mercredi 23 février 2011

Interview Marie Fleur (version française)


Mystérieuse, mystérieuse Marie Fleur. Enigmatique chanteuse qui se contente de phrases lapidaires quand on attend une réponse développée et inversement. Est-il possible que l’on en sache encore moins sur une personne après une interview ? La preuve dans les lignes qui suivent…

1) Après avoir chanté avec les groupes Jazzabilly Blues, The Model Millionnaires et Mitcho Pelo, comment te sens-tu toute seule aux commandes ?

Marie Fleur : J’ai toujours tout contrôlé.

2) Est-ce que tu es restée en contact avec tes anciens musiciens maintenant que tu as déménagé à l’autre bout du pays, de Los Angeles à Detroit ?

MF : Oh oui. Ils sont tous merveilleusement talentueux. Je les aime.

3) Le nouvel album « Bébé Licorne » représente un grand pas en avant et un mélange de nouveaux sons. Est-ce que tu peux nous en parler ?

MF : Je pense que l’on a pris quelques risques mais dans le fond c’est un album de jazz.

4) La chanson « Bébé Licorne » est-elle un avant-goût de ce que tu pourrais faire plus tard ?

MF : Ah non, c’est juste un sketch comique. Mais il y aura certainement plus d’électronique. J’adore un type appelé Alfred Darlington (aka Daedelus) et, bien sur, j’ai toujours été obsédée par la musique et la carrière de Raymond Scott (compositeur américain né en 1908 et décédé en 1994, il est également l’inventeur de l’électronium et du clavivox, ndlr). Et aussi, qui n’a pas envie d’être Clara Rockmore ? (Musicienne américaine née en 1911 et décédée en 1998, elle fut une virtuose du thérémin, ndlr)

5) A ce propos, était-tu droguée quand tu as enregistré cette chanson (et si oui dis-nous laquelle, elle semble efficace) ?

MF : Non, aucune drogue. C’est le résultat de douze heures de chant à l’intérieur d’une pyramide. J’aime bien faire sur chaque album une chanson qui illustre ton état d’esprit après avoir été cloîtré pendant des heures dans une petite pièce à travailler comme un damné jusqu’à ta mort. Tu peux être très sain d’esprit, tout le monde craque à un moment donné. Tu rigoles alors comme un malade en te roulant par terre. Après tout le monde se relève et se remet à travailler normalement comme si rien d’anormal n’était arrivé. Je pense qui cela ne t’est jamais arrivé soit tu ne travailles pas assez soit tu es un robot.

6) Comment as-tu connu le répertoire jazz des années 30 ?

MF : Je ferme les yeux et je voyage dans le temps.

7) Est-ce que tu penses que ta musique est nostalgique ?

MF : Oui bien sur mais on est aussi inquiet pour l’avenir.

8) Les pochettes de tes albums sont toujours superbes. Est-ce que tu prends particulièrement soin de l’aspect visuel ? Est-ce important pour toi ? Est-ce comme créer un petit univers ?

MF : J’entends beaucoup mieux que je ne vois mais oui les visuels sont importants. L’image dont transférer l’esprit de la musique. Cela doit transporter l’auditeur. Est-ce un petit univers ? Je n’en sais rien. Ton tiroir du haut est-il un petit univers ?

9) Ta ville natale de Detroit est très importante dans l’histoire de la musique américaine. As-tu été influencée par des artistes de Detroit ? Penses-tu que l’influence de Detroit soit encore aussi éclatante aujourd’hui ?

MF : Mon père est de Detroit, pas moi. Je suis un péquenaud qui grimpe aux arbres fruitiers au milieu de nulle part. La seule ville que je connais vraiment, c’est Los Angeles. Mais Detroit m’a forcément influencée. J’ai grandi avec la télévision locale de Detroit, Bill Bonds et en écoutant les vieux disques Motown de mon père. J’ai aussi beaucoup écouté de groupes comme le MC5 et les Amboy Dukes (le premier groupe de Ted Nugent, ndlr). Oui je pense que l’influence de Detroit aujourd’hui est toujours aussi pertinente. On a Jack White qui fait des trucs géniaux avec Wanda Jackson et d’autres… Eminem évoque une certaine identité de la ville. Je ne connais rien à la musique de Kid Rock mais ma mère a enseigné avec ses tantes et tout le monde le décrit comme « un bon garçon ». Nous sommes en 2011 et je pense que l’on est au bord d’un énorme « Detroit revival ». La ville va de nouveau faire boom parce qu’il n’y a rien de plus cool que de toucher le fond.

10) Quels sont tes chanteurs préférés ?

MF : Ma mère, Eartha Kitt, Sister Rosetta Tharpe, Edith Piaf, Lena Horne, Josephine Baker, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Margaret Whiting, Nan Wynn, Patsy Cline, Jane Green, Frank Sinatra, Mildred Bailey, Marilyn Monroe, Bing Crosby, Ruth Brown, Wanda Jackson, Al Bowlly, Annette Hanshaw, Sarah Vaughan, Dolly Parton, Maria Callas, Charles Trenet... Il y en a trop pour tous les citer…

11) Comment as-tu choisi ton nom Marie Fleur ?

MF : C’est mon vrai nom.

12) Est-ce que tu aimes être sur scène ? Est-ce que cela te manque maintenant que tu n’as plus de groupe ? Quand était ton dernier concert ?

MF : J’adore être sur scène et bien sur cela me manque. Mon dernier concert c’était au Steve Allen Theater à Hollywood un peu avant juin 2010. Je retournerais sur scène mais d’abord je dois y travailler. J’ai beau adorer la scène, je suis du genre solitaire un peu recluse.

13) Comment tu choisis tes reprises ?

MF : C’est les chansons que me choisisse. Elles me hantent.

14) Tu écris souvent de nouvelles paroles, pourquoi ?

MF : Ca se faisait beaucoup par le passé. C’est une tradition que je perpétue. D’ailleurs je ne change pas les paroles, j’ajoute un nouveau chapitre à l’histoire.

15) Est-ce que tu aimerais écrire des chansons ? Est-ce que tu joues d’un instrument ?

MF : J’adore écrire mais je suis obsédée par les chansons des autres. Je suis très timide à propos de mes propres compositions. Il y en a quelques unes sur mon premier disque. Elles sont tellement personnelles. J’écris des tonnes de poésies et de lettres. Quand j’étais petite, je jouais de la flûte et maintenant je joue du Qchord, une auto-harpe digitale. J’aurais aimé jouer de la guitare mais mes mains sont trop petites. Et je ne suis pas assez cool pour jouer du ukulélé comme Ian Whitcombe ou Janet Klein.

16) Est-ce que la célébrité te fait peur ?

MF (rires) : Je ne suis pas célèbre et je ne veux pas le devenir. Si un jour je suis connue, je changerai certainement de visage, je prendrai une nouvelle identité et je disparaîtrai pour toujours…

http://www.mariefleur.com/

Propos recueillis par email le 18 février 2011.

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