lundi 4 juillet 2011

Ray Manzarek et Robby Krieger, Le Bataclan, 3 juillet 2011.


A la vue du Bataclan, complètement comble et dans lequel on étouffe vu la chaleur, la première chose qui nous vient à l’esprit est que, quoi que l’on puisse en penser, la nostalgie se porte bien. A 55 euros la place, c’est aussi un bon business. On est ce soir le trois juillet 2011 et il y a exactement quarante ans, jour pour jour, Jim Morrisson disparaissait. 14600 jours plus tard (ça calme !) les deux compères survivant attaquent la scène du Bataclan. Manque à l’appel le batteur John Densmore qui depuis dix ans a toujours refusé les appels du pied des deux compères (c’est dommage car on adore son sens du swing, c’est un musicien venu du jazz, qui avait fait des merveilles sur « Touch Me » et « Hello i love you »). En effet après s’être produit sous le nom des Doors (of the 21st century) puis des Riders on the Storm, le duo s’est choisi un nouveau patronyme pour cette nouvelle virée estivale : Ray and Robby (of the doors). Le duo est donc accompagné d’une toute nouvelle section rythmique (et oui par ce que maintenant ils ont un bassiste à temps plein, on n’arrête plus le progrès) ainsi qu’un nouveau chanteur, un type dénommé Dave Brock. Ce dernier satisfait à au moins quatre critères de recrutement : il est brun, les cheveux longs et bouclés, a à peu près le même look que Jim et, surtout, la même tessiture de voix. Tout cela nous rappelle l’illustre inconnue qui se produit ces jours-ci en remplacement de Janis Joplin au sein de Big Brother and the holding company. La soirée commence de façon très solennelle sur l’air de Carmina Burana en fond sonore avant que le groupe n’arrive sur scène. Robby a fait des efforts vestimentaires et est vêtu d’un pantalon, importable dans le civil, à l’effigie du drapeau US : une jambe avec les étoiles, l’autre avec la bannière ! Et puis sa guitare Gibson SG de laquelle il tire encore des sons incroyables. Derrière son orgue vintage, Ray Manzarek est beaucoup plus sobre tout de noir vêtu. Le concert commence avec « Roadhouse blues » alors que l’écran derrière la scène diffuse des images plus où moins d’époque de routes et de bagnoles dans le coucher de soleil. Dave Brock donne le ton de la soirée : « Nous sommes là pour célébrer la vie et la musique de Jim, great american poet ». Dès les premières notes on comprend pourquoi on est venu prendre part à tout ce cirque : la musique ! Car ne soyons pas mauvaise langue, à la vue de leur prestation du soir il semblerait que Ray et Robby, outre le fait qu’ils sont toujours aussi bons musiciens, prennent autant de plaisir qu’au premier jour. Et le fait d’entendre pour la première fois en live les classiques : « Break on through », « Strange Days », « When the music is over », la magnifique « Peace Frog » procure un sentiment diffus : on est content d’être là mais tout semble un peu irréel. C’est peut-être les visuels psychédéliques diffusés par l’écran derrière les musiciens. Après une grosse demi-heure de concert, le groupe passe au deuxième événement de la soirée. 2011 marque aussi le quarantième anniversaire de l’album « LA Woman » qu’ils joueront en intégralité (les Pixies nous avaient déjà fait le coup avec les 20 ans de doolittle). On en retiendra deux choses. Dans son rendu live, l’album a pratiquement doublé de durée. La faute aux intros et aux nouveaux solis dispersés à droite, à gauche par les deux tauliers de l’affaire. Comme quoi les deux ne se contentent pas de faire du copier/coller mais cherchent encore un peu d’espace pour innover (ce qu’ils faisaient déjà dans les années 60 cf. les nombreux bootlegs sortis ces dernières années). On retiendra ensuite l’apport fondamental du blues dans leur musique (ce qui a manqué aux années 80). Robby Krieger qualifiera l’album de « very bluesy ». Vers la fin du show, la sécurité sera un peu débordée par les tentatives de slam venues du public, qui brasse les générations et n’est pas uniquement de vieux hippies sur le retour. Dans le fond, ce n’est pas si mal que ça la nostalgie…

www.thedoors.com

www.rayandrobby.com

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