jeudi 30 août 2012

Los disidentes del sucio motel + Flashfalcon : « East side story »



LDDSM + Flashfalcon


Reprenant à leur compte une formule qui a connu un certain succès aux Etats-Unis dans les années 90, les alsaciens Los disidentes delsucio motel s’associent avec leurs potes Flashfalcon pour sortir un split ep. Pour résumer : un disque, deux groupes, huit titres, une face de quatre chansons chacun (il s’agît d’un vinyle comme à la grande époque). Trois inédits par groupe et puisqu’il faut bien rigoler un peu, Los disidentes s’amusent à reprendre un titre des Flashfalcon et vice-versa. Pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents, Los disidentes del sucio motel sont un groupe de métal stoner déjà auteur d’un album et que l’on a également pu admirer sur scène récemment lors des Eurockéeennes de Belfort. C’est avec plaisir qu’on les retrouve ici en pleine forme. Le son est énorme, les rythmes claquent et les guitares sont compactes. Les quatre titres des Disidentes s’enchaînent sans temps morts entre tempi enlevés (« Eternal lonesome boy ») où plus lourds (« Persia »). Le stoner rock (mouvement né au plein milieu du désert) peut être d’une certaine manière interprété comme une réinterprétation métallique de musiques étasuniennes nettement plus telluriques. Et c’est précisément ce que l’on entend ici, des solos de guitare wha-wha acides, et autres emprunts mélodiques venant apporter recul et distanciation aux assauts bruts du métal. Si l’on connaissait déjà relativement bien Los disidentes del sucio motel, ce disque permet de faire la découverte de Flashfalcon. Plutôt une belle découverte en l’occurrence que ce groupe évoluant également dans un genre de stoner un peu similaire que celui des Disidentes. Flashfalcon est peut être un peu plus punk, rentre dedans, plus lourd en résumé. Quoi qu’il en soit, les deux groupes se complètent très bien. Suffisamment en tout cas pour faire de cette galette un achat intéressant pour tous les fans du genre…    

mardi 28 août 2012

The Dandy Warhols




Ils sont cool les Dandy Warhols. C’est peut-être même le groupe le plus cool du monde. Ils ont en tout cas été les seuls artistes de calibre international à avoir donné une conférence de presse pendant la dernière édition de rock en seine. Et par chance on y était. De près Courtney Taylor, accompagné par l’occasion du batteur (et accessoirement son cousin) Brent deBoer donnent l’impression d’avoir pris un coup de vieux (Courtney vient de fêter ses 45 ans) malgré les cheveux longs et les looks d’éternels adolescents. Impression encore renforcée par les lunettes de vue que Courtney arbore quand il n’est pas sur scène. Arrivé un peu en retard le duo débarque verres, de vin pour Courtney, et clopes à la main. Le vin semble être une passion pour Courtney qui s’est récemment épris de la chose œnologique au point de traverser les Etats-Unis de long en large afin de goûter les breuvages et de glaner les informations nécessaires avant de lancer sa propre cuvée. Sur le nouvel album de son groupe, le chanteur se fait à peine moins disert : « Le titre This machine est un hommage à Woody Guthrie qui arborait un sticker « This machine kills fascists » sur sa guitare. Puis dans les années 60 Donovan avait un sticker « This Machine kills » sur son instrument. Et ensuite ben DAH !!!! » esquisse-t-il dans un sourire. « Je ne suis pas un très bon songwriter » enchaîne-t-il. La confidence peut surprendre venant d’un personnage souvent brocardé par la presse dans le passé pour ses déclarations fracassantes et autres sorties plus ou moins heureuses. Avant de préciser sa pensée : « enfin dans le sens où je suis incapable de rester assis derrière un bureau toute la journée pour écrire des chansons. En fait je n’arrête jamais d’écrire, l’inspiration vient au fil du temps. Sur ce nouveau disque il y a des morceaux que j’avais commencés il y a 14 ans ! C’est pour ça que cela nous prend autant de temps pour faire un disque. On n’a pas assez de titres tout simplement. C’est aussi pour cela que l’on ne s’est jamais lancé dans un concept album. Mais là on a procédé différemment tout le monde à contribué à l’écriture ». La notoriété des Dandy Warhols a subi un soudain coup d’accélérateur il y a sept ans avec la sortie du (fascinant) documentaire Dig!, réalisé par Ondi Timoner, film pour lequel elle a filmé pendant sept ans le groupe et leurs potes du Brian Jonestown Massacre. Expérience sur laquelle le batteur Brent de Boer apporte aujourd’hui un éclairage nouveau : « En fait il y avait plein de choses intéressantes, des conversations hyper profondes, sur l’art et la philosophie qui n’ont pas été filmées. Je la voyais qui attendait avec la caméra sous le bras. Elle n’appuyait sur le bouton « on » qu’à partir du moment où quelqu’un commençait à crier où quand il y avait un début de bagarre… » Pas d’amertume cependant pour les deux hommes, probablement conscients de tout ce que « Dig ! » leurs a apporté. Courtney : « Anton et Joel (Newcombe et Gion, respectivement leader et tambourine man du Brian Jonestown Massacre, ndlr) sont incroyables dans le film. Nous, on n’est pas aussi géniaux… » balaye-t-il de la main. Quant à Brent de Boer, il se marre encore d’avoir « été interviewé sous la douche » pour les besoins du film. Le sujet semble cependant être clos « Enough ! » s’exclame Courtney sans jamais se départir de sa coolitude naturelle. Il admet cependant ne pas être fâché, contrairement à ce que la conclusion du film laisse supposer, avec Anton Newcombe et confie même « qu’ils se parlent toutes les semaines » confirmant que ce dernier «est actuellement en train de remixer des titres de notre dernier album » et allant même jusqu’à révéler l’existence d’un mystérieux « nouveau projet avec Anton » provoquant stupeur et regards interloqués chez la dizaine de journalistes présents dans la petite salle d’interview. Courtney, tu parles trop où pas assez ! Il faut que tu nous en dises plus ! Impossible cependant de tirer un mot supplémentaire au chanteur devenu soudainement très placide. Alors que Social Distortion prend possession de la grande scène qui jouxte la salle d’interview, Courtney hume et fait tourner son verre de vin transvasant le précieux liquide d’un verre à l’autre : « Ce Bordeaux est vraiment excellent. Le Bordeaux c’est ce que je préfère, mais vous les Français vous êtes les maîtres des arts de la table et vous savez tout cela par cœur. N’est-ce pas ? ». Les fines parois de la salle d’interview laissent passer la musique des Social Distortion à un volume plus que respectable. « Je crois que l’on devrait tous aller les voir, c’est le meilleur groupe du week end » affirme Courtney mettant ainsi fin de manière assez abrupte, mais toujours cool, à la conférence de presse. Super sympas, ils prennent quand même le temps de faire des photos souvenirs dans l’espace presse avant de s’esquiver entre deux palissades, dont l’accès est reservé aux artistes : « Désolé, mais je dois absolument aller voir Social Distortion »…

Propos recueillis lors de la conférence de presse donnée par le groupe le 26 août 2012 dans le cadre du festival rock en seine.

lundi 27 août 2012

Rock en Seine 2012 (2ème partie)

Noel Gallagher (c) Nicolas Joubard
Granville (c) Sylvere Hieulle



Samedi 25 Août 2012 : La journée commence avec le concert d’Of Monsters and Men, mené par une charmante chanteuse, groupe typiquement islandais (comprendre atmosphérique et mélodique) mais aux sonorités légèrement plus dures que la production habituelle issue de l’île de l’Atlantique nord. Le temps de traverser le site et on tombe dans une faille temporelle ouverte par les normands de Granville. Pop swing typiquement sixties, textes au charme désuet chantés en français, le tout rappelle les yéyés des années soixante. Délicieusement suranné. Un vent de fraîcheur souffle sur le festival. Quelques mètres seulement nous sépare de la scène de la cascade où se produit Alberta Cross. Une autre faille temporelle s’ouvre sous nos pieds et on se réveille une décennie plus tard en plein délire hard rock 1970s (cela rappelle un peu les Rival Sons pour citer un autre groupe récent). Gros son, cela envoie, et tout cela nous semble bien éloignée de l’influence (pourtant revendiquée) de Depeche Mode. Mais qu’importe après tout. Déglingué et rock n’roll, Alberta Cross, c’est la grande classe… On retrouve un peu plus tard le duo The Bots (guitare + batterie) sur la scène, un peu plus intimiste, de Pression Live. Là encore c’est une histoire de gros son mélangeant une guitare punk et une batterie plus métal. L’adjonction temporaire d’un clavier apporte un soupçon pop mélodique à l’ensemble, pas franchement désagréable à l’oreille. C’est frais et enjoué, rappelons que la fratrie composant le groupe est âgée de 15 et 18 ans seulement ce qui fait d’eux les benjamins de cette édition 2012. Ils jouent avec l’enthousiasme de leur jeunesse. Garçons adorables et bien élevés, ils chantent même happy birthday pour leur manager. On retient son souffle quand le chanteur se met en tête d’escalader l’échafaudage situé sur le côté de la scène… Toujours aussi efficace les Deus… Les années ne semblent pas avoir de prise sur le groupe belge mené par Tom Barman toujours aussi inspiré dans un registre noise rock typiquement 90s (mais absolument pas daté) qu’ils s’amusent à pousser dans ses derniers retranchements. Une journée assez dense donc avant l’exceptionnel enchaînement du soir sur la grande scène, propre à satisfaire tous les amateurs de véritable rock n’roll : Noel Gallagher suivi des Black Keys. On commence avec le mancunien qui délivre un excellent set basé principalement sur les titres de son album solo dans des versions plus directes et efficaces sur scène par rapport au disque. La foule chavire vers la fin avec l’enchaînement « Whatever » (avec un arrangement sensiblement différent par rapport à l’original) / « Don’t look back in anger ». Ah nostalgie quand tu nous tiens, on verse une petite larme… Le temps de se remettre de nos émotions et hop les Black Keys sont là. Le duo d’Akron (Ohio) est désormais (sur scène uniquement) un groupe à géométrie variable parfois quatuor (avec une basse et un clavier) et plus rarement un duo guitare/batterie. A quatre, les Black Keys sont plus soul, plus nuancés. A deux, ils sont plus puissants et font plus de bruit. Quoiqu’il en soit, plus le temps passe, plus les Black Keys s’inscrivent dans une tradition musicale typiquement étasunienne qui va du blues au garage rock avec une touche soulful. Si musicalement le rendu est impeccable, la densité de la foule présente sur le site de la grande scène à ce moment précis empêche un peu de profiter totalement du groupe (bien que raisonnablement près de la scène on ne voit pas grand-chose). C’est triste mais on se surprend à remercier l’inventeur de l’écran géant… On repense avec nostalgie aux concerts de la Cigale et du Bataclan, mais c’était un autre temps avant la gloire, la célébrité et le succès massif (entièrement mérité cependant)…

Dimanche 26 août. Une journée un peu moins dense que la veille qui avait pourtant commencée sur des bases élevées grâce aux français de Versus qui mélange avec habileté groove à l’ancienne (basse, guitare, batterie, clavier, percussions) et approche plus moderne (scratches, flow hip hop). Une flûte apporte en plus une note blaxploitation. Cela secoue ! Ajoutez à cela un chanteur/rappeur élastique comme pas deux qui à quinze jours près à raté une médaille d’or olympique catégorie gymnastique rythmique et sportive… Tout cela pour dire qu’ils ont le sens du show. Versus, pourvoyeur officiel de groove de cette édition 2012 ! On reste un peu plus circonspect par contre devant le show de Kimbra. Originaire de Nouvelle Zélande, cette dernière est une star internationale depuis le succès incroyable de son duo avec Gotye « Somebody that i used to know ». La jeune femme fait cependant carrière de son côté et a sorti son premier album cette année. Assez fraîche sur scène, sa pop rock est assez efficace à défaut d’être franchement originale. Le tout semble encore assez vert. On est cependant soufflé par les capacités vocales de la jeune (seulement 22 ans). Une artiste à surveiller du coin de l’œil tout de même. Il y a un groupe qui nous a fait plaisir en ce dimanche et c’est Stuck in the sound mené par le charismatique JRF qui jubile littéralement de se retrouver sur la grande scène sept ans après avoir débuté aux « Avant Seine », signe de l’évolution des franciliens depuis leurs débuts. Il y a un mec capable de faire bouger en cadence et faire lever les bras aux milliers de personnes devant la grande scène et ce mec c’est JRF… Musicalement le groupe évolue dans une sphère shoegaze/noise qui n’est pas sans rappeler les Deus la veille avec lesquelles ils soutiennent largement la comparaison. Coincé dans le son, le groupe joue avec une intensité jamais prise en défaut poussant le curseur noisy assez loin. Excellent. On reprend son souffle et voilà que débarque The Dandy Warhols la troupe de Portland mené par Courtney Taylor qui déboule sur scène avec sa besace sous le bras qu’il ne quitte visiblement jamais. Loin d’être toujours convaincant sur scène le quatuor se sort pourtant très bien de l’exercice jouant avec maîtrise les succès d’hier (« We used to be friends ») voire même du siècle dernier (« I love you » ; « Not if you were the last junkie on earth » ; « Bohemian like you »). La setlist est assez nostalgique, on est bon pour la petite larme du jour. Si on fait la fine bouche on pourrait leur reprocher quelques baisses de tension chroniques, inhérentes à la nature psychédélique de leur musique, qu’ils ont peu de mal à faire passer sur scène. Mais ils sont superbes quand ils versent dans le rock n’roll pur et dur mettant en avant les guitares et les influences 60s et 70s de leur répertoire. Allez, c’était super chouette quand même…  On termine enfin avec les Beach House groupe pop sous influence 80s un peu trop riche en synthés et avare en guitares pour les oreilles de votre serviteur. Belle voix de la chanteuse cependant et des compositions pop dignes d’intérêt surtout lorsque les nappes synthétiques se calment un peu. C’est dans ces moments que Beach House touche à une sorte d’éternel pop que l’on espère les voir atteindre plus souvent à l’avenir…

samedi 25 août 2012

Rock en Seine, Vendredi 24 août 2012.

Get Well Soon (c) Nicolas Joubard

On commence par les canadiens de Billy Talent qui ont cette année les honneurs de la grande scène. Billy Talent est le genre de groupe calibré pour ces rassemblements massifs (sans que cela soit péjoratif) grâce à cette capacité de composer des hymnes punk rock fédérateurs qui fait bouger le public en dépit d’une méconnaissance relative de leur répertoire. Mais c’est résumé là tout le plaisir des festivals faits aussi de découvertes attisant la curiosité. Toujours sur la grande scène mais dans un registre plus pop les danois d’Asteroid Galaxy Tour font sensation, en particulier la chanteuse moulée dans un petit short à paillettes sexy en diable. Mélange subtil de pop tendance disco bricolo kitsch, avec parfois l’ajout d’une section de cuivres donnant un petit air soul old school du plus bel effet, la musique des Asteroid Galaxy Tour est festive et dansante, même sous la pluie. Ce fût un bon moment passé en leur compagnie. A l’autre bout du spectre se trouve Get Well Soon pour un concert exceptionnel puisque le groupe de Konstantin Gropper est pour l’occasion rejoint par les cinquante musiciens de l’orchestre national d’Ile de France mené de main de maître par le chef Christophe Mangou, une collaboration inédite pour fêter comme il se doit les dix ans du festival. Costume trois pièces, longue robe blanche, la prestation est d’un classicisme absolu encore renforcé par les cordes et vents. Une démarche qui n’est pas sans rappeler les Auteurs où les Tindersticks qui avaient déjà tenté ce genre de rapprochements dans les années 1990. La pluie, tombée comme par enchantement à ce moment précis, ne fait que renforcer la mélancolie de l’ensemble. Un grand moment de musique pop sombre et lumineuse à la fois. La collaboration avec Danger Mouse (un groupe appelé Broken Bells) a visiblement laissé des traces chez James Mercer qui présente ce jour la nouvelle mouture de son groupe The Shins qui a (provisoirement ?) remisé au clou les guitares folk pour des modèles électriques (jusqu’à trois), un lap steel et des claviers. Le ton est globalement plus dur, dans des proportions raisonnables toutefois. On pense parfois furtivement aux Smiths. On note également une sortie timide du soleil. On termine enfin avec un autre grand moment passé en compagnie des Islandais de Sigur Ros. Depuis longtemps Sigur Ros s’est affranchi des toutes les influences possibles et imaginables pour proposer une musique aux contours expérimentaux qui leur est propre. Adepte d’une démarche originale, la guitare jouée avec un archet, la basse avec une baguette de batterie, Sigur Ros tend tranquillement sa toile qui finit par envelopper complètement l’auditeur. Une texture sonore fascinante que le chant en Islandais rend encore plus mystérieuse. Spectaculaire en dépit de quelques remarques déplacées (et fort heureusement isolées) de spectateurs trouvant (à tort) le groupe « chiant ». 

mercredi 8 août 2012

Michael Powers : « Revolutionary Boogie »


La pochette européenne de l'album
Le même album avec la pochette américaine


Grand retour discographique pour le bluesman new-yorkais Michael Powers. Et quel retour ! Toujours aussi influencé par l’immense Jimi Hendrix (repris ici sur « Spanish Castle Magic »), Powers prends tranquillement la suite avec un album au feeling impeccable chargé en guitares soulful et rythmes groovy. Dès les premières notes les plages s’enchaînent sans temps mort « I miss your kissin’ », « Bleecker Street Strut » (un hommage à la rue de Greenwich Village où se trouve le Terra Blues Club où Michael à ses petites habitudes), la très soulful « Power of midnight lightnin’ », l’enchaînement est parfait. Et ça continue comme ça pendant une bonne heure entre compositions personnelles et reprises choisies avec soin ; entre titres aux guitares enlevées et morceaux plus soul, style qui lui va bien à sa voix éraillée. Du blues, de facture classique certes mais excellente. Hautement recommandé.



Marcus Miller : « Renaissance »




Sorte de Jimi Hendrix de la basse, le jazzman Marcus Miller revient avec un nouvel album intitulé « Renaissance ». Tournant le dos aux expérimentations qui ont fait sa réputation, le Marcus Miller nouveau se veut plus simple, mais toujours aussi électrique, c’est bel et bien d’une « renaissance » dont il est question ici. Tour à tour funky, le redoutable « Detroit », latin « Setembro » ou plus apaisé « Sleepin into darkness », ce nouvel album s’articule autour de l’instrument fétiche de son auteur qui marque son empreinte quelque soit le style abordé. Sa basse rugit, roucoule, slappe, soutient la formation en force (« Jekyll & Hyde ») ou se transforme au besoin en guitare lead. Marcus Miller se lance même en solo intégral avec ses seules quatre cordes en soutient sur « I’ll be there » qui clôture cet album. Entouré par une fine équipe de musiciens (claviers, guitares, percussions, cuivres, Dr John en chanteur invité…) Marcus Miller propose un album dense et copieux, riche en ambiances variées comme un voyage avec escales au Brésil et à la Nouvelle Orléans. Avec toujours en fil conducteur ces lignes de basses monstrueuses dont on n’a pas fini de se languir. 
www.marcusmiller.com
www.myspace.com/marcusmillerband
www.facebook.com/MarcusMillerOfficialFanPage

mardi 7 août 2012

Eric Legnini Trio : « Ballads »




Dans la carrière remarquable qui est la sienne depuis dix ans, et qui plus est couronnée d’un succès critique et commercial mérité, le pianiste belge Eric Legnini s’offre une petite pause en forme d’un retour aux sources. Un an après son remarquable « The Vox » (voire chronique ici) Eric Legnini revient avec cette session enregistrée en trio : piano, batterie, contrebasse. Au menu des trois musiciens des standards immortels du jazz (« In a sentimental mood » de Duke Ellington ; « Zingaro » de Jobim…), du folk (« Don’t let me be lonely tonight » de James Taylor)  entrecoupé de quelques compositions personnelles. Et surtout un sens de l’épure remarquable, aucun titre ne dépasse les cinq minutes et l’ensemble des 15 plages tient sur trois quarts d’heure environ. Tous les effets superfétatoires et autres soli plus ou moins forcés sont supprimés. Au final on obtient un disque acoustique et apaisé, regorgeant de feeling, qui creuse le tempo au lieu de l’accélérer. Eric Legnini et ses acolytes n’ont besoin que de leurs talents de musiciens pour captiver et faire vibrer le public.

lundi 6 août 2012

Giovanni Mirabassi : « Adelante »




D’indignation en occupations diverses, notre époque est lourde de questionnements et d’inquiétudes. Giovanni Mirabassi, fameux jazzman italien, se propose d’en composer la bande son. Son nouvel album « Adelante » peut ainsi s’apparenter à une bande originale accompagnant le chaos ambiant. Point de nouvelles compositions, mais des reprises, oh combien symboliques en ces temps troublés : « Hasta Siempre », « L’internationale », « The Partisan » sont ainsi au programme de ce « best-of de la révolution ». Le disque cultive une dichotomie entre le fond, forcément engagé, et sa forme factuelle puisque Giovanni Mirabassi réinterprète les compositions seul au piano (à l’exception d’un accompagnement vocal et d’un groupe sur quelques rares titres). Il en résulte un disque pratiquant une acoustique paisible mais pas forcément apaisée vu le contexte évoqué plus haut et le matériau créatif choisi. Fidèle à l’adage qui veut qu’un jazzman ne réinterprète jamais le même morceau deux fois de la même façon, Giovanni Mirabassi ne se prive pas de prendre quelques libertés, bienvenues, avec les compositions originales. Au final c’est bien sa personnalité, et sa maestria habituelle, que l’on entend tout au long de ces 17 plages. Adapter à son style personnel les compositions d’un autre, c’est tout l’art de la reprise réussie. Pari réussi haut la main en l’espèce.

dimanche 5 août 2012

The Art of Michel Sardaby




Voulue par ses enfants, désireux de mieux faire connaître la musique de leur père, la présente compilation retrace la carrière du pianiste jazz français Michel Sardaby. Une carrière qui s’étends sur cinq décennies, des années 60 à nos jours, et qui l’a vu enregistrer aussi bien à Paris qu’à New York. Comme un résumé condensé de l’histoire du jazz, la musique de Michel Sardaby est passée par de nombreuses évolutions du piano électrique au début des années 70 (l’album Gail de 1972) au piano acoustique, du trio au groupe plus étoffé avec trompette et saxophone. Ce que l’on retient surtout de ces dix compositions (soit plus d’une heure de musique) toutes inédites enregistrée en public ou en studio, c’est l’extrême élégance du musicien, son jeu précis et racé. Et cette qualité suprême de ne pas trop tirer la couverture à soi pour laisser les autres musiciens, accompagnateurs tous de très haut niveau, s’exprimer. Les morceaux ici présents, sont à classer dans une veine plutôt smooth/cool, le swing délicat laissant parfois transparaître quelques influences venues du blues (« Dexterdays », « Five cats’blues »). Mélodique et apaisé comme une invitation à passer la nuit dans un club autour d’un verre.  

samedi 4 août 2012

Interview Manceau.



(c) Romain Joly

Comment vous avez débuté le groupe ?
Manceau : Les premières maquettes datent de 2008, à la base c’était un projet solo de julien qui avait composé des titres un peu folk. On était tous dans des groupes séparés et on se rencontrait souvent sur Rennes. Au début le but c’était surtout de faire du live. Le groupe a vraiment pris sa forme actuelle en septembre 2009, on avait également décidé de changer un peu musicalement. On est allé vers quelque chose de plus pop, mélodique. Pas juste de l’acoustique.

Vous avez une attirance particulière pour les synthés ?
Manceau : Ouais on aime bien ça. Le bois. Les vieux synthés analogiques. On voulait surtout les utiliser pour donner une couleur à l’album. Le début du projet était vraiment plus folk. Il fallait s’écarter des ambiances « pastorales et guitare acoustique » des premiers titres. On voulait casser ça.

Justement en écoutant l’album j’ai trouvé le mélange intéressant entre la rythmique assurée par la guitare folk et les sons synthétiques…
Manceau : On aime bien que le morceau sonne en version guitare ou piano/chant. Il faut que la composition soit forte dès la base, sans aucun arrangement. Après on essaye d’avoir des vrais partis pris de production sur nos titres. C’est finalement des pop songs assez classiques. Mais cela ne nous dérange pas d’enlever des choses pour ne garder qu’une basse finalement.

Les années 80, c’est une décennie qui vous parle ? Je pense à « The way it is » en particulier…
Manceau : Il y a un truc rigolo avec les années 80. Nous on a plutôt grandi musicalement dans les années 90 où tout ce qui s’est passé était en réaction par rapport à la décennie précédente. Un groupe comme Nirvana, par exemple, le grunge… La musique des années 80, c’était un truc presque honni à l’époque. C’était banni d’utiliser des synthés. En redécouvrant cette décennie, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de titres super efficaces, très bien écrits mais qui souffraient d’une production un peu kitsch. Quand on dépasse ça, on se rend compte que c’est une décennie qui est aussi passionnante que les années 60 ou 70 finalement. Plein de groupes super populaires étaient vraiment artistiquement très exigeant. Pour en revenir à « The way it is », c’est une pop song un peu FM, eighties, deux accords, le synthés et les voix derrière. C’était vraiment l’idée de ce titre. Mais le côté 80 de l’album n’est pas celui qui ressort le plus, il y a aussi des choses qui viennent des années 70 et 90.

J’avais justement que le disque se terminait sur une note un peu « Pink Floyd »…
Manceau : « Grandma ». On écoute tous plein de choses. On voulait partir sur quelque chose un peu plus psychédélique, aérien. Ca n’a jamais vraiment été non plus une volonté de croiser toutes nos influences. C’est venu vraiment naturellement. On ne se met pas de limites non plus. Notre disque c’est une sorte de patchwork de sons que l’on a tous écouté.

Il y a aussi une pointe de disco sur « Take back ». Vous pensez être un groupe dansant ?
Manceau : Ca nous parle de plus en plus en tout cas. C’est vraiment venu pendant toute cette phase de production avec Tahiti 80. Ca fait partie de l’évolution du groupe. On a commencé par popifié nos titres avant de se rendre compte que le public réagissait plutôt bien en concert. On a continué à pousser dans cet axe là. On aime le rythme. Carrément !
  
Le groupe marche pas mal au Japon…
Manceau : On y est allé fin mai.

C’est un truc énorme non ?
Manceau : Ah bon, pourquoi (fou rire général) ? Non dire que le groupe marche fort au Japon c’est peut-être un peu prématuré, mais on est déjà super content d’avoir une maison de disque là-bas. Le disque est sorti fin mai au Japon, on a fait une semaine de promo et trois, quatre concerts. C’est super ! On avait déjà eu un retour du Japon sur le premier EP. Mais la connexion s’est surtout faîte grâce à Tahiti 80, qui a fait écouter notre album à leur maison de disque. Tahiti 80 ils ont un succès énorme au Japon…

Comment s’est passée la production du disque avec Tahiti 80 ?
Manceau : On a toujours été autonome dans notre façon de travailler. Pour notre premier album, on avait envie d’avoir un regard extérieur au projet. On avait toutes nos compositions, mais on sentait qu’on avait besoin d’aide pour la production. On leur a envoyé nos morceaux et ils ont aimé. On s’est rencontré tout simplement, on est allé boire un verre avec eux à Paris. On s’est fait une bouffe. On n’a pas arrêté de parler de musique. Nous on adorait déjà leurs disques. Tout s’est fait de manière assez naturelle. On se sentait assez proche, sur la manière dont on pense la musique en général, les mélodies, la pop… On avait écouté les mêmes choses aussi. Tout ça nous fait un background commun avec Pedro et Xavier. Ils se sont vachement investis dans la production et l’écriture. On est très content de notre collaboration.

La scène Rennaise est mythique Daho, Marquis de Sade…
Manceau : Oui mais ça c’était avant dans les années 80. Il se passe beaucoup plus de choses maintenant. On a plus de groupes qu’à l’époque. Ca foisonne de bons groupes. On a la chance d’en côtoyer certains. On partage nos locaux de répétition avec les Wankin’Noodles, les Popopopops et les Juveniles. Il y a de l’émulation. C’est une question d’actualité aussi, tous ces groupes ont des sorties en ce moment. On a tous commencé en même temps avant de suivre des parcours différents. On s’est développé ensemble.

C’est stimulant de faire partie d’une scène ?
Manceau : Ca tire vers le haut. On est un petit collectif, on travaille dans les mêmes locaux avec d’autres groupes rennais. C’est super stimulant de voir tes potes tourner un peu partout. On s’échange du matériel, des plugs pour mixer. C’est vachement collaboratif. C’est super. Et puis nous on a monté notre propre label. On en a beaucoup discuté avec les autres groupes…

Justement parlons un peu de votre label Monophonics. Pourquoi avoir lancé votre propre label ?
Manceau : C’est beaucoup de taf, de paperasse, du temps… Nous l’idée c’était de rester maître de ce qu’on produit. Et ça passe par une vraie structure. Quelque chose de crédible. Et puis pour fonctionner en licence, c'est-à-dire vendre ton disque, il faut passer par une société. Finalement, c’était obligatoire vu notre démarche. Après, ça va plus loin. On n’a pas crée une société pour un album mais pour plusieurs albums et aussi pour mettre un pied dans la production. C’est quelque chose qui nous attire tous les quatre. Pourquoi ne pas aller chercher d’autres groupes, d’autres projets via ce label ?   

Vous arrivez à séparer le côté créatif du reste ? Est-ce qu’il y a un risque d’empiètement ?
Manceau : Oui forcément. Dans un label il y a aussi un aspect stratégique. On est en pleine sortie. Il y a l’aspect juridique, la compta. On essaye de se répartir les rôles. Il y a des tâches ingrates. C’est difficile de compartimenter les choses. Ce n’est pas simple mais c’est intéressant. Et puis l’industrie du disque, c’est tellement la jungle… Plus personne n’arrive à vendre de disques. Autant sortir le notre nous-mêmes. Ce n’est pas un nouveau schéma, c’est un retour à la source. Ca nous permet de vendre notre disque à la fin de nos concerts par exemple. C’est une toute petite économie de toute façon. Ca nous paraissait plus simple de faire les choses nous-mêmes. De tout maîtriser. Avec plein d’erreurs ceci dit, on n’a pas les compétences d’une vrai maison de disques non plus. On sort un premier disque et on le paye nous-mêmes. Mais ça a la beauté d’un premier disque. Peut-être que le prochain va parler de comptabilité, des impôts, on va écrire un tube sur la TVA (rires) !

Vous n’avez jamais cherché de label à l’extérieur finalement ?
Manceau : On a eu des contacts. On n’a pas cherché. On a été approchés mais finalement on s’y intéressait peu, on était à fond dans notre projet. Ca ne s’est pas concrétisé. L’aventure est chouette en tout cas. Devenir entrepreneurs on n’y aurait jamais pensé. Dans le milieu de la musique encore moins. Alors en plus de sortir un disque… C’est hyper excitant.

L’anglais ?
Manceau : Ca fait longtemps qu’on fait de la musique, on a toujours eu des projets anglophones. Tous les groupes de pop qui se respectent chantent en anglais. J’ai commencé à écouter du rock avec Nirvana. J’ai toujours écouté de la musique anglo-saxonne. Ce n’est même pas un choix dans le fond. Ca c’est fait naturellement. On n’est pas du tout fermé avec le français. Quelques groupes s’y mettent et c’est super pertinent. Le français est tout à fait adapté à la pop. On en a un peu discuté avant d’enregistrer l’album mais on est revenu très rapidement à l’anglais. Les morceaux étaient construits comme ça.

Quels sont les projets du groupe à court terme ?
Manceau : Un nouveau clip et une tournée à la rentrée. On va certainement profiter de l’été pour composer de nouveaux morceaux. Pour préparer la suite…

Propos recueillis le 23 avril 2012.
www.manceau-music.com

vendredi 3 août 2012

Overhead : « Facing the grim »


C’est une excellente nouvelle, Overhead est de retour après huit longues années d’absence ! En préambule, avant la sortie de leur troisième album, voici un nouvel EP de cinq titres. On y retrouve ce mélange, toujours anglophone, bien particulier hérité de l’écoute conjuguée de free jazz, d’électro et de rock le tout baignant dans une atmosphère sombre parfois pesante comme la bande originale d’un film se déroulant sous un ciel d’orage avant que la tempête ne gronde. Et déjà une nouvelle pépite à se mettre entre les oreilles « The Wanderer » portée toute entière par une guitare nerveuse évoluant dans un inquiétant paysage. La bande de Nicolas Leroux ne choisit pas entre ambiances éthérées ou nerveuses et transporte l’auditeur sur une route improbable… Vivement la suite du voyage…

jeudi 2 août 2012

Im Takt : EP 2




Nouvel EP (trois titres et deux remixes) pour ce groupe breton découvert l’année dernière (chronique ici). Et un nouveau voyage spatio-temporel en perspective. Faisant fi des époques, Im takt mélange, assez habilement il faut l’avouer, l’électro actuelle avec un soupçon de mélancolie héritée de la new-wave des années 80, particulièrement sensible dans les voix et les rythmes, toujours aussi dansants soit dit en passant. Le groupe semble cependant de plus en plus sur les sonorités électroniques et la guitare semble être pour le coup restée au placard (à l’exception de « Stop Time »). Evolution passagère ou mutation profonde ? Un premier album nous donnera certainement la réponse.
www.imtaktdance.com

Côme



Alors que l’intro de « Presto ! » coule des enceintes, on ne peut s’empêcher de penser que l’on a trouvé dans les français Côme un nouvel avatar pop sous influence anglo-saxonne (l’intro en question rappelant un peu U2). Impression vite contrariée. Car si Côme est bel et bien un groupe pop/rock, ses membres ne peuvent s’empêcher d’y introduire un soupçon de perversité bienvenu, empêchant le tout de tomber dans la facilité. Quelques guitares bien senties, un soupçon de noise on pourrait (presque) se croire chez My Bloody Valentine version light. Un peu de gros son, quelques dissonances (« I Killy ou ») juste ce qu’il faut pour rendre les choses intéressantes. Navigant entre deux identités, Côme propose un EP un poil schizophrénique avec de jolies ritournelles bien troussées (« The House » ; "Childhood") et aussi bien torturées (« Who wanna Dance »). Pour ce qui nous concerne une belle réussite mais en attente d’être validée par un album.
  

mercredi 1 août 2012

Charles-Baptiste : « Premiers aveux »




Personnage iconoclaste et décalé, cultivant le no look façon nerd avec soin Charles-Baptiste se veut différent. A contre courant de toutes les modes possibles et imaginables, pas hype pour deux sous, Charles-Baptiste se fout royalement du rock, de l’électro et de tout le reste communément regroupé derrière l’adjectif « branché »… Non son influence revendiquée, et assumée avec talent, est du côte de… Euh alors comment dire… La variété française... Et pas n’importe laquelle, celle des années 70 ou malgré tout le mal que l’on peut en penser il était quand même question d’instruments organiques (dans le cas qui nous occupe, le piano sous influence Michel Berger), de mélodies, voire de pop légère (les ouh ouh ouh qui parsèment ça et là les chansons). Et puis surtout de textes qui sans être engagés ont néanmoins du sens. Pour ce qui nous concerne, les quatre titres ici présents (soit une bonne dizaine de minutes) s’écoutent assez agréablement. A vérifier toutefois sur la durée d’un album. Quoiqu’il en soit, si Charles-Baptiste assume ses influences avec autant de facilité, on peut de notre côté assumer qu’on l’écoute avec plaisir et sans second degré.