samedi 31 mars 2012

June DeVille




June DeVille n’est pas, contrairement à ce que laisse penser la pochette, une espionne. June DeVille n’est pas une femme, mais cela ne l’empêche pas d’être fatal. June DeVille est un power trio originaire de Lausanne et frappe fort avec cet album. Entre grunge et stoner, ce groupe risque bien de mettre KO son auditoire. Guitares abrasives, batteries solides, voix écorchées, June DeVille pourrait être un énième ersatz grunge mais a choisi de placer la barre plus haut. Point de titres de 2 minutes trente chrono ici, mais des compositions qui regorgent de trouvailles sonores en tout genres, grâce en partie à une guitare inventive, et qui s’étendent sur la durée et ce sans jamais dériver d’une ligne de conduite punk sur la base d’une formule guitares/basse/batterie. De nombreux passages empruntent à d’autres genres métalliques tout en maintenant une pression constante du début à la fin du disque. Les premières plages s’enchaînent sans temps mort, June DeVille écrase l’accélérateur dès le début et ne ralentit jamais. Un petit bijou rock bien senti et sans concession.


mercredi 28 mars 2012

Alex Winston, La Maroquinerie, 26 mars 2012.



C’est dans une Maroquinerie, hélas assez peu remplie, que l’on a retrouvé Alex Winston. Mais qu’importe la maigre influence puisque le public présent est au taquet crie et applaudit comme cent. Maigre influence certes mais de qualité, ce qui change tout. Sur scène Alex est accompagné par une formation assez nombreuse de six musiciens : guitare, basse, batterie, clavier, une choriste (contre trois auparavant) et un dernier membre qui alterne entre guitare, mandoline et clavier. Si ses enregistrements sont tiraillés entre classicisme pop et modernisme électro, sur scène Alex Winston est résolument pop dans un registre dynamique, plus musclé en quelque sorte grâce à la dynamique du batteur (une scansion assez impressionnante au demeurant). Mais le personnage le plus énigmatique reste Alex elle-même, elle semble parfois complètement déconnectée, le regard dans le vide avant d’arborer un sourire lui barrant le visage d’une oreille à l’autre. Malgré son jeune age Alex assure le show avec professionnalisme, prend le temps de parler avec le public, de le remercier (en français), elle s’amuse d’un micro qui larsen avec un sourire désarmant avant de danser debout sur la grosse caisse. On sent surtout une fragilité adorable chez ce petit bout de femme, elle est presque au bord des larmes quand elle interprète seule à la guitare folk « I don’t care about anything » (ça tombe bien c’est ma chanson préférée) qui la rend absolument craquante. La minute suivante elle pète littéralement les plombs balançant sa chevelure à quatre pattes devant la batterie ou sautant pieds nus dans la fosse pour chanter au milieu du public dans un rare moment de communion. Alors qu’arrive l’heure des rappels, Alex a décidé d’innover puisque ceux-ci n’auront pas lieu sur scène mais dans le patio de la maroquinerie, à l’extérieur et en acoustique. La soirée se termine donc par ce petit happening à moitié improvisé ou elle chante (et laisse exploser sa joie de vivre) accompagné de sa choriste Sarah, de la guitare folk avec un soupçon de tambourin et de mandoline. C’est parfait. Avant de nous quitter Alex nous confie : « surtout dites-leur que je veux absolument revenir chanter à Paris ». L’appel est donc lancé, espérons la revoir assez vite.

lundi 26 mars 2012

Twin Arrows




Serait-on en train d’assister en France à l’émergence d’une scène garage-rock digne de ce nom ? Quoi qu’il en soit, les Twin Arrows avec cet excellent premier album viennent apporter un argument de poids au dossier. Les Twin Arrows sont donc baignés dans le rock, lourd et sale si possible, mâtiné d’influences blues (la guitare slide de « Jinx »). Certains plans et breaks ne sont pas sans rappeler Led Zeppelin où les Doors. Mais refaire ce qui a été fait par le passé ne serait pas drôle et puis par ce qu’ils ne sont pas Led Zeppelin non plus, les Twin Arrows ont décidés d’arranger la chose à leur façon rajoutant une note plus moderne et expérimentale ici et là (l’intro de « Track Trombone » ; « Sleepwalker’s burn ») offrant un contrepoint aux claviers vintage qu’ils adorent par ailleurs. « Hey day » dévoile une autre facette du groupe acoustique et mélodique alors que « Soup of rocks » est pleine de groove (mention spéciale à la section rythmique). Ce disque constitue une excellente surprise pour tous les amateurs de rock millésimé.

dimanche 25 mars 2012

Duplex + Elliott Murphy, le new morning, 23 mars 2012.


Comme tous les ans, Elliott Murphy nous convie au new morning, le club de jazz parisien, pour fêter son anniversaire lors des fameux « Birthday Shows » qui sont devenus au fil des années un passage obligé pour ses fans. Certains n’hésitant pas à faire le déplacement depuis l’étranger.

Ce cru 2012 prend un tour assez particulier et émouvant pour Elliott puisque cette année c’est Gaspard Murphy, son propre fils, qui assure la première partie avec son groupe Duplex (voir chronique ici), formation qui fait pour l’occasion ses grands débuts sur scène. Le groupe se présente en quartet, deux guitares, basse et batterie, le clavier initialement prévu n’ayant pas fait le déplacement ce qui se traduit par un son plus rock que sur disque. Toujours aussi pop et chanté en français, mais toutes guitares dehors. Une bonne occasion pour Gaspard d’exhiber son nouveau jouet, une superbe Telecaster en plexiglas. La formation est menée par un Gaspard en forme olympique qui saute partout et finira en nage. Le concert se termine avec la
reprise du « Dancing in the dark » de Bruce Springsteen, Elliott rejoignant son fils sur scène pour l’occasion dans un duo improvisé et au final assez touchant. Gaspard remerciera le public présent pour sa générosité mais c’est oublier que lui aussi donne beaucoup lorsqu’il est sur scène.

On a ensuite retrouve Elliott Murphy toujours accompagné de ses Normandy All Stars, Olivier Durand à la guitare, Alain Fatras à la batterie et le bassiste Laurent Prado qui, pour rester dans le ton, a lui aussi une nouvelle basse en plexiglas. La formation est ce soir renforcée par le clavier Kenny Margolis que l’on ne voit pas souvent en Europe. Bonne humeur et plaisanteries sont au rendez-vous à l’image de la chorégraphie accompagnant « Rain Rain Rain », stratagème utilisé par Elliott pour se faire inviter à la nouvelle star. Le concert est jalonné de grands classiques d’hier « You never know what you’re in for », « The last of the rock star » et d’aujourd’hui « Take that devil out of me » (Olivier dans le rôle du diable), « Green river » revisité sur un mode intimiste et blues, tempo ralenti et superbe jeu aux balais du batteur Alain. On retrouve donc nos petites habitudes avec ce qu’il faut de nouveautés pour éviter la redite, Elliott profitant de l’occasion pour tester de nouveaux titres ou ressortir d’autres morceaux plus anciens joués plus rarement en public (« Everything i do (leads me back to you )». Généreux avec le public le groupe reviendra plusieurs fois sur scène pour les rappels appelant Gaspard en renfort (Gaspard, à table !) notamment pour une reprise acoustique de « Rockin in the free world » (Neil Young) jouée totalement unplugged. Les musiciens sont enjoués, le rythme est entraînant, le public est aspiré dans une spirale positive. Une soirée avec Elliott Murphy et les Normandy All Stars est en général réussie.  
www.myspace.com/duplex
www.vimeo.com/duplex
www.youtube.com/duplexvideos

mercredi 21 mars 2012

Leon Russell, New Morning, 19 mars 2012.




Relativement peu connu du grand public, Leon Russell est pourtant un monstre sacré de la musique dont la carrière a débuté des les années 60 comme pianiste pour le producteur Phil Spector. Longtemps resté dans l’ombre des stars (Joe Cocker notamment) pour lesquelles il oeuvrait comme musicien et songwriter, sa carrière en solo n’a vraiment commencée qu’en 1970 avec son premier album. Un peu tombé dans l’oubli ces dernières années sa carrière est repartie grâce à Elton Jones avec lequel il a enregistré un sublime album (« The Union ») il y a deux ans. Le revoir en concert aujourd’hui tient un peu du miracle, comme tenu de son age et de ses difficultés à se déplacer, il est arrivé au new morning poussé dans une chaise roulante et marche à l’aide d’une canne. Et il faut se pincer pour croire que le concert va se tenir au new morning, une petite salle intimiste à taille humaine. Pourtant dès les premières secondes, Leon Russell balaye tous les doutes. Sa voix est toujours là. Ses mains aussi. Placé sur le côté de la scène on est au début un peu déçu quand on réalise qu’on va le voir de dos. Puis on réalise la chance que l’on a de pouvoir observer de près le travail de sa main gauche sur le piano. Car cet homme a du groove plein les doigts. Et si ses jambes ont des difficultés à le porter, ses doigts eux cavalent sur le clavier avec autant d’agilité qu’au premier jour. Accompagné par un groupe soudé et hyper efficace (batterie, deux guitares et une basse), Leon nous a emmené en ballade dans son paysage musical où se mélangent rock n’roll, country, blues et soul. Composé pour partie de reprises en vrac les Meters (mention spéciale au batteur qui maîtrise à la perfection ce petit swing New Orleans spécifique), les Temptations, les Rolling Stones, Robert Johnson et Jerry Lee Lewis ; Leon a également fait honneur à son répertoire personnel : « Delta Lady » ; « A song for you »… Seule petite déception Leon a un peu trop forcé sur les nappes synthétique en fond sonore, un peu datée 80s et qui ont tendance à empiéter sur les fréquences du deuxième guitariste qui joue sur une lap steel. Quand ce dernier passe à l’orgue, on ne l’entend plus du tout. C’est dommage. Pour le reste ce fut du très haut niveau de la part d’une pointure qui a fait honneur à sa réputation. Saluée par une chaude ovation qui l’a fait revenir sur scène pour des rappels alors qu’il était à cours de compositions. Une excellente soirée.

dimanche 18 mars 2012

Blankass : « Les Chevals »




Nouvel album pour ces vétérans de la scène rock française et même si Blankass ne propose rien de véritablement original, on éprouve pour eux une sympathie non feinte. Voilà des musiciens qui qu’importe les modes jouent la musique qu’ils aiment avec passion et sincérité. Et Blankass aime les guitares et le rock et le prouve le temps de ces 10 titres, efficaces et enlevés avec de temps une touche d’émotion (« l’empreinte »), d’euphorie pop voire un soupçon de blues (« Killer inside »). Loin d’être tourné vers le passé Blankass fait aussi évoluer sa formule incluant quelques machines dans les arrangements. Un bon petit album qui s’écoute avec plaisir. 

MC Pampille : « Un vert parmi tant d’autres »




Le problème des groupes qui jouent trop ouvertement la carte de la dérision et du second degré, c’est qu’il est difficile de les prendre au sérieux. Précisément le défaut qui plombe ce disque avant même que l’on ait écouté la moitié de l’album… Comment dès lors croire en ce MC Pampille, rappeur loufoque fan de l’AS Saint-Etienne et qui chante faux (« A l’ombre des 7 collines ») ou n’importe comment (« Je suis bien content ») et sans identité musicale, jouant la carte de la dance bon marché (« Pampille of the night » ; « Mouille le maillot »), du slam (« Slam fout le mouron ») ou de la chanson décalée ? A moins de considérer que les dialogues abracadabrants font office de chansons (« Le cousin du Québec »)... A réserver aux fans des ambiances foot… Pour tous les autres ce « Vert parmi tant d’autres » restera l’auteur d’un album parmi tant d’autres…

samedi 17 mars 2012

Tennis : « Young and old »



Tennis, trio originaire de Denver, à fait appel aux services de Patrick Carney (le batteur des Black Keys) qui a produit le deuxième album du groupe, « Young and Old » dans un studio de Nashville (où les Black Keys ont élu domicile). Le résultat est spectaculaire, avec moult petits détails dans les arrangements (des pianos, des orgues) qui permettent au groupe de dépasser la sempiternelle formule basse/guitare/batterie. Il émane des ces sessions une sorte de sérénité, un côté cool qui fait que la musique s’écoule le plus naturellement du monde : des tempos pas trop rapides, des compositions pop suffisamment efficaces pour accrocher durablement l’oreille. Et puis il y a la voix de la chanteuse Aliana Moore, sexy, mélodique et charmeuse. Fidèle au principe appliqué à son propre groupe, Patrick Carney un produit un album court, 40 minutes environ, soit la durée d’un vinyle, comme à la grande époque. Ca a le grand avantage de favoriser l’aspect pop 60s des Tennis et de faire un disque efficace sans temps mort. Un album particulièrement attachant.

vendredi 16 mars 2012

Black Minou, la boule noire, 15 mars 2012.





En prévision de la sortie prochaine de leur premier EP (chronique ici), Black Minou a mis le feu hier soir sur la scène de la boule noire. Confirmant tout le bien que l’on pensait d’eux après avoir écouté l’ep, la bande menée par les frères Yarol (guitare lead) et Melvil Poupaud (basse) a démontré être à l’aise dans plusieurs registres : le gros son et le groove. La reprise du « Hey Pocky a way » (The Meters), la présence de l’harmoniciste de blues Greg Zlap, invité le temps d’un rappel ou bien d’un trombone ont prouvé l’ancrage dans les musiques noires de Black Minou. Qui reste par ailleurs un groupe de rock n’roll diablement efficace, sortant les guitares, les pédales wha-wha et Yarol se déchaînant le temps de soli incisifs. Ce dernier est bien aidé dans sa tache par Aurélien à la deuxième guitare (et par ailleurs membre de Klink Clock) et par le batteur Thibault qui ne perd jamais son sens du swing. Alternant aussi bien les compositions personnelles que les reprises qui vont de John Lennon (« Cold Turkey ») à LCD Soundsystem (« Daft punk is playing at my house »), Black Minou rend cohérent un répertoire divers et varié, comme si finalement tout découlait des sixties. Un groupe foncièrement attachant. 
www.black-minou.com

mercredi 14 mars 2012

Sharon Jones and the Dap-Kings, La Cigale, 12 mars 2012.




Sharon Jones, la soul sister number one, est récemment revenue dans l’actualité grâce à la sortie de l’album « Soul time », compilation de faces B et d’inédits. Si ce matériel, à haute teneur funky, n’est certainement pas le meilleur de Sharon et est très certainement quelques crans en dessous de ses fabuleux trois derniers albums, « Soul time » bénéficie des standards de qualité du label Daptone. Et cela nous donne également l’occasion de revoir Sharon Jones et son groupe les Dap-Kings sur scène. Et c’est à peu près ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle en matière de soul music. Ce retour sur scène se fait dans des circonstances dramatiques car, comme elle l’a confié sur scène, Sharon Jones vient de perdre sa maman mais a cependant tenue coûte que coûte à terminer cette tournée, car comme elle l’explique : « elle n’en serait pas là sans elle ». Comme toujours avec les artistes du label Daptone, le concert se présente sous la forme d’une soul revue à l’ancienne. On commence par quelques morceaux instrumentaux des Dap Kings puis c’est au tour du guitariste Binky Griptite (également auteur de plusieurs 45T en solo) d’assurer le chant sur un titre. L’ambiance commence à monter quand les choristes font leur entrée sur scène et qui ont également le droit de chanter une chanson chacune. Le public est alors chaud bouillant pour accueillir Sharon Jones qui, sous les vivas de la foule, fait une véritable entrée de star. Il n’y a pas à redire mais nos amis Américains s’y entendent vraiment lorsqu’il s’agît de faire le show. Si Sharon Jones a montré une évolution musicale intéressante sur ces derniers albums avec des arrangements toujours plus fins et plus soul à base de cordes, sur scène, la formule reste des plus funky ce qui transparaît à travers le line up choisi : deux guitares, basse, batterie, congas et trois cuivres. Avec ça, ça devrait dépoter (un orgue par exemple aurait apporté une note plus smooth). D’autant plus que Miss Jones est particulièrement physique sur scène. Chante, saute partout et danse (un fameux medley à base de danse sixties : swim, funky chicken, boogaloo, twist). Il n’y a guère que des talons un peu trop hauts pour l’arrêter et encore de façon très provisoire. Après un set particulièrement énergique, mais parsemé de moments d’émotion pure lorsque Sharon évoque sa maman, Miss Jones est revenu sur scène pour des rappels particulièrement émouvants. Seule accompagnée par le guitariste Binky Griptite et des deux choristes Sharon a rendu hommage à Amy Winehouse (qui a tourné avec les Dap Kings en backing band) reprenant « You know i’m no good ». Moment qui a du être très émouvant également pour le guitariste Binky Griptite qui a participé à l’enregistrement de l’album « Back to black » même si il n’a rien laissé transparaître. Après viendra l’hommage à Etta James puis Whitney Houston, elle fait le « I’ll always love you » aussi bien que l’original. L’occasion de constater une fois de plus que Sharon a une voix à se pâmer et que, même à cappella, elle peut mettre tout le monde à genoux. Les rappels ont en outre montré une autre facette de Sharon Jones, plus dépouillée et plus gospel, que l'on entends pas forcément sur disque. Assurément une grande voix de la soul music, toute période confondues, à voir absolument sur scène au moins une fois.
    

dimanche 11 mars 2012

Manu Larrouy : « Des mots doux, des mots durs »




Nouveau venu sur la scène hexagonale, Manu Larrouy  se pose en héritier de la scène french pop des années 80. Au-delà du parti pris synthétique, l’album se distingue par sa qualité d’écriture. Manu Larrouy a véritablement cherché à faire un disque pop avec de jolies mélodies, des refrains qui se retiennent facilement et des titres d’une durée moyenne de trois minutes. Manu a trouvé la note juste, l’album joue la carte du minimalisme mais avec finesse. Ni surproduit, ni rêche, mais privilégiant un climat un peu « bleuté » doux et confortable. Doté d’un plume fine, Manu a également soigné l’écriture de ses textes avec un joli sens de la formule agrémenté de rimes assez riches sur le thème de la déception sentimentale. Le charme du disque vient en partie de son unité de ton, l’écoute procure un sentiment d’intimité avec son auteur, on recueille les histoires de Manu comme on écouterait celle d’un copain. Un bel album qui ravira tous les fans d’Etienne Daho.

samedi 10 mars 2012

Sallie Ford and The Sound Outside, Le divan du Monde, 8 mars 2012.





Grande révélation rockabilly de l’année, l’Américaine Sallie Ford (dont j’aurais bien aimé vous toucher deux mots de son excellent album Dirty Radio si j’en avais eu le temps) n’en finit plus de séduire le public parisien, il s’agit ce soir de son deuxième passage dans la sublime salle du divan du monde en l’espace d’un mois pour une soirée qui affiche complet encore fois. En dépit de quelques problèmes liés au mixage qui ont fait que l’on a parfois eu un peu de mal à l’entendre chanter, dommage par ce qu’elle a une belle voix, la soirée est à classer parmi les belles réussites. Sur scène Sallie séduit par son attitude un peu gauche, elle danse et saute maladroitement, cherche à faire de grandes arabesques avec ses cheveux et s’applique pour faire le show sans sembler être totalement sûre de ce qu’elle fait, c’est mignon et très touchant. Un autre qui ne semble pas tellement dans son élément, c’est le guitariste de Sallie, Jeffrey Munger, moustaches, lunettes « cul de bouteilles » et casquette verte sur la tête, Jeffrey, excellent musicien par ailleurs, donne l’impression de débarquer de la campagne. D’autant qu’il a un accent à couper au couteau et quand il chante, de la country évidemment, il ne peut s’empêcher de faire des « yeeh ah ». Il est aussi très doué pour jouer de la guitare avec une bouteille de bière, en la faisant glisser sur les cordes comme un bottleneck. Sacré Jeffrey, va ! Sallie peut également s’appuyer sur une section rythmique très forte : Tyler Tornfelt à la contrebasse et Ford Tennis à la batterie. Le batteur se révèle être très créatif, joue ses rim shots sur la cerclure de la grosse caisse et parfois démonte la charley pour l’installer sur la caisse claire avant de jouer dessus. Pas mal. Il a en outre du swing plein les poignets et un feeling ternaire jazzy imparable. Avec en plus une bonne petite reprise de ce bon vieux Buddy Holly, la soirée ne pouvait être que réussie.

vendredi 9 mars 2012

Ginkgoa + Mat Hilde, le divan du monde, 7 mars 2012.


La première est assurée par la jeune et charmante Mat Hilde. Sagement assise sur son tabouret, une jolie fleur rouge dans les cheveux, la jeune artiste gratte ses chansons sur sa guitare acoustique. Une jolie musique folk, délicate et féminine, bien servie par la voix mélodique de Mat Hilde, une belle découverte bien que le set fût très court.


On a ensuite retrouvé sur scène Ginkgoa, toujours mené par le guitariste/auteur/compositeur Antoine Chatenet et la chanteuse Américaine exilée en France Nicolle Rochelle, groupe qui a beaucoup évolué depuis un an. La violoncelliste Anne-Colombe Martin s’est depuis mise à la contrebasse, alternant entre les deux instruments durant le concert. Le clarinettiste Sylvain Hamel alterne également avec le saxophone. Ajoutez à cela la batterie swing de Grégory d’Addario et la guitare d’inspiration manouche d’Antoine et on obtient Ginkgoa groupe dont la musique s’ancre dans le jazz et la chanson française. Le son Ginkgoa a également intégré des éléments inattendus comme les samples de dialogues sur « Dolorès » ou la guitare wha-wha de « Queen of Swing », tous ces ingrédients s’intégrant naturellement les uns dans les autres, ce qui tend à prouver que Ginkgoa a trouvé son identité sonore. La chanteuse Nicolle tient évidemment une place essentielle dans le cœur du groupe. Energique, enjouée, Nicolle apporte une bonne dose d’énergie et de fantaisie. Elle chante (en trois langues : français, anglais et espagnol), danse (et parfois même avec le public), fait des claquettes... Sa présence fait de Ginkgoa un groupe festif et le concert se transforme rapidement en fête avec les spectateurs dansant sur scène. Parmi les bonnes surprises, les reprises de Serge Gainsbourg, « Comic Strip », et d’Erykah Badu (un apport direct de Nicolle ?). Un groupe attachant qui vient tout juste de sortir son premier EP dont on reparlera très bientôt.
www.ginkgoa.com

  

Elliott Murphy : « Just a story from New York »



Nouvel album live pour Elliott Murphy, le quatrième de sa carrière, dont le titre « Just a story from New York » résonne comme un clin d’œil à son LP « Just a story from America ». Toujours accompagné par ses fidèles Normandy All Stars (Olivier Durand, guitare ; Alain Fatras, batterie et Laurent Prado, basse), Elliott retrouve pour l’occasion le clavier Kenny Margolis que l’on ne voit pas souvent à ses côtés lors des concerts européens. Sans changer radicalement la donne, sa présence apporte un plus sous la forme d’accordéon ici ou d’orgue là. Lors de cette soirée, sold out, enregistré au Rockwood de New York Elliott revisite son répertoire mélangeant grand classiques des années 70 (« You never know what you’re in for », « Diamonds by the yard », « Last of the rock stars ») et titres plus récents (« Rock n’roll’n rock n’roll » extrait de sa dernière livraison studio en date). Les douze morceaux ici présents nous permettent de revisiter avec bonheur l’univers de cet attachant, et très littéraire,  songwriter évoluant entre folk et rock n’roll installé en France depuis une bonne vingtaine d’années. Une bonne heure d’excellente musique, typiquement US, et on ne comprend toujours pas pourquoi Elliott n’a jamais confirmé sur sa terre natale le succès de son premier effort (« Aquashow », 1973) ni la raison pour laquelle il est autant boudé en Amérique. Quoiqu’il en soit, trois ans après l’album « Alive in Paris » voici ce live enregistré à New York City, New York-Paris, la boucle est désormais bouclée.
En concert les 23 et 24 mars 2012 au New Morning.

samedi 3 mars 2012

Marshmallow, Le lautrec, 2 mars 2012.



Le lautrec est un petit café/bar situé à Pigalle qui dispose d’une petite salle de concert aménagée dans la cave. Comme une sorte de Mécanique Ondulatoire ou d’International en plus petit. La cave est plutôt sympa, voûtée et les murs en pierre donnent un caché rock à l’endroit. Le seul problème c’est la petitesse du lieu, la cave se remplit vraiment vite et comme le bar est souvent animé, beaucoup trouvent refuge dans l’escalier pour essayer d’écouter malgré tout. Les spectateurs qui ont la chance d’être dans la salle on à peine la place de bouger. Sur la scène ce soir on retrouve Marshmallow, groupe basé à Clermont-Ferrand et qui nous avait fait forte impression après son excellent premier EP. Le son de Marshmallow est imprégné d’influences sixties, les Beatles pour les mélodies, les Kinks pour la pêche et les Beach Boys pour les harmonies vocales. Tout cela serait extrêmement classique si les Marshmallow n’avaient pas le choix du chant en Français. Le son du quatuor sur scène est beaucoup plus péchu, la guitare de Fabien joue a un volume respectable, son saturé (certainement l’overdrive de l’ampli), ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. On sent tout de suite l’expérience de ce groupe assez jeune mais qui affiche tout de même plus de trois cents concerts au compteur. Les Marshmallow sont sur scène comme à la maison, tout est carré parfaitement en place d’un point de vue musical. La section rythmique en particulier, basse énorme de Julien, et batterie assez véloce de Pierre que l’on verra à peine, malheureusement, coincé dans un coin de la scène. Fred, chanteur plutôt speedé, a une voix assez mélodique et aime bien raconter des blagues quand il ne chante pas. Une bonne humeur contagieuse règne au sein du groupe et on passe un excellent moment. Les Marshmallow ont la chance d’avoir beaucoup de potes chez les musiciens, ce soir c’est le duo Hey Hey My My qui est venu leur prêter main forte pour les rappels, « We can work it out » des Beatles et leur propre composition « A l’heure d’été » qui ouvre et clôture le set du soir. Les paroles de leurs chansons sont souvent imprégnées d’ambiances estivales. Alors qu’importe que l’on soit au mois de mars, quand ils sont sur scène il fait toujours beau.
En concert le 15 mars au Lautrec.
www.facebook.com/marshmallowmusic


vendredi 2 mars 2012

Jenny Gillespie : « Belita EP »




Nouvel épisode des aventures musicales de Jenny Gillespie sous la forme de cet EP de cinq titres. Et un énorme coup réussi par Jenny qui a réussi à s’assurer pour l’occasion les services d’un virtuose, le guitariste Marc Ribot, habituel accompagnateur de Monsieur Tom Waits, rien que ça !!!! Ce nouvel effort marque le retour vers un son plus acoustique plus proche du folk du début (l'album "Light Year"). Néanmoins, Jenny a gardé de « Kindred », son album précédent, une approche post-rock, des compositions assez longues et une instrumentation complexe très éloignée des classiques couplet/refrain/couplet. Disons que si la base est acoustique (piano, arpèges folk), les arrangements apportent une touche de modernité à l’ensemble qui est également marqué par une certaine mélancolie (c’est du moins mon impression personnelle ressentie à l’écoute) qui se caractérise par des tempos assez lents et des arrangements de cordes. On retrouve également les talents de songwriter et la voix mélodique de Jenny qui chante toujours aussi bien. Jenny Gillespie, jeune artiste exigeante, continue son petit bonhomme de chemin en totale indépendance. Que dire de plus, que l’on aimerait beaucoup la voir en concert de ce côté ci de l’Atlantique…

jeudi 1 mars 2012

Alex Winston




Apparue il y a un an avec un premier EP prometteur, la jeune Alex Winston est de retour avec un premier album, éponyme, sur lequel on retrouve « Sister Wife », « Choice Notes » et « Locomotive » déjà présentes sur son effort inaugural. Sur ce premier opus, Alex Winston s’impose comme une artiste à la croisée des chemins coincée dans une bulle spatio-temporelle quelque part entre les sixties et le vingt et unième siècle. Alex regarde le monde avec ses yeux de jeune fille et s’en amuse. L’album s’écoute comme une chronique pop dédiée aux « outcasts », aux marginaux qu’ils soient sosies d’Elvis (« Velvet Elvis ») ou gourou évangéliste/guérisseur (« Benny »). Native de Detroit, Alex a probablement grandi sur le son de la Motown dont on retrouve quelques traces ça et là dans sa voix mais aussi dans les chœurs féminins qui parsèment cet effort. L’album se présente ainsi comme un disque d’une facture plutôt classique présenté dans un emballage moderne (« Shock Me ») grâce à sa production assurée par Charlie Hugall (Florence and the machines), le duo électro new yorkais The Knocks et Bjorn Yttling. Une production riche et rutilante mais qui a su garder la fraîcheur et le « feel good » propres aux girls groups des années 60 dont regorgent les compositions d’Alex (« Medicine », « Velvet Elvis », « Sister Wife », « Choice Notes »). Chanteuse formée à l’Opéra, Alex étonne tout au long de l’album, sa voix pourtant cristalline fait étonnamment sensation par son ampleur et sa profondeur. Une star est née.