mercredi 31 mars 2010

Elliott Murphy & The Normandy All-Stars feat. Olivier Durand, Le New Morning, 27 mars 2010.


Comme de coutume, pour fêter dignement son anniversaire, Mister Elliott Murphy nous donne rendez-vous au New Morning qui est un peu devenu, au fil des ans, une espèce de deuxième résidence pour lui. Petit résumé à destination des non-initiés : natif de Long Island, une banlieue de New York, Elliott Murphy a commencé sa carrière au début des années 70. Depuis 1989, il s’est installé à Paris et a beaucoup plus de succès sur sa terre d’adoption européenne que dans son Amérique natale. A titre personnel, j’entretiens un lien particulier avec sa musique, étant issu d’une famille également écartelée entre la France et la banlieue New-Yorkaise. Certaines de ses chansons (« On Elvis Presley’s birthday ») ne manquent pas de me rappeler, et ce pour une raison que j’ignore, les voyages en train entre North White Plains et Grand Central Station lors de mes vacances estivales outre-Atlantique…

Bref, je m’égare, parlons donc un peu de musique et de ce concert en particulier. Féru de Dylan, Elliott Murphy, pratique un folk élégant et lettré. Accompagné de son fidèle guitariste Olivier Durand, ils n’ont de cesse de marteler leurs guitares acoustiques. Je ne m’en étais jamais vraiment rendu compte auparavant, mais Elliott a une main droite qui swingue drôlement bien. Ca envoie. Le reste de son groupe, les Normandy All-Stars, comprend Laurent Prado à la basse et Alain Fatras à la batterie. Ces deux derniers apportent une touche rock au groupe. Leur assise rythmique est parfaite. En règle générale, les concerts sont assez rythmés. L’entrée en matière est assez douce en duo de guitares folk. La section rythmique arrive ensuite et là, ça déménage sec. Durant « Sonny » les mains s’envolent en l’air au moment du refrain « Flying like a bird ». Une des caractéristiques des concerts d’Elliott, c’est la bonne ambiance bon enfant qui y règne. Elliott n’est pas avare avec son public, il est monnaie courante d’avoir des performances qui durent entre 2h30 et 3h00. Bien souvent, les rappels s’éternisent, pour notre plus grand plaisir. Le public le rappelle sur scène, trois, quatre, cinq fois à la fin on ne compte plus. Et à chaque fois Elliott pose sa guitare puis revient faire une chanson ou deux. Tous les ans, son fils Gaspard vient taper le bœuf avec son père. Tous les ans, il grandit et a une nouvelle guitare dont il joue de mieux en mieux… Parmi les autres invités, Alain Janvier (ex Pow-wow) et le jeune guitariste Shanka (No one is innocent). Parmi les nouveautés cette année, notons la reprise « The Letter » en forme d’hommage au grand Alex Chilton (Elliott le doigt tendu vers le ciel) et le « Born to run », chanté par son fils Gaspard, de son pote Springsteen. Autre grand moment « Blind Willie McTell » jouée sans ampli ni micro et donc dans une version assez intime. Plusieurs fois le groupe ralenti le rythme et baisse le volume jusqu’au silence presque total avant de repartir de plus belle dans un fracas de guitares. C’est beau. Il n’y a que le live pour faire vivre de tels instants… Plus habituelle la reprise des Doors « L.A woman » souligne le lien avec Jim Morrisson, autre grand exilé parisien. Notons enfin la nouvelle version de « Green River » ralentie à l’extrême. Arrivé au terme du concert, Elliott s’approche du micro : « next year, same place, same time ». Le rendez-vous est donc pris…
http://www.elliottmurphy.com/
www.myspace.com/elliottmurphy

dimanche 28 mars 2010

Robert Paulmann


I guess some post are just harder to write, and there is some words you wish you would never have to say. My friend Robert Paulmann, who used to sing with the band The Gyst, passed away yesterday, on march 27, after struggling more than a year against an horrible disease. I’ve met him when i was in vacations in New York at my cousins’s place during a barbecue. That was a nice party, a great time. We started talking and we soon befriended over the music. He told me about his band and i’ve shown him this blog, on my cousin’s laptop. He couldn’t read french, so i’ve shown him some pictures from previous gigs that i’ve played. « Nice guitar ! » he told me. « And you play drums too ! I love playing drums man !! ». Boy, he really loved music. I just had to be friend with him. At that point, he already was sick and had to stop singing with the band. He told me that being up on stage and riding his motorbike was the two things he missed the most. I just wish that i had met him sooner when he was at his peak, fronting the Gyst. The party came to an end and he left the house. We promised each other to see one another next summer, have a party and drink a shot : « I’ll be cured by then, you’re more than welcome to a gig ! ». I guess this isn’t going to happen. That hurts. He was a young great person, his smile was contagious, and a good friend. Life is so unfair sometimes and i’m sorry that he never get the miracle that he deserved. I don’t know when i’ll be back in New York, but i just can’t believe that he won’t be here to welcome me… Rest In Peace Rob, you are truly missed...
www.myspace.com/thegyst

mercredi 24 mars 2010

Crazy Heart de Scott Cooper


Un pickup truck fatigué file le long d’une interminable route, sous un soleil de plomb, au milieu d’un paysage désertique et dans un ciel d’un bleu céruléen. A son volant, un homme à la dérive. La cinquantaine bien tassée, Bad Blake (interprété par Jeff Bridges) est une légende de la country music tombée en désuétude. Il fête son demi-siècle jouant dans des rades plus minables les uns que les autres, des salles de bowling au public clairsemé, accompagné d’un groupe de passage. Il finit souvent ses nuits dans les draps d’une beauté défraîchie et tâte de la bouteille plus souvent qu’à son tour…

Malgré toutes les qualités de cet excellent film, il y a fort à craindre qu’il ne passe complètement inaperçu compte tenu de l’imperméabilité du public français, voire européen, aux choses de la country music. Et c’est bien dommage car il n’est nul besoin d’être un expert en la matière pour apprécier ce long métrage. Le scénario est entendu, mais l’essentiel est ailleurs. Le film transporte littéralement dans le sud des Etats-Unis, au milieu des paysages grandioses, de bar en club. Ne ratez pas non plus la BO si vous êtes amateur du genre, mais aussi de blues. Crazy Heart, un film qui met merveilleusement en scène la route, cette vieille compagne du musicien…






Bus Palladium de Christopher Thompson


Ce premier long du scénariste Christopher Thompson nous conte l’histoire de quatre jeunes parisiens qui entre les années 70 et 80 décident de monter « Lust » leur groupe de rock. On suit alors les quatre musiciens pendant leur ascension et sur les routes de leur « summer tour ». Puis viennent les premiers succès et leur cortège de jalousies, femme fatale, flirts et pharmacopées dangereuses. Une trame plutôt classique en somme qui n’est pas sans rappeler « Almost famous » de Cameron Crowe. Mais ne boudons pas notre plaisir, tant il est rare de voir le cinéma français s’aventurer dans le rock. L’ambiance nostalgique est des plus réussie, les personnages sont attachants, c’est aussi une histoire d’amitié, avec en prime une apparition de Philippe Manoeuvre. La musique n’est pas en reste non plus, Yarol Poupaud (ex-FFF) et Benjamin Biolay (qui signe deux titres) sont aux commandes. La Bo se divise en deux disques, le premier est l’album de Lust, le groupe fictif du film où on découvre le joli brin de voix de l’acteur Arthur Dupont. Le deuxième volume, la bande originale proprement dite, regroupe les musiques du film incluant Bowie, Candi Staton, Ten Years After, The Band... Un bon petit film, bien joué et réalisé, qui ira jusqu’à vous tirer une petite larme à la fin…






lundi 22 mars 2010

Europavox 2010


Alex Chilton (1950-2010)





On découvre l’histoire du rock comme on remonte le temps. Un jour, encore adolescent, après avoir lu dans la presse un cri d’amour lancé par les Pixies, j’ai découvert Big Star et leur chanteur guitariste Alex Chilton. Ceux qui n’ont jamais écouté Big Star ont bien de la chance, car ils sont sur le point de faire une sacrée découverte. Je me souviens encore de l’excitation qui était la mienne quand j’ai écouté la première fois « Don’t lie to me », « My Baby’s beside me », « You get what you deserve », « O my soul » et « Way out west ». Pop rock, lumineuse, entraînante, mélodique avec toujours cette angoisse sous-jacente qui trouvera son apogée dans l’excellent, mais tragique, troisième et dernier album d’un groupe qui n’en était plus un : Big Star.

Avant Big Star, Alex Chilton, né à Memphis, a été le leader des Box Tops avec lesquels il a décroché son seul hit auprès du grand public : « The Letter » où, à peine sorti de l’adolescence, il chante pourtant avec l’aplomb d’un vieux de la vieille. Les Box Tops séparé, Alex Chilton tente sa chance, sans grand succès, comme chanteur folk à New York. Certains titres se retrouveront dans les deux premiers albums (sortis en 1974 et 1975) de Big Star : « Thirteen », « Watch the sunrise », « st 100/6 ». Confronté à l’incompétence de leur label, Ardent, plutôt réputé pour la soul mais incapable de s’occuper d’un groupe de rock, Big Star se séparera dans l’amertume d’un échec commercial. Et pourtant quelle merveille que ce groupe qui deviendra une véritable référence dans ce petit monde garage rock US, cité en exemple par tout un tas de groupes qui auront plus de succès qu’eux… Après Big Star, Chilton s’est plus ou moins retiré de la scène, s’est consacré à la production, avec les Cramps notamment.

Et puis voilà, c’est 2010 et l’hécatombe continue. La semaine dernière on a appris le décès d’Alex Chilton. Des années que sa musique m’accompagne. On arrive à un age ou finalement c’est un peu de sa jeunesse que l’on enterre à chaque fois. Au moins il a retrouvé Chris Bell, son comparse de Big Star décédé en 1978 dans un accident de la route. RIP Alex.


















Metalorgie Fest 2010

dimanche 21 mars 2010

Conrad Klapheck : « Swing, Brother, Swing »


Né en 1935 à Düsseldorf, le peintre Conrad Klapheck n’a longtemps peint que des machines. Lorsque, à la fin des années 1990, il décide de retourner à la figure humaine, Klapheck se tourne naturellement vers le jazz, sa passion d’adolescent et source de joie dans l’Allemagne de l’immédiate après-guerre. Il en résulte cette exposition « Swing, Brother, Swing » rassemblant toiles et dessins préparatoires. Naïves, proche de l’œuvre d’un Seurat dernière époque, plusieurs figures connues se détachent, le saxophoniste Archie Shepp, le batteur Jo Jones (auteur d’une révolution stylistique à cymbale charleston), Dizzy Gillespie…
L’exposition est visible, pour une semaine encore jusqu’au 27 mars, à la Galerie Lelong.

Je profite de la présente pour remercier le personnel de la galerie pour son accueil et son hospitalité, deux qualités qui ne vont pas forcément de soi dans ce monde assez fermé des galeries parisiennes.

www.galerie-lelong.com
info@galerie-lelong.com

Galerie Lelong
13 rue de Téhéran 75008 Paris
Du mardi au vendredi de 10h30 à 18h00
Le samedi de 14h00 à 18h30
Fermeture le lundi.

vendredi 19 mars 2010

A l’ouest + Johnny Winter, Bobino, 15 mars 2010


« Est-ce que vous aimez le blues Bobino ? » clame le présentateur de la soirée. Oui bien sur, mais l’endroit ne s’y prête guère. Décor, moderne, hyper-classe, boule à facette et service de sécurité très zélé, surtout lorsqu’il s’agît de protéger les avantages des VIP en goguette, tout cela tient plus de la boîte de nuit tendance que du juke joint de nos rêves. Dans ce contexte, le décalage entre la scène et la salle est flagrant. Sur scène la présence du trio A l’ouest, qui assure la première partie, parait presque surréaliste. C’est délicieusement ironique de les voir ici, avec leur look cheveux long et chemises de bûcheron, entre John Fogerty et Neil Young, il y a fort à parier qu’ils se feront refouler si l’endroit redevient une boîte de nuit. Pourtant leur set est excellent. Très bons musiciens, gros son, ça envoie. Leur blues rock, chanté dans la langue de Molière s’il vous plaît, gras à souhait, nous renvoie à la fin des années 60, au british boom, tout ce qu’il y a de plus classique. On ne s’en lasse pas, il n’y a pas à dire mais c’est bien dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. C’est probablement le rêve de leur vie d’ouvrir pour la légende qui va suivre…

Car vint ensuite sur scène le rescapé de Woodstock, le guitariste Texan Johnny Winter. Coiffé d’un énorme chapeau, pour masquer son visage creusé, maigre, traînant la jambe et le dos courbé, Winter assurera la totalité de son set assis. L’inquiétude autour du personnage grandit à chacune de ses sorties et, cela fait mal de l’avouer, mais il n’est plus que l’ombre du musicien et chanteur flamboyant décrit par mon prof de guitare. Je me garderais bien cependant de parler de déception, car Winter détient toujours le secret du son, d’autant qu’il est ce soir épaulé par un groupe (guitare, basse, batterie) ultra efficace. Cependant les loupés existent, notamment sur l’intro de « Red House » repris de Jimi Hendrix. La voix traîne un peu aussi. Mais il a de beaux restes quand même. Le concert est passé à la vitesse de l’éclair. Car malgré l’ovation et le tonnerre d’applaudissements, mérités, Winter ne s’attardera pas sur scène au-delà de l’unique rappel. Trop faible pour continuer, il a du se faire aider de ses musiciens pour l’aider, le porter presque, à assurer sa sortie. Le crépuscule d’une idole, c’est quand même triste à voir…
http://www.johnnywinter.net/
www.myspace.com/alouestleband



Watch Johnny Winter - Jumpin' Jack Flash 1974.avi in Musique View More Free Videos Online at Veoh.com

dimanche 14 mars 2010

Blakroc



Les Black Keys ont soif de changement. Leur dernier album en date « Attack and Release » les avait vu entamer une étonnante collaboration avec le producteur Danger Mouse pour un résultat assez intriguant. Leur nouveau projet Blakroc les voit se frotter au rap avec l’aide de nombreux vocalistes : Mos Def, Ludacris, RZA et même Ol’ Dirty Bastard, décédé depuis. Ce nouveau groupe révèle une haute ambition : fusionner rap et blues. Pour excitante qu’elle soit, du moins sur le papier, l’idée a tout du pétard mouillé. La raison en est simple, on entend beaucoup plus de rap que de blues. Avec un résultat, somme toute assez standard, a peine relevé par la présence d’instruments live. La seule bonne note vient de la chanteuse Nicole Wray son timbre chaud et soul relève le niveau. Les trois titres en sa présence « Why can’t i forget him », « Hope you’re happy » et « What you do to me » sont les meilleurs et apporte un peu de fraîcheur. Mos Def s’en tire aussi pas trop mal sur « On the vista ». Dans les faits, il faut attendre la huitième plage l’excellente « Hope you’re happy » pour avoir enfin l’impression d’entendre les Black Keys. C’est maigre. Pour la fusion rap et blues on conseillera plutôt de réécouter l’excellent et très dense dernier opus de Pura Fe : « Full Moon Rising ».

samedi 13 mars 2010

Brian Jonestown Massacre : Who killed Sergent Pepper ?




Il faut bien l’admettre, c’est toujours accompagné d’une certaine inquiétude que l’on découvre un nouvel album du Brian Jonestown Massacre. C’est de notoriété publique, ce groupe est capable de tout. Des albums brillants, des concerts inoubliables mais aussi de morceaux complètements incompréhensibles « Black Hole Symphony », « Sound of Confusion », méprisants les fondements même de la musique, le rythme et la mélodie, ou bien encore de chansons en Islandais puisque telle semble être la nouvelle marotte d’Anton Newcombe, le fantasque leader du groupe, au passage l’un des personnages les plus intrigants du rock US. Ce groupe sent le souffre, et ce n’est pas le graphisme assez dérangeant de cette nouvelle pochette qui va améliorer les choses. Si Newcombe est moins focalisé sur les années 60 que par le passé et semble être rangé des sitars, le Brian Jonestown Massacre a conservé ses vues psychédéliques, parmi les plus brillantes de l’époque. Ce nouvel album, le dixième, c’est soixante et onze minutes de rock planant (au-dessus de la mêlée), de plages synthétiques, de guitares répétitives et de batteries obsédantes. Et un plagiat éhonté de la Joy Division : « This is the one thing we did not want to have happen ». Les amateurs de bizarreries seront servis avec «white music » et « fett tipped pictures of ufos » un collage sonore de la voix de John Lennon sur fond de boucles répétititves. L’étrangeté est de retour…
http://www.brianjonestownmassacre.com/
www.myspace.com/brianjonestownmassacre

vendredi 12 mars 2010

Jeu-Concours Les Femmes s’en mêlent



Cette année 2010 marque le 13ème anniversaire du festival musical Les Femmes s’en mêlent. Au départ, en 1997, réduit à un simple concert parisien, le festival a depuis pris de l’importance au fil des années et se déroulera du 23 mars au 2 avril 2010 dans toute la France. Pour cette nouvelle édition l’accent a été mis sur la scène musicale féminine indépendante.

Histoire de vous mettre en appétit à quelques jours du début des hostilités, des compilations, hors-commerce donc collector, de cette 13ème édition sont à gagner sur ce blog. Pour participer rien de plus simple, envoyez un mail à l’adresse suivante myheadisajukebox@gmail.com avec en objet concours les femmes s’en mêlent et les plus rapides empocheront un cd. N’oubliez pas de préciser vos coordonnées postales (pour l’envoi par la poste du disque). Attention, les cds sont disponibles en quantité limitée.
http://www.lfsm.net/

Un grand merci à Imperial et à l’équipe d’Ephélide qui offrent les disques.


The Black Box Revelation : Silver Threats


Originaires de Dilbeek, Belgique, The Black Box est un énième, serait-on tenté de dire, duo guitare / batterie. On aurait d’ailleurs vite fait de les cataloguer comme des sous Black Keys, ce qui, à défaut d’être erroné, est pour le moins réducteur. Evidemment, l’écoute de leur excellent second album Silver Threat, rappelle le duo d’Akron susmentionné : son crasseux, influence blues, énergie punk… Mais le bien nommé Jan Paternoster (guitare/voix) et son acolyte batteur Dries Van Dijck démontrent tout au long de ces 11 titres des qualités qui leur sont propres. Le songwriting tout d’abord, simple et efficace : le répétitif et obsédant « High on a wire », l’acoustique « Our town has changed for years now », « Love Licks » ; la longue et lente dérive psychédélique tout en delay d’« Here comes the kick ». La voix de Jan Paternoster ensuite, parfois éraillée, parfois grave, mais couvrant toujours une large palette, dégage une vraie personnalité, un véritable timbre de bluesman. Et pour finir l’enthousiasme des deux musiciens, la ferveur de jouer, l’envie d’en découdre palpable tout au long de ces quarante-quatre minutes. Alors même si la formule duo commence à être éculée, The Black Box Revelation mérite que l’on s’y attarde, sans être révolutionnaire l’album a son lot de bons moments, c’est déjà énorme, et l’on ne s’ennuie pas à son écoute, c’est un compliment. On en redemande ! C’est même en vérité une belle découverte que cette boîte noire. Vive la Belgique !
http://www.blackboxrevelation.com/
www.myspace.com/theblackboxrevelation






lundi 8 mars 2010

Boogers : As clean as possible


Drôle de personnage que ce Boogers. Armé de sa guitare, de son synthé et de sa platine, Boogers fait tout tout seul. Un groupe composé de lui-même. Bricoleur zinzin, Boogers nous propose un disque à l’avenant où se bouscule puissance rock, « Put your head », « Talk to Charlie », rythmes hip hop et funky, l’irrésistible « I trust you », et tubes pop en puissance tels que « Someday » et « I lost my lungs ». Et le tout se mélange dans un joyeux bordel et parfois au sein du même titre. Si il ne rentre dans aucune case, Boogers en remplit assurément plusieurs à lui tout seul. Ainsi va l’opus d’une surprise à l’autre. Avec, en sus, de véritables qualités de songwriting, l’album regorge d’accroches irrésistibles, facilement mémorisables (« Perfect Week » ; «I wanna do it now ») que l’on se prend à siffloter. Mais Boogers est suffisamment retors pour s’amuser à noyer le tout dans un déluge électrique. L’Hexagone aurait-il trouvé un digne émule de Money Mark ?
www.myspace.com/musicboogers

dimanche 7 mars 2010

Rencontre avec Odessa Thornhill


Ambiance d’avant concert au China où nous retrouvons Odessa Thronhill (voir mes messages des 14 et 27 février). Le groupe est en pleine balance. Tout autour les employés du club s’activent en vue du concert du soir. On prépare les tables d’un côté, on colmate les fauteuils au sparadrap de l’autre. La voix d’Odessa résonne dans la salle quasiment vide puis cette dernière s’absente pour répondre à la première interview du jour. Le groupe continue ses réglages seuls et les quatre musiciens (guitare, basse, batterie et clavier) déploient un groove efficace. On a le sentiment de partager un moment rare et privilégié. Un concert intime, quasiment privé, les yeux dans les yeux. Je pense à tous les fans de musique qui aimeraient être à ma place. Faire des interviews, c’est un peu comme passer des oraux à la fac. Il faut attendre son tour. Aussi, c’est presque avec regret que l’on quitte ce douillet cocon lorsque l’attaché de presse vient nous chercher pour nous indiquer que c’est à nous d’entrer en piste…

On retrouve Odessa Thronhill attablée dans une des multiples salles du China, un couloir blanc plutôt. Lumière orangée tamisée, bougies, stores vénitiens et palmiers d’intérieur constituent le décor…

C’est la première fois que tu viens en France ?
Odessa Thornhill : Je suis déjà venue au mois d’août. C’était bien. C’était chaud (rires).

Cela fait un mois que tu es arrivée. Comment ça se passe ? As-tu rencontré des musiciens ?
O.T : Oui, ça va. C’est bien, c’est sympa ici. C’est différent de chez nous (Montréal, nda) mais c’est bien. Mais je n’ai pas trop rencontré de gens. Je ne suis pas sortie comme je le voulais. Mais j’ai vu quelques personnes que j’aimerais contacter la prochaine fois.

Donc cela veut dire que tu vas revenir ?
O.T : Oui, bien sur, pourquoi pas ?

C’est une bonne nouvelle ! (rires).

J’ai lu dans ta biographie que tu étais au cirque du soleil. Comment es-tu passée du cirque à la musique ?
O.T : J’ai commencé les cours de chant au cirque du soleil. Avant, je ne prenais pas ma voix ni le métier au sérieux. Mais je chantais déjà, j’ai fait des chœurs, j’ai chanté dans des chorales. Je chantais tous les soirs. Après le cirque, j’ai un peu arrêté et je suis devenue folle. Je devais chanter ! Mais je ne pouvais pas, il n’y avait pas de lieu pour moi. J’ai compris que j’étais une chanteuse et que je devais continuer sur ce chemin. Avant je n’étais pas sérieuse. J’ai fait plein de choses, je suis aussi coiffeuse. J’ai toujours travaillé, mais j’avais besoin de chanter. C’est comme une drogue, j’ai besoin, il y a mes veines qui poussent, c’est comme ça… (fou rire général autour de la table)

Tu as commencé à chanter à quel age ?
O.T : Toute petite. Mon premier spectacle, j’avais six ans. C’était à l’école. On faisait deux concerts par an. J’ai commencé comme ça.

La scène soul Montréalaise est complètement inconnue en France. Est-ce que tu pourrais nous en parler ?
O.T : Montréal, c’est comme un secret que le monde doit découvrir… On est plein : Freddie V, Community Vibes Collective… Un groupe d’improvisation soul, reggae, hip hop. Nomalik Massive un collectif hip-hop qui chante en espagnol, créole, anglais, français. Le mouvement soul à la fois musicale et culturel est vivant à Montréal.

Tu rentres au Canada bientôt, vas-tu préparer ton premier album ? Est-ce que tu peux nous en parler ?
O.T : Il y a quelques chansons sur le maxi qui donnent une première idée. En gros, c’est ça. On doit encore choisir les musiciens qui vont travailler sur l’album. J’écris toutes mes chansons, mes paroles, mes mélodies. Je suis toujours en train de chercher les ondes. Je les attrape dans l’air ! C’est comme ça que cela vient. On essaye de trouver une direction, un son, la texture de l’album…

Tu joues d’un instrument ?
O.T : Oui, j’ai commencé le piano petite. Et le violon aussi. Un peu de guitare également. Mais je suis restée sur cinq cordes ! Mais ça va, je fais bien les changements ! J’aimerai reprendre. C’est bien d’avoir la connaissance d’un instrument. Je peux mieux communiquer avec les musiciens. On se comprend mieux…

Tu as une très jolie voix, est-ce que tu la travailles ? Tu fais des exercices ?
O.T : Pas comme je devrais (rire gêné)… J’ai pris mes premiers cours de chant après avoir signé avec le cirque du soleil. De l’intensif… Je continue toujours avec la prof, mais je la voie deux, trois fois par an. Il faut travailler les voix, tout le monde !!! (rires).

Tu vas chanter un peu plus tard dans la soirée. Comment est-ce que tu te sens avant un concert ?
O.T : Nerveuse !!! Toujours !!! Vraiment nerveuse !!!! C’est toujours comme ça, même si cela se calme avec l’expérience. Il y a de l’excitation, de l’adrénaline… Une boule dans le ventre… Ca passe dans tout mon corps, je tremble (elle frissonne) pfff !!! Alors je me lève, il faut que je marche un peu, j’essaye de rester tranquille, je respire. Mais il y a des moments où je ne peux être avec personne ! Je suis stressée !

Tu préfères la Stax où la Motown ?
O.T : J’aime les deux. Mais j’ai grandi avec la Motown (ses yeux brillent). J’aime la musique Stax, mais je l’ai découvert ces dernières années. Ca bouge !!!

Avec le rythme des concerts, des enregistrements, des voyages, est-ce que tu as encore le temps de t’intéresser à l’actualité musicale ? Est-ce que tu achètes encore des cds ?
O.T : Je cherche beaucoup sur internet. You tube !!! Je découvre toujours les nouveaux talents grâce à internet. Je cherche toujours les liens. J’écoute beaucoup d’anciennes choses, les années 60, 70 et même 80 et 90. Pour moi, c’est éternel. On chante toujours « Celebration » (elle chantonne). Quand tu mets cette musique, tout le monde bouge, les parents, les bébés ! Ca ne mourra jamais !!!

Tu es aussi très active sur le plan social, tu fais beaucoup de volontariat. Est-ce que tu peux nous en parler ?
O.T : Je fais partie d’un groupe qui a reçu une subvention pour notre quartier à Montréal. On fait des ateliers de « danse, rythme et mouvement ». On travaille avec les parents « à risque » et leurs enfants de moins de cinq ans. On fait des cours de stretching, de respiration, de la danse, des activités créatives. On offre les cours aux gens qui n’ont pas les moyens de se payer des leçons. Je donne aussi des cours de poésie au « Black Theater Workshop » de Montréal. Des interventions dans les écoles également. On essaye de donner de la confiance, de l’estime, de la motivation. Des fois on n’a pas la chance de pouvoir s’exprimer. Et avec tout ce qui se passe dans nos vies, on doit continuer. Tu sais, l’art c’est une thérapie. Ca soulage. C’est important pour moi de partager tout ce que j’apprends.

Est-ce que tu sens proche d’artistes comme les Staples Singers, très impliqués dans la lutte pour les droits civiques dans les années 60 ?
O.T : (réfléchie) Je n’aime pas citer des noms, nommer des personnes par ce que je ne veux pas être cataloguée. Mais il y a tellement de conviction, de sentiments et d’ondes dans cette lutte pour les droits civiques. Donc oui. Le mouvement, la musique, les personnes, beaucoup de choses m’ont touché dans cette lutte.

Est-ce que tu as un message à faire passer pour finir ? Quelque chose à dire qui te tiens à cœur ?
O.T : (silence traduisant une intense réflexion) Je veux qu’on ECOUTE ma musique. Que l’on rentre dedans. Pas juste parce que je sais chanter, tu vois. Je ne veux pas que l’on entende ma voix et que l’on se dise que je chante mieux qu’untel. Mais vraiment, je voudrais que l’on écoute mes paroles, même si je chante en anglais, par ce qu’elles viennent de moi mais aussi des gens qui m’entourent. Du monde. Et puis les mélodies. C’est un peu comme si tu te cognais contre une racine en marchant mais sans savoir que c’était une racine. Tu creuses la terre et tu découvres un message. Cela va loin, c’est profond. Pour moi, c’est ça la musique. Je commence une chanson avec juste une phrase. Et puis j’écris. Et j’espère que ceux qui m’écoutent ont les mêmes sentiments. (elle insiste) ECOUTE LA MUSIQUE, RENTRE. Et suis-moi à chaque note.

De la vraie soul music en fait. De l’âme…
O.T : Oui pour moi ce n’est pas juste un genre de musique. De l’âme, du coeur… (pensive).
http://www.odessathornhill.com/

Propos recueillis le 25 février 2010

The Parisians




The Parisians tire son nom de la ville dont ils sont originaires. Ce qui à l’écoute de leur premier album « Shaking the Ashes of our Enemies » n’a rien d’évident. Chanté entièrement dans la langue de Shakespeare, c’est plutôt à New York, voire éventuellement à Londres que l’on pense. Ce disque a un petit côté nostalgique, qui nous ramène dix ans en arrière, lorsque à l’orée des années 2000, The Strokes orchestrait un retour en grâce du rock n’roll. Urgent, acéré, l’album dépasse à peine la demi-heure. Son écoute se révèle être un shoot, un flash. « Just Like », et son martèlement du piano, rappelle à la fois les Stooges et les Richmond Sluts. La rythmique tire tout le petit monde vers l’avant, la voix s’écrase sur un mur de larsen. L’opus emporte tout sur son passage. Certes l’album n’apporte rien de neuf, et il n’y a pas l’ombre d’une révolution à l’horizon. Mais tant que la chose est jouée avec une telle ferveur, pourquoi s’en priver ? Il n’y a pas que les cendres de leurs ennemis qui vont se faire secouer…
http://www.theparisians.com/

vendredi 5 mars 2010

Sean Lennon : Rosencrantz and Guildenstern are Undead


Retour en catimini pour Sean Lennon, quatre ans après son magnifique « Friendly Fire », et changement de style. Ce nouvel opus, sorti sur un minuscule label, n’est autre que la bande originale d’un petit film de vampire indépendant, à ma connaissance inédit sur les écrans de cette rive de l’Atlantique, réalisé par son pote Jordan Galland. Comme souvent en matière de bandes originales, et à plus forte raison lorsque ces dernières sont instrumentales comme c’est le cas ici, il manque parfois le soutien des images et certaines pistes peuvent paraître faiblardes. Pourtant Sean Lennon, quasiment seul à bord, développe suffisamment d’idées pour obtenir des mélodies originales avec d’étonnants arrangements. A la frontière du baroque et d’Ennio Morricone, Sean Lennon accouche d’un disque que l’on jurerait inédit des années 70 (à l’exception de l’inédit avec le rappeur Kool Keith). Chaque plage a ainsi son petit charme, un petit gimmick que l’on retient. Pas si mal que cela, finalement. Fermez les yeux, écoutez et laissez les images venir à vous…
http://www.seanonolennon.com/

lundi 1 mars 2010

Mathieu Pesqué & Roll Pignault : Blues Bound


Découvert en première partie de Greg Zlap, le duo blues composé de Mathieu Pesqué et Roll Pignault a enregistré son album « Blues Bound » en 2009. Un album pour le moins minimaliste, enregistré avec quelques guitares acoustiques (Mathieu) et l’harmonica de Roll. Quelques percussions viennent s’ajouter ici et là. Au fil de l’écoute l’album grandit. Mathieu montre beaucoup de talent à la guitare qu’elle soit acoustique, jouée en picking, où lap-steel jouée au bottelneck. Excellent guitariste, très bon au weissenborn, Mathieu Pesqué possède aussi une voix. Un vrai timbre de bluesman. Grave, qui a de la bouteille et poussant légèrement dans les aigus. Roll souffle avec classe et virtuosité. Les deux musiciens sont également songwriters et signent chacun quatre titres, les quatre restants étant des reprises. A eux deux, ils nous font voyager à travers des paysages désertiques, balayés par le vent sous un soleil de plomb. Tout est ici affaire de climat. Celui crée par le duo est à la fois calme et apaisant, une ambiance de fin de journée alors que le soleil se couche, que la poussière se lève et où parfois l’orage gronde comme sur l’instrumental « Landscape ». « Blues Bound », liés par le blues, comme le montre la pochette du disque, qui n’est pas sans rappeler celui du « Born to run » de Bruce Springsteen. Superbe cliché qui illustre l’amitié qui unit les deux hommes. « Qui peut le plus peut le moins », tel pourrait être le leitmotiv de cet excellent opus, un vrai petit must pour les amateurs de blues acoustique teinté de folk et de country.
www.myspace.com/mathieupesque2roll