dimanche 10 avril 2011

Festival Cool Soul, Le Bataclan, 8 avril 2011.



Les guitares vintages Gretsch et Gibson, sont de sorties en ce vendredi soir pour la première édition du festival Cool Soul. Un festival plutôt attachant mettant en valeur la scène garage rock/blues actuelle soit une certaine idée du rock n’roll qui groove. Pour l’occasion, la salle du Bataclan a complètement été repensée, de minuscules scènes additionnelles ont été rajoutées dans les coins à côté de la porte d’entrée et des toilettes, là où sont habituellement situés les stands à tee-shirts. Les grosses têtes d’affiches du festival, The Legendary Tiger Man, The Bellrays et The Jim Jones Revue ont les honneurs de la grande scène, les groupes moins connus : Cool Kleps, Restavrant (pas mal) et Scott H. Biram se produisant sur les petites scènes. C’est un peu dommage pour le blues séminal et à la rythmique près de l’os de Scott H. Biram que l’on a entendu a défaut de le voir vraiment.


Les Cool Kleps débutent la soirée, près de la porte d’entrée, alors que la salle est encore loin d’être remplie. Parmi les moments sympas une reprise de « Gaby », ça fait toujours plaisir de réentendre Bashung, un « I wanna be your dog » qui déclenche un tonnerre d’applaudissements, toute la salle ayant le bon goût d’adorer les Stooges, titre qui sera enchaîné avec « Gloria » des Them. Le tout constituant une petite mise en jambe sympa. Quasiment sans temps mort, alors que la salle commence à se remplir, on s’agite sur la grande scène où le Legendary Tiger Man, aka Paulo Furtado également frontman de Wraygunn, fait son apparition ; un écran installé dans le fond de la scène diffusant des films. Le concept du dernier album du Tiger Man « Femina », composé de duo avec des chanteuses, étant difficilement transposable sur scène, l’homme tigre interprète son premier titre, avec la voix d’Asia Argento en play-back, seul à la Gretsch sur le devant de la scène en battant la mesure du pied. Heureusement Paulo, qui fait l’effort de s’exprimer en français, a des copines pour l’aider. La première d’entre elles Rita Redshoes fait son apparition pour une reprise chaude de « Fever », le duo se faisant face retrouvant la posture des Kills, en nettement mieux toutefois. Après deux titres, Paulo retrouve son estrade où est installée son usine à gaz, composée d’une grosse caisse, d’une caisse claire, d’une charleston et un kazoo. Plus tout un tas de gadgets destinés à faire du bruit. Tiger Man a beau être seul mais il se démène comme quatre. Son blues primitif fait mouche, composé du gros son de la Gretsch et du battement primal de la grosse caisse. Vint ensuite la deuxième invitée de Paulo, Lisa Kekaula (heureusement à l’affiche ce soir là à la tête de son propre groupe les Bellrays). Le duo interprète un superbe « The saddest thing to say » qui figure également sur « Femina ». Comme le dit Paulo en intro de « Radio and TV », c’est la merde un peu partout en ce moment, mais grâce à lui, on l’oublie un peu grâce à ce bon moment passé ensemble. Le programme de la soirée étant chargé, il n’est pas possible de faire des rappels. C’est donc des Bellrays, gonflés à bloc, et boostés par les conditions dans lesquelles se déroule la soirée, qui déboulent sur la grande scène pour la suite des festivités. Les Bellrays, déjà pas spécialement manchots en la matière, donnent un set furieux et speedé, enchaînant les titres pied au plancher, quasiment sans temps morts. Robert s’escrime sur sa Gibson SG, traversant la scène à cloche pieds, comme un duck walk à la Chuck Berry. Le bassiste Justin Andres et le batteur Stefan Litrownik excellant dans un exercice rythmique particulièrement délicat mélangeant force de frappe brute et souplesse swing et qui fait tout le sel de ce groupe. Car les Bellrays ne sont pas qu’un groupe punk qui bourrine à mort. Ils trouvent également une grande part de leur inspiration dans la sweet soul music et le prouvent dans une belle version guitare/voix de « Blue against the sky », Robert allongé par terre et Lisa chantant au-dessus de lui. C’est dans ce contexte un peu dépouillé que la voix de Lisa sonne le mieux et, on ne le dira jamais assez, cette femme est une chanteuse de grande classe, une des meilleures de la scène garage actuelle (avec Nicole des Love me nots). Autres beaux moments la jolie ballade soul « Sun comes down », extraite de l’excellent dernier album « Black Lightning » et cette rythmique endiablée à la guitare wha-wha, digne compromis entre Jimi Hendrix et la BO de Shaft, qui sert d’intro à « anymore ».


Enfin, la soirée arrivant à son terme, c’est le dernier groupe à l’affiche qui investit la grande scène à savoir les anglais de Jim Jones Revue, un des meilleurs groupes anglais actuel. On le savait depuis qu’on écoutait leurs disques les Jim Jones Revue sont fous mais, vu le volume sonore atteint, on peut désormais l’affirmer, les Jim Jones Revue sont également dangereux ! Officiellement le groupe se veut un compromis entre l’énergie brute du rock n’roll et, grâce à l’apport du piano, l’élégance du jazz. Dans les faits, il faut tendre un peu l’oreille pour retrouver une trace de swing dans ce déluge de décibels. Il n’empêche, le groupe séduit par sa présence phénoménale et le piano apporte une note originale. Comme une rencontre entre Jerry Lee Lewis et les Sex Pistols. Quoi qu’il en soit une version radicale et extrême de sauvagerie du rock n’roll. Servi à point par la voix rocailleuse de Jim Jones, l’hurleur en chef de la bande. Seul groupe à avoir l’honneur d’un rappel, la Revue en profite pour faire venir sur scène tous les groupes de la soirée le temps d’une reprise de « Good golly miss Molly ». Lisa est au chant, Robert s’escrime sur la guitare de Jim Jones, Paulo Furtado s’amuse avec un tambourin, c’est dans une ambiance festive que se termine la première édition de ce sympathique festival à qui l’on souhaite une longue vie…

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