dimanche 28 février 2010

She Keeps Bees + James Levy + Turner Cody, La Maroquinerie, 27 février 2010.


Belle soirée à la Maroquinerie, dans le cadre des nuits de l’alligator, samedi soir. On commence avec le duo de Brooklyn She Keeps Bees (voir mon message du 9 novembre 2009). Bien que courte, leur prestation confirme le talent que leur premier album « Nests » laisse imaginer. Un élément marquant tout d’abord la voix de Jessica Larrabee, puissante et mélodique, légèrement grave, une grande chanteuse en devenir. Installé derrière son kit, le batteur Andy LaPlant, joue sur du matériel peu ordinaire. Pas de charleston tout d’abord, juste une grosse caisse, une caisse claire, un tome basse et une seule cymbale. Voilà qui peut le plus peut le moins, il n’en faut pas plus pour trouver du groove et du swing. Armée de sa belle télécaster flammée, Jessica envoi du son. On retrouve les compositions de l’album et ce mélange entre blues et rock (garage comme le précise Jessica). Tout cela rappelle bien évidemment les Black Keys, mais avec talent. Jessica paraît bien nerveuse et s’agite en tout sens, tripote ses cheveux, arrive sur scène en s’excusant, se mélange les pinceaux en essayant de balbutier le français. Pas grave. Le gospel « Ribbon » quasiment a cappella et chanté loin du micro démontre un tel talent vocal qu’on lui pardonne tout.

Vint ensuite un autre new-yorkais, le gaucher James Levy, émule de Bob Dylan avec sa casquette, seul avec sa guitare folk. Comme il l’avoue lui-même : « je ne suis là que pour quelques chansons ». Effectivement, seulement quatre titres pour une prestation d’environ un quart d’heure. Trop peu pour se faire une idée. Mais de bonnes compos tout de même.

Et on termine enfin avec le chanteur country-folk Turner Cody, accompagné pour l’occasion du duo folk Herman Dune. Une guitare acoustique (Cody), une autre électrique et une batterie pour une prestation énergique et réjouissante.
http://www.shekeepsbees.com/
www.myspace.com/shekeepsbees
www.myspace.com/misterturnercody
www.myspace.com/levy

samedi 27 février 2010

Odessa Thornhill, Le China, 25 février 2010.


Situé dans la rue de Charenton, au numéro 50, le restaurant, bar, club le China offre un cadre beaucoup plus intime et feutré que les salles de concert traditionnelles. C’est aussi au China que l’on a pu découvrir pour la première fois en France la jeune canadienne Odessa Thronhill qui y est en résidence depuis le début du mois. La scène est installée dans un recoin de velours rouge et tout autour sont disposés fauteuils et tables en bois avec bougies. Le public est aussi plus difficile, et n’est pas forcément là pour le concert mais tout simplement pour boire un verre entre amis. Pourtant sur scène Odessa confirme le talent que son premier EP laisse deviner. La voix est bien sur très présente. Mais de ses années au cirque du soleil Odessa a gardé une approche assez physique du concert et bouge, danse beaucoup sur la scène, pourtant pas bien grande. D’ailleurs Odessa Thornhill ne se contente pas seulement de chanter. Elle offre bien plus qu’un simple concert, une vraie plongée dans son univers et prends le temps entre les titres d’expliquer, et en français s’il vous plait, les paroles et thèmes de ses chansons. Il se dégage aussi une grande sensibilité de sa prestation, ses textes sont autant vécus que chantés. Odessa n’a pas eu trop de mal à convaincre le public, les discussions se sont tues petit à petit et c’est finalement une belle ovation qui a salué l’artiste à sa sortie. Espérons la revoir bientôt, une fois que son premier album sera sorti.
http://www.odessathornhill.com/

vendredi 26 février 2010

Florence and the machine, Le Bataclan, 24 février 2010.


Le Bataclan qui accueille ce soir Florence et sa machine, s’est pour l’occasion paré de séduisants atours. Un immense rideau reprenant le motif fleuri de la pochette de l’album orne l’arrière scène. La grosse caisse de la batterie est décorée avec le logo des poumons ; un immense bouquet de fleurs séchées est posé devant le clavier et le pied du micro est orné de roses. A côté de la batterie sont accrochées deux cages aux oiseaux décorées de guirlandes lumineuses. La salle est baignée de fumigènes contribuant à rendre l’atmosphère un peu bizarre, comme suspendue dans le temps et l’espace. Les musiciens sont cinq sur scène, à la classique formule guitare, basse, batterie et clavier vient s’ajouter une harpe assez inhabituelle dans la pop. Florence débarque sur scène en jetant des fleurs dans le public, mignonne comme tout dans sa tenue blanche. Il se dégage d’elle comme une impression de légèreté, elle saute, virevolte, tourne et que sait-je encore. Un show assez énergique somme toute. Avec aussi une part d’exhibitionnisme car comme chacun le sait, le blanc génère des transparences… Musicalement Florence semble trouver une cohérence sur scène qui fait un peu défaut à l’album mais, l’élément le plus marquant reste sa voix, particulièrement impressionnante en live. Puissante mais aussi capable de tenir longtemps sur la même note. Pas bégueule Florence fait son possible pour parler français et créer une connexion avec le public. Et ça marche plutôt pas mal…

Concours Odessa Thornhill


Des cds dédicacés d'Odessa Thornhill sont à gagner. Pour participer rien de plus simple, envoyez-moi vos coordonnées postales (pour l'envoi du disque) par email à l'adresse suivante : myheadisajukebox@gmail.com en précisant dans l'objet concours Odessa Thornhill. Attention, les disques sont disponibles en quantité limitée.

Un grand merci à l'équipe d'Ephélide qui offre les disques et à Odessa qui a eu la gentillesse de les dédicacer.

dimanche 21 février 2010

Rencontre avec Ben Mazué




Détendu et souriant, Ben Mazué enquille les interviews depuis ce midi. L’après-midi s’achève lorsque arrive notre tour. Le magnétophone est en place, allez Ben raconte nous ton histoire…

Pas trop fatigué ?
Ben Mazué : Non, non pas du tout fatigué. C’est sympa tu sais, parler de toi il y a quand même pire dans la vie (c’est vrai ! nda). Franchement ça va.

Quelle a été ta première émotion musicale ? Qu’est-ce qui a déclenché l’étincelle ?
B.M : Il y en a eu plusieurs des étincelles. La première, première (regard réfléchi). Je me souviens quand j’étais petit la chanson d’Europe, The final countdown (Ben chantonne). Pas très classe. Ensuite, je me souviens d’Otis Redding. Mon père avait acheté le « Greatest hits ». J’ai halluciné. Chaque titre était monstrueux et me faisait des frissons… Je devais avoir 10 ans.

Tu penses souvent à lui quand tu chantes ? C’est une influence pour toi ?
B.M : Tout ce qui m’apporte de l’émotion est une influence. Lui en l’occurrence m’a apporté beaucoup d’émotions. Surtout dans l’interprétation. Cette espèce de soul les pieds dans le béton. J’adore.

J’ai trouvé que l’EP avait une tonalité un peu soul, le final de « Tout recommencer » et sur « Quand je vous voie »…
B.M
: Complètement. C’est voulu. J’ai beaucoup écouté la musique noire américaine en général. De la soul au hip-hop en passant par le jazz et le blues. Ca intervient forcément sur la musique que j’écris. Je l’espère en tout cas, c’est là-dedans que j’aimerai bien m’inscrire.

Ou se situerait la France là-dedans ? Tu chantes en français avec des influences très marquées par l’Amérique ? Y-a-t-il des artistes français qui t’on influencé ?
B.M
: Tu ne sais jamais trop ce qui t’influence. A partir du moment où tu sais ce qui t’influence tu vas considérer que tu copies. Donc il faut se démarquer. Certains musiciens t’ouvrent des portes mais après ce que tu en fait deviens très différent. Tu t’éloignes. Certains artistes sont indispensables. Par exemple, je pense à NTM, Souchon, Renaud…

C’est vaste…
B.M : C’est assez vaste mais globalement ce sont des auteurs-compositeurs. Pas tellement les interprètes.

Et c’est dans cette tradition là que tu veux t’inscrire ? Comme auteur-compositeur ?
B.M
: Non. Musicalement je suis très influencé par la musique noire américaine mais le verbe me plaît en français. Du coup je chante en français sans m’inscrire dans une continuité de pop française. Maintenant la France bouge beaucoup : Anis, Féfé…

Beaucoup de groupes que j’interviewe m’avouent un certain blocage avec le français, tellement ils sont ancrés dans une tradition anglo-saxonne. Automatiquement après la musique les paroles leur viennent en anglais, pas en français. Comment abordes-tu l’écriture des textes ?
B.M
: Parfois les paroles qui m’arrivent sont en anglais. Tu vois « T’es trop près » ? C’est une chanson de Clément Simounet, mon guitariste. Quand il me l’a jouée, j’entendais des choses en anglais. Après je me dis que c’est toujours intéressant d’essayer en Français. Après si cela ne marche pas je laisse tomber. Il y aura des titres en anglais sur l’album.

Comment tu as rencontré Clément (NDA son guitariste) ?
B.M : C’est une rencontre musicale. On n’était pas amis au départ. Je cherchais un guitariste et on me l’a présenté. Au fur et à mesure, de répétitions, de la vie, on a trouvé une complicité musicale et artistique qui m’a permis de définir un style musical. Sans lui… Cet après-midi je n’arrête pas de faire des titres pour des sessions acoustiques (il regarde sa guitare posée à côté). Sans lui c’est nul ! Il m’apporte beaucoup sur le plan rythmique. Il vient du folk et du hip-hop. Il a des gimmicks de guitare hyper puissant. Je ne pourrais jamais jouer ce qu’il fait et chanter en même temps. Et puis il a plein d’idées, c’est un artiste à part entière.

Et est-ce que plus tard t’aurait éventuellement envie d’un big band, d’un batteur, de cuivres ?
B.M
: J’aurais envie de jouer avec d’autres musiciens. Je n’ai pas envie de jouer toute ma vie à deux. Un big band, ouais ça donne envie en soi c’est génial. Mais il faut avoir aussi le style et l’écriture qui va avec. Moi si demain je devais m’entourer je prendrais plus un dj et des choristes. Et garder Clément comme guitariste.

Quand as-tu commencé la guitare ?
B.M : Je joue depuis 10 ans. J’ai appris tout seul. En regardant les gens.

J’ai trouvé le maxi hyper ensoleillé, coloré, et après j’ai appris que tu étais né en Provence…
B.M
: On est très nomades dans ma famille. On est des voyageurs pour la plupart. J’ai une sœur qui vit en Chine, une autre au Niger. Mes parents vivent en Provence, mais ont vécus à Madagascar, en Côte d’Ivoire, aux Etats-Unis. Je suis arrivé à Paris à 10 ans et j’ai retrouvé cette multitude, cette diversité culturelle, ce métissage dont mes parents m’avait parlé. Et les influences culinaires aussi. On mange très épicé, très pimenté, du riz à tous les repas… Si je suis tombé amoureux de la ville (Paris nda), c’est aussi à cause de son métissage. Et ces gens qui venaient de partout. Et comme mes parents viennent de partout aussi, je me suis vite senti chez moi. Mais je ne suis pas parisien au sens musical du terme, sinon je ferai un truc plus électro-rock. Notre musique n’est pas parisienne mais urbaine dans son métissage. Et le côté ensoleillé vient de notre attitude positive.

J’ai toujours pensé que la musique était un voyage en soi. Qu’en penses-tu ?
B.M
: Exactement. L’écoute d’un disque, c’est un voyage. C’est d’ailleurs extraordinaire. Ce que la chanson te permet de ressentir… C’est un voyage émotif. Après quand on joue, c’est plus un partage qu’un voyage. Il y a un truc assez sensuel, sexuel même dans le fait de partager la musique. Tu communiques sans parler. Tu peux t’aimer autour de la musique…

Oui quand tu joues avec des gens et parfois tu sens qu’il se passe un truc…
B.M : (Ses yeux brillent) Ouais, exactement. Personne ne s’est parlé et tout le monde a ressenti quelque chose.

Et puisque l’on parle de voyage, où veux-tu emmener les gens qui t’écoutent ?
B.M : (pensif). Ca dépend des titres. Chaque fois que j’ai en face de moi des gens qui m’écoutent, j’ai envie d’aller les chercher, de les embarquer. Tant que je ne les ai pas embarqués, cela ne m’intéresse pas. Ca prend du temps. Parfois, c’est difficile. Mercredi on a joué avec Hocus Pocus, c’était très facile. Ils étaient « très très là ». L’idée c’est de leur ressentir l’émotion dont je parle dans la chanson. C’est un voyage vers des sensations, d’amour, de sourires.

J’ai senti cela dans le titre « quand je vous voie »…
B.M
: Oui, il y a beaucoup d’amour dans ce titre.

Tu aimes être en tournée ?
B.M : J’adore, c’est mon kif. C’est une manière extraordinaire de voyager, de faire des rencontres, du tourisme. On vient te récupérer dans une gare, on te fait visiter la ville. C’est un rêve. Nous on est quatre sur la route : Clément, moi, l’ingé son et le mec qui fait la lumière. On n’est pas beaucoup. C’est incroyable ce que l’on peut partager. C’est très fort. En même temps c’est très dur. Parfois c’est très compliqué. C’est aussi beaucoup d’attente, beaucoup de trains…

Une anecdote en particulier ?
B.M : On a fait la première partie d’Oxmo Puccino à Reims. Le lendemain matin on devait repartir à Paris pour reprendre un train pour le Finistère. Et il se trouve qu’il y avait une grève. On avait dormi deux heures. On est arrivé à Paris avec une tête dans le cul monstrueuse. Le train que l’on devait prendre à neuf heures n’était pas là et il a fallu attendre 13 heures. En attendant, je suis allé chez moi, faire de la bouffe. On voulait faire un picnic énorme dans le train. J’ai fait une super salade. Je suis revenu à la gare avec mon picnic. Mon tourneur était là, on est allé prendre un café dans le train. Après je retourne dans le wagon. J’avais faim, je voulais goûter ma salade. Le guitariste était endormi. Et là, plus de bouffe, plus de manteau, plus rien. Je vais alors dans le wagon suivant et je vois une vieille dame, moitié folle-moitié sdf en train de bouffer la salade à pleines mains avec mon manteau sur les genoux pour faire nappe et mon écharpe autour du cou. Alors je lui dis : « Mais Madame, vous êtes en train de manger ma salade ! Elle me répond, oui mais j’avais trop faim et elle me rend la salade. Moi je récupère mon manteau. Je regarde la salade et je me dis que je ne peux pas manger ça, c’est dégueulasse, elle se gavait à pleines mains. Alors je lui redonne la salade. Et là elle n’en veut plus. Elle commence à se balader dans le train et propose de la salade aux voyageurs. C’était assez marrant.

Et pour finir, est-ce que tu aurais un message à faire passer ?
B.M : Le consensus n’est pas toujours un consensus mou. Moi je suis du côté du consensus dur. Modeste mais qui ne dit pas pardon.

Et c’est sur ses paroles énigmatiques que nous avons pris congé…
Propos recueillis le 19 février 2010.
http://www.benmazue.com/





Tennisoap + Welling Walrus, L’International, 20 février 2010.

L’international, un petit bar jeune et sympa, avec salle de concert installée dans la cave, a accueilli une belle soirée de rock n’roll samedi soir. Deux groupes sont au programme : Tennisoap, de retour après un premier passage en demi-teinte au Grand Palais, et le trio lyonnais Welling Walrus.

On commence donc avec le quatuor bisontin Tennisoap qui à l’International, une salle à l’esprit plutôt indé, a trouvé un cadre à sa mesure. Au vu de ce concert, il apparaît clairement que la musique de Tennisoap a ses racines dans le rock indépendant du début des années 90. Le son est carré et puissant. La batteuse cogne aussi bien voire même mieux que beaucoup de mecs que je connais. Cette base rythmique des plus solide, car dans le genre le bassiste n’est pas mal non plus, laisse le champ libre pour que les guitaristes s’en donnent à cœur joie. En particulier sur « Beach’s son » à la pédale wha-wha. Les Tennisoap nous gratifie d’un joli lâché de décibels. Sauts, grands écarts, guitares qui se balancent en l’air comme des raquettes (de tennis !!!), les Tennisoap apparaissent un peu à l’étroit sur la petite scène et on frôle l’accrochage à plusieurs reprises (Simon, le chanteur m’assurera du contraire après coup). Au chant et à la guitare rythmique, Simon est inspiré. Les yeux à demi-clos, il cherche l’état d’esprit approprié à chaque titre. Beaucoup de nouveaux morceaux furent joués, ce dont Simon s’excusera auprès du public : « d’habitude on est plus souriants mais là on est un peu nerveux, beaucoup de chansons sont jouées en concert pour la deuxième fois seulement ». « On a quasiment joué l’intégralité du deuxième disque » m’avouera Simon après coup. Le set se terminera avec un titre « long et sauvage » (Engine ?), dixit le chanteur, alternance entre arpège délicat et déferlante d’accords saturés. Tennisoap quitte alors la scène avec fracas, Simon balançant sa guitare. « Il ne faut pas y voir un geste de colère, me dit-il, c’est juste pour quitter la scène en faisant du bruit. Je sais exactement comment faire tomber la guitare sans la casser. Aucun risque ». Un bon petit concert en somme pour ce groupe attachant, vivement le deuxième disque.

Changement d’ambiance avec le groupe suivant Welling Walrus, un trio qui nous vient de Lyon. Est-ce le chapeau melon du chanteur, ou son faux accent cockney, mais il me semble que ce groupe dégage une excentricité typiquement britannique. Pas désagréable d’ailleurs. La pop de Welling Walrus, carrée et efficace, est servie par trois bons musiciens. A la classique formule guitare, basse et batterie, les Welling Walrus rajoute une touche baroque avec un orgue, joué alternativement par le guitariste et le bassiste. Musicalement, ce groupe n’a peur de rien, pas même de jouer une valse. Belle découverte. Et puis un groupe qui chante aussi bien « les loosers de la drague » ne peut que retenir notre attention. A suivre, leur premier album est en cours d’enregistrement…

www.myspace.com/tennisoap
www.myspace.com/wellingwalrus

lundi 15 février 2010

Serge Sauvion (1929-2010)


Pour beaucoup, c’était la voix de Colombo. Moi je me souviens de Serge Sauvion comme animateur radio. C’était sur Europe 1, tous les midis, après le journal et l’émission s’appelait « Crime Story ». Serge racontait des histoires policières de sa voix de stentor. Il possédait un timbre inoubliable : grave, profond, éraillé. Jouant avec brio des intonations. Maniant le rythme comme personne et se servant de ce dernier pour ménager le suspense. Intonation et rythme, soit autant de qualités requises pour chanter. J’étais à l’époque encore béotien en matière de musique. Mais il est plus que probable que ma fascination pour les voix ait commencé ici. « Crime Story » c’était plus qu’une émission, un véritable film sans images. L’imaginaire était libre, les images on les rêvait. Aujourd’hui encore, j’enrage de constater qu’aucun enregistrement de « Crime Story » ne soit disponible dans le commerce. Et tous les étés j’espère une hypothétique rediffusion estivale… Rest in Peace…

Jim Jones Review : Here to save your soul


Voilà une excellente nouvelle pour tout ceux qui, à l’instar de votre serviteur, avait, l’année dernière, été estomaqué par la fureur dégagée par le premier album des anglais de Jim Jones Review. En attendant un nouvel opus, ces derniers ont en effet décidé de sortir « Here to save your soul » compilation reprenant les singles du groupe. Pour les non-initiés, Jim Jones Review s’est mis en tête de jouer du rock n’roll et du rockabilly avec la même énergie que les punks. Où quand le swing jazzy, le groupe compte le pianiste Elliot Mortimer dans ses rangs, rencontre la puissance du garage punk. C’est fort, puissant et sauvage, pas forcément à mettre entre toutes les oreilles, mais quelle classe ! Et Jim Jones hurle aussi très bien. Ne rigolez pas, ce n’est pas aussi simple que cela d’hurler avec classe et conviction tout en respectant le tempo et la tonalité. Sur ce cd on retrouve donc « Rock n’roll psychosis », « Cement mixer », « Princess & the frog » (petit coup de cœur pour cette dernière) déjà présente sur l’album ainsi que les faces B. Parmi ces dernières citons les reprises, bien senties, de « Big Hunk o’love » et « Good golly Miss Molly » qui à elles seules expliquent la démarche du groupe bien mieux que n’importe quel long discours. Enfin le disque s’achève avec deux inédits « Burning your house down » et « Elemental ». Et voilà et maintenant on attend la suite de pied ferme…
http://www.jimjonesreview.co.uk/
www.myspace.com/thejimjonesreview
http://www.punkrockblues.co.uk/

dimanche 14 février 2010

Odessa Thornhill


Après plusieurs années consacrées à la danse au sein du cirque du soleil, la jeune (26 ans) canadienne Odessa Thornhill décide de se consacrer à la musique. Ce premier maxi a ses racines ancrées dans la soul music, soyeuse, sexy et enivrante. Tout en mélodies, à la fois folk et roots, cet EP met surtout en valeur la voix d’Odessa. Un timbre au charme fou, un instrument en soi. A noter la reprise du « Crazy » de Gnars Barkley, à laquelle s’était déjà frottée Alice Russell, plus lente que l’originale où accompagnée d’une simple guitare acoustique Odessa montre une classe folle. L’émotion accompagne ces cinq titres. Un disque au goût de trop peu. Il ne manque plus maintenant qu’un album pour valider ce talent en devenir, que l’on suppose très grand…
www.myspace.com/queenodessa

Ben Mazué


Pas toujours évident, lorsque l’on est artiste d’échapper à la catégorisation. Avec son premier EP, le jeune Ben Mazué fait voler en éclat toutes les chapelles qui bien souvent étouffent les musiciens. Est-ce de la chanson, du hip-hop, du slam, de la soul ? C’est en fait un peu de tout à la fois et c’est ce qui fait le charme de ces sept titres (cinq enregistrés en studio et deux en live). Si ce maxi est exclusivement enregistré dans la langue de Molière, Ben Mazué a l’esprit tourné outre-Atlantique où se trouve l’essentiel de son inspiration. Du titre d’ouverture « Obama » à la très rigolote « Confession d’un rap addict », Ben voyage en rimes d’East en West Coast, l'amitié (« L’homme modeste » ; « Quand je vous vois ») et l'amour (« Tout recommencer » ; « T’es trop près ») sont les moteurs de ce disque, érigées en valeurs partagées. Accompagné de son guitariste, Clément Simounet, Ben Mazué nous offre ce premier maxi couleur acoustique aussi chaud que sa Provence natale.
http://www.benmazué.com/

samedi 13 février 2010

Anvil ! de Sacha Gervasi




Réalisé par Sacha Gervasi un fan de la première heure devenu cinéaste (et également scénariste du « Terminal » de Steven Spielberg), Anvil documente le énième come-back du groupe du même nom. C’est également le portrait de deux loosers magnifiques. Jugez plutôt : amis depuis l’enfance le batteur Robb Reiner et le guitariste Steve Kudlow (aka Lips) forment Anvil (enclume) à la fin des années 70. De l’aveu même de leur pairs (Slash le guitariste de Guns n’roses ; Lars Ullrich le batteur de Metallica), ces musiciens sont doués. Pourtant leur succès ne dépasse pas la fameuse estime, en partie pour des raisons liées au business. Entre 1983 et 1987 le groupe sera sans maison de disques, cette dernière refusant de libérer les droits pour les Etats-Unis, le berceau du heavy metal, où les albums du groupe sont introuvables. De quoi plomber n’importe quelle carrière. Pourtant les gars ne lâchent pas l’affaire, en 1984 ils sont à l’affiche d’un gros festival au Japon avec les autres poids lourds de l’époque, Bon Jovi et consorts… On suit le film avec un regard mi-nostalgique, mi-amusé et parfois atterré. Nous sommes en effet en plein hair metal, coupes de cheveux à l’avenant, très classe les bracelets cloutés, les tenus SM et les solos de guitare joués au gode. Pourtant il se passe comme un petit miracle. Il faut voir les deux potes, le film illustre aussi l’amitié d’une vie, avec des étoiles dans les yeux quand ils parlent de leur première chanson. Quand le film commence ils sont tombés bien bas, l’un est ouvrier sur les chantiers et est surtout virtuose du marteau piqueur ; l’autre travaille dans une cantine scolaire. La loose est totale quand arrive un email leur proposant de tourner en Europe. Poissards jusqu’au bout, cette tournée virera au cauchemar, les voilà réduits à dormir à même le sol d’une gare, comme des clodos, après avoir raté leur train (l’avion n’est pas dans leurs moyens). Le climax est atteint à Prague où, après un concert le patron d’un pub/cave sombre refuse de les payer, l’histoire finira en baston… Et pourtant ils y croient encore, et à l’issue de la tournée se lancent dans quête éperdue de cash pour financer un nouvel album. Leur enthousiasme est exemplaire et si il y a bien une chose que diffuse ce film, c’est la passion, l’amour même de la musique. Et rien que pour cela il faut le voir… Pour finir il semblerait qu’Anvil suive un destin à la Brian Jonestown Massacre (complètement inconnus avant le film Dig !). Depuis le tournage, ils ont tourner au Japon et assuré la première partie d’AC/DC. Rock on !

Pour voir la bande annonce cliquez ici.




vendredi 12 février 2010

Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar




Les avis sont très tranchés sur le « Gainsbourg, vie héroïque » réalisé par le dessinateur de bande dessinée Joann Sfar qui fait ici ses premiers pas au cinéma. D’aucuns s’empressent de trouver le film « nul et chiant », d’autres l’adorent… La première erreur est de considérer ce métrage comme un film, le générique et l’affiche nous donne une idée claire des intentions de l’auteur, « Gainsbourg » est un conte. Un conte dans lequel il faut rentrer et par lequel il faut se laisser porter. « Gainsbourg » n’est pas un biopic, Sfar a tenté, tant bien que mal, de livrer sa vision de l’artiste dont il est visiblement un grand fan. Il en résulte ce conte aux visions oniriques, cette étrange créature au nez et mains proéminentes qui poursuit Serge partout et que ce dernier appelle « ma gueule ». La première partie est la plus réussie et le Paris des clubs jazzy enfumés est parfaitement reproduit. Malheureusement, Sfar, réalisateur débutant, n’a pas eu les coudées franches pour réaliser « son Gainsbourg » et on touche là aux limites du projet qui a vite fait de retomber dans un certain académisme. Le film, pardon le conte, est en fait une succession de sketchs illustrant les différentes périodes de la vie de Gainsbourg. On retrouve le cliché selon lequel ce dernier est un « génie ». Eduqué à la musique à la dure (un coup de ceinture à la première fausse note), Gainsbourg avait en fait développé une certaine aversion pour le piano et rêvait plutôt de peinture. Pianiste médiocre, il ne jouait jamais sur scène ni sur disque. C’était, du moins à mon avis, surtout un homme de lettres, un parolier de génie se jouant des doubles sens et des sonorités, qui a réussi dans la chanson en étant extrêmement bien entouré. Les arrangeurs Jean-Claude Vannier (entre autres sur le chef-d’œuvre Melody Nelson) et Michel Colombier ont eu une influence considérable sur la partie musicale de son œuvre et n’apparaissent jamais dans le film. L’autre réserve que j’entretiens vis-à-vis de « Gainsbourg, vie héroïque » concerne la B.O, franchement pas terrible vu le sujet. Il faut préciser que Sfar n’a pas utilisé les versions originales, pourtant d’authentiques bijoux de la chanson française, mais a en fait constitué une sorte d’album hommage, composé de reprises. Reste les acteurs, excellents, Eric Elmosnino et Laetitia Casta, surprenants de mimétisme et la regrettée Lucy Gordon (décédée après le tournage). Mon conseil, allez voir « Gainsbourg » ne serait-ce que pour l’hommage rendu à ce grand artiste et aussi par ce que ce conte a une véritable ambition artistique. Mais surtout replongez-vous dans les disques, ces bijoux que sont « Melody Nelson », « Confidentiel » ou bien l’album avec Jane Birkin. On aimerait aujourd’hui retrouver un tel culot dans cette chanson pop française aseptisée…






mercredi 10 février 2010

Buffy Sainte-Marie, l’Alhambra, 8 février 2010



Première visite française depuis des lustres pour la chanteuse canadienne Buffy Sainte-Marie, pionnière de la folk music depuis la fin des années 60. L’affluence n’a pas été celle des grands soirs, la capacité de la salle, pourtant petite, de l’Alhambra a été réduite et seule la fosse du bas est ouverte au public. Musicalement on patauge un peu entre folk, musique indienne et hard rock. Les chants amérindiens nous rappellent que Buffy Sainte-Marie s’impose comme une source d’inspiration pour une artiste telle que Pura Fe. Les passages a cappella mettent en valeur sa voix, qu’elle a fort jolie. Le gros rock électrique n’est pas le genre qui lui sied le mieux, cependant étant exécuté par des musiciens compétents (au look de bikers), cela passe malgré tout. Par contre, on décroche complètement à l’écoute de cet horrible synthé Roland aux sonorités ancrées dans le pire des années 80. Fort heureusement ledit synthé restera muet un temps. C’est finalement avec sa gratte acoustique que Buffy Sainte-Marie est le plus à l’aise. Buffy a introduit le titre « Soldier Blue » comme inconnu de tous puisque extrait de la bande originale d’un film jamais sorti, c’est pourtant, ironiquement, le seul de la playlist connu de l’auteur de ces lignes car il figure sur l’album « She used to wanna be a Ballerina » sorti en 1971. Attendu depuis des lustres, ce concert laisse au final une impression mitigée…
www.myspace.com/buffysaintemarie

dimanche 7 février 2010

Black Dynamite de Scott Sanders


Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, j’ai maintenant l’honneur de vous présenter Black Dynamite, votre nouvel héros blaxploitation. Bête de sexe (cinq filles en même temps !!), expert en arts martiaux et virtuose du nunchaku : ce mec est trop fort. Petit hommage rendu à la Blaxploitation, Black Dynamite concentre toutes les qualités et défauts du genre, entre autre un scénario épais comme une feuille à rouler. Néanmoins rigolo, le film vous replonge dans la série B des années 70 : décadrages, micro apparaissant dans le champ, faux raccords. Les seventies sont reproduites à l’identique, on peine à croire que le film date de 2009. Y compris l’excellente bande originale (raison même de ce post à vrai dire) œuvre du jeune Adrian Younge sous influence Isaac Hayes, Willie Hutch, Curtis Mayfield, Roy Ayers… A voir et aussi à écouter…








The Wackness de Jonathan Levine


Disponible en DVD sous un titre idiot « La Loose », « The Wackness » (le bordel), réalisé par Jonathan Levine est un petit film tout ce qu’il y a de plus attachant. Une histoire de frustration sexuelle adolescente, dans laquelle il est facile de se reconnaître, prenant place dans le New York de 1994 en plein été. Surtout, le film offre un rôle intéressant à la musique (et un hommage aux cassettes audio, les mixtapes) comme en témoigne la séquence d’ouverture ou le héros Luke Shapiro rêvasse dans le métro le volume à plein tube dans le casque en imaginant les filles faisant du pole dancing dans le wagon. Un moment d’anthologie. Mais plus encore, la musique définit les personnages, d’un côté le Dr Squires, interprété par Ben Kingsley, aux goûts classiques encrés dans les sixties : Donovan, Mott The Hopple, Lou Reed. En face, son patient, et dealer occasionnel à la petite semaine, Luke Shapiro (Josh Peck) résolument hip-hop. A la fin du film, Luke voit la vie différemment et glisse dans son walkman une cassette de Mott The Hopple. Malheuresement, la bande originale ne traduit pas cette richesse. Mais reste une excellente compilation hip-hop rendant hommage au « golden age » de cette musique entre la fin des années 80 et la première moitié de la décennie suivante.
www.thewackness.com
www.myspace.com/thewacknesssoundtrack




samedi 6 février 2010

Menahan Street Band featuring Charles Bradley + Lee Fields & The Expressions, New Morning, 4 février 2010.

Plus qu’un concert c’est une véritable soul revue à l’ancienne que nous a proposé les poulains de l’écurie daptone au new morning jeudi soir. A défaut de réaliser mon rêve de voir Sharon Jones en concert, j’ai au moins pu admirer ses musiciens. Il y a des soirs comme cela ou tout se passe bien, le « daptone super soul super store », le stand de tee shirts et disques, installé sur un coin de banquette à tout de la caverne d’Ali Baba et même le sandwich de chez subway était meilleur. On commence donc avec le Menahan Street Band, groupe soul jazzy instrumental, composé de sept membres : guitare, basse, batterie, orgue farfisa, vibraphone, trompette et saxophone. Musiciens lookés, costume et chemise, ils égrènent les composition de leur premier album « Make the road by walking ». Un détail nous frappe, malgré la ferveur du public très chaud, la soirée est sold out, les cris et les mains qui se balancent en l’air, les musiciens restent de marbre. A tout le moins placides. En particulier le bassiste Thomas Brenneck et le redoutable batteur Homer Steinwess à deux doigts de tirer la gueule. Un constat s’impose, ces mecs bossent. Travaillent. Consciencieusement. Concentrés sur leur sujet, les membres du groupe s’appliquent et distillent un groove terrible « made in Brooklyn ». C’est alors que fait son apparition le premier chanteur, Charles Bradley, un émule, très digne cependant, de James Brown. Ce dernier met le public dans sa poche grâce à ses pas de danse et à son tombé du genou. « Paris I love you » hurle-t-il dans le micro en ondulant des hanches, la foule est conquise. Un petit tour et puis s’en va après quatre titres Monsieur Bradley se retire, les bras en croix, sous les vivas du public. Alors que le vibraphoniste T-Bone échange sa place avec l’organiste, le groupe change de nom, sans que personne ne s’en rende compte, et devient The Expressions, la formation qui accompagne le cultissime Lee Fields. Pas de pause, après un nouvel intermède instrumental Monsieur Fields déboule sur scène. Peu connu du public, Lee Fields est un vétéran de la soul music qui a commencé sa carrière au début des années 60. Il se retire au milieu des années 80 avant de faire son retour au début des années 90. Aujourd’hui, la majorité de ses enregistrements est introuvable. Ses 33 et 45 tours s’échangent à prix d’or. Raison de plus pour ne pas bouder son dernier album « My World » sorti l’été dernier (et on en reparle très bientôt, c’est promis). A l’instar de son collègue Charles Bradley, Lee Fields, très classe dans son costard lamé, possède une Voix. Eraillée par des années de pratique. Une vraie voix soul. C’est dire si le concert atteint des sommets, d’autant que derrière, les musiciens assurent comme des bêtes. Ca pulse. Et sur les morceaux plus lents, l’émotion transcendée par le son traverse la fosse. Je vous l’avais dit en commençant cette chronique, il y a des soirées idylliques comme celle-ci ou tout se déroule comme dans un rêve (funky)…
http://www.daptonerecords.com/

jeudi 4 février 2010

Yellow Dogs




Il ne faut surtout pas minorer l’apport de groupes à priori « modestes ». Prenez le trio Grenoblois Yellow Dogs. Trois membres, guitare, basse et batterie, à priori rien de bien exceptionnel et pas de révolution en vue. Pourtant, simplifier à l’extrême la formule, permet aux Yellow Dogs d’atteindre des sommets. Pas de déchets, pas de détours alambiqués, les Yellow Dogs touchent en plein cœur. De bonnes compositions, trois excellents musiciens et une énorme envie de jouer, voilà il n’y a guère besoin de plus pour réussir un excellent disque. Le pari est largement tenu sur « Step on the gas », premier album autoproduit du groupe. 13 titres entre pub-rock et blues, on pense souvent à Dr Feelgood. Et puis la relative simplicité de la formule n’empêche pas les Yellow Dogs de varier les plaisirs : du tempo lent et bluesy de « Living in a crowd » au plus enlevé et nerveux « Black Car Boogie » ; de l’acoustique « Don’t play your music too loud » au boogie qui ouvre l’album « Cheap beer & shuffle » en passant par le groovy « I can’t stand your cookin’ », il y en a pour à peu près tout les goûts pour peu que l’on aime les guitares. Laissez vous porter par les six cordes magiques et découvrez tout au long de ces treize titres une certaine idée du bonheur…

Pour être tout à fait complet sur l’actualité du groupe, précisons que les Yellow Dogs travaillent actuellement sur un nouvel album. Quatre titres viennent d’être présentés en avant première dans le maxi « Unleash the dogs » et à l’écoute de ce dernier on peut penser que ce nouvel effort sera réussi… A suivre en tout état de cause…
http://www.yellow-dogs.fr/