lundi 10 mai 2010

Rencontre avec I Love My Neighbours


C’est dans les loges de l’International, quelques heures avant leur concert, que nous avons retrouvé le trio parisien I Love My Neighbours. L’endroit est assez vétuste, loge riquiqui, murs tagués et couverts de stickers, rock n’roll quoi ! Derrière la porte, un groupe de reggae, en retard sur l’horaire, est en pleine balance. Les effluves de la musique franchissent le pas de la porte. « Comme ça, tu pourras dire que tu nous a interviewé sur une plage de Jamaïque » me confie Jérémy, le chanteur…

J’ai une confession à vous faire, je vous connais très mal, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
William : Je suis le batteur
Jérémy chanteur guitariste, humour, imitateur officiel de Jacques Martin
Je suis Alexis et joue de la basse

D’où vient le nom du groupe, est-ce une référence à des voisins mécontents ?
Jérémy
: Je vois que tu as lu notre biographie. Quand on a commencé à jouer avec Alexis, et une batteuse à l’époque, on cherchait un nom et on a failli s’appeler les godemichés… On s’est embrouillé avec les voisins à cause de bruit. Car, à l’époque, c’était surtout du bruit : on faisait des solos de sept minutes avec des canettes de bières !

Alexis : Sur une corde et une case !

Jérémy : Et du coup on s’est dit : et si on s’appelait the fucking neighbours ! Et avec le temps cela a évolué en I love my neighbours. Et ça nous correspond bien, ça nous a suivi tout du long. On a toujours eu des problèmes avec les voisins. Même en studio ! Qui est censé être insonorisé ! Très récemment, ma voisine du dessus s’est déclarée. Je pense que c’est l’amour fou entre elle et moi !

Comment le groupe est-il né ?
Jérémy
: Très simplement au départ il y avait un papa et une maman… J’avais un groupe qui s’est séparé. J’étais un peu tristounet et je me suis mis en quête d’un groupe. Après un an, je n’avais pas trouvé la formation dans laquelle je me faisais plaisir. Alexis avait une basse qui ne servait pas beaucoup...

Alexis : Et qui n’était pas accordée depuis deux ans. C’était voué à l’échec...

Jérémy : Avec Alexis on se connaît depuis la primaire. Après on a rencontré une batteuse. Quelques mois plus tard j’ai fait appel à William que j’avais rencontré au lycée. Quand il est arrivé ça a tout de suite fonctionné. Ca c’est fait assez naturellement, c’est une histoire de copains avant tout.

Pourquoi le groupe ne sort-il que des EPs ?
William
: Officiellement on n’en a sorti aucun. Là c’est le premier.
Jérémy : Jusqu’à présent c’est resté relativement confidentiel. Vous avez échappé à des pochettes monumentales… On ne va pas te raconter par ce que même à raconter c’est dégueulasse. Pour l’instant on n’a pas l’opportunité de faire autre chose qu’un EP. C’est un support pour se développer ensuite. A terme l’idée c’est quand même de faire un album. Quand tu fais de la musique t’as forcément envie de faire un album. Maintenant, enregistrer dans de bonnes conditions cela nécessite un investissement et un encadrement qu’on essaye de mettre en place.

Ca fait combien de temps que vous existez ?
William
: En septembre, quand sortira l’EP, cela fera quatre ans.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre clip « Swedish Babe » (visible sur myspace) ? Comment s’est passé le tournage ? D’où est venue l’idée d’interviewer les gens dans la rue ?
Jérémy
: L’idée ne vient pas de nous à la base. C’est une idée d’Elisa (l’attachée de presse) et d’Alexandre (le manager). Ils ont pris exemple sur Cake. Quand ils nous ont montré cette vidéo on a trouvé le concept sympa. Après, nous on ne s’est pas investis directement dans la réalisation. C’est délicat de dire aux gens : « dites nous, en face, ce que vous en pensez ». Notre absence leur donnait une liberté de ton. Moi, je n’aimerai pas que l’on me demande : « Qu’est-ce que tu penses de moi ? ». Pour nous, c’était plus intéressant d’avoir toutes les réactions après coup. Quelqu’un qui n’aime pas le morceau, a tout à fait le droit de le dire.

Il y a quelqu’un qui le dit d’ailleurs…
Jérémy
: Exactement. Et on en a cherché d’autres dans les rushs. Moi, je voulais qu’il y en ait plus. Que quelqu’un me dise que je joue de la guitare comme un pied. Moi ça m’aurait fait rire. Y’a un mec qui dit que je chante comme une fille. Je trouve ça génial, qu’il se pose la question de savoir si c’est un chanteur ou une chanteuse. C’est un micro-trottoir, c’est vivant…

La musique passe un peu au second plan quand on la regarde...
Jérémy
: Ce n’est pas très grave. C’est un thermomètre. Pour prendre la température. On a d’autres morceaux à mettre en avant. D’autres histoires à raconter, même à travers la pochette. L’EP, on a essayé d’en faire quelque chose de cohérent. Pour l’instant, tout n’est pas encore fini. Ce premier morceau « Swedish Babe », est celui qui s’extrait le plus facilement de cet EP pour avoir une idée générale. Les autres morceaux sont peut être moins accessibles à la première écoute. Ca nous permet d’avoir un premier retour. Des chansons, on en a plein la chaussette ! Prêt à dégainer !

Tu nous parlais de pochettes, et ça me fait plaisir par ce que depuis le MP3, la musique est dématérialisée. Est-ce que tu penses qu’un disque c’est un ensemble sons et image ?
Jérémy
: Oui, fatalement. Moi, je suis un gros consommateur de dvds. J’achète beaucoup plus de dvds que d’albums. Je crois que d’une manière générale, les gens sont sensibles à l’emballage. Il y a matière à faire un objet. Quand j’écoute des groupes, cela m’évoque toujours des images. J’ai du mal à dissocier la musique de l’image. Tu es obligé d’imposer une image qui accompagne le son. Si tu veux emmener les gens quelque part, il faut leur donner des directions. On a pas mal réfléchi sur la pochette. On a un fil conducteur entre chaque morceau et on a fait en sorte que la pochette reflète un peu tout ça. Les pochettes précédentes n’étaient pas très étudiées.

Qu’est-ce qui nous attends sur ce disque. Tu laissais entendre que les morceaux étaient plus violents que « Swedish Babe » ?
Jérémy :
En ce qui concerne « Swedish Babe », il s’agit de notre morceau le plus pop. « Pop, Rock, Grunge » sont les trois adjectifs qui décrivent ce que l’on fait. Plus ça va, plus je me dis que c’est dur de catégoriser. Pour l’instant on n’est dans aucune case mais je m’en fous que l’on nous catégorise. Nous on sait ce que l’on fait, et encore… De toute façon, il y a une différence entre ce que reçoivent les gens et ce que nous on a l’impression de donner. C’est assez dur de répondre à ta question… On a des envies, des influences… Dans l’EP il y a un morceau assez « énervé » mais assez accessible je pense et que je ne classerai même pas dans du grunge, du rock ou de la pop.

William : Le truc c’est que l’on a tous des influences très différentes. Quand on s’est rencontré, on n’écoutait pas du tout la même chose. De plus en plus, avec le temps, on arrive à se retrouver sur des groupes que l’on a en commun. Ce qui intéressant, c’est d’essayer de métisser toutes ces influences pour en faire quelque chose de cohérent. Un morceau très pop on essaye toujours d’y mettre autre chose. On a une chanson qui s’appelle « David Ghetto » et qui est partie d’une blague à la base.

Jérémy : Rien à voir avec David Guetta. C’est une chanson que l’on a composé dans une maison de campagne où il n’y avait que la télé. En pleine été. Et David Guetta, le plein été, c’est son fond de commerce, il était partout…

William : Sur MTV on le voyait tout le temps. Trois clips différents et ils passaient tous…

Jérémy : On n’a absolument rien contre lui, il fait son truc et visiblement il le fait bien même si cela nous parle pas des masses… Ce qui nous faisait rire c’est que dans pas mal de ses morceaux il y avait une espèce de guitare avec du delay. Cela donnait une rythmique facilement reconnaissable que l’on assimile directement à du « David Guetta ». On a repris ce petit détail là et on l’a amené vers quelque chose de plus rock. La basse, c’est une basse chaloupée typique de ce qu’Alexis peut produire. Qui apporte beaucoup plus de mélodie que la guitare en définitive. Ses influences c’est des groupes genre The Rapture. William ce n’est pas forcément son créneau à la base et du coup il est obligé de s’adapter, de faire une batterie un peu plus « dancefloor ». Ensuite on part vers un refrain plus énervé. L’idée c’est vraiment ça, de mélanger toutes nos influences pour arriver à des morceaux de trois minutes qui se tiennent et sur lesquels on se retrouve tous. On a abandonnés certains morceaux, cette année, après s’être rendu compte qu’on n’y mettait pas tous la même envie…

Est-ce que c’est dur de se constituer un répertoire dans ces conditions ? Y a t il beaucoup de déchets ?
Jérémy :
C’est difficile de parler de déchets. Pratiquement toutes ces chansons « abandonnées » ont été jouée au moins une fois sur scène. Ce n’est pas difficile en soi de se constituer un répertoire. On nous demande de jouer 35-40 minutes. Le but du jeu pour nous c’est de faire un set qui est vivant de la première à la dernière minute. Certains soirs on écrit notre set-list et là on se regarde : « Quoi, c’est tout ce qu’on a ? Et elles sont passées où les autres compos ». C’est sur qu’au bout de quatre ans, des chansons qu’on a mis de côté, il y en a un paquet. Cela ne veut pas dire qu’on ne les aime plus, simplement que si aujourd’hui on veut faire un set équilibré, elles n’ont plus leur place.

William : Aujourd’hui on a des envies, on joue d’une certaine façon. Et quand des vieilles chansons viennent se greffer là-dessus par ce qu’il faut jouer cinquante minutes, ça fait tâche, un manque de cohérence avec le reste. De notre point de vue en tout cas.

Jérémy : Et puis la réaction du public joue beaucoup aussi. D’un concert à l’autre, il se passe quelque chose de particulier sur une chanson sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Et après la compo sur laquelle on mise le plus le public passe à côté… Ce n’est pas grave, mais du coup le concert suivant, tu l’appréhendes différemment, soit tu changes l’ordre de la set-list, soit tu te dis qu’il faut faire plus attention à ce moment là et en définitive t’essayes toujours de colmater les brèches, par ce que tout est perfectible. On essaye toujours de faire mieux d’un concert à l’autre. Parfois t’essayes un changement qui ne fonctionne pas du tout, le groupe s’endort ou c’est le public qui ne suit plus. A ce moment là il faut réinjecter de nouvelles chansons, ou trouver un truc qui fait que cela va repartir.

Vous avez des salles préférées ?
Jérémy :
La Maroquinerie, cela nous tient à cœur, par ce qu’on a vu des purs groupes là-bas. C’est comme quand on a fait La Boule Noire, Le Trabendo, L’Elysée-Montmartre, toutes ces grosses scènes, tu te dis voilà je suis sur la même scène que tel où tel groupe. Forcément cela renvoie toujours à beaucoup de choses, les souvenirs des concerts que tu as vus. Il y a aussi La Cartonnerie à Reims, une vraie bonne salle.

Comment vous voyez l’avenir ?
Jérémy :
Il y a la sortie de l’EP. On travaille toujours pour essayer de le sortir dans les meilleures conditions. L’avenir sera très fortement conditionné par les retours que l’on aura sur l’EP. Evidemment, nous on a envie de continuer. Mais le groupe ne va pas se développer éternellement. A un moment, il va falloir qu’il y ait un déclic... Où pas… Peut-être qu’un jour on écrira une chanson extraordinaire... Peut-être que cela ne viendra jamais...
Propos recueillis le 3 mai 2010

En concert le 29 mai 2010 à la Cartonnerie de Reims et le 12 juin 2010 au Bus Palladium (Paris).
www.myspace.com/thefuckingneighbours



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