mercredi 4 mai 2011

Interview As The Stars Fall

Impressions d’après concert avec le trio électro…

Comment te sens-tu après une sortie de scène ?

Rémy : Les sentiments sont partagés. D’un côté, je suis content de ce que je viens de vivre, de l’autre je suis encore un peu tendu. Mais bon, les deux concerts se sont bien passés. On est surtout content de l’avoir fait. Pendant longtemps on a repoussé nos débuts sur scène, par ce qu’on a toujours plein de choses à faire et là on a vraiment mis le pied dedans. Maintenant, j’espère que l’on va pouvoir faire de la scène régulièrement et peaufiner notre set à chaque fois.

Comment a débuté le projet As The Stars Fall ?

Rémy : A la base, Steve et moi on est compositeurs dans le hip-hop et on bosse dans la musique depuis pas mal d’années déjà. Au bout d’un moment on a senti une certaine frustration et l’envie de s’ouvrir musicalement. Dans le rap, c’est un peu toujours la même chose… Et on n’écoute pas que du rap, mais plein d’autres styles de musique. On a commencé petit à petit à composer d’autres choses, on a trouvé une identité musicale, notre touche. On a voulu concrétiser le projet en formant un nouveau groupe, autre que Médéline qui est notre nom de producteurs. Et de mener cette carrière en parallèle de celle dans le rap.

J’ai justement été très surpris d’apprendre que vous veniez du hip hop…

Rémy : C’est normal, ce qu’on fait là n’a rien à voir. On ne peut pas le deviner à l’écoute de l’ep.

L’utilisation des samples de dialogues tout au long de l’ep vient-elle de votre passé dans le rap ?

Rémy : Non en fait cela vient plus de notre amour pour le cinéma, véritablement. Et aussi on a fait le choix d’une musique instrumentale. On a fait d’une pierre deux coups, renforcer cet univers cinématographique et en même temps plonger les gens dans un univers à chaque morceau avec les samples de films.

Et il y a aussi le fait que le rap est une musique très vocale où la notion de flow est prépondérante et là vous êtes passés à un projet totalement instrumental…

Rémy : Ah oui ça c’est sur. C’était vraiment une bouffée d’oxygène. C’était un moyen aussi de ne pas devenir fou à tout le temps faire du rap, tout le temps la même musique avec des gens qui ne comprennent pas forcément ce que tu essayes de leur faire découvrir, ou quand tu essayes de les emmener un peu plus loin. C’était vraiment le but de ce projet.

Pendant le concert de ce soir, le mot « survive » est revenu régulièrement tout au long du set comme un leitmotiv. Comment faut-il l’interpréter ?

Rémy : C’est la ligne directrice du nouvel EP, « Redux ». Dans le morceau « Redux », il y a un bout d’interview avec Stephen Hawking, le physicien. La question finale est : est-ce que vous pensez que l’on va survivre et Hawking répond : « peut-être ». Concernant l’avenir de l’homme, la façon dont la planète évolue et tout ce qu’on fait sur Terre… Il suffit de regarder les infos… Nous on ressent ce sentiment perpétuel d’insécurité, de tension, de voir le monde qui se dégrade. Notre musique reflète un peu ce sentiment de mal-être. On voulait garder cette tension tout au long du set, c’est pour ça que le « Survive » revient comme un leitmotiv…

Il y a un côté un peu « trippant » dans la performance de ce soir, trois quarts d’heure de musique ininterrompue avec le flot des images qui défile qui vont du film en noir et blanc aux images flashy des années 80. On est comme plongé dans un univers. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Rémy : Dans le futur ce sera plus du vjing en live et c’est Steve qui s’en occupe. On n’a pas pu le faire pour des questions techniques. Ce qui nous a obligés à créer au préalable toute la partie images. On savait déjà à quoi aller ressembler le set. On voulait vraiment que les gens soient plongés dedans. On ne voulait surtout pas que la tension retombe. On a zappé naturellement certains morceaux plus low tempo, tous les morceaux d’ambiance pour garder ce côté « pression ». On a essayé de mettre un univers visuel pour chaque morceau. Mais dans le futur il y aura du vjing avec plus d’interaction de ce côté-là.

Et intégrer une section rythmique ça vous brancherait ?

Rémy : Grave, grave, grave !!!!

Steve : Là on était dans une petite configuration.

Rémy : Dans le futur on aimerait avoir des musiciens avec nous. De la batterie, une guitare électrique, du clavier. Mélanger de la programmation et du jeu live mais avec plus d’ampleur qu’actuellement, ça serait vraiment l’idéal. On va le bosser, mais ça prend du temps. Il faut trouver les bonnes personnes, qui sont motivées et qui adhèrent à notre musique pour partager ça avec nous.

Mathilde, j’ai remarqué que tu jouais sans médiator, ce qui donnait un son assez cristallin ?

Mathilde : J’ai une formation classique, donc moi c’est les arpèges au doigt ! C’est le conservatoire… Je n’arrive pas à jouer avec un médiator. Sauf pour les accords. Mais là je ne joue que des petites notes, des interventions assez brèves. Et les sons on les a choisis ensemble.

Rémy : Oui on a choisi en fonction de ce qu’il y avait dans les enregistrements en apportant quand même quelque chose d’un peu différent.

Sur l’EP, le morceau « As far as the eye can see » est très apaisé, planant, presque progressif…

Rémy : Il est plus dans la couleur du premier EP. Un peu post-rock plus d’ambiance. C’est un lien entre les deux disques que l’on voulait garder. Il aurait vraiment pu se trouver sur le premier.

Steve : Pour ne pas trop dérouter les gens non plus.

Vous avez beaucoup d’influences électro ?

Rémy : Moi j’en écoute beaucoup. On a plein plein d’influences. Cela va de la musique classique, au post-rock, à la musique de films. Des trucs plus alternatifs, du dub-step… Moi je ne me pose même plus la question en terme de styles musicaux. J’écoute de la musique. Si cela me plaît, je ne fais plus le distinguo…

C’est assez atypique dans le rap…

Steve : Oui assez…

Rémy : Au niveau des rappeurs c’est sur. Ils vont surtout écouter du rap américain. Peut-être un peu des vieux chanteurs français pour les textes, mais c’est rare. Il faut vraiment qu’il y ait une démarche. Notre démarche, c’est surtout celle de compositeurs. Dans le hip hop, on connaît d’autres compositeurs, ils n’écoutent pas que du rap non plus. Mais c’est vrai, nous on pousse la chose un peu plus loin.

L’aspect visuel est très important pour vous, est-ce un moyen de compenser l’absence de musiciens sur scène ?

Steve : C’est lié aussi avec nos expos. Rémy et sa sœur font des photos, d’autres personnes se sont greffées au projet. Depuis le début on mélange les images et la musique.

Cela ressemble à un collectif…

Rémy : On n’est pas quarante mille non plus. Ma grande sœur m’a mis le pied à l’étrier pour la photo. C’est elle qui m’a transmis cette passion et depuis je fais de la photo. Mais c’est sur pour moi l’image et le son vont ensemble. Quand j’écoute certaines musiques, elles me véhiculent des images direct. Ca vient assez naturellement… On se prend vraiment la tête sur les images, c’est super important.

Et d’où viennent elles ces images, comment ça se passe ?

Rémy : Ca dépend. Pour le live il y en a qui ont été filmées par Pauline qui a réalisé deux de nos clips et le montage que l’on a utilisé ce soir. Après il y a des extraits de vieux films…

Vous imaginez comment la suite maintenant ?

Steve : Déjà sortir un prochain EP.

Rémy : Sans doute vers la fin septembre et après si tout se passe bien un album. Avec peut-être des voix dessus. On ne l’a encore jamais fait et on aimerait bien essayer.

Et concernant l’aspect transversal du projet musique/image ?

Rémy : Il y aura une nouvelle expo photos pour accompagner le prochain EP. Ce sera la troisième. Et on voudrait faire un livre de photos. Et aussi des affichages de nos photos dans la rue.

Du street art ?

Rémy : Pas aussi poussé parce que ce n’est pas notre univers. Mais on aimerait, à un moment donné, que nos photos se retrouvent dans la rue.

Et des musiques de films ?

Rémy : Ca c’est vraiment un de nos objectifs.

Steve : On en a déjà pour deux, trois courts métrages.

Rémy : Des essais aussi pour un long mais qui n’ont pas été retenus. On regarde aussi du côté des synchros pub. On y travaille…

Steve : Des librairies musicales aussi. L’image, c’est notre inspiration première…

Propos recueillis le 9 avril 2011.

www.asthestarsfall.com

Pour visionner les photos d’As The Stars Fall cliquez ici

Aucun commentaire: