dimanche 31 juillet 2011

Nicole Willis and The Soul Investigators, Le New Morning, 29 juillet 2011.



On l’avait un peu perdu de vue mais Nicole Willis fût avec Sharon Jones, il y a de cela quelques années, la grande pionnière de ce renouveau soul vintage qui n’a depuis de cesse de se perpétuer au point de tourner à la parodie. Bref, en attendant son nouvel album, Nicole et son groupe finlandais ont présenté quelques nouvelles compositions sur la scène du New Morning vendredi soir dernier. Comme d’habitude dans ce genre de concert, le set débute en formation légère (orgue hammond, guitare, basse et batterie) et charge à eux de faire monter l’ambiance qui va crescendo. Les trois membres de la section de cuivres arrivent au deuxième morceau et enfin Nicole, dans une robe verte à fleurs, fait ensuite son apparition sur scène. Malgré quelques problèmes de balance avec l’orgue et la guitare qui prennent soit trop d’importance soit pas assez, le groupe envoi un groove péchu et efficace en partie grâce au batteur puissant en dépit de son air méchant. La voix de Nicole est toujours aussi belle, un peu éraillée, un timbre typiquement soulful. Malheureusement, elle semble avoir un peu de mal à placer sa voix sur scène, c’est une légère déception. Pour le reste une belle soirée, pleine de soul et de groove en attendant le nouvel album.

www.nicolewillis.com

mercredi 27 juillet 2011

Cleo T : « Songbird singing »


Premier EP de cinq titres pour cette jeune artiste, autrefois chanteuse de 21 Love Hotel, et déjà la promesse d’une personnalité artistique assez forte. Un filet de voix, plaintif et assez haut perché, un accompagnement majoritairement acoustique, piano, violon, guitare, le décor est planté et il est plutôt sombre mais étonnement rythmique (« We all » qui sonne un peu à la Kate Bush). « Songbird Singing » prend ses aises au fil de l’écoute et quitte à l’occasion son costume sombre pour des habits de lumière, « Columbine » ses percussions et ses sifflements guillerets de moineaux comme accompagnement, pour lorgner du côté de la country « Whistles in the night », banjo à l’appui, voire du Mexique ; la trompette de « Kingdom of smoke ». Un excellent EP, produit par le maître John Parish (PJ Harvey) on n’en attendait pas moins, mais un peu court pour se faire véritablement une idée. Des débuts certes assez impressionnants de grâce mais à confirmer toutefois sur la longueur d’un LP.

www.myspace.com/cleoTmusic

mardi 26 juillet 2011

L initiale


L, c’est derrière ce patronyme à la fois simple mystérieux que se cache une nouvelle et magnifique voix de la chanson française. Voix, bien sur tant la sienne est magnifique mais également voie tant L (Raphaëlle Lannadère) semble vouloir s’éloigner de la mode du moment, quelle qu’elle soit, pour renouer avec un certain classicisme (pèle mêle Barbara, Edith Piaf) où le violon, le piano où une simple boîte à musique constituent l’instrumentation privilégiée. Même si « Pareil » nous fait mentir adoptant des arrangements électroniques à la tonalité plus moderne. Les tempi lents nous donnent une autre indication, nous sommes ici dans un disque d’ambiance, plutôt sombre, servi par des textes assez forts. Mais c’est la voix, un peu traînante, de L qui vraiment nous scotche, douce et mélodique, ce timbre a le don de vous envoûter en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Un premier effort, surprenant de maturité, des plus réussis.

www.initiale-l.com

lundi 25 juillet 2011

The Stevenson Ranch Davidians : « Psalms, Hymns and Spiritual Songs »

Formé en 2005 en Californie, le trio Stevenson Ranch Davidians fait revivre les grandes heures du rock psychédélique des années 60. Même la pochette prend en référence les codes esthétiques (la nature, le soleil en contre-jour) en vigueur dans ces années là. En l’espèce, SRD fait mieux que de copier l’original. Habités par le son, le trio propose un album-trip où les nappes d’orgues rencontrent des gammes héritées du blues et une guitare lap-steel typiquement country (comme chez les pères fondateurs du Grateful Dead). Pourtant SRD n’a pas uniquement les oreilles obnubilées par le passé. Dans ses passages électriques, « Nothing’s cliché », les guitares, qui ferraillent avec ardeur, se font légèrement shoegaze. Ailleurs « Better day », les SRD sonnent pop. Quant à la voix éthérée du chanteur Dwayne Seagraves, elle n’est pas sans rappeler celle d’Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre. Et puis que l’on parle de BJM ça tombe bien, depuis eux on avait rarement entendu un groupe psychédélique aussi convaincant.
www.thedavidians.com

samedi 23 juillet 2011

Nox : Freaks


Formé en Belgique en 2005, le trio Nox renoue avec une vieille tradition du rock commencée dans les années 90, celle du groupe sans guitare (Morphine, Ben Folds Five, True Live). En l’espèce, on pense à nos petits français, feu Cornu, qui comme Nox ont troqué les six cordes contre les quatre du violon et du violoncelle. « Freaks », leur deuxième effort, est instrumental et servira bientôt de support à un long métrage réalisé par Kamel Ouelhaj (et non pas Todd Browning comme le titre de l’album pouvait le laisser supposer !). Il est vrai que la musique de Nox se prête particulièrement bien à l’exercice. Les compositions sont assez longues, en moyenne entre cinq et dix minutes, le temps d’installer climats et ambiances. La rythmique basse (ou contrebasse jouée par David Christophe) / batterie (Elie Rabinovitch) joue sur des tempos lents qui finissent par se transformer en berceuse hypnotique avec une grande délicatesse à l’image de ces coups à peine porté sur les cymbales. Les violons et violoncelles (Catherine Graindorge) apportent une note mélancolique à l’ensemble, un spleen assez contagieux. La tonalité ne manquera pas de plaire aux fans des musiques assez « dark ». On en attendait pas moins d’un tel line-up, mais évidemment, le songwriting de Nox est tout sauf classique. Point de formule toute faite couplet/refrain/couplet ici mais des titres qui durent, qui s’allongent dans la durée, faits d’alternances entre lyrisme calme et crises d’angoisses parsemés de bruitages obtenus par des musiciens triturant leurs instruments. Recommandé pour tous les freaks.

www.myspace.com/noxtrio

jeudi 21 juillet 2011

Namasté : L’absurde


Premier EP pour ce tout jeune quintet français composé de cinq titres (et deux radio edit) et déjà plein de bonnes vibes. Chantant en anglais et en français Namasté (du nom d’une formule de salutation en Inde et au Népal) parsème sa chanson d’influences allant du hip-hop, « l’Absurde », à la soul, « Patience », en y ajoutant une petite touche de jazz dans les arrangements. Namasté voilà un excellent moyen de faire swinguer la langue de Molière en sirotant des cocktails sur la terrasse. La bande-son de l’été.

www.wearenamaste.com

www.myspace.com/musicnamaste

www.facebook.com/musicnamaste

www.youtube.com/musicnamaste

mercredi 20 juillet 2011

Slow Joe and The Ginger Accident : « Four Leaf Covers »


Les évènements à venir se précisent concernant Slow Joe and The Ginger Accident. Avant le, très attendu, premier album du groupe, intitulé « Sunny Side Up » dont la sortie est prévue pour le 17 octobre, le Ginger Accident nous propose de découvrir un étonnant EP composé de quatre reprises. L’EP débute avec « Black Horse & The Cherry Tree », tube bien connu de KT Tunstall depuis qu’il a illustré une publicité vantant les mérites d’un fournisseur d’accès internet. La version présentée ici diffère sensiblement de l’originale, le groupe se réappropriant totalement le morceau en le déconstruisant. Vient ensuite « Ab Kahan Jayen Hum » où Joe se rapproche de ses racines Indiennes. Ballade, chantée en langue vernaculaire, avec un motif de sitar dans le fond donnant un, très plaisant, résultat psychédélique. Le groupe enchaîne ensuite avec le titre le plus étonnant du lot «Non, je ne regrette rien » où Joe chante pour la première fois dans la langue de Molière, qu’à ma connaissance il ne parle pas. Un choix étonnant, bien éloigné des racines rock 50s et 60s du groupe, mais après tout pourquoi pas ? Plus attendue, « Set the controls for the heart of the sun » (Pink Floyd), conclut en beauté l’EP, dans un délire psychédélique complètement barré le groupe se lâchant dans les grandes largeurs. Le titre marque également les grands débuts au sein du groupe d’Amélie Bouard qui complète la formation en tant que violoniste.

En concert le 7 novembre à Paris (Café de la danse)

www.slow-joe.com (La reprise de « Black Horse and The Cherry Tree » extraite de l’EP est offerte pour toute inscription à la newsletter de Slow-Joe and The Ginger Accident)

mardi 19 juillet 2011

The Locomotive Sound Corporation




Premier EP pour ce nouveau groupe parisien particulièrement prometteur. Certes cinq titres seulement pour 20 petites, mais intenses, minutes et quels titres ! En mélangeant un son de guitare, sale, gras, typiquement garage à une lourdeur rythmique héritée du heavy metal The Locomotive Sound Corporation atteint une sorte d’idéal rock n’roll. Le batteur possède un style aussi costaud que celui de John Bonham. Les amateurs de gros rock en seront pour leurs frais, ceux branchés par le psychédélisme noisy et barré craqueront également pour « Poison » ou « Turn into Rage » dans lesquelles ils me semblent retrouver un peu de Sonic Youth. N’ayant pas peur des expérimentations, LSC contrebalance la violence des guitares par des notes de clavier planantes, les compositions du groupe ménageant des espaces pour passer d’une extrême à l’autre dans une sorte de grand huit rock n’roll. C’est gros, c’est énorme et dans tous les cas assez euphorisant. En attendant un album confirmant le talent que l’on suppose, la locomotive est lancée à pleine vitesse. Gare à tous ceux qui se trouveront sur son passage…

http://locomotivesoundcorp.bandcamp.com

www.noomiz.com/locomotivesoundcorp


EN CONCERT LE 22 JUILLET A L’INTERNATIONAL (Paris)

lundi 18 juillet 2011

Radiosofa : « Le souffle court »


Déjà auteur d’un premier effort passé relativement inaperçu, Radiosofa, quintet originaire de Rouen, a collaboré avec le producteur Antoine Gaillet pour son nouvel album intitulé « Le souffle court ». Multipliant les sources d’inspirations, Radiosofa trouve la sienne à la fois dans le rock et la chanson française. Jouant à cache cache avec l’auditeur le disque joue aussi bien la carte de l’intimité acoustique, la très belle « La traversée » que celle du rock puissant et racé, délivrant au passage quelques tubes bien sentis, « Les portes », « Le souffle court », « Comme un ombre ». Héritier des tout débuts de la new-wave, Radiosofa mélange lignes de basses énormes (dignes de Simon Gallup des Cure) et nappes de claviers, rappelant parfois les illustres divisions de la joie (« 10000 brasses »), sur lesquelles se greffent des guitares claires et tranchantes. A noter également une reprise très réussie de « Fuzzy » (le seul titre en anglais du disque), de feu Grant Lee Buffalo, excellent groupe folk-rock US des années 90 malheureusement un peu oublié aujourd’hui. Après un album très réussi, que peut-on souhaiter à Radiosofa ? Peut-être de s’éloigner de Noir Désir dont l’ombre semble planer sur les textes et la voix du chanteur Thomas Cramoisan, comme sur des dizaines d’autres de part le pays.

www.radiosofa.net

www.myspace.com/sofamusic

dimanche 17 juillet 2011

I, The Phoenix


Enigmatique duo composé de Jean-Paul Frenay (voix, guitare et claviers) et de Vincent Depuydt (guitare/clavier) I, The Phoenix fait forte impression avec ce premier album plongeant dans des sources assez dark. Mélangeant guitares et machines le duo (complété sur scène par une section rythmique) propose un disque touffu et dense à l’impressionnante noirceur mais qui se dégrade en autant de subtiles nuances. Si les machines, claviers samples, apportent une touche à la fois industrielle et électronica, c’est bien de métal dont il est question ici. Produit avec le plus grand soin le disque alterne ainsi les moments calmes apaisés (le piano en intro de « Another sudden fall ») et attaques de guitares claires et tranchantes (« Synthetic flavours »). Le tout forme une masse sonore hypnotique aux motifs entêtants. La voix, dans sa manière de clamer les textes rappelle Andrew Eldritch des Sisters of Mercy. Mais ITP ne se contente pas seulement du son pour entraîner l’auditeur. Le livret et la pochette, livré avec les lunettes idoines en 3D, sont absolument superbes. Tourner les pages en écoutant le disque et on est absolument immergé. Depuis quand n’avait-on pas vu un disque aussi bien présenté ? La musique est ainsi particulièrement bien mise en valeur. Et la combinaison image+musique fait de I, The Phoenix un groupe capable de rivaliser avec le meilleur de rock gothique actuel.

www.ithephoenix.com

www.myspace.com/itpofficial

www.ithephoenix.bandcamp.com

jeudi 14 juillet 2011

JNEB : Tout n’est pas rose


Premier album du lillois Jneb, « Tout n’est pas rose » nous conte l’histoire de Pierre qui, plaqué par Rose, développe une addiction à l’héroïne tout en noyant son chagrin dans les bras de conquêtes (ce qui nous vaut un chouette livret) autour du monde. Le disque joue à fond la carte de la diversité, tant dans les mots, chantés en trois langues (anglais, français et espagnol), que dans les musiques qui vont du punk-rock (« Saralou », « Kate ») aux ballades plus intimistes avec cordes (« La vie sans Rose »). Pour bien illustrer le propos, les trois-quarts des chansons sont titrées par de simples prénoms féminin : Hillary, Laura, Juanita, Yasmina et Sheherazade. Entouré pour l’occasion d’un excellent groupe comprenant notamment la section rythmique de Skip the use ainsi que des membres de La Ruda et de Marcel et son Orchestre, Jneb varie les plaisirs et adapte son style musical aux pays traversés, on y décèle même des traces de country chez « Juanita ». Finalement assez homogène, un seul titre, « Yasmina », lorgnant trop du côté de la techno big beat pour mes oreilles, nous laissera dubitatif. Jneb ne s’arrêtera pas en si bon chemin et embarquera dès son EP suivant (chronique ici) vers de nouvelles aventures changeant de formule et de musiciens.

www.jneb.fr

www.myspace.com/jnebband

mardi 12 juillet 2011

Brisa Roché : All Right Now


Troisième effort pour cette californienne exilée en France que l’on a connu, au tout début, comme une chanteuse de jazz. Comme ce temps paraît bien loin. Après un seul album Brisa a tout remis en question décidant de plaquer le jazz pour des sonorités pop folk plus proches de sa Californie natale. Ce nouvel album a été conçu en deux temps d’abord dans la résidence d’artistes tenue par sa mère en Californie où le groupe réunis par Brisa a composé la bagatelle de 20 chansons en une semaine à force de jam sessions acharnées. Le petit groupe s’est envolé ensuite à l’autre bout du pays dans le nord de l’état de New York pour enregistrer le disque dans une église désaffectée reconvertie en studio par le producteur Henry Hirsch, connu pour son travail avec Lenny Kravitz. A l’écoute du résultat, une certitude se fait jour, les amateurs de jazz et de son premier album passeront leur chemin, Brisa s’étant durablement installée dans le paysage pop rock. Ce nouvel effort semble comme imbriqué entre plusieurs cultures. Des années 60, le groupe a conservé cette forme de liberté héritée des jams-sessions. Bien souvent on n’a pas vraiment le sentiment d’être en présence d’un songwriting classique à base de couplets/refrains. Plein de surprises, cet opus ne cesse de rebondir dans des recoins inattendus avec des changements de rythmes, de sonorité, d’ambiances et des variations psychédéliques. Cet aspect libre le groupe l’a traité avec un sens aigu de la concision, pas une plage ne dépasse les cinq minutes, redécouvrant ainsi la célérité pop. Au niveau de l’instrumentation et des arrangements, Brisa a fait simple privilégiant une approche de groupe basse, batterie, guitares (électriques) et claviers. Là encore de nombreuses surprises sont à l’horizon les claviers utilisés évoquant à la fois les années 60 mais aussi les 80s, le groupe sonnant alors comme Blondie. Enfin on a presque oublié de le préciser tellement c’est évident, mais Brisa chante magnifiquement bien tout au long de l’album.

www.myspace.com/brisaroche

lundi 11 juillet 2011

The Hillbilly Moon Explosion : « Buy, beg or steal »


C’est une excellente nouvelle, les Hillbilly Moon Explosion sont de retour ! Groupe mi-anglais / mi-italien (la sublime Emanuela Hutter) installé en Suisse, les hillbilly moon explosion pratiquent un rockabilly explosif, genre dont ils sont l’un des meilleurs représentants en dépit d’une concurrence accrue sur le secteur (Kitty Daisy & Lewis, les suédois de Fatboy…). Ce nouvel album fait la part belle à des compositions originales, ce qui n’était pas toujours le cas avant. Remarquable d’efficacité, le disque compile 13 plages en une grosse demi-heure, c’est pile ce qu’il faut et ce qui convient pour ce style, comme un bon shoot de rock n’roll en intraveineuse. Les HME étant un vrai groupe et non pas de simples suiveurs passéistes, ce nouvel effort permet de se faire une meilleure idée de leur personnalité musicale, ce qui n’était pas toujours évident du temps où le groupe faisait beaucoup de reprises. Le groupe alterne boogies rock n’roll ravageurs et nerveux (notamment l’excellente « She kicked me to the curb » dans la lignée du « Clarksdale boogie » de l’album précédent) et ballades romantiques où la belle Emanuela peut donner sa pleine mesure vocale (« Natascia » chantée en italien). L’album est plein de surprises, « My love for evermore » s’aventure en territoire country alors que la reprise d’ « Enola gay », cette vieille scie des années 80 étonne, on était bien loin d’imaginer les HME s’attaquer aux sons new-wave et pas les meilleurs qui plus est. Mais le groupe se réapproprie totalement le morceau qui du coup devient non pas seulement écoutable mais carrément excellent. Et si c’était une bonne chanson finalement ? Ajoutez au cocktail une poignée de swing jazzy dans les rythmiques (l’inspiration manouche de « Touch me ») et vous obtenez cet excellent album. « Buy, beg or steal » on ne saura que trop conseiller la première solution.

www.hillbillymoon.com

www.myspace.com/hillbillymoonexplosion

www.facebook.com/hillbillymoonexplosion

dimanche 10 juillet 2011

Ubikar



C’est par une voix désincarnée qui récite de la poésie abstraite sur fond post-rock que commence la démo d’Ubikar. Démo de quatre titres qui il faut bien l’avouer laisse une impression mitigée. Musicalement, il n’y a rien à redire le groupe assure avec maestria. Les compositions sont assez longues, permettant de créer une sorte d’hypnose, avant que les guitares n’explosent dans une rage impressionnante. Mais le groupe pèche au niveau vocal. Il n’y a aucun chant. Juste de la récitation, ce qui crée une sorte de distance, il est difficile de se sentir en empathie avec le groupe, ce dernier donnant l’impression de prêcher. Et puis les textes, surtout celui de Mekanique la première plage, ressemble, une fois de plus, à du Noir Désir, ce modèle donc le rock français semble bien incapable de se débarrasser. Finalement, ce sont les deux plages instrumentales les plus réussies, le groupe réussissant le tour de force de convertir les mélodies les plus calmes en éclairs de violence.


www.myspace.com/ubikar


La démo est disponible à prix libre sur la page bandcamp du groupe

samedi 9 juillet 2011

Johnny Winter + Warren Haynes, L’Olympia, 8 juillet 2011.



C’était la date à ne pas manquer pour tous les amoureux de la six cordes qui se retrouvaient en ce vendredi soir avec une belle, et double, affiche réunissant sur la scène de l’Olympia deux maîtres de la guitare électrique, Johnny Winter le vétéran revenu de tout et Warren Haynes, l’un de ses disciples.

Assez étonnamment c’est à l’aîné, Johnny Winter, qu’il revient l’honneur d’ouvrir les débats. Avec la vie qu’il a vécue, les excès, l’alcool, les drogues et les ennuis de santé en découlant, c’est en soi un petit miracle que Johnny Winter soit encore parmi nous, alors le revoir en concert… Son entrée en scène fait un peu pitié. D’une maigreur inquiétante, pâle, il a besoin d’être soutenu pour rejoindre son siège. Il se produit maintenant assis la majorité du temps. Si il n’est plus le guitariste percutant qu’il fût dans les années 60 et 70, Winter a encore de beaux restes, musicalement parlant s’entend. Bien soutenu par un groupe (basse, batterie et deuxième guitare) puissant mais aussi capable de groove quand le besoin s’en fait sentir, Winter reprend les classiques (« Got my mojo working », « Goodbye little school girl », « Johnny be good », « Hideaway », « Highway 61 »…) dans des versions blues chargées en guitares. Globalement comparée au concert précédent à Bobino, Winter semble avoir retrouvé de sa superbe. Image rarissime, il se lèvera même pour jouer un rappel debout, tel un homme se battant pour retrouver sa dignité. Ses solos sont inspirés et bien exécutés, même si il se contente du minimum syndical, cela suffit à scotcher tout le monde. Après Hendrix l’année dernière, le clin d’œil du soir fut ce coup-ci adressé à Eric Clapton avec un petit bout du riff de « Sunshine of your love » (Cream) enquillé à une excellente reprise du « Gimme Shelter » (des Rolling Stones). Le concert fût également plus long que la dernière fois, une bonne heure et demie. Globalement un bon moment de guitare, efficace a défaut, soyons honnêtes, de retrouver la magie d’antan. Un peu comme un passage de témoin entre deux générations différentes, mais pratiquant le même son, c’est Johnny Winter en personne qui a accueilli Warren Haynes sur scène le temps d’un rappel en commun (« Dust my broom ») avant que ce dernier ne prenne possession de la scène à son tour. Au côté de l’un de ses héros (comme il l’expliquera plus tard les deux autres sont Jimi Hendrix et Eric Clapton) Warren semble un peu intimidé et a un peu de mal à trouver ses marques, on ne l’entends pratiquement pas sauf au moment de son solo.

Si il est encore assez peu connu du grand public et si on le découvre ces temps-ci en artiste solo, Warren Haynes a un CV long comme le bras, guitariste au sein des Allman Brothers et fondateur de Gov’t Mule. A l’instar de son ex-bandmate, Gregg Allman, Warren Haynes infuse une bonne dose de groove héritée des musiques noire dans son blues symbolisée par la reprise du « It’s a man’s world » de James Brown. Un batteur originaire de la Nouvelle Orléans, ça aide aussi pas mal. D’ailleurs, à deux percussionnistes et un pianiste près, la formation entourant Warren Haynes est quasiment identique à celle de Gregg Allman (qui au passage avait repris l’une de ses compos) lors de son passage récent au Grand Rex : orgue Hammond B3, basse, batterie, saxophone et une chanteuse à la voix superbe assurant chœurs et contre-chants. Comme quoi Warren a bien retenu deux ou trois trucs de son ex-patron. Le son est propre et excellent, la rythmique est redoutable, au groove puissant. Les soli de Haynes sont déliés et il est loin de tirer la couverture à lui, régulièrement sa guitare converse avec le saxophone ou les claviers (orgue hammond et fender rhodes). Il est aussi remarquable à la pédale wha-wha. Le timbre de Warren Haynes est également particulier, un peu éraillé, grave et profond, cela convient bien au blues. Le seul reproche que l’on pourrait lui faire, c’est un manque de concision, les morceaux s’étirant à n’en plus finir aux fils des soli des intervenants mais à part cela il n’y a rien à redire, c’est un grand artiste.

www.johnnywinter.net

www.warrenhaynes.net

jeudi 7 juillet 2011

Charles Bradley, La Maroquinerie, 5 juillet 2011.


Charles Bradley, chanteur soul âgé de 61 ans, nous a mis une bonne claque cette année avec son premier album (oui oui son premier !) « no time for dreaming » sorti en début d’année sur le label dunham (une sous-division de Daptone). Si les musiciens du Menahan Street Band sont hélas absent le temps de cette tournée européenne, le charisme de Charles et le lieu, la maroquinerie, sont malgré tout la garantie d’une soirée réussie. Alors que les lumières rouges nappent la petite salle d’une ambiance onirique, mettant en valeur les piliers de briques rouges (très NYC dans l’esprit), un constat s’impose. Si la ville regorge d’endroits ayant conservé un cachet d’époque (le Trianon, la Cigale, le China…), que ne possède pas tout à fait la maroquinerie, peu de salles respirent comme cette dernière les bonnes vibes, le groove, le rock n’roll, la musique quoi ! La musique suinte et transpire à travers les murs de l’endroit. Il y a vraiment une âme dans les lieux, l’un des meilleurs de Paris. Comme de coutume dans ce genre de concert, le groupe entame le set par deux instrumentaux pour faire chauffer le public. Charles Bradley fait alors son apparition, saluant le public de façon très solennelle, à la manière d’un karatéka avant un combat puis se redresse et tends les bras en croix. La dramaturgie est étudiée à l’extrême et on a tout de même un peu de mal à distinguer ce qui ressort du calcul ou de l’émotion pure. Charles a, plus d’une fois, le visage bouffi par l’émotion, mais ma parole tu vas finir par pleurer ??? Le groupe (deux cuivres, batterie, basse, guitare et clavier) distille un groove pêchu, puissant et efficace fortement marqué par les JBs, le groupe de feu James Brown. C’est d’ailleurs à un mini (par la taille et non par le talent) James Brown, que ressemble Charles Bradley, performer dont le déhanché pelvien ferait mourir Elvis de jalousie. Le groupe, excellent, ne se contente pas de briller sur les up tempo funky mais est aussi à l’aise dans un registre plus soul (« Lovin’you baby » ; « Heartaches and pain » ; « The world (is going up in flames) » où l’émotion est à fleur de peau. Le terrain est alors parfait pour un move spécial Bradley : faire monter des spectatrices (assez jolies) sur scène et leur donner un « hug » (une coutume typiquement américaine) avant d’entamer un tour de la fosse et de serrer des mains à tour de bras. Sur scène, le groupe a beau assurer comme des bêtes, plus personne ne les regarde, les spectateurs tournent le dos pour suivre Bradley dans sa progression à travers la salle. Un excellent concert et un très bon moment qui s’est achevé par une reprise, surprenante, du « Heart of gold » de Neil Young.

lundi 4 juillet 2011

Ray Manzarek et Robby Krieger, Le Bataclan, 3 juillet 2011.


A la vue du Bataclan, complètement comble et dans lequel on étouffe vu la chaleur, la première chose qui nous vient à l’esprit est que, quoi que l’on puisse en penser, la nostalgie se porte bien. A 55 euros la place, c’est aussi un bon business. On est ce soir le trois juillet 2011 et il y a exactement quarante ans, jour pour jour, Jim Morrisson disparaissait. 14600 jours plus tard (ça calme !) les deux compères survivant attaquent la scène du Bataclan. Manque à l’appel le batteur John Densmore qui depuis dix ans a toujours refusé les appels du pied des deux compères (c’est dommage car on adore son sens du swing, c’est un musicien venu du jazz, qui avait fait des merveilles sur « Touch Me » et « Hello i love you »). En effet après s’être produit sous le nom des Doors (of the 21st century) puis des Riders on the Storm, le duo s’est choisi un nouveau patronyme pour cette nouvelle virée estivale : Ray and Robby (of the doors). Le duo est donc accompagné d’une toute nouvelle section rythmique (et oui par ce que maintenant ils ont un bassiste à temps plein, on n’arrête plus le progrès) ainsi qu’un nouveau chanteur, un type dénommé Dave Brock. Ce dernier satisfait à au moins quatre critères de recrutement : il est brun, les cheveux longs et bouclés, a à peu près le même look que Jim et, surtout, la même tessiture de voix. Tout cela nous rappelle l’illustre inconnue qui se produit ces jours-ci en remplacement de Janis Joplin au sein de Big Brother and the holding company. La soirée commence de façon très solennelle sur l’air de Carmina Burana en fond sonore avant que le groupe n’arrive sur scène. Robby a fait des efforts vestimentaires et est vêtu d’un pantalon, importable dans le civil, à l’effigie du drapeau US : une jambe avec les étoiles, l’autre avec la bannière ! Et puis sa guitare Gibson SG de laquelle il tire encore des sons incroyables. Derrière son orgue vintage, Ray Manzarek est beaucoup plus sobre tout de noir vêtu. Le concert commence avec « Roadhouse blues » alors que l’écran derrière la scène diffuse des images plus où moins d’époque de routes et de bagnoles dans le coucher de soleil. Dave Brock donne le ton de la soirée : « Nous sommes là pour célébrer la vie et la musique de Jim, great american poet ». Dès les premières notes on comprend pourquoi on est venu prendre part à tout ce cirque : la musique ! Car ne soyons pas mauvaise langue, à la vue de leur prestation du soir il semblerait que Ray et Robby, outre le fait qu’ils sont toujours aussi bons musiciens, prennent autant de plaisir qu’au premier jour. Et le fait d’entendre pour la première fois en live les classiques : « Break on through », « Strange Days », « When the music is over », la magnifique « Peace Frog » procure un sentiment diffus : on est content d’être là mais tout semble un peu irréel. C’est peut-être les visuels psychédéliques diffusés par l’écran derrière les musiciens. Après une grosse demi-heure de concert, le groupe passe au deuxième événement de la soirée. 2011 marque aussi le quarantième anniversaire de l’album « LA Woman » qu’ils joueront en intégralité (les Pixies nous avaient déjà fait le coup avec les 20 ans de doolittle). On en retiendra deux choses. Dans son rendu live, l’album a pratiquement doublé de durée. La faute aux intros et aux nouveaux solis dispersés à droite, à gauche par les deux tauliers de l’affaire. Comme quoi les deux ne se contentent pas de faire du copier/coller mais cherchent encore un peu d’espace pour innover (ce qu’ils faisaient déjà dans les années 60 cf. les nombreux bootlegs sortis ces dernières années). On retiendra ensuite l’apport fondamental du blues dans leur musique (ce qui a manqué aux années 80). Robby Krieger qualifiera l’album de « very bluesy ». Vers la fin du show, la sécurité sera un peu débordée par les tentatives de slam venues du public, qui brasse les générations et n’est pas uniquement de vieux hippies sur le retour. Dans le fond, ce n’est pas si mal que ça la nostalgie…

www.thedoors.com

www.rayandrobby.com

samedi 2 juillet 2011

Gregg Allman, Le Grand Rex, 29 juin 2011.



C’est une des résurrections de l’année, Gregg Allman, ex-membre du fameux groupe portant son patronyme à la fin des années 60, est de retour avec un nouvel album « low country blues », mettant ainsi fin à 14 années de silence discographique. Depuis 1997, ce n’est rien de le dire, mais le paysage musical a énormément changé. Pas Gregg Allman qui, lui, reste bien droit dans ses bottes derrière son orgue Hammond B3 (et sa cabine Leslie). Comparé aux albums des Allman Brothers, les efforts en solo de Gregg ont toujours plus été ancrés dans les musiques noires. C’est donc sans surprise que le survivant des Allman apparaît sur scène entouré d’un groupe assez ample. Batterie, guitare, basse, deux percussions, piano, orgue Hammond B3 joué par le leader et enfin un dernier musicien alternant flûte et saxophone. Le groupe fait preuve de savoir-faire et se révèle ainsi particulièrement à l’aise dans plusieurs styles allant du jazz à la country. Car il s’agit bien de cela, une plongée au cœur des musiques roots. Les solos de piano apporte une touche de boogie-woogie, ceux du saxophone traînent du côté du jazz, la guitare (une belle demi-caisse soit dit en passant) est bluesy et quand à l’orgue du patron, c’est une brique de soul qu’il apporte à l’édifice. Quand Gregg passe à la guitare, on se retrouve en plein territoire country dans une ambiance typiquement sudiste. Par deux fois, Gregg Allman cède le micro à l’un des percussionnistes dont le timbre à des accents soul beaucoup plus marqués. Après deux bonnes heures de show, assez bucoliques, Gregg Allman quitte la scène d’un pas traînant, serrant quelques mains au passage, un peu surpris d’avoir un public aussi fidèle après quarante ans de carrière.

www.greggallman.com

vendredi 1 juillet 2011

Brian Setzer’s Rockabilly Riot + Imelda May, Le Grand Rex, 28 juin 2011.



C’était une belle affiche, presque un festival, pour fêter le rockabilly qui était réunie en ce mardi soir dans la salle du Grand Rex.

On commence avec un grondement de contrebasse et Imelda May, toute belle dans sa robe vintage et ses talons aiguilles, fait son entrée en scène. Si l’Irlandaise est inconnue dans nos contrées, c’est une star du rockabilly en Grande Bretagne. Sa maison de disque a, enfin, décidé de la lancer sur le marché européen continental, et son prochain album bénéficiera d’une sortie officielle chez nous à l’automne prochain. Superbement bien accompagnée par son groupe, guitare Gretsh, contrebasse, un batteur ultra véloce et un dernier musicien alternant entre guitare et trompette. Quant à Imelda, elle a une bien jolie voix, grave et légèrement éraillée avec beaucoup de coffre. Bien qu’un peu court, un peu plus d’une demi-heure, le set a permis de se faire une bonne idée de l’univers d’Imelda, du rockabilly bien sur mais aussi un soupçon de country, ce qui la rapproche de Wanda Jackson. La trompette apporte aussi un influence légèrement jazz ou mariachi suivant les morceaux. Evidemment devant le public dévoué à Brian Setzer (où aux Stray Cats), la belle a quasiment joué à domicile et n’a pas tardé à se mettre l’audience en poche. Ce fut même un carton et des débuts extrêmement prometteurs. Rarement une première partie a été autant applaudie, comme si elle était la tête d’affiche en fait. On parie que son prochain passage à la Cigale en octobre prochain sera complet ??

Devant le public chauffé à blanc, Brian Setzer, le guitariste virtuose de feu les Stray Cats, a fait son entrée sur scène pour un show retraçant trente années de carrière dévouée à la cause du rock n’roll et des années 50. Un show en deux temps. La première partie fut consacrée à la carrière solo de Setzer. A ses côtés se trouvent un contrebassiste, aux cheveux assortis à sa chemise rouge, et un batteur assis et rigolo avec son costume nœud papillon qui le fait ressembler à un jazzman. Un quatrième musicien alternant entre piano et deuxième guitare fait régulièrement son apparition sur scène. Tout de vert et de noir vêtu, Setzer a également sa guitare Gretsh demi-caisse au design personnel, les boutons de volume ayant la forme de dès à jouer. Outre les grands classiques, Setzer a également joué quelques compositions de son nouvel effort instrumental.

Au mitan du concert, changement de personnel, un nouveau contrebassiste arrive. Alors que les roadies changent la batterie, le public réserve une ovation à Slim Jim Phantom, ex-batteur des Stay Cats venu prêter main forte à son ancien compagnon de route. Slim Jim est un des rares batteurs à jouer exclusivement debout. Son kit est également très particulier puisqu’il ne comprend qu’une caisse claire, une cymbale et une grosse caisse. Toujours aussi svelte, et slim, Jim prend un malin plaisir à faire le tour de sa batterie, sans rater une seule croche, et saute régulièrement comme un cabri ce qui a le don d’électriser la foule. Le nouveau trio revisite alors le répertoire des Stray Cats et les grands classiques, « Rumble in Brighton », la swinguante « Stray Cat Strut », « She’s sexy and 17 »… Le point culminant du concert a été une version d’anthologie de « Fishnet Stockings » où le groupe a été rejoint par le contrebassiste aux cheveux rouges. Les deux musiciens se sont alors lancés dans un concours de contrebasses vrombissantes avant que Setzer ne mette tout le monde d’accord débarquant avec une contrebasse deux fois plus imposante que les autres (genre c’est moi le patron) et se joignant à la lutte. Lutte qui se terminera avec Setzer se tordant les doigts de douleur avec beaucoup d’autodérision. Enfin le concert s’est terminé en version big band avec l’ensemble des musiciens : deux batteries, deux contrebasses, le piano et la guitare de Brian Setzer dans un final assourdissant rappelant les Dirtbombs.

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