. Le disque débute par un étonnant cérémonial, comme un chœur épiscopal. L'ambiance est sérieuse voire grave. Et puis la voix du chanteur Rob Goodwin résonne et c'est le choc. Tel un Tom Waits ténébreux, un incroyable crooner d'outre tombe, Rob Goodwin possède un timbre rare. Grave, profond, absolument hypnotisant. Autour de cette voix unique en son genre, le quintet tisse une toile indie pop à la fois mélodique, planante, nocturne et légèrement sombre avec piano, cordes et guitares délicatement arpégées (« Testing », magnifique). Écouter The Slow Show, c'est une expérience mélancolique quasi-sensorielle. On n'avait pas été autant chamboulé depuis l'album « No Song, no spell, no madrigal » de The Apartments.
En concert le 1er décembre à Paris (Le Point Ephémère).
https://twitter.com/theslowshow

samedi 28 novembre 2015

Leela James : « Fall for you »



Sur la scène soul actuelle, Leela James se distingue de ses collègues par son approche contemporaine. Son quatrième album, « Fall for you » ne se limite pas à la catégorie vintage type Daptone (par exemple). Pourtant tous les éléments classiques du songwriting soul sont là mais adaptés, dopés par une production bien de notre temps. L'album évoque ainsi pèle-mêle le son des années 1970 (« Do me right »), mais aussi un soupçon de hip-hop ou de RnB à la mode des années 1990 (« Set me free »). C'est ainsi, en faisant le grand écart entre les époques et mélangeant le tout dans une sorte de grand mix géant que Leela James trouve son identité artistique, cette dernière étant, par définition, toujours en perpétuel renouvellement. On peut apprécier, ou non, l'approche. La variété ainsi pratiquée fait que tout le monde peut y trouver, plus ou moins, son compte. Quoiqu'il en soit, les impressionnantes prestations vocales de Leela devraient (dans un monde parfait) remporter l'adhésion générale. On ne prendra pas beaucoup de risques en affirmant que cette dernière est bien l'une des chanteuses les plus marquantes de notre époque. Du feulement sexy de « Do me right » à l'incroyable puissance d'exécution (presque rock dans l'esprit) du « Who's gonna love you more » d'ouverture, Leela s'accapare les chansons à la manière d'un acteur changeant de peau à chaque nouveau rôle. Les émotions affluent ainsi à l'écoute du disque. Entre autres réussites citons « Say That » (en duo avec Anthony Hamilton) ou la jolie ballade intimiste au piano « Fall for you». Un disque fort agréable.
En concert le 30 novembre à Paris (Le Bizz'art)
https://twitter.com/leelajames

vendredi 27 novembre 2015

Clara Néville : « Après-minuit »



Deuxième EP solo pour la jeune artiste Clara Néville. Entièrement chanté en français, le disque laisse paradoxalement apparaître de nombreuses influences anglo-saxonnes. En effet, l'univers de Clara est pop, gentiment rock, et plutôt d'obédience FM. Quoiqu'il en soit, ces cinq titres ont été produits avec le plus grand soin. Les chansons débordent de détails, des sirènes en intro (« La fuite »), des touches de claviers aussi discrètes qu'indispensables et des sons de guitares choisis avec soin. Le tout constitue un écrin élégant sur lequel l'ex chanteuse de l'herbe rouge pose sa voix avec assurance. Les fans de rock pur et dur auront certainement un peu de mal à trouver leur compte dans cet univers. Tout est question de goût, pour notre part, on apprécie particulièrement « Black Star », le morceau le plus rock de cette nouvelle livrée qui n'est pas sans rappeler les regrettés Daisybox.


jeudi 26 novembre 2015

Nothing But Thieves



Rien que des voleurs. Ce n'est pas nous qui l'affirmons mais le groupe lui-même qui a choisi ce drôle d'aveu en guise de patronyme. Nothing but thieves, donc, un jeune quintet anglais qui sort ces jours-ci son très copieux premier album (16 titres) aux emprunts divers. Ce qui frappe en premier lieu chez Nothing but thieves c'est l'ambition dont fait montre le quintet pour un premier disque, conçu tel un diamant longuement poli. La production est claire et nette, les ambiances variées. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a du monde qui se bouscule au portillon et on pourrait citer les influences par wagons entiers (Arcade Fire, Muse, Radiohead, Jeff Buckley et même un soupçon de Led Zeppelin dans les guitares) mais à quoi bon... La chose est à la fois complexe et épique. Les guitares partent dans des envolées, savamment contrôlées, allant de l'agressivité (« Painkiller ») aux digressions dark et planantes, fouettées par une section rythmique précise (« Drawing pins ») et même funky (« Ban all the music »). Et puis il y a la voix pleine d'allant, revisitant des cimes autrefois fréquentées par le regretté Jeff Buckley (« Lover please stay », « Tempt you »). Les claviers enrobent le tout et apportent une légère touche électro planante. Il n'y a pas à dire, l'album séduit au fil de l'écoute et on en arrive à la conclusion que le groupe a réussi ses débuts. On ne se plaint même pas de sa longueur (16 titres rappelons-le) ! Et puis on se rappelle qu'en leurs temps, Muse et Radiohead (deux influences prégnantes en l'espèce) avaient été considérées comme des révélations majeures avant de constituer de sévères déceptions. On se gardera donc bien d'affirmer que l'avenir appartient à Nothing but thieves. Espérons que, à la différence des deux aînés précédemment cités, le groupe saura digérer la réussite de ce premier effort pour mieux inventer l'avenir.
https://www.facebook.com/NothingButThieves/

mercredi 25 novembre 2015

Luke : « Pornographie »



Intitulé « Pornographie », le cinquième album de Luke n'a absolument rien à voir avec le classique (1982) des Cure du même titre. Si Pornographie il y a, c'est celle qui émane du narcissisme indécent qui, de selfie en selfie, se propage sur la toile. Car Thomas Boulard, chanteur de Luke de son état, est en colère. Contre la société actuelle et l'évolution du monde. Comme il le chante lui-même : « C'est la guerre » (prophétique) ! Ce n'est plus un album, c'est un uppercut. Les guitares sont urgentes donnant aux chansons des allures de déflagrations (« Warrior ») sur batteries martiales. Les mots pèsent lourds, l'album se révèle autant engagé qu'enragé. Et tant pis si il faut une fois de plus assumer les comparaisons (totalement justifiées par ailleurs) avec Noir Désir. « Rêver tue » et c'est bien triste tout ça.
En concert le 9 décembre prochain à Paris (La Cigale)
https://www.luke.com.fr/

mardi 24 novembre 2015

Bantam Lyons



Jeune quatuor Breton exilé dans la belle ville de Nantes, Bantam Lyons acouche d'un EP que l'on écoute comme on feuillette un vieil album photo. S'inspirant du passé sans pour autant être passéiste, Bantam Lyons revisite, avec bonheur le plus souvent, tout un pan de la musique mélancolique, à cheval entre les années 1980 et 1990. On y entends un tiers de cold wave, « Mamad » qui évoque Joy Division, un tiers de pop rêveuse (cf le « Glow » d'ouverture) et un dernier tiers pour finir de post rock noise (« Wednesdays »). Autant de choses qui nous parlent et réveille l'ado solitaire qui sommeille en nous. Un disque de circonstance, à écouter un jour de pluie…


lundi 23 novembre 2015

Bruit Noir I / III



Après cinq albums et plus de quinze ans de fidélité absolue à Mendelson, Pascal Bouaziz se lance dans le premier projet parallèle de sa carrière (ce qui ne signifie en rien la fin de Mendelson). Bruit Noir est né de deux contraintes. Les textes ont été improvisé, face au micro, par Bouaziz dans une sorte de poésie intime, instantanée, comme un monologue. Concernant les musiques, Jean-Michel Pires, le batteur de Mendelson à l'origine du projet, s'est imposé une contrainte : n'utiliser que des percussions et des cuivres. D'où ce disque étrange ne ressemblant à rien de vraiment connu. L'album commence sur une note bizarrement malsaine : « Requiem » soit le requiem de Pascal Bouaziz, écrit et récité par ses propres soins (« c'était un requiem comme il les aimait avec beaucoup de batterie »…) suggérant un suicide. Ambiance... Au fil de l'écoute Bruit Noir s'impose comme une masse sonore sombre et oppressante, plus vraiment des chansons, du bruit… Noir… (comme quoi tout est dans le titre). Véritable brûlot, Bruit Noir s'impose comme un exutoire pour Pascal Bouaziz qui n'a de cesse d'exprimer ses sentiments ambivalents envers l'humanité, comme autant de vérités cruelles : « Tu veux détester ton prochain, voyage avec easy jet » cf. « Low Cost » ! Mais ce n'est rien à côté de la « Sécurité sociale » : « C'est fait exprès si tout est compliqué, c'est fait exprès si le questionnaire est incompréhensible ». Au delà de la musique, le titre s'impose comme une expérience sensorielle, la véritable mise en son du cauchemar administratif. Kafkaïen. Seule « Joy Division » dévoile un semblant de sentiment positif dévoilant un amour sincère pour la musique des Mancuniens. L'album se termine sur une note émouvante avec "Adieu", évocation sensible de l'enfance qui se termine et qu'il faut quitter. Âmes sensibles, s'abstenir…
https://www.facebook.com/bruitnoirgroupe/



dimanche 22 novembre 2015

Fredrika Stahl : « Demain »



Autrefois chanteuse de jazz, Fredrika Stahl continue sa mue entamée depuis deux albums. Cette nouvelle mini livrée de six titres, composant la bande originale du film « Demain », réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, voit la Suédoise naviguer vers de nouveaux rivages musicaux. Cette dernière n'en n'oublie cependant pas le jazz, qu'elle revisite sur un mode pop le temps d'un « Tomorrow » assez réjouissant. Et elle est loin de s'arrêter là. Chaque titre, où presque, lui donne l'occasion de toucher un nouveau genre. « The World to come », placé en ouverture, évoque la bande originale d'un film (normal!) richement orchestrée. Mais notre préférence va plutôt au folk mélancolique (« Everything ») ou à la pop primesautière servie sur un clavier sautillant (« Make a change »). Cet agrégat de musique aurait pu donner un disque bancal, passant du coq à l'âne sans raison. Il n'en est rien ici, petit exploit rendu possible grâce au grain de voix unique de Fredrika. Les paroles s'inspirent directement du film, prônant un message positif et exhortant au changement (« Pull up your sleeves »). La suite est à découvrir dans les salles obscures à partir du 2 décembre prochain.
Sortie le 27 novembre.
Sortie du film demain le 2 décembre.


samedi 21 novembre 2015

Léopoldine : « Adieu Canopée »



Deuxième EP pour cette jeune pianiste formée à l'école classique. Entre acoustique et électronique, Léopoldine a choisi de ne pas choisir, mélangeant les notes de son instrument de prédilection à moult boucles, synthés et autres boîtes à rythmes. Dotée d'une plume élégante et féminine, Léopoldine chante, en français, c'est devenu (hélas) assez rare pour être souligné, d'une voix diaphane, à fleur de peau. A la fois classique et pourtant contemporaine, n'hésitant pas à prendre des chemins de traverse expérimentaux à l'occasion, la pop, particulièrement ouvragée, de Léopoldine emporte l'auditeur dans un entre-deux à la fois moelleux et confortable où les émotions affluent (cf. la très belle « Demain dès l'aube »).
Sortie le 25 novembre.
https://www.facebook.com/Leopoldine-273440219374613/

vendredi 20 novembre 2015

Cannibales & Vahinés : « Songs for a free body »



Originaire de Toulouse, Cannibales & Vahinés, sort son troisième album. Quel étrange objet que voici, situé au croisement de différentes cultures. Le son est brut, sans fioritures, entre batterie pulsant au millimètre et guitares abrasives. Si la base n'est pas sans rappeler de nombreux groupes, Cannibales & Vahinés a décidé d'épicer la recette à sa façon ajoutant d'autres ingrédients aussi originaux qu'excitants. Il y a tout d'abord le saxophone qui régulièrement déchire l'air de notes exsangues, autant crachées que soufflées. Et puis il y a la voix. Pas n'importe laquelle, celle, mythique, de G.W Sok, qui a été pendant plus de trente ans le chanteur des Hollandais de The Ex. Ceci étant posé, le chroniqueur se retrouve devant un dilemme. Est-ce du rock ? Du punk ? Du free jazz ? Le groupe ne rentre dans aucun critère particulier. Trop facile. C'est bien plus amusant d'en remplir plusieurs à lui tout seul. La forme est expérimentale. La bande des quatre aime prendre son temps, étirer ses titres dans la longueur, tricotant des thèmes aussi répétitifs qu'envoûtants (« Old oak tree ») et inventant en cours de route un curieux mélange de psychédélisme/noise/jazzy, passant d'un état contemplatif apaisant (cf. la très belle « Goghsuckers ») à un déluge de notes. Sok, qui déclame plus qu'il ne chante, apporte une note poétique à l'ensemble et se retrouve parfaitement à son aise dans ce contexte, lui dont l' « ex » groupe a souvent collaboré avec Tortoise. Si il fallait chercher un cousinage à ce disque il se situerait certainement vers le groupe Chicagoan mâtiné avec un soupçon de Sonic Youth. Une réussite.


lundi 16 novembre 2015

Dilly Dally : « Sore »



Il est de ces groupes, dont l'aura résiste au temps et se transmet de génération en génération. A l'écoute du premier effort de Dilly Dally, impossible de ne pas penser aux années 1990 aux Pixies, Hole et Nirvana en particulier. Avec ce premier disque, le quatuor de Toronto tente de remettre au goût du jour la dynamique calme/agressivité et le mélange pop/noise, typique des années 1990 en y ajoutant une touche féminine, par le biais de la chanteuse Katie Monks et de la guitare de Liz Ball (un duo de Courtney Love modernes), et un soupçon d'ambiance dark (la torch song au piano « Burned by the cold »). Sur certains titres la formule fonctionne comme à la belle époque (cf. la très chargée sexuellement « Desire » qui exhale un fort parfum de « Where is my mind »). Dans l'instant, le groupe offre un petit voyage dans le temps sympathique entre guitares nostalgiques et production moderne. Reste à voir comment tout cela va vieillir.


vendredi 13 novembre 2015

Parkway Drive : « Ire »



Lorsqu'ils ne sont pas occupés à maltraiter guitares, basse et batterie, les membres de Parkway Drive tuent le temps en faisant du saut en parachute, du skate ou du surf. Une bande de casse-cous, donc. En conséquence, il est normal que les trompe la mort Australiens nous ponde un disque kamikaze poussant l'implication physique assez loin (cf. « Dying to believe »). Riche de refrains fédérateurs (« Vice Grip », « Fractures ») et d'ambiances flirtant avec le dark (l'excellente « Crushed ») ou le psyché (« Vicious » et sa sitar), la déclinaison live de l'album s'annonce particulièrement excitante. Et pourtant tout n'est pas que violence à plein volume chez Parkway Drive. Élevant le niveau de ses ambitions musicales, le groupe convoque des cordes, sort la guitare folk et tente un audacieux mélange entre heavy métal et acoustique qui fonctionne plutôt bien (« Writings on the wall », « A deathless song »). Un album particulièrement abouti.
En concert à Paris (Bataclan) 11 février 2016.
https://twitter.com/parkwayofficial

jeudi 12 novembre 2015

Sound sweet sound : « Sinner songs on movie scenes »



Dans le panorama psychédélique actuel, les français de Sound sweet sound occupent un place particulière et bien à eux. Déjà, il y a la présence d'une flûte, instrument qui fait figure d'incongruité dans un groupe de rock, mais dont l'utilisation apporte une note originale et orientalisante. Ensuite, ce n'est pas parce que leur patronyme contient le mot « sweet » que tout est doux et délicat chez eux. Les guitares sont lancinantes et lourdes, comme du heavy metal adouci (« Death on the way », « Justice »). L'écoute de l'album procure une drôle de sensation chez l'auditeur. Les titres sont très longs (l'album ne contient que six plages) comme si le groupe se souciait autant de dépeindre un climat, une ambiance, allant du calme à la tempête, que d'écrire des chansons. Et il traîne comme un fond de noirceur dans le psychédélisme hypnotique dégagé par le sextet. Dans ce contexte, la voix apparaît comme incantatrice (cf. « Grace »). L'album entretient une sorte de cousinage lointain avec Wall of Death, ce qui n'est pas si étonnant puisque les deux formations ont utilisé le même studio d'enregistrement. Excellent.
https://fr-fr.facebook.com/soundsweetsound

mercredi 11 novembre 2015

TRAAMS : « Modern Dancing »



Longtemps, l'Angleterre du rock fut placée sous le joug des années 1960, et plus particulièrement des Beatles, une influence aussi encombrante qu'indépassable. Déplaçant le curseur de ses influences vers les Etats-Unis des années 1990, Traams ouvre ainsi une brèche dans la scène rock Britannique. Chez Traams, la musique repose sur un équilibre précaire du trio, où tout est affaire de dynamique. Celle de la batterie tout d'abord, précise, d'une régularité métronomique mais aussi rapide qu'un chronomètre détraqué tournant à toute allure (cf. « Succulent Thunder Anthem »). La basse, énorme, soutient le tout sur un rythme sautillant (cf. « AnB », « Silver Lining »). Le terrain est ainsi pleinement dégagé pour la guitare qui explore à l'envie entre garage rock, dépouillé de ses influences venues du blues, et le rock noise (cf. « Sister »). La voix, comme maltraitée et poussée dans ses ultimes retranchements évoque également cette influence typique des années 90. On trouve même une dimension expérimentale chez Traams. Car le trio aime se taire pour mieux laisser parler ses instruments, entraînant la musique dans une longue spirale de guitares au larsen bruyamment psychédélique (« Modern Dancing »). Régulièrement, les chansons sont ainsi parsemées de ces dérives instrumentales (« Silver Lining ») contrôlées afin d'éviter les dérapages. Quand cette démarche est appliquée à une écriture pop soignée (« Neck Brace ») Traams touche du bout des doigts le nirvana musical. Comme quoi, le DIY a toujours de beaux jours devant lui…


mardi 10 novembre 2015

Iron Bastards : « Boogie Woogie violence »



Cela commence avec un cri. Suivi d'un riff de guitare, façon Chuck Berry survolté, complètement déglingué. Puis viens la voix, gutturale, au-dessus de laquelle plane le sceptre de Lemmy. Bienvenue chez Iron Bastards ! Speedé, agressif, brutal, le rock façon Iron Bastards est placé sous le patronnage des années 1970 parfois mâtiné de métal contemporain, un écart temporel notamment perceptible dans les patterns de batterie à la double pédale (« I am the lizard »). C'est peu dire que le power trio Strasbourgeois joue vite et fort, à s'en crever les tympans (écoutez l'intro de « Breaking the past »). Même les plus endurcis risquent de plier sous les coups de boutoir répétés du groupe, véritables fils illégitimes et mal élevés de Motörhead. Un seul bémol, la longueur du disque, 18 titres (15 chansons et 3 titres live en bonus), c'est long et parfois un peu répétitif. Hautement appréciable néanmoins pour qui n'a pas froid ni aux yeux ni aux oreilles...
http://ironbastards.com/fr/

dimanche 8 novembre 2015

Arielle Dombasle & The Hillbilly Moon Explosion, La Cigale, 04/11/2015


(c) Patrick Swirc



C'est une soirée particulière pour les Hillbilly Moon Explosion. L'excellent groupe rockabilly (renforcé pour l'occasion par un pianiste) se retrouve ce soir sur la magnifique scène de La Cigale, une salle beaucoup plus grande que les petits clubs où ils jouent habituellement, en backing band d'Arielle Dombasle, inattendue dans le rôle de la rockeuse. Au programme du rock n'roll et des murders ballades (la superbe "My love for Evermore" en duo avec Nicolas Ker), le tout évoquant la nostalgie des années 1950. Après les deux premiers titres assurés par le groupe, Arielle Dombasle fait son entrée en scène sous les vivas de son public. Même si son chant ne semble pas toujours naturel, Arielle Dombasle possède une voix pleine de possibilités intéressantes, pouvant monter très haut dans les aigus dans d'impressionnantes vocalises. Le groupe quant à lui assure avec sa classe habituelle entre swing élastique de la section rythmique, ah cette contrebasse excellemment soutenue par la batterie, et la guitare d'inspiration western. Compte tenu du statut d'icône tenu par Arielle Dombasle au sein de la communauté gay, de nombreux couples de garçons sont dans la salle, « Johnny are you gay ? », titre de circonstance, a résonné de façon particulière auprès du public, attirant de nombreux « Yes he is ! ». Après quelques titres Arielle s'est éclipsée laissant les Hillbilly Moon seuls pour assurer le show. La dernière partie du concert a été consacrée au répertoire des albums précédents d'Arielle Dombasle. D'humeur généreuse toute la troupe est revenue à plusieurs reprises pour les rappels et, à court de chansons, s'est lancée dans des reprises de « Chick Habit » et de l'excellente « Ouh la la » (un inédit composé spécialement pour l'album) déjà jouées précédemment.

samedi 7 novembre 2015

Les Soucoupes Violentes : « Fort Intérieur »



Leader historique des Soucoupes Violentes depuis les fort lointaines années 1980, Stéphane Guichard garde toujours la foi. Récemment, on le croisait encore devant le new morning, avant un concert de Little Bob, tractant vaillamment, le sourire aux lèvres, pour promouvoir le nouvel album de son groupe, relancé il y a quelques temps. Après des années de pause prolongée, les soucoupes reviennent survoler notre paysage rock. Et leur garage rock, chanté en anglais ou en français, n'a pas pris une ride ! Le nouvel album a ce petit quelque chose de rare, comme une allure de classique instantané. Pas uniquement grâce à des compositions de haute volée où la guitare se taille la part du lion (cf. « Lost weekend », « Ta légende », nerveuse et tendue) mais aussi grâce à des apports extérieurs bien trouvés et complétant idéalement l'univers musical du groupe. Désertant l'électricité rageuse, les Soucoupes Violentes explorent ainsi, avec succès, des territoires acoustiques. « Always Up » et « Johnny Tonnerre » (que l'on imagine dédiée à qui vous savez) sont deux magnifiques ballades folk agrémentées d'une lap-steel country, faisant voyager le trio et l'auditeur par la même occasion. Ailleurs, c'est un ukulélé qui fait une apparition inattendue (« le mec le plus cool de la terre ») ou des percussions fofolles qui donnent une nouvelle orientation à la musique, loin de se cantonner à un énième revival garage. Tout ceci n'empêchant cependant pas le trio de faire un petit clin d’œil discret au passé (cf. « I won't survive », « Ma tête sur un plateau »). Enfin impossible de terminer cette chronique sans souligner le succulent « Trop méchante » en duo avec un Didier Wampas en pleine forme. Une belle réussite.
https://fr-fr.facebook.com/Les.Soucoupes.Violentes/