mercredi 30 juillet 2014

Interview avec Catfish

(c) J.PERRIAULT

(c) Wendy Develotte

Originaire du Jura, le duo Catfish dépasse de très loin tous les clichés véhiculés depuis le succès rencontré par les Black Keys et les White Stripes au début des années 2000. Au fil de différentes incarnations, guitare/batterie ou guitare/basse, en acoustique ou en électrique, le duo varie les plaisirs avec efficacité. Après un premier contact pris lors des dernières Eurockéennes de Belfort, Damien Felix, le guitariste de Catfish, a accepté de répondre à quelques questions envoyées par email...
 
 
Partager la batterie en deux quelle drôle d'idée !
Damien Felix (guitare) : C'est le point de départ de Catfish, l'envie d' avoir un duo qui délivre une musique puissante, brute où le rythme, la percussion soit une composante importante.
Et visuellement, cette configuration intrigue, attire, c'est un atout.

 
Par rapport à vos expériences précédentes, comment décririez vous la dynamique particulière du duo ?
D.F : Le duo permet d' aller au bout des choses, sans concession (pour peu qu'on s' entende avec son/sa partenaire!), les choix, les décisions sont plus facile à prendre. En même temps il y a forcément des contraintes puisqu'on est seulement deux, mais justement cela pousse à être créatif, à contourner ces contraintes, à chercher l' essentiel. Et en terme de complicité c'est vraiment bien.
 
 
Cette dynamique tient-elle du ping pong ?
D.F : Oui, mais dans ce cas nous sommes du même côté de la table! Nous sommes bien complémentaires.
 
 
Vous utilisez parfois sur scène un petit synthé, cela peut paraître anachronique compte tenu de votre style très roots ?
D.F : Nous avons certes une base très roots mais nos influences sont multiples, nous aimons chercher, évoluer, surprendre. Je ne pense qu'il y ai d'anachronisme, le blues est une musique en constante évolution, qui permet de mixer nombres d'instruments, de sons, selon l'esthétique que l'on recherche.
 
 
Vous faîtes partie tous les deux des signataires de la lettre ouverte des Eurockéennes sur l'intermittence. Un petit mot là dessus ?
D.F : C'est vraiment dommage de sous estimer l'impact économique de la culture sur un pays, mais en temps de crise c est bien souvent la première cible, en ce moment tout le monde essaie de défendre son morceau. J'espère simplement que ce statut qui permet aux artistes de présenter des projets travaillés, aboutis et de qualité va perdurer, c'est une chance pour nous comme pour les spectateurs.
Propos recueillis par email le 25 juillet 2014.
http://www.catfish-music.com/

lundi 28 juillet 2014

Roddy Frame : « Seven dials »



Il n'y a pas à dire, mais dans le domaine qui nous intéresse, c'est bien en utilisant les recettes de Grand Maman que l'on obtient les plats les plus digestes. Et en matière de recettes ancestrales, Roddy Frame, en sa qualité d'ex-leader des cultissimes Aztec Camera dans les années 1980, en connais rayon. Si on ajoute à l'équation le vénérable Edwyn Collins, un autre vieux de la vieille à qui on ne la raconte pas, qui co-produit le disque et le sort via son label AED, la réussite ne peut qu'être au rendez-vous. De fait dès les premières notes de « White Pony », qui ouvre le disque, on se retrouve immédiatement en terrain connu. La voix de Roddy, comme libérée de quelque contingences que ce soit, plane au-dessus de la mêlée, tel un crooner sur qui le temps n'a pas de prise. L'accompagnement est des plus classique : guitare, basse, orgue et batterie en constitue l'ossature. L'écriture est de qualité, la finesse de la production en fait ressortir les détails, au fil des plages, l'album s'impose comme un classique instantané, le genre d'album qui nous à fait aimer la pop musique pour commencer. L'album bénéficie en outre d'arrangements qui font voyager la musique à travers les ages et les influences, les effluves brésiliennes de « Rear view mirror », l'harmonica de « forty days of rain » et sa touche californienne... Ce qui mine de rien mais l'air de tout apporte fraîcheur et diversité. « Seven dials » est sorti en 2014, il aurait pu voir le jour il y a cinquante ans, personne n'aurait vu la différence. Intemporel.

vendredi 25 juillet 2014

Eugene McGuinness : « Chroma »



Eugene McGuinness retourne à ses premières amours. Deux ans après « Invitation to thevoyage », un album qui brillait par sa diversité de styles, le jeune anglais nous revient avec un nouvel effort beaucoup plus compact, plus simple aussi, articulé autour de la guitare, enregistré avec la complicité d'une redoutable section rythmique, celle du groupe The Invisible (Tom et Leo). Le tout a été produit par Dan Carey (Franz Ferdinand, The Kills). Une solide collection de chansons donc, évoquant tantôt les tout premiers Beatles (« Godiva »), tantôt le Brill Building (« I drink your milkshake »), c'est dire le niveau de finesse d'écriture atteint par Eugene McGuinness sur ce nouveau disque. Car « Chroma » est avant tout un disque de songwriter fait de mélodies et de ritournelles que l'on se prends à siffloter (la ballade « All in all », une petite merveille). Un soin tout particulier a été apporté aux rythmiques et en sus de la batterie, de nombreuses percussions et autres shakers apportent de la diversité voire même une légère note latine à la musique (« She paints houses »). Placés en fin de programme, quelques titres plus musclés (« Black Stang », « Heart of chrome ») permettent de renouer avec Eugene version mersey beat, celui du « Lion » de l'album précédent, dans la lignée de l'album enregistré sous le pseudo Eugene and the Lizards. Enfin, l'album se termine avec une nouvelle version du single « Fairlight », beaucoup plus abstraite et assez étrange. Probablement le morceau le plus expérimental, psyché et barré de son auteur. Un excellent album, intemporel et solidement classique.
http://www.eugenemcguinness.net/



mercredi 23 juillet 2014

The Pepper Pots : « We must fight »



Déjà dix ans d'existence et six albums pour le groupe soul Catalan, relativement méconnu de ce côté-ci des Pyrénées mais à la réputation bien établie en Espagne et au-delà, grâce à quelques collaborations avec des figures marquantes de la soul étasunienne telles que Binky Griptite (guitariste des Dap Kings de Sharon Jones) ou Eli « Paperboy » Reed. On ne peut donc que se réjouir de voir ce nouvel effort distribué en France, c'est une excellente nouvelle ! A l'origine mené par un redoutable trio de chanteuses, les Pepper Pots sont désormais un duo (Adriana Purnell et Aya Sima) complété par un groupe de sept musiciens. A mi chemin de la soul music et de la pop façon girls group, les Pepper Pots évoquent fortement les années 1960/1970. L'intro à la guitare wha-wha de « I won't say i love you » rappelle « Shaft » et le riff de cuivres de « Waiting for you » semble décalqué sur « In the midnight hour ». A l'écoute le disque se révèle très homogène et l'accompagnement, sans faute de goût, ne manque pas de brio. Pourtant, à viser le grand public avec autant d'insistance, les Pepper Pots ont la fâcheuse tendance à glisser sur le versant pop de la chose, victimes d'un « syndrome Joss Stone ». On fait peut-être la fine bouche mais il n'est pas interdit de penser que si, dans sa globalité, l'album est plutôt bon, aucun titre ne frappe vraiment les esprits (à l'exception peut être de la ballade « Time has won this one » au spectaculaire crescendo final). Il est temps de passer à la vitesse supérieure...
www.thepepperpots.com


mardi 22 juillet 2014

Jolie Holland : « Wine dark sea »


Nouvel album pour cette chanteuse texane, passée entre autre par le folk, la country ou le jazz. La carrière de Jolie Holland s'apparente ainsi à un itinéraire initiatique au cœur de la grande musique américaine. Des traditions qu'elle prends aujourd'hui un malin plaisir à trahir, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Collaborant avec des musiciens issus de la scène expérimentale, Holland pervertie la musique à la recherche d'une nouvelle approche. Sur plusieurs titres on dénombre ainsi deux batteurs et jusqu'à quatre guitares simultanées. L'album s'ouvre sur « On and On », un blues en sourdine étouffant. Un peu plus loin « Dark Days » est un festival de guitares abrasives limite noisy. Côté traditions, « First signs of spring » et « All the love » sont de jolies ballades jazzy au piano et « Route 30 » un blues efficace, servi, une fois encore, par des guitares déchirées. Tout au long du disque, Jolie Holland n'a ainsi de cesse de se jouer des codes, comme un aller-retour de 11 titres entre traditions et expérimentations. Le mélange aurait pu être indigeste mais le groupe constitué autour de la chanteuse a su trouver la balance juste (cf. « Saint Dymphna » pièce maîtresse de l'album ponctuée d'un joli dialogue de guitares). Dotée d'un jolie brin de voix (cf. « The love you save »), ce qui bien évidemment ne gâche rien, Jolie Holland nous livre ainsi sa vision de la grande musique étasunienne, qui peut parfois s'apparenter à un plongeon dans une mer noire de suie (pour faire référence au titre de l'album) « I thought it was the moon », est ainsi particulièrement sombre. Un disque d'ambiance dont l'écoute est toute indiquée entre chien et loup.

https://www.facebook.com/jolieholland



lundi 21 juillet 2014

Jagwar Ma : « Howlin »



Originaire d'Australie, le duo Jagwar Ma, que l'on a découvert récemment sur scène aux Eurockéennes de Belfort, apporte des nouvelles couleurs au psychédélisme. Moins rock et moins attaché aux traditions que ses compatriotes de Tame Impala, le duo composé de Jono Ma et Gabriel Winterfield (voix/guitares) ne se révèle pourtant pas moins planant. Bien au contraire. Tissant sa toile autour de samples répétitifs, pour la note moderne, auxquelles se greffent une guitare, tout droit sortie des années 1960 (« The Throw », « That loneliness », « Let her go »), et des lignes de basses d'une efficacité à toute épreuve (« Come save me »), Jagwar Ma emporte l'auditeur. Les mélodies tournent en boucle, bouleversées par de changements brusques de volume et un art consommé de la tension/détente calqué sur des rythmes qui vont crescendo (« Four »). La pression monte, monte jusqu'à devenir une expérience quasi sensorielle. Et au milieu de ce tourbillon sonore, plane la voix, éthérée, trafiquée, de Gabriel Winterfield déclamant sa prose. On pense à une version club de la facette la plus expérimentale du Brian Jonestown Massacre, en plus accessible toutefois. L'album est un plongeon dans un grand bain psyché où se croisent pêle-mêle Pink Floyd, les Beatles, les Beach Boys ou les Stone Roses.



dimanche 20 juillet 2014

Gaspard Royant : « 10 hit wonder »


Originaire de Haute-Savoie, le dandy Gaspard Royant sort son premier album d'une manière assez originale, puisque le disque en question est en fait la compilation des cinq 45 tours sortis jusqu'ici par notre rockeur, suivant un code couleur bien particulier rappelant Weezer. D'où le titre, judicieux, de « 10 hit wonder ». Car Gaspard compte bien mettre dans le mille à tout les coups. Entouré d'un casting alléchant, où l'on croise notamment des membres de Gush ou de Marshmallow, Gaspard Royant, tel un Nick Waterhouse hexagonal, baigne dans une ambiance délicieusement rétro sixties ; notons à ce propos que le disque a été enregistré à l'ancienne, en analogique. Point de concept ici, les titres, trois minutes en moyenne, s'enchaînent sans temps mort mettant le songwriting en valeur, inspiré par le rhythm n'blues façon Motown, « All is truth », « All the cool in you is me », les crooners, la torch song « Break up bar » ou ce bon vieux rock n'roll , « The woods », inspiré par un fait divers dans le village de son enfance. Un disque à l'ancienne, c'est à dire une collection assez riche de chansons, qui ravira à la fois les amateurs de vintage, les nostalgiques des années 1960 où les maniaques du vinyle...

 
 

vendredi 18 juillet 2014

The Dukes : « Smoke against the beat »


Trois ans après un remarquable premier album, « Victory », les Dukes, où plus précisément la nouvelle incarnation de la formation, est de retour avec un nouvel effort « Smoke against the beat ». Et c'est une nouvelle ère qui s'annonce pour le groupe, désormais réduit au duo Shanka (voix/guitare) et Greg Jacks (batterie). Enregistré à Los Angeles sous la houlette de Jamie Candiloro (REM, Ryan Adams, Courtney Love), le duo voit s'ouvrir une highway californienne devant lui qu'il compte bien dévaler à la vitesse du gros son. Car c'est bien de cela qu'il s'agît. Dans la foulée de son premier album, le duo propose un disque de rock carré et puissant, sans temps mort, évoquant à la fois la scène stoner actuelle que les classiques et le punk des années 1970. Mais, et il s'agît de la grande nouveauté, les Dukes en ont profité pour considérablement approfondir le propos. L'utilisation, parcimonieuse mais toujours à bon escient, d'un synthé permet au groupe de s'ouvrir en grand la porte de la power pop (« Daisy's eyes », "Alive") effort souligné par un songwriting toujours fort à propos. Passionné par les musiques telluriques étasunienne (blues, country), le duo est bien loin de se contenter de faire du boucan et creuse un intéressant sillon parsemant les compositions de sonorités venues du blues (la guitare slide de « Alright », l'harmonica de « Black hole love », les intros de « Gold Digger » et « The great escape » qui comptent parmi les grandes réussites de l'album). Au final, un disque de gros rock, certes, mais saupoudrées de petites audaces qui font les grandes œuvres. Recommandé.


jeudi 17 juillet 2014

Awa Ly



Jeune chanteuse ayant préféré assouvir une vocation artistique qu'un parcours convenu dans le monde de l'entreprise, Awa Ly sort un nouvel EP, composé de quatre titres, fidèle à son image. C'est à dire riche de mille expériences. Il est bien entendu question de soul music, voluptueuse, langoureuse, mais qui ne s'interdit pas quelques pas en direction du jazz ou des sonorités folk et world (« Great blue sky »). Comme un voyage initiatique au cœur de l'inspiration de cette artiste Française d'origine Sénégalaise et exilée en Italie. Bien loin de résumer la soul music à un indépassable modèle étasunien, au contraire, la polyglotte Awa expérimente le chant dans la langue de Molière (« Doum Doum Doum ») ou lance quelques regards vers son Italie d'adoption (« Start to walk » en duo avec Claudio Domestico). Un disque de soul exotique donc dans l'instrumentation mais aussi le chant. Quatre morceaux seulement mais autant de belles promesses pour l'avenir... Quatre versions acoustiques (dont un bonus inédit « A toi ») et quatre autres versions instrumentales complètent l'ep, le premier de ce nouveau projet artistique d'Awa Ly.


mercredi 16 juillet 2014

Interview avec Alexandre Grondeau



Sorti en début d'année, Sélection Naturelle, le troisième roman d'Alexandre Grondeau, est un ouvrage choc questionnant la société de consommation et s'interrogeant sur la place réservée à l'humain dans ce monde ultra libéral. Un livre coup de poing, engagé mais qui n'a pas oublié d'être divertissant. Rencontre avec l'auteur...
 
Quelle place occupe la musique dans votre travail ?
Alexandre Grondeau : La musique occupe une place essentielle dans mon travail de romancier. C'est la raison pour laquelle je propose toujours une playlist à la fin de mes livres afin que les lecteurs puissent se plonger dans une ambiance sonore qui correspond à l'histoire et à l'intrigue du livre. J'ai également produit une compilation 100% enragée, 100% engagée, avec plus de trente artistes qui ont accepté de composer un morceau en relation avec le livre. La compilation est offerte à tous les lecteurs de sélection Naturelle et reprend le fameux hymne révolutionnaire Bella Ciao. L'implication de tous ces chanteurs montre que les artistes sont toujours aussi motivés pour changer les choses, et qu'ils refusent le monde consumériste dans lequel nous vivons. Un autre monde est possible. Nous en sommes convaincus.
 
Pourquoi un "roman capitaliste" ? Le sous-titre semble paradoxal...
AG : Il est pourtant bien réel ! Sélection Naturelle un roman capitaliste, aborde les dérives de la sociétés de consommation de manière frontale en posant une double question : peut-on arrêter la machine bien ordonnée qui nous broie ? Jusqu’où accepter la compromission dans ce système devenu fou ? Les trois personnages aux destins et aux situations sociales (le premier est un avocat d'affaire, le second un dealer, le troisième un retraité) très différentes se retrouvent confrontés à un choix décisif : jusqu'où sont-ils prêts à aller pour réussir ? Et avec quelles conséquences pour leurs vies et leurs entourages ? Chacun d'entre nous s'est un jour posé ces questions et a été confronté à ce paradoxe : rester fidèle à ses valeurs et se faire écraser par la machine capitaliste ou écraser les autres, quitte à se renier.
 
Sans vouloir trop dévoiler l'histoire, il y a une économie souterraine et une autre légale. Pourtant les deux semblent fonctionner suivant le même système et l'une ne vaut pas mieux que l'autre. Le constat peut faire froid dans le dos. Faut-il y voir un constat d'échec ou de l'amertume ?
AG : Pour moi, le système ultra-libéral va droit dans le mur à force de déshumaniser notre société. Le constat d'échec est donc bien présent mais pas l'amertume. Nous restons maîtres de nos destinées, nous avons la possibilité de dire non, ça suffit, je ne veux pas de ce futur. Et devant le constat d'un monde qui s'écroule, il nous reste un échappatoire formidable : profiter de la vie. C'est le message du livre et de la compilation qui va avec.
 
Un petit mot sur le visuel de la couverture assez frappant ?
AG : J'aime les couvertures qui frappent. Génération H était déjà dans cette veine, j'ai voulu poursuivre ma démarche et offrir un visuel choc. Pour moi avoir tatoué un code barre sur le crâne d'un homme qui a un flingue posé contre la tempe était évident. L'image symbolise le formatage de la société ultra-libérale et je voulais l'aborder frontalement. Les retours que j'ai eu sont très positifs, je suis donc content que les lecteurs adhèrent à mon idée.
Propos recueillis par email le 15/07/2014.

An Interview with Chloe Charles (english edition)


 
After releasing a great soul/folk debut album earlier this year, Chloe Charles speaks about her music with a lot of sensibility... Here's an interview with a true artist...
Your biography says that your music was influenced by your childhood in the Canadian countryside, could you tell us a few words about that place to start ?
Chloe Charles : My grandfather was an artist and he built an art school in the forest. That's pretty cool ! So when i was seven my Mom wanted to leave the city because that was too stressfull. So my grandfather invited us to live there and he turned the place into houses and apartements. It was really a creative place. He build it by hand, there was a gallery and a pool in the middle of the forest. It was very special with ponds and frogs everywhere. I was just hanging around in the middle of the night and i was never scared. It was really kind of magical for a little kid.

You started to play guitar quite late, what was the starting point ?
CC : I chose the guitar for two reasons. I grew up on my Mom playing songs and they were very beautiful. Also my mom was playing classical guitar with her sister and at every family gathering there was some playing going on. It just seem like a really natural instrument to pick up. It was also very convenient. I love the piano but it's really hard to bring it to forest or to play at dark in the cottage. I like to be very mobile. And i love the classical guitar.
I've heard that on your album, the influence of classical music on your songwriting, the way you use the strings...
CC (smiling) : Strings hhhuummm !!! (laughs)

Was it hard to find your singing voice ?
CC : I had a year, back when i was in the university in 2006, when i was singing songs other people were writing for me. At that point i kind of didn't know what my singing voice really was. But at the end of that year i was really sure what my voice wasn't. So afterwards i spent time to write without any judgment. Just no idea what i was doing. That's when i learned the guitar. I think that just by doing that, sitting by myself and not listenning to what other people had to say that i really find my voice. It just become more and more natural.
How does it feel when you sing ?
CC : Emotions, sentiments, that really. Otherwise that would be boring (laughs) !!!!
 
 
Your mom played a big part on your musical uprising ?
CC : Yeah. She was writing songs and that was very special. Those beautiful Joni Mitchell like folk songs that she wrote. Then also the music she was playing and listenning to was very ecclectic so i brought up on very different music styles. She was always playing music and she's very passionate when she's hearing things that she loves. She's very reacting, dancing to them (laughs).
How does she react to your music ?
CC : Oh my gosh !!! She is my biggest fan it is so cute (laughs) !!! Everytime i call her, in the background i can always hear me singing. She is always playing my music (laughs) !!! She has every single song i've ever written. All the roughs recordings. She has something like 10 different versions of each song. Something like 200 songs, on loop !!! (laughs). It can be things that i found horrible and she loves them (laughs) !!! And when she comes to my concert she is always in the audience singing along (laughs) !!! It is so cute !! It makes me tickle ! All my friends loves her to death, she's always there and she's great ! (laughs)

Your dad is married to Cynthia Lennon (ex John Lennon's wife and Julian's Mother). Did it gave you a special inside look on fame ?
CC : It just made me not really care about fame. It's not that interesting. I'm not like those artists that are going after gold and fame. My goal is to be challenged and to enjoy what i'm doing first. And reach people. I don't think that fame should be something that is your goal first. That should be something that comes from talent. From doing what you want. And hopefully that follows. Or it doesn't (laughs) ! It was grounding anyway.
 
Is it somewhat scary, being famous ?
CC : Yes it is. It defineiely is. People are getting different and treat famous people differently and suddenly you're not able to trust anybody. People become a little bit cautious about their friends, especially new friends. It's a strange world. It's definitely an odd world to be into. It's not the most amazing thing in the world.

Tell me about the album cover. Your face is half painted in black. And that's the way i felt about your music, divided in-between things...
CC : Yeah exactly.
And what would be those things ?
CC : Everything. There is always different sides and opposing forces and emotions. It's never completely balanced, it is always moving up and down. It's really beautiful accepting that and watch it happening.

I think of your music as half-breed. Would you agree ?
CC : Yes sure (laughs) !
What would be your definition ?
CC : It's never a conscious effort. If you're open to everything, then everything is going to influence you. And then you're mixing it together. That is the way i've always been. When people ask me what do i like to listen to i said everything that i like. Whatever, it doesn't matter how it sounds like or what genre it is.
 
Reviewing albums made me listen to a lot of different kind of music and i came to think that finally i wasn't really listening music but feelings and emotions...
CC : Yes it touches you somehow. And it's really hard to explain. It is very special and magical. Music that doesn't make me feel anything is not interesting at all. It can be perfect and the musicians could be amazingly talented but if i don't hear anything it's pointless.
You told me earlier that your goal is to be challenged what could it be ?
CC : Just trying new things, experimenting with sounds. Writing differently, with others. Experimenting with genres. My favorite part of being a musician is working with other musicians and creating new things. Developping your ideas, making them bigger than they were. That's really hard too. Sometimes you clash. But everytime you clash, you learn a lot about yourself.
Is there a song you wish you wrote ?
CC : (thinking) humm...
Tricky part is to choose one song...
CC (silence) : Humm... Well right now i'm kind of obsessed by this composer who writes music for films. The titles are kind of like, part A, part B... I'm trying to think about a song. The guy is called Max Richter. I love film music. The idea to support the emotion of what is going on. It's not something that you necesseraly listen to but that can change the whole story.
Something that i like is to listen to music and then make my own movie, in my head...
CC : Oh yeah, that is cool (laughs). That's funny i was reharsing the other day and a friend of my pianist was there, sitting in the back of the room and she said something like that. Your music makes me space to create a new world. That is cool ! That is awesome ! But it's true sometimes you go to a concert and you just disappear somewhere else. So one song, oh my God. I can give you an album : « The blue notebooks » (from Max Richter).
Which time would be perfect to play your record ?
CC : Night time i think so. When people are more calm. Day time nowadays it's just like you're busy and most of the time you're stressed. At night, people just takes the time to slow down. I think my album is meant to be listen as opposed to be just some background music.
 
Which season to listen your album ?
CC : (thinking in silence) humm...

I would say spring but that's me...
CC : Yeah i like that.

Or maybe the fall. Not too hot, not too cold, just in-between...
CC : Yeah, yeah (laughs). I love spring, it's my favorite season. Maybe the fall is too dark. I feel when i writing sometimes it's heavy but there is always this hopefull that takes beauty out of the dark. Looking at these heavy things and making them pretty as well. To me that's what the spring is, reflecting on the end of a season that is very dark. Like a rebirth.

What color is your music ?
CC : Indigo (laughs)!


mardi 15 juillet 2014

Interview avec Chloe Charles (version française)


Auteure d'un excellent premier album entre soul, folk et jazz, Chloé Charles décrit avec sensibilité sa musique. Rencontre avec une jeune femme profondément artiste...

Ta musique a été influencée par ton enfance dans la campagne Canadienne. Est-ce que tu pourrais nous parler un peu de cet endroit pour commencer ?
Chloe Charles : Mon grand père était artiste et il avait construit une école d'art dans la forêt. C'est plutôt cool ! Quand j'avais sept ans, ma Mère voulait quitter la ville qu'elle trouvait trop stressante. Mon grand-père nous avait invité à vivre là-bas, il avait transformé l'endroit en maisons et appartements. C'était un endroit très créatif. Il avait tout construit de ses mains. Il y avait une galerie et une piscine au milieu de la forêt. C'était très spécial, avec des étangs et des grenouilles partout. Je traînait au milieu de la nuit, je n'ai jamais eu peur. C'était vraiment magique pour un petit enfant.

Tu a commencé la guitare assez tardivement, quel a été le déclencheur ?
CC : J'ai choisi la guitare pour deux raisons. J'ai grandi avec les chansons de ma Maman et elle était magnifiques. Ma mère jouait de la guitare classique avec sa sœur et elles jouaient à chaque réunion de famille. C'était naturel d'en jouer. C'était aussi très pratique. J'adore le piano mais c'est difficile d'en jouer au milieu de la forêt où à la nuit tombée dans le cottage. J'aime être mobile. Et j'adore la guitare classique.

J'ai entendu l'influence de la musique sur ton album. La façon dont tu écris, les arrangements de cordes...
CC (sourire) : Les cordes uummmhhh (rires) !!!

C'était difficile de trouver ta voix de chant ?
CC : Il y a eu une année quand j'étais à l'université, en 2006, où je chantais des chansons écrites pour moi par d'autres. A cette époque je n'avais pas encore trouvé ma voix. Mais à la fin de cette année j'étais sure de ce qu'elle n'était pas. Après j'ai passé un petit moment à écrire sans aucun préjugé. Je n'avais aucune idée de ce que j'étais en train de faire. C'est à cette époque que j'ai commencé la guitare. C'est comme ça, en jouant assise toute seule sans écouter les autres, que j'ai trouvé ma voix. C'est devenu de plus en plus naturel par la suite.

Que ressens-tu quand tu chantes ?
CC : Des émotions, des sentiments, vraiment. Ça serait chiant sinon (rires) !!!

Ta Maman a joué un rôle important dans ton éducation musicale ?
CC : Oh oui ! Elle écrivait des chansons et c'était très spécial. Ces chansons folk magnifiques à la Joni Mitchell. Elle écoutait aussi beaucoup de musiques très différentes. Des goûts très éclectiques. J'ai grandi avec beaucoup de genres musicaux très différents. Elle était tout le temps en train d'écouter de la musique et elle est très passionnée quand elle écoute quelque chose qu'elle aime. Elle est très réactive, elle danse (rires) !!!

Et elle aime ta musique ?
CC : Oh mon Dieu ! C'est ma plus grande fan et c'est tellement mignon (rires) !!! A chaque fois que je l'appelle, je peux m'entendre chanter dans le fond. Elle est tout le temps en train d'écouter ma musique (rires) !!!! Elle a toutes les chansons que j'ai écrites. Toutes les démos. Elle a quelque chose comme dix versions différentes de chaque chanson. 200 chansons, en boucle (rires) !!! Et même des trucs que je trouve horribles et elle adore (rires) !!! Et quand elle vient aux concerts, elle est tout le temps en train de chanter (rires) !!! C'est tellement mignon ! Tous mes amis l'aime à mourir, elle est tout le temps là et elle est cool (rires) !!!

Ton père est marié avec Cynthia Lennon (l'ex femme de John et la mère de Julian). Quel regard portes-tu sur la célébrité ?
CC : Ben en fait, je me fous complètement de la célébrité. Ça n'est pas très intéressant. Je ne suis pas comme ces artistes qui courent après la gloire et l'or. Mon objectif c'est de me fixer des challenges et surtout d'apprécier ce que je fais. Et de toucher les gens. La célébrité ne devrait pas être le but premier. Elle devrait découler du talent et de ta volonté à faire ce que tu veux. Et après avec un peu de chance, la célébrité suit où pas (rires) !!!! Enfin ça m'a surtout permis de garder les pieds sur terre.

Quels challenges par exemple ?
CC : Essayer de nouvelles choses, expérimenter avec les sons, les genres. Essayer d'écrire différemment, avec d'autres personnes. Ma partie préférée, c'est de collaborer avec d'autres musiciens et de créer des choses nouvelles. Développer des idées nouvelles, essayer d'en tirer le maximum. C'est très dur, parfois il peut y avoir des engueulades. Mais à chaque dispute, tu apprends beaucoup sur toi-même.

C'est effrayant d'être célèbre ?
CC : Oh oui ! Définitivement. Les gens deviennent différents, te traitent différemment et soudainement tu ne peux plus faire confiance à personne. Tu deviens très prudent avec tes amis, surtout les nouveaux. C'est un monde étrange. C'est très bizarre d'en faire partie. Ce n'est pas le truc le plus génial du monde.
 

Parlons un peu de la pochette de l'album. Ton visage est à moitié peint en noir. C'est un peu ce que j'ai ressenti en écoutant ton disque, divisé entre plusieurs choses...
CC : Oui, exactement.

Et quelles seraient ces différentes choses ?
CC : Tout. Il y a toujours différentes facettes. Des forces et des émotions différentes et opposées. Ce n'est jamais complètement équilibré, avec des hauts et des bas. C'est très beau de l'accepter et de l'observer.

Et si je te dis que je trouve que ta musique est métissée. Est-ce que tu serais d'accord ?
CC : Oui bien sur (rires) !

Quelle serait ta définition du métissage ?
CC : Ce n'est jamais conscient. Si tu as l'ouverture d'esprit nécessaire, alors tu seras influencé par tout. Et après tu mélanges ! J'ai toujours été comme cela. Quand on me demande ce que j'aime écouter et bien je réponds que j'écoute tout ce que j'aime. De toute manière, le son ou le genre n'a aucune importance.

Ecrire sur la musique m'oblige à écouter beaucoup de choses différentes et à la fin j'en arrive à la conclusion que finalement je n'écoute pas vraiment de la musique mais des émotions avant tout...
CC : Oui la musique te touche d'une manière ou d'une autre. Et c'est d'ailleurs très difficile à expliquer. C'est vraiment très spécial et même magique. La musique qui ne te fait aucun effet n'est absolument pas intéressante. Tout peut être parfait, les musiciens fabuleux si tu « n'entends » pas, cela n'a aucun intérêt.
 
Y-a-t-il une chanson que tu aimerais avoir écrite ?
CC : (pensive) hummm...
 
Le plus dur c'est de choisir une seule chanson...
CC (silence) : humm... En fait, en ce moment, je suis un peu obsédée par ce compositeur de musique de film, Max Richter. Les titres c'est du genre, partie A, partie B. J'essaye de penser à un titre de chanson. J'adore les bandes originales de films. L'idée de souligner l'émotion. Tu n'écoutes pas forcément mais la musique peut totalement changer un scénario.
Ce que j'aime aussi, c'est d'écouter de la musique et de me faire mon propre film, dans ma tête...
CC : Ah oui, ça aussi c'est cool (rires) ! C'est rigolo, je répétais l'autre jour et une amie pianiste était là, assise dans le fond, et m'a fait un commentaire similaire. Elle m'a dit : « Ta musique me donne l'espace nécessaire pour créer un monde nouveau ». C'est tellement cool ! Génial ! Mais c'est vrai des fois tu vas à un concert et tu disparais ailleurs. Donc pour en revenir à ta question, une chanson, mon Dieu ! Je peux te donner le nom d'un album : « The blue notebooks » (de Max Richter, ndlr).
Quel est le meilleur moment de la journée pour écouter ton disque ?
CC : Je dirais la nuit. Quand les gens sont plus calmes. Durant la journée, tu est souvent occupé et souvent tu stresses. La nuit, les gens prennent le temps de décompresser. Je pense que mon album doit être écouté. Ce n'est pas de la musique pour faire un fond sonore.
Quelle est la meilleure saison pour écouter ton album ?
CC : (silence, pensive) humm...
Je dirais le printemps, enfin je dis ça...
CC : Oui, j'aime bien cette idée !
Ou bien peut-être l'automne. Ni trop chaud, ni trop froid, juste au milieu...
CC : Oui, oui (rires) ! J'adore le printemps, c'est ma saison préférée ! Peut-être que l'automne est trop sombre. Je le sens quand j'écris, parfois cela peut être lourd, mais il y a toujours cette note d'espoir qui sort la beauté de la noirceur. Regarder en face ces choses qui peuvent être très sombres et les rendre jolies. Pour moi c'est ça le printemps, la fin d'une saison très noire. Comme une renaissance.
 
Quelle couleur est ta musique ?
CC : Indigo !
Propos recueillis le 24/01/2014.
Un grand merci à Chloé et à Marion.
 



mercredi 9 juillet 2014

Eurockéennes de Belfort 2014


Vendredi 4 Juillet 2014 : On commence avec The Fat White Family, un groupe britannique de garage rock psychédélique bien foutu mais exécuté avec un incroyable je m'en foutisme. Les anglais finissent leur prestation pratiquement à poil. Anecdotique. Ça s'améliore un peu avec Reignwolf, un Canadien œuvrant dans un mélange blues punk. Si les comparaisons avec Jimi Hendrix sont quelque peu surfaites, il y a tout de même un peu de cela dans le son auquel est infligé une agressivité punk. Qu'il soit seul à la guitare/grosse caisse de batterie ou bien en trio, le rendu live déçoit, un peu trop brouillon et téléphoné. Cependant écouter l'album ne serait pas une mauvaise idée. On file ensuite sur le magnifique site de la plage (où rappelons-le la scène est posée sur le lac avec la chaîne de montagne des Vosges en arrière plan alors que le public est sur le sable) histoire de profiter des deux derniers titres du set des Temples, les nouveaux chouchous de Noël Gallagher, un groupe rock psyché sous haute influence Pink Floyd. Pas désagréable du tout. On continue avec la première bonne surprise du week-end, les anglais de Findlay, menés par une chanteuse de caractère. Pop rock d'excellente facture, deux guitares, batterie mais pas de basse, Findlay n'est pas foncièrement original, certes, mais le tout est parfaitement exécuté avec une énergie communicative. On a passé un bon moment en leur compagnie. La grosse affaire de la journée fût le retour des Pixies alors que le ciel se fait de plus menaçant et que gronde l'orage. Et bien les Pixies font plaisir à voir. Le set est bourré de petites imperfections techniques mais les mines ébahies du quatuor compensent tout. A commencer par la toute mimi bassiste Paz Lenchantin (ex-A Perfect Circle, ex-Zwan) qui affiche le sourire franc de celle qui n'en reviens pas d'être là. Le set, où plutôt l'alignement de tubes, se termine par un pétage de plomb, à base de serviette éponge, du guitariste Joey Santiago. Absolument pas blasé par les années, le quatuor prends le temps nécessaire pour arpenter l'immense grande scène afin de saluer chaleureusement la foule. On repart le sourire aux lèvres, malgré la pluie diluvienne, alors que le public applaudit la foudre, vers la scène de la plage pour la Daptone super soul revue, se prendre le shoot de groove du week-end. Le casting all star de l'affaire est assez alléchant : Charles Bradley, Sharon Jones, Sugarman Three, Antibalas et le duo de chanteuses Saun and Starr à qui revient l'honneur d'ouvrir la revue. Les marathoniens de la soul music auront tenu la scène pendant 2h30 sans baisser d'un iota l'intensité. Certes les musiciens tournent à tour de rôle mais le groove reste le même : quelle claque ! Malgré la pluie, l'orage, on a le sentiment, rare, précieux, d'être là où il faut quand il faut. La soirée du week-end, voire de l'année ! De l'élégance des musiciens, costume de rigueur, à la maîtrise technique, les New-Yorkais nous ont donné une leçon de soul music dans la grande mode des années 1960 revisitée suivant plusieurs écoles : jazzy pour Sugarman Three, afrobeat en ce qui concerne Antibalas, émotionnelle et à fleur de peau lorsque Charles Bradley déboule sur scène, explosif et dynamique pour Sharon Jones qui relève pourtant d'une grave maladie. C'est au final un éclatant catalogue du savoir-faire du réputé label de Brooklyn. Conséquence logique, la revue se termine avec la reprise du « Family Affair » (Sly and the family Stone) et une vingtaine de musiciens sur scène : deux batteurs, deux basses, trois guitares, une profusion de cuivres, de percussions et un orgue. Bref, toutes les conditions étaient réunies pour faire de ce final une épouvantable cacophonie, mais au contraire, signe des très très bons, la machine à groove est inaltérable, tout absolument tout les éléments sont en parfaitement en place. A ce niveau on peut parler de performance qui se termine dans une joyeuse euphorie. Un petit mot pour finir cette copieuse journée avec l'électro pop de la Danoise MØ laquelle se distingue par un intéressant collage rythmique entre pads électro et batterie traditionnelle. La guitare typée 80s nous ramène sur un terrain pop/new wave. La chanteuse, charismatique, assure le show avec enthousiasme et dégage réellement quelque chose de particulier. Elle possède en sus, ce qui ne gâche absolument rien, un joli brin de voix. Un projet à suivre... Et sur ce, nous on va se coucher !
Samedi 5 juillet : Journée un peu terne au niveau musical malgré le soleil de retour sur le site du Malsaucy. Dans la lignée de The XX ou MGMT, Jagwar Ma propose un intéressant mélange entre électro et pop rock psychédélique avec un pied dans le passé (basse et guitare vintage) et un autre dans le présent (un dj plutôt qu'un batteur). Le bassiste est excellent. Ses lignes complexes, de véritables riffs, transforment la quatre cordes en instrument soliste. Les guitares sont cependant un peu trop parcimonieuses pour notre goût personnel mais le groupe emporte haut la main l'adhésion du public. Direction ensuite la petite scène de la Loggia où se produit Circa Waves. Ni bons, ni mauvais, les Anglais recyclent, avec efficacité cependant, les clichés brit pop déjà entendus mille fois par ailleurs. Un peu plus tard Franz Ferdinand que, soyons honnêtes, l'on a vu que sur écran géant attaque le site de la grande scène, totalement surchargé, avec l'efficacité rythmique habituelle qu'on lui connaît. Une prestation classique de la part de ce groupe solide et carré dont le chanteur Alex fait l'effort de parler français. Contrairement à Rock en Seine l'an dernier, le quartet ne termine pas son set en transe rythmique, dommage... Un petit mot pour finir sur l'électro swing de l'Autrichien Parov Stellar Band et son détonnant mélange entre les cuivres et le dj. Hélas, une batterie binaire, qui appuie le temps au lieu de creuser le swing, vide de sa substantifique moelle ce cocktail potentiellement explosif. Malgré tous les efforts de l'excellente chanteuse, la sauce prends un temps avant de s'avérer trop répétitive. Belle ambiance dans le public cependant.

Dimanche 6 juillet : Journée pleine et riche musicalement sous un ciel gris qui menace d'éclater à tout moment. On attaque cette dernière journée dans le bon sens, celui de la note bleue, avec le duo jurassien Catfish qui a fait trembler la scène de la plage. Si la formule du duo devient un poncif du rock du 21ème siècle, Catfish lui apporte de nouvelles couleurs en variant les plaisirs alternant les formules : guitare/grosse caisse (Damien)/basse (Amandine) ou guitare/batterie (ce dernier instrument se partage entre les deux membres du groupe) cette dernière version s'avérant être particulièrement intense. Se jouant aussi bien de l'acoustique que de l'électrique, le duo, servi par la voix profonde d'Amandine, téléporte la scène de la plage dans le Delta. Un petit synthé est utilisé sur quelques titres pour une note électro plus contemporaine. Cet excellent duo terminera sa prestation particulièrement ému par l'accueil chaleureux du public. On est tout chose... Un petit pas de côté ensuite en direction du métal brûlant d'Uncle Acid and The Deadbeats sur la scène de la loggia. Est-ce du doom, du stoner ? Dans le fond peu importe. Les riffs entraînant et répétitifs vrillent les oreilles, la rythmique tabasse littéralement les spectateurs alors que les chevelures des musiciens ondulent en cadence. La relève de Black Sabbath (dont ils ont assuré les première parties l'hiver dernier) est assurée ! Un peu plus tard, toujours sur cette même scène, on découvre le Maloya, sorte de pendant Réunionnais du blues et de la soul music auquel la chanteuse Nathalie Natiembé ajoute des couleurs occidentales par la grâce de claviers électro post rock et une section rythmique un peu moins ternaire. Un bien beau voyage musical. Il a beau ne plus vouloir entendre parler de Led Zeppelin (je cite : « Forget the rest, i mean the past »), Robert Plant ne s'interdit pas d'en reprendre les titres emblématiques : « Babe i'm gonna leave you » en ouverture, un démentiel « Whole lotta love », « Black Dog », la foule nage en plein délire. Problème : le public vient plus volontiers admirer l'ex-leader de Led Zeppelin que l'actuel chanteur des Sensational Space Shifters. Lequel projet s'avère être un délire folk/world/blues, tout droit sorti de l'imaginaire fertile d'un vieil hippie. Beaucoup d'instruments acoustiques donc, guitare, banjo, mandoline, percussions et la présence d'un griot africain sur plusieurs titres. Les à priori mis à part, lorsque l'on fait l'effort d'y prêter une oreille attentive, le groupe mérite d'être écouté. On termine enfin avec The Black Keys à qui revient l'honneur, tête d'affiche oblige, de clôturer le festival. Une prestation, à quatre membres, carrée et solide où défile les hits : « Lonely Boy », « Next Girl », « Gold on the ceiling » mais aussi l'horripilant single « Fever ». Parmi les nouvelles compositions on note « Turn blue » et le blues rolling stonien « Gotta get away », une des rares réussites du nouvel album soit dit en passant. Difficile cependant de s'enthousiasmer pour ce genre de prestation, ultra calibrée, quand on a eu la chance de pouvoir admirer le groupe à ses début sur des petites scènes comme celles de la Cigale ou du Bataclan...
Alors que le feu d'artifice final est tiré, les intermittents montent sur la grande scène (comme ce fût le cas durant tout le week-end sur toutes les scènes du festival) afin d'alerter le public sur la précarisation de leur situation et ses alarmantes conséquences...