samedi 30 novembre 2013

Electrick Children de Rebecca Thomas




Rachel (Julia Garner), 15 ans, pensionnaire dans une communauté mormone de l'Utah, a une vie pour le moins rangée. Jusqu'au jour où, complètement par hasard, elle découvre le rock n'roll par le biais de « Hanging on the telephone », le tube des Nerves, sur une cassette audio. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à elle. Quelque temps plus tard, Rachel tombe enceinte et prends la fuite, pour échapper à un mariage arrangé, persuadée que sa grossesse a été causée par la chanson, dans une sorte de remake grunge de l'immaculée conception.

Pour son deuxième long métrage, l'actrice/réalisatrice Rebecca Thomas ne cherche pas réellement à raconter une histoire, un peu improbable de toute façon. L'idée est ailleurs. Electrick Children est le genre de film qui montre plus qu'il ne parle. Une suite de scènes, plus ou moins vaporeuses, plus ou moins reliées entre elles. Un film par lequel il faut accepter de se laisser bercer. Une œuvre sensorielle sur laquelle souffle un vent de liberté, celle recherchée par le personnage principal, et comme débarrassée des contingences habituelles du septième art. Intéressant.
De Rebecca Thomas. 2012. Avec Julia Garner, Rory Culkin, Billy Zane. Bac films.



lundi 25 novembre 2013

La Maison Tellier : "Beauté pour tous"


Quatrième album pour les frères Tellier en forme de coup de force, chanté intégralement dans la langue de Molière, chose devenue rare de nos jours. Contrairement à d'autres, La Maison Tellier ne fait pas le choix de privilégier le fond ou la forme mais de soigner bel et les biens tous les ingrédients composant sa musique. En résulte un merveille de rock « profond », genre honni mais qui prend ici une toute autre consonance à force d'élégance, cf. « un bon français » texte subtil sur la peur de la différence, particulièrement d'actualité par les temps qui courent. Musicalement, La Maison Tellier fait montre d'une habilité peu commune, naviguant dans les vents contraires. « Prison d'Eden » est une petite perle acoustique toute faîte d'arpèges délicats. A l'opposé « La Maison de nos Pères », est une hallucinante chevauchée country au long cours, faite de tension électrique dont l'intensité ne peut laisser indifférent. Entre l'élégante chanson française à texte et le rock brut de décoffrage, La Maison Tellier se créée une identité bien à elle, dépassant très largement de la tête et des épaules tous les pathétiques suiveurs de Noir Désir. La beauté pour tous promise dans le titre se trouve dans ces onze compositions.



dimanche 24 novembre 2013

Les Tit'Nassels : "Soyons fous"





Cinquième album en quinze ans d'existence pour les Tit'Nassels, groupe assez éloigné du standard rock n'roll généralement en vigueur sur cette page. Le truc des Tit'Nassels, ça serait plutôt la chanson française où le texte prime. La musique, généralement acoustique, prends différentes formes parfois jazz-swing (le morceaux titre « Soyons fous ») ou mariachi mexicains à force trompette (« La femme cannibale »). Si la forme musicale est plutôt soignée, l'essentiel est ailleurs. Dans les textes épinglant les petits travers du quotidien pour en faire des chansons, à deux voix, dont la légèreté n'est que façade. Un périple en douze titres qui se termine sur ce constat mi-mélancolique, mi-amer : « C'était déjà pas si mal de te tenir la main »...


https://fr-fr.facebook.com/titnassels

samedi 23 novembre 2013

Younghusband : « Dromes »




Premier album pour ce jeune groupe anglais à mi-chemin entre pop psyché tellement sixties, « Comets Crossed », et indie-pop « Left of the rock ». A la recherche de l'équilibre parfait, les jeunes mariés se tirent de maintes situations périlleuses. Le disque débute comme dans un rêve avec les effluves de guitare planantes de « Running Water », on pense être alors parti pour 45 minutes de rêverie vaporeuse. Et bien non. Drivé de main de maître par le producteur Nicolas Vernhes, dont le travail est remarquable, jamais le groupe ne tombe dans l'apathie, ou alors juste ce qu'il faut pour laisser l'auditeur dans un état second à demi-comateux (« Sunstrock »). Pour le reste, le groupe a eu le bon sens de pas oublier que l'expression pop psychédélique contient aussi le mot « pop ». Des petites perles, mélodiques, enjouées, avec la juste dose d'expérimentation, que l'on prend plaisir à écouter. Pour un premier effort, c'est franchement bien joué.

http://young-husband.com/

jeudi 21 novembre 2013

Mazzy Star : « Seasons of your day »



Petite sensation dans les années 1990, Mazzy Star rompt ces jours-ci un silence discographique entamé en 1996. Quatrième album donc pour le duo composé de la chanteuse Hope Sandoval et du guitariste David Roback et un retour plutôt en demi-teinte. Le groupe fait illusion lorsqu'il est sous l'influence du blues ou de la country (une nouveauté), « In the kingdom » en ouverture, « Flying low » en clôture, « California », « I've gotta stop », « common burn » au milieu. Hélas, le reste de l'album est empreint d'un certain hiératisme. Ambiance vaporeuse, folk dark lent, le groupe peine a retenir l'attention de l'auditeur en dépit du chant magnifique d'Hope Sandoval. Dommage...
 

mercredi 20 novembre 2013

Jessie Evans : « Glittermine »


Découverte en 2010 avec un superbe album, « Is it fire? », qui hélas n'a jamais été distribué chez nous, Jessie Evans est de retour avec son deuxième effort intitulé « Glittermine ». Ces huit nouvelles chansons reprennent les choses exactement là où l'album précédent les avaient laissées, au point que l'on pourrait facilement croire qu'il s'agit d'inédits exhumés de la même session. Seule différence, Jessie a, cette fois, ouvert en grand les grilles de son jardin pour inviter encore plus de monde, venus d'horizons différents, à se joindre à la fête. Le résultat n'est pas toujours très heureux, le dub-reggae un peu lourdingue « Omama ». Une fois cette petite déception passée, c'est avec grand plaisir que l'on retrouve l'univers singulier de Jessie. Savoureux mélange d'électro sur des rythmes afrobeat ou latins, mené à la baguette par son compère Toby Dammit, l'ancien batteur d'Iggy Pop au swing impeccable. Le tout baigne dans une délicieuse atmosphère de cabaret décadent, servie à point par le saxophone de Jessie. Gare au manque de renouvellement artistique à l'avenir, mais pour l'heure, on peut toujours compter sur Jessie pour faire monter la température...

www.jessieevans.net

lundi 18 novembre 2013

Jersey Julie Band : « Goose bumps »


L'exil, en matière musicale, a du bon. Surtout lorsque les musiciens emmènent avec eux la culture qui leur est propre. En la matière, le Jersey Julie Band est une belle découverte. Fondé par Julie, chanteuse originaire du New Jersey (comme un certain boss), le trio sort un premier album « Goose bumps » (chair de poule, titre particulièrement bien trouvé) au charme ravageur. Si le blues reste la base, le groupe n'hésite pas à sortir du genre pour ratisser le champs entier des musiques raciniennes Américaines. C'est bel et bien de la belle et grande musique Américaine dont il est ici question : blues mais aussi rockabilly ou country. Le choix des instruments est audacieux : la contrebasse (Stéphane Blanc) est tellement puissante et pleine de swing qu'elle remplace à elle seule la batterie. Ecoutez « Rockabilly fever » et vous m'en direz des nouvelles nom de Dieu !!!! Olivier Mas est pour sa part un guitariste agile, très sur rythmiquement et soliste inspiré sans esbroufe ni effets disproportionnés, c'est du son brut, une démarche très pure : un ampli et c'est tout. Enfin Julie, chanteuse énergique, voix soulful et pleine de coffre, est à l'aise dans tous les registres. Elle est également saxophoniste, instrument dont l'apport est particulièrement intéressant dans ce contexte. La petite note jazzy ainsi emmenée s'intégrant parfaitement dans le paysage. L'album est très roots mais riche et varié. C'est une petite dose de bonheur condensée en quinze titres.


dimanche 17 novembre 2013

Interview F.M

(c) F.M.


Après quelques collaborations prestigieuses, Etienne Daho, Catherine Ringer, et des détours vers la musique de film, François Maurin, alias F.M, est de retour en tant qu'artiste solo avec son deuxième album « The Organ King ». Personnage déterminé, compositeur exigeant, F.M est également adepte d'une démarche étonnante préférant jouer avec un orchestre automate. Rencontre...
 
(c) Jean-Marie Vives

Ton nouveau disque, TheOrgan King, est un concept-album autour de l'orgue. Pourquoi cet instrument en particulier ?
F.M. : Le disque tourne autour de l'orgue et en même temps, l'orgue est parfois assez discret. Avant de me plonger dans l'écriture, je me suis demandé ce que je voulais faire. Sur mon premier album j'avais essayé de jouer sur l'économie de moyens. Enlever ce qu'il y a de plus flagrant dans la musique pop-rock, la batterie, pour trouver des ressources harmoniques et mélodiques et vivre le rythme autrement, sans cette artillerie-là. Pour le deuxième, j'avais envie de laisser couler tout ce qui me venait en matière d'instrumentation. Et il se trouve que l'instrument dont j'ai toujours rêvé, c'est l'orgue d'Eglise. C'est l'instrument roi dans la mesure où il est susceptible de jouer toutes les parties d'un orchestre. Conceptuellement l'orgue est, en réduction, tous les instruments. C'est ce qui m'a donné le titre The Organ king. D'autant qu'à cette époque là j'étais assez tourné vers les sources du rock n'roll. The Organ king, il y avait aussi l'idée du King, Elvis (il claque des doigts). Je n'ai pas fait un vrai hommage à l'orgue, mais une série de clins d’œils. Dans chaque titre se cache un orgue, comme un fil d'Ariane assez discret. Je vois plus l'album comme un voyage spatio-temporel, un voyage dans le temps des années 1950 au début des années 1980 à travers la France, l'Angleterre. Comme un condensé de cette petite histoire de la musique.

Du coup j'imagine que tu as une collection d'instruments assez importante ?
F.M : Je n'ai pas les instruments chez moi. Pour réaliser l'album, je suis allé un peu partout en France, à Nantes pour enregistrer des cuivres, dans une chapelle pour enregistrer des cœurs et un orgue, en studio pour les cordes. Je ne me suis mis aucune limite dans l'instrumentation. Comme j'ai auto-produit l'album, j'ai tout réalisé avec mon ingénieur du son, Edouard Brunet, mon acolyte et mon grand ami. On a utilisé un studio mobile, pour enregistrer tout ce dont on avait besoin, orgue de Barbarie etc... J'ai fait absolument tout ce que je voulais, aucune barrière. Cela a pris le temps... Je ne voulais pas me restreindre.

La tonalité du disque est assez nostalgique, « Holidays of my youth » notamment. C'était voulu ?
FM : La nostalgie dont tu parles, c'est très certainement quelque chose d'assez constitutif de ma personnalité. On m'a déjà fait cette réflexion sur le premier album. Il y a toujours une distance par rapport au sujet d'écriture. J'ai un rapport distancié, la pop finalement c'est une musique assez étrangère pour moi. La pop c'est aussi la langue anglaise, il y a toujours un filtre entre moi et la musique que je joue. C'est cette distance qui rends les choses nostalgiques. J'ai fait un album avec du matériel d'époque, c'est déjà un espèce de regard en arrière. Même si on retrouve les couleurs et les styles de l'époque, il y a tout un travail, comme une espèce de néo-classicisme. Je retravaille les fondamentaux, je détourne les harmonies pour en faire quelque chose de plus personnel.

Justement en parlant de matériel, est-ce que tu penses qu'utiliser des instruments anciens donne un supplément d'âme à la musique ? C'est, du moins, ce que j'ai ressenti en écoutant le disque...
F.M : Forcément, comme beaucoup de gens, je m'agrippe à toute une culture qui fait partie de nous, l'Amérique des années 50, la pop anglaise des années 70... Il y a deux choses : le fait de travailler sur des grains, des sonorités d'hier et le fait de travailler sur différents genres musicaux. Le classique comme l'intrusion d'un orgue d’Eglise dans un morceau doo-wop (Open the doors). On s'attendrait plutôt à un orgue de jazz comme l'hammond B3. Si il y a un supplément d'âme, il doit se trouver quelque part par-là.

Ton concept d'orchestre automate a dû demander un gros boulot de mise au point...
FM : Énormément de travail. Déjà pour mettre au point le concept mécanique, informatique... Il a fallu trouver des partenaires qui se sont engagés dans une aventure très ambitieuse. C'est beaucoup de temps et d'énergie. Mais c'était une aventure passionnante, j'ai travaillé avec des corps de métiers assez différents, pas forcément habitués à travailler ensemble, des roboticiens hi-tech et des facteurs d'instruments anciens par exemple. Tout le monde s'est mis à travailler autour de mon projet, il a fallu trouver une synergie et mener tout cela.
 

Cela a changé quelque chose pour toi par rapport à un vrai groupe ?
FM : Ça joue bien ! C'est quelque chose de différent certes. Depuis le début, j'ai une idée très précise de ce que je veux entendre. C'est pour cela que j'ai fait un premier album avec des musiciens classique, ils pouvaient lire la musique que je leur demandais et ils étaient habitués. Je suis un compositeur dans le corps d'un chanteur rock, j'ai besoin d'entendre très précisément les choses. Finalement l'orchestre mécanique, c'est une sorte d'extension de mon jeu à moi puisque je met au point, une à une, toutes les parties musicales qui vont être jouées. Ce n'est pas du tout la même chose que jouer avec un groupe. Ceci dit, étant donné mon exigence un peu maniaque quant à l'exécution, cela revient finalement au même.

Ça ne manque pas un peu d'interaction humaine ?
F.M : Moi comme compositeur je passe mon temps sur des écrans avec des arrangeurs, je fais des partitions qui sonnent avec des samples. Il y a peu d'aller-retours. Maintenant avec ces machines, elles sont construites de telle façon qu'elles réagissent parfois assez bizarrement aux impulsions qu'on leur donne. Je me suis vu en train de me demander ce que j'allais bien pouvoir faire des propositions musicales qu'elles me faisaient. J'appuyais sur un bouton par erreur et il y avait un shaker qui se mettait à tournoyer 360 fois : qu'est-ce que c'est ça ??? C'est ça qui est drôle, je peux les dompter mais elles peuvent faire des trucs absolument extraordinaires. En bidouillant on arrive à faire des erreurs qui génèrent une musique inouïe. Sur le plan rythmique, c'est comme jouer avec Steve Austin (personnage principal de la série télé l'homme qui valait trois milliards, ndlr) qui fait des propositions tout seul ! Il y a un vrai jeu avec ces machines là. Moi j'ai tout dans la tête, il n'empêche quand je répète avec elles, je peux te dire qu'on se marre plutôt bien. Ça nourrit mon esprit en termes de créativité, cela me donne plein d'idées. Le plaisir n'est pas exactement le même qu'avec mon bassiste, Frédéric, mais ceci dit il y a quelque chose d'extrêmement jouissif, un peu comme un savant fou qui a réussi à faire marcher une formule. Quand ça fonctionne, c'est magique. Ça m'épate à chaque fois, je n'en suis toujours pas revenu.

Et d'un point de vue rythmique, ce qui constitue le squelette d'une chanson, comment t'es-tu adapté au robot qui joue la batterie ?
F.M. : Je ne me suis pas adapté. La machine réponds à tout les niveaux de vélocité que l'on peut lui demander. Il y a 127 niveaux, on peut taper très doucement ou alors comme un sourd au point de crever la caisse claire. Il y a un niveau de nuance, je n'ai pas besoin de m'adapter, je lui fais faire exactement ce que je veux à la vitesse que je veux et il ne se plante jamais. C'est extrêmement musical.

Une autre de tes spécialités, c'est les arrangements. Comment sait-tu quand tu as fini un morceau ?
F.M. : L'idée pour cet album, c'était de travailler comme avec un orchestre, il y a des trames, des couleurs, des timbres musicaux, qui se marient. Dans la pop, surtout en ce moment, on a plutôt tendance à faire le vide autour de deux ou trois sons. Moi j'ai voulu faire un album orchestral. Qu'on puisse entendre les choses simplement, ce sont des chansons après tout, mais aussi quand on écoute bien, on peut entrer dans les méandres des différentes couleurs, mixtures de sons. A partir du moment où j'ai idée musicale, la chanson est suffisamment mature dans ma tête. J'ai une idée, j'attends de voir si je m'en rappelle encore le lendemain. Si je m'en souviens encore une semaine ou un mois après, je sais que j'ai une chanson qu'il va falloir que je fasse. Comme quelque chose d'obligatoire. Après je la laisse se décanter. Elle s'impose toute seule. Il y a une évidence qui se crée. Je fais beaucoup confiance à ma mémoire et aux informations que mon inconscient va trier. J'entends la chanson mais elle n'existe pas, la difficulté c'est de faire que dans la réalité, la chanson soit le plus fidèle possible à ce que j'ai dans la tête.

Tu as aussi fait des bandes originales de film, comme « Versailles rive gauche » (réalisé par Bruno Podalydès, ndlr) par exemple...
F.M. : Quand on travaille pour le cinéma, ce qui est intéressant, c'est d'avoir des contraintes temporelles fixes. 22 secondes de musique par exemple. C'est un exercice assez scolaire mais jouissif. J'aime bien les contraintes. Il y a toujours un gageure dans mes morceaux. Je me dis il faut que je fasse une chanson dans ce style, j'aime beaucoup la variété, je me lance dans des challenges par rapport à ce qui n'a pas encore été fait. Je n'aime pas me répéter, j'aime offrir le plus possible.

Comment se créer une identité artistique en abordant autant de genres différents ?
F.M. : Pour moi c'est naturel. Ce qui est difficile, c'est de faire comprendre qui on est. Ça c'est vraiment dur. Moi, je sais exactement où je vais. C'est dans le regard des autres que c'est le plus compliqué.

Propos recueillis le 30 septembre 2013.
Album « The Organ King » disponible.
 

jeudi 7 novembre 2013

Aloe Blacc : « Wake me up EP »




Star instantanée sur la foi d'un merveilleux single, « I need a dollar », Aloe Blacc est de retour avec ce nouvel EP. Ces quatre titres, en attendant le nouvel album, marquent un nouveau départ pour l'artiste qui rompt avec le son « vintage », parenthèse qui n'aura finalement duré qu'un disque, dans le fond assez décevant, réalisé en collaboration avec la fine équipe du label Truth & Soul (Lee Fields, Lady etc...). Nouveau label donc et nouvel élan artistique pour Blacc qui renoue ici avec un son beaucoup plus contemporain et infusé par le R&B (sa marque de fabrique jusqu'alors) et la pop un peu trop commerciale. Un peu fourre tout, l'ep voit Aloe passer du coq à l'âne : on commence par une guitare acoustique (« Wake me up »), on continue avec une petite bombe disco-funk (« Love is the answer ») et on finit avec un étrange titre mi-rock/mi-reggae (« Can you do this »). « Ticking Bomb » qui clôt cette mini nouvelle livraison est le morceau le plus sombre du lot et aussi le moins groovy. Que peut bien donner sur la longueur d'un album ce mélange détonnant ? Mystère. Mais on aura très probablement la réponse très prochainement...


lundi 4 novembre 2013

Belmondo Family Sextet : « Mediterranean sound »


Après avoir souvent fait route commune, les deux frères Belmondo, Yvan (bariton) et Stéphane (trompette), une fratrie bien connue des amateurs de jazz d'ici, retrouvent leur père Lionel (saxophone ténor) pour enregistrer ce nouvel album. Un disque à six mains, en forme d'hommage, particulièrement touchant, à l'homme qui les a initié à la musique : son écoute et sa pratique. Un véritable retour aux sources donc, enregistré sur les terres de leur enfance, en Provence, et qui donne naissance à ce fameux « Mediterranean sound ». Sauf que, à l'écoute, ce son Méditerranéen ressemble à s'y méprendre à la Californie et au jazz « cool » façon west coast. Quand la Méditerranée prends des faux airs d'océan Pacifique. Même approche débonnaire, même nonchalance arborée comme un art de vivre, l'ombre du grand Chet Baker (enfin du moins dans sa période instrumentale) plane sur ces sessions. Composé de reprises de grands standards, réarrangés pour l'occasion, les onze plages ici réunies retracent un parcours intime et personnel dans la grande histoire du jazz. Un album forcément très émouvant, particulièrement lors de « Skylark » quand la famille au grand complet souffle de concert, dans un geste rassembleur.

Paul McCartney : « New »


Comment rebondir après avoir fait partie du groupe le plus populaire du monde ? Comment inventer la suite ? Ce dilemme c'est, à peu de choses près, le quotidien de Paul McCartney depuis quarante ans de séparation des Beatles. A quoi bon s'échiner, vouloir continuer à tout prix, sachant que ses grandes heures sont (très probablement) derrière lui, que sa fortune est (certainement) assurée, que la popularité lui est garantie à vie ? Tout simplement parce que Paul McCartney est un musicien honnête, qui joue et compose avant tout par plaisir. Un artisan bien trop modeste pour se prendre au sérieux. Et, conscient d'avoir été béni des Dieux, qui n'a jamais oublié ses origines. Si un titre de cette nouvelle livrée résumait le tout cela serait « On my way to work ». Et puis aussi parce que McCartney a suffisamment de savoir-faire et de ressources pour pondre de temps en temps un chef d'oeuvre aux allures de classique instantané (l'album « Chaos and creation in the backyard » pour citer une réussite récente). Cette nouvelle livraison de chansons, assez hétéroclite, est marquée du sceau de l'opulence, les grands moyens sont mis sur la table : pas moins de quatre producteurs (et non des moindres : Ethan Johns, Mark Ronson, Paul Epworth et Giles Martin, le fils de George) et autant d'occasions pour Paul de confronter son savoir-faire aux techniques modernes. Un songwriting classique dans un écrin rutilant : « Save us » offre une ouverture vrombissante et « Appreciate » étonne de modernité. A contrario, « New » constitue un flagrant auto-plagiat des Beatles (et en même temps qui est plus légitime que lui dans cet exercice largement répandu?) et « Early days » est d'une touchante simplicité acoustique. La grande réussite de l'album ? Peut-être bien « Hosanna », où Paul revisite ses grandes heures psychédéliques. Au final un album qui n'apportera rien à la légende certes, mais absolument pas déshonorant pour autant. On a connu des vétérans bien moins inspirés...

dimanche 3 novembre 2013

The Van Jets : « Halo »


Relativement inconnu dans nos contrées, The Van Jets fait sensation dans sa Belgique natale avec déjà deux albums à son actif. « Halo », le troisième effort du groupe est le premier à être distribué en France. Classé dans la catégorie garage (genre plutôt bien aimé de cette page) à ses débuts The Van Jets a évolué sur ce troisième album, enregistré dans le studio de Philippe Zdar, collaborant avec le producteur Papillon (The Subs) plutôt orienté électronica. C'est une nouvelle orientation pour le groupe, pop et axée sur les synthés plus que sur les guitares (l'atmosphérique « Mystify »). Et pourtant The Van Jets reste un groupe de rock terrible, « Broken Bones » et « Danger Zone » dégagent une énergie dévastatrice. Les rythmes en particulier, on fait l'objet d'un travail très précis, la section rythmique groove du tonnerre. Accrocheur, glam et funky en diable, l'album s'avère être une réussite. Un petit mot pour finir sur la jolie pochette, qui brille dans le noir, de quoi ravir tous les nostalgiques du disque physique.

www.facebook.com/thevanjets
En concert le 9/11 à La Maroquinerie (Paris)

samedi 2 novembre 2013

Nine Inch Nails : « Hesitation marks »


Il existe deux catégories de musiciens, ceux qui, une fois gloire et fortune acquises continuent en roue libre et les véritables artistes qui jamais ne se reposent sur leurs lauriers, explorent et expérimentent sans cesse. Tête pensante de Nine Inch Nails (premier album sorti en 1989) Trent Reznor appartient définitivement à la deuxième catégorie. Après un petit détour par Hollywood, et quelques B.O pour David Fincher, glanant au passage un oscar de la meilleure musique (« The social network ») et une respectabilité nouvelle, Reznor a décidé de réactiver son projet fétiche. Nin sort donc son neuvième album, le premier depuis 2008. Et bien lui en a pris. Car, bien loin d'être cloisonné dans son manoir gothico-industriel, Reznor fait preuve d'un éclectisme musical remarquable servi par des collaborations inattendues (Pino Palladino à la basse) : « All time low » une espèce d'hybride gothico-funk tout à fait inédit, nous rappelle que notre homme a passé de longues années à la Nouvelle-Orléans et il n'est pas exclu qu'il en ait retiré quelques idées musicales (attention on est tout de même très loin des Meters). Chez Nine Inch Nails tout est affaire de climat et repose sur un subtil équilibre entre synthés et guitares, traitement électroniques divers et instruments « organiques ». Reznor c'est le genre de type à qui on pardonne tout : les assauts de guitares à se faire péter les tympans (« Everything » à l'intro étonnamment guillerette à la Weezer) comme les ambiances électro-dark (« Came back haunted »). Arrangeur de génie, personne ne réussit à faire sonner les machines aussi bien que lui. Assemblé bout à bout l'ensemble compose un fascinant labyrinthe plongé dans l'obscurité où l'intranquilité règne et ce même dans les moments les plus calmes (« Find my way »). Remarquable chanteur Reznor peut aussi bien susurrer ses paroles avec charme ou hurler à la terre entière. Son nouvel album offre bien plus que le minimum syndical que l'on est en droit d'attendre d'un artiste de sa stature. Un must.


vendredi 1 novembre 2013

Le Spark


Nouvel avatar d'une scène française en pleine mutation, et enfin débarrassée des codes esthétiques hérités de Noir Desir, Le Spark reprend à son compte tous les codes du rock n'roll hérités des années 1960. Après quelques premières parties pour des artistes aussi mythiques que Mick Taylor (ex-Rolling Stones) ou Pete Doherty, Le Spark sort son premier album. Et nous colle par la même occasion une bonne petite claque comme on aime en prendre de temps. Une batterie qui pulse à point, une guitare acoustique en soutien et un harmonica qui traîne pour la bonne note bluesy (« Saturday night » ; « Back to the rainbow ») : fermez les yeux on pourrait se croire à Londres ou New York City en 1967. Et non, triple non, c'est Paris en 2013, n'est-ce pas magnifique ? Quand les décibels sont lâchés et les amplis poussés (« I wanna get high ») c'est une contagieuse fièvre garage qui s'empare des enceintes... Grand connaisseur devant l’Éternel, Patrick Eudeline ne s'y est pas trompé en produisant et mixant neuf titres de l'album. Seul chanson en Français, « Flûtes 67 » rend un hommage classe et appuyé au grand Serge Gainsbourg, avec une petite perle que l'on jurerait sortie tout des droits des inédits de « Melody Nelson ». Le seul défaut de ce disque est d'être un peu trop long, le groupe a vu large, 17 titres c'est beaucoup. Ceci mis à part, c'est une grande réussite.



Exposition Chuck Sperry




Jusqu'au 15 novembre, la galerie Ouvre l'Œil présente les œuvres du graphiste américain Chuck Sperry. Résidant dans le fameux quartier de Haight-Ashbury (San Francisco), l'épicentre de la scène psyché-rock des années 1960, Chuck Sperry a installé son atelier de l'autre côté de la Baie à Oakland où il travaille exclusivement en sérigraphie. Exerçant ses talents dans le domaine musical, ses affiches de concert ou pour des festivals ne sont pas sans rappeler l'âge d'or psychédélique des années 1960. Les œuvres sont présentées à des prix relativement abordables...
http://www.loeilouvert.com/artiste/chuck-sperry

L'oeil ouvert
74 rue François Miron
75004 Paris
Tel : +33 (0)1 83 62 05 86
Fax : +33 (0)1 83 62 23 25
http://www.loeilouvert.com/
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Le dimanche de 13h à 19h

Mise à jour (16/11/2013) : Devant l'incroyable succès rencontré par l'exposition, cette dernière a été prolongée avec de toutes nouvelles sérigraphies en provenance directe de Californie !