dimanche 26 février 2012

Portrait Black Minou




C’est un Yarol Poupaud, souriant et détendu que l’on a retrouvé une fin d’après-midi pour évoquer ses nombreux projets…
Les trois frères Poupaud Black Minou

Depuis la fin de F.F.F. dont il fût le guitariste, Yarol Poupaud s’est démené tant sur scène qu’en studio pour faire vivre une scène rock en France. Même si il est loin d’être le seul, son nom a été associé à des dizaines de projets ces dernières années comme musicien au sein d’Heartbreak Hotel (avec le regretté Nikola Acin) ou dans le duo blues The Hub ou comme producteur, pour Bad Mama Dog, les Parisians (publiés sur son propre label Bonus Tracks Records) et plus récemment avec Hooka Hey et Marshmallow. Un emploi du temps bien rempli que le principal intéressé nous conte par le menu entre deux gorgées de thé, « en ce moment on termine la tournée avec Winston McAnuff (il officie en temps que bassiste et guitariste au sein du Bazbaz Orchestra qui accompagne Winston). Aujourd’hui, je suis allé tester le matos pour la future tournée avec Johnny Hallyday et maintenant j’assure la promo de mon nouveau groupe Black Minou » qui est son premier projet vraiment personnel depuis longtemps. Après ces longues séances de studio, Yarol a éprouvé le besoin de revenir sur scène car comme il le dit lui-même : « Ce n’est pas avec un concert par mois que j’ai ma dose. Et puis je suis plus à ma place sur scène avec ma guitare qu’en studio ». Pour se faire Yarol a rameuté ses deux frères Melvil à la basse et César à la guitare, le groupe étant complété par le batteur Thibault Lecoq et le guitariste Aurélien Turbant : « Avec Melvil on fait de la musique ensemble depuis toujours. Il y a eu Mud dans les années 90 et on a fait son album solo au début des années 2000 ». Dans les faits, environ une dizaine de musiciens gravitent dans la sphère Black Minou (notamment l’ancien As Dragon Fred Jimenez ou les membres de Gush) : « Moi je suis là tout le temps, après on fait en fonction des disponibilités de chacun. Melvil tourne beaucoup de films et César va bientôt être papa ». Il n’empêche, trois guitaristes pour un seul groupe ça fait quand même beaucoup : « Moi j’ai fait beaucoup de trio, d’avoir d’autres guitaristes avec moi, ça me soulage, surtout quand je dois chanter. J’aime bien cette formule. En général les deux autres guitares font la même chose, ils assurent la rythmique ». Le projet Black Minou est né sur scène, plus précisément au Lautrec, ce petit café/bar de Pigalle doté d’une mini salle de concert dans sa cave. C’est là que la bande a pris l’habitude de jouer tous les jeudis soir, en prenant soin de renouveler régulièrement son répertoire : « Toutes les semaines je rajoutait de nouvelles chansons, d’abord des reprises puis des compos personnelles. Les gens qui venaient nous voir étaient souvent des connaisseurs, c’est devenu un jeu entre le groupe et le public pour deviner les titres. Le but ce n’était pas de refaire encore une fois « Satisfaction », je suis allé chercher des choses plus obscures ». Le premier ep de Black Minou est composé de quatre titres mélange savant de grosses guitares et de rythmiques funky. Une recette qui rappelle les groupes garages américains ce que confirme Yarol : « J’aime bien faire danser les gens, et puis tant qu’à mettre de la batterie, autant qu’il y ait du groove » affirme-t-il comme si il s’agissait là de l’évidence même (évidence pourtant loin d'être partagée par tous, ndlr). L’ep de Black Minou est prévu pour une sortie en vinyle et en digital : « Faire un cd pour un ep de quatre titres ne sert à rien. Quitte à sortir un disque qui ne se vendra pas autant faire un bel objet en vinyle. Et puis cela colle bien avec le côté back to the basics du projet ». L’aventure Black Minou devrait se prolonger avec un album même si rien ne semble être calé pour le moment. Finalement au cours de sa carrière Yarol aura tout connu, les scènes immenses et les majors du temps de FFF ; les concerts en bars et le label indé maintenant : « La différence c’est quand tu joue sur une petite scène tu ne peux pas trop faire le show par manque de place. Mais j’aime jouer dans les bars pour la proximité avec le public. 50 personnes au Lautrec et la salle est blindée. Jouer devant 100 personnes dans une salle qui peut en contenir le triple c’est déprimant ». Quand on lui rappelle qu’il faut quand même un sacré amour de la musique pour ça, Yarol tombe des nues : « Bah oui, on ne fait pas ça pour le blé quand même ». Dans le même ordre d’idée, Yarol ne comprends pas ces musiciens qui rechignent à reprendre le chemin des bars après avoir goûté aux grandes scènes : « La musique c’est mon métier, moi je prends ce qu’on me donne». Parmi les autres activités de Yarol on pourrait également citer The Dharma Project : « Un groupe de hard rock avec trois guitares que l’on a fondé avec Philippe Manœuvre pour jouer au bol d’or. On a fait deux fois le bol d’or, les ambiances de motards cela m’éclate ! » et puis il y a aussi la tournée avec Johnny Hallyday qui se profile à l’horizon et pour laquelle Yarol assure la direction musicale « J’en suis très content » affirme-t-il. Les amateurs de blues seront heureux d’apprendre que l’excellent harmoniciste Greg Zlap sera aussi de la partie. Seule ombre au tableau le label Bonus Tracks Records dont l’activité semble être mise entre parenthèses. Le guitariste s’emporte un peu et griffonne nerveusement sur un papier : « Moi j’ai d’autres choses à faire qu’à remplir des formulaires pour obtenir des aides. Ca c’est un truc de bureaucrates. J’ai préféré arrêter avant que l’administratif me coupe complètement du côté créatif. En fait on voudrait embaucher quelqu’un pour gérer l’administration du label mais on n’a pas les moyens de le payer. On avait plusieurs albums de prévus que l’on a finalement pas fait ». Espérons toutefois que cet arrêt ne sera que provisoire tant les réussites de Bonus Tracks Records on été nombreuses ces dernières années (du moins sur le plan musical). Car comme Yarol le dit lui-même « après la tournée avec Johnny, j’aurais très certainement envie de refaire du studio ».
Propos recueillis le 21 février 2012.
En concert le 15 mars à la boule noire.

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