mardi 13 octobre 2015

Saun and Starr + Charlène, La Maroquinerie, 12 octobre 2015.



La Maroquinerie prend des allures de club new yorkais en ce lundi soir avec un superbe plateau soulful à souhait. On commence avec la jeune Charlène, la dernière signature en date du label Q Sounds Recordings, basé en Seine Saint Denis et spécialisé dans la soul, une belle voix en devenir. L'accompagnement musical, de haut vol, prend racine dans les années 1960 et 1970, lorgnant vers les productions « à l'ancienne » du label Daptone. On apprécie la dextérité des musiciens, du clavier véloce et des lignes de basses monstrueuses de groove. Hélas, la basse mixée trop en avant prend beaucoup de place et tend à couvrir les autres instruments. On doit tendre l'oreille pour entendre la guitare et fixer son attention pour profiter du chant de Charlène, un comble ! Néanmoins cette jeune chanteuse constitue une belle promesse d'avenir dans le créneau de la soul à la française. Une jeune artiste que l'on prendra plaisir à suivre dans les mois à venir.

Place ensuite à la grande affaire de la soirée, le duo Saun and Starr. Avant de se lancer en duo, Miss Starr Duncan Lowe et Saundra Williams se sont fait connaître comme les choristes des Dap-Kings (les Dapettes), le groupe accompagnant Sharon Jones. En 2014, le duo enregistre son premier 45 tours « Hot Shot » (que l'on retrouve également sur leur premier album) signant au passage la plus grosse vente (concernant les singles) de l'histoire du label Daptone. Après la sortie de leur premier album il y a quelques semaines, le duo prend la route et se retrouve ainsi sur la scène de la Maroquinerie en tête d'affiche. Cinq musiciens accompagnent le duo de chanteuses, aux habituelles basse, batterie et guitare s'ajoutent deux cuivres, trompette et saxophone. C'est beaucoup et peu à la fois, le label Daptone nous ayant habitué à de fastueuses représentations à base de percussions et d'orgues. Comme d'ordinaire avec Daptone, l'accompagnement est au top, le groupe se trouvant à son aise dans tous les contextes, soul nerveuse et échevelée ou dramatiquement émouvante (« If only » digne de Charles Bradley). Les musiciens déploient un groove jazzy ou, au contraire, se tiennent sur la réserve jouant en sourdine. Sur scène le duo est rodé et sait se jouer du public, le faire rire grâce à de mini sketches ou tirer sur la corde sensible, les émotions à fleur de peau donnant tout son sens au mot soul, une musique s'adressant directement à l'âme. Le groupe s'eclipse le temps d'un intervalle gospel (« On a grandi dans le Bronx, mais nos racines sont à l'Eglise ») à cappela, le public est transporté. Saun et Starr sont visiblement heureuses et leur bonheur est contagieux. Alors qu'une ovation nourrie vient saluer cette prestation de haute volée, on quitte la Maroquinerie un peu triste que cela soit déjà fini.
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