dimanche 31 août 2008

Poni Hoax : « Images of Sigrid »



C’était dans les backstages de « One Shot Not », l’excellente émission musicale du batteur Manu Katché diffusée sur Arte. Une bande de petits minets s’observent dans un miroir. Et l’un d’eux de s’exclamer, sur le ton de la catastrophe, « Putain, j’ai perdu ma mèche !!!! ». Les petits dandys, c’était le groupe francilien Poni Hoax, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils affichaient alors des considérations assez proches de celles de ce blog. Bah oui, c’est bien connu, je passe mon temps à parler de coiffure ! Plus sérieusement, il se trouve que les Poni Hoax sont en ce moment au cœur d’une hype pas possible depuis la sortie de leur deuxième album « Images of Sigrid ». C’est sûr, tout ce que notre belle Capitale compte de dandys/minets/branchouilles (et Dieu sait que l’on est bien fourni en la matière) va se précipiter aux concerts de Poni Hoax. Musicalement, l’album en question tient bien la route, rien à redire. Dans la lignée d’un Electric Six ou d’un Franz Ferdinand, Poni Hoax mélange avec habileté new wave, disco et électro-rock. Bon dit comme ça, cela semble assez indigeste. D’ailleurs l’album peine à démarrer, ce n’est qu’à partir de la troisième plage « Pretty Tall Girls » et son déluge de guitares que le groupe commence à donner sa pleine mesure. « Antibodies » dégage un venin assez irrésistible. Je trouve juste le chanteur Nicolas un peu limite, mais bon ce n’est qu’un avis personnel. Autre excellent titre « You’re gonna miss my love » mené tambour battant. « Crash-Pad Driver » et "The Soundtrack of your fears" sont des moments d’une grande délicatesse. Malgré tout, l’album n’aurait pas souffert d’être un peu plus court, une heure dix, c’est long et il n’est pas toujours évident de tenir sur la distance. Néanmoins, l’affaire est suffisamment bien menée pour que l’on puisse se permettre de dire que la France tient en Poni Hoax un groupe électro-rock à la hauteur de ses modèles. La mode est au revival eighties, très présent ici, donc « Images of Sigrid » tombe à point nommé. Maintenant, reste à voir combien de temps cela durera et comment tout cela va vieillir.

http://www.ponihoax.com/

Poni Hoax : "Pretty Tall Girls" (One Shot Not)


Poni Hoax "Antibodies" (One Shot Not)

samedi 30 août 2008

The Cure

Alors qu’ils s’apprêtent à sortir leur treizième album, les vétérans de The Cure ont adopté une démarche originale sortant un single tous les 13 du mois avant le nouvel opus prévu (sous réserve pour le moment) le 13 septembre prochain. Petite revue d’effectif avant ce qui sera à coup sur l’événement de la rentrée.


Premier single à être sorti « The Only One » est une chanson plutôt pop dans la lignée de « Friday i’m in love ». Les guitares sont plutôt bien mises en avant, Porl Thompson est de retour au sein du groupe et cela s’entend. La face B, inédite, « N.Y Trip » est assez psychédélique, une basse énorme signée Gallup et un entrelacs de guitare wha-wha.

Le deuxième single « Freakshow » se distingue par son rythme assez particulier, assez saccadé plutôt inhabituel pour le groupe, mention spéciale au batteur Jason Cooper. Porl Thompson est encore une fois assez barré sur ce titre sa guitare wha-wha est en forme olympique. « All kinds of stuff » la face B démarre à fond la caisse dans la lignée de la chanson précédente, le tempo est assez démentiel, le son, assez agressif.


Troisième single « Sleep when i’m dead » et le rythme ne ralentit toujours pas. L’intro est assez surprenante avec beaucoup d’écho sur la voix, toujours impeccable, de Robert. J’ai beaucoup apprécié le petit motif de sitar sur le refrain. La chanson est assez trippante et emmène l’auditeur assez loin, une constante chez ce groupe. La face B « Down Under » est sympa sans plus. Le titre, assez anecdotique, m’apparaît comme le plus faible du lot, mais il est possible que je fasse la fine bouche.


Enfin dernier single « The Perfect Boy » se distingue du reste de la livrée par son aspect « naturel ». Une petite rythmique de guitare toute simple sans tous les effets des titres précédents. La chanson est très agréable au tempo assez cool, Robert est excellent. La face B « Without you » continue dans la même veine, rythmique jouée sur guitare folk, excellent motif de sitar sur le refrain (j’avoue j’ai un faible pour le sitar). Vers le milieu du morceau le groupe s’excite un peu au moment où une guitare électrique fait son apparition avant le climax et un final plutôt apaisé.

D’après ce que j’ai pu entendre, je pense que ce nouvel album va s’inscrire dans la veine « rock » du groupe, j’ai notamment l’album « Wish » en tête. Le son des quatre simples est assez homogène, les guitares sont de sortie. J’aimerais également insister sur le fait que les faces B, qui normalement ne figureront pas sur le tracklisting de l’album, sont d’excellentes facture, même « Down Under » qui est un peu faiblarde, et que seul un grand groupe comme les Cure peut se permettre de mettre de côté des chansons de cette qualité. Vivement la suite !!!

http://www.thecure.com/



The Cure : "The Only One"


The Cure : "Freakshow"


The Cure : "Sleep when i'm dead"


The Cure : "The Perfect Boy"

vendredi 29 août 2008

Gossip, Le casino de Paris, 25 Août 2008.


La soirée a commencée par une énorme ovation du public surexcité à l’idée de revoir sur scène l’explosif trio étasunien. Avant d’envoyer la sauce, la chanteuse Beth Ditto affirme qu’elle restera rousse jusqu’à la sortie d’un nouvel album et que, hélas, cela risque de se prolonger un petit peu avant de s’adresser, en français (on apprécie l’effort), au public : « bonsoir comment ça va ? ». Le trio a ensuite embrayé sur une nouvelle chanson, surprise aux tonalités électro sans guitare mais avec synthé. C’est assez surprenant, désarçonnant même, mais on reste malgré tout en terrain connu grâce à la formidable scansion de la batteuse Hannah. Nathan, qui s’est fait chambrer toute la soirée par Beth pour avoir commencé à fumer à 29 ans, a également évolué dans son jeu de guitare, instrument qu’il n’a pas oublié contrairement à ce que pourraient laisser penser les nouvelles chansons électro, ou il n’hésite plus à se lancer dans des trips noisy/psyché que ne renieraient pas My Bloody Valentine. Notons également que ce soir le groupe est de nouveau accompagné sur quelques morceaux par un excellent bassiste. Sinon, « Listen Up » (avec le refrain en français : « un, deux, trois, écoute-moi »), « Standing in the way of control », « Jealous girls » s’apparentent toujours à char d’assaut lancé à pleine vitesse qui défonce tout sur son passage, Beth est impressionnante et se donne à fond, sans réserve aucune. « Coal to diamonds » offre une respiration émouvante appréciable dans laquelle transpercent les inspirations soul du trio, je n’ai de cesse de le répéter, sans que personne ne me croie, mais, moi, j’entends de la soul chez Gossip. Mais pour moi le summum de l’émotion a été atteint avec la reprise d’Aaliyah, « are you that somebody ? ». Je ne l’ai réalisé que le lendemain, mais c’était ce jour même, le 25 août, le septième anniversaire de sa tragique disparition. Déjà sept ans qu’elle nous a quitté dans un accident d’avion, elle est partie beaucoup trop tôt et quelque part je suis heureux qu’elle ne soit pas complètement oubliée. Ou qu’elle soit, je pense qu’elle est fière de la prestation de Gossip.

www.myspace.com/gossipband
http://www.thegossipmusic.com/


Gossip : "Are you that somebody ?"


Aaliyah : "Are you that somebody ?"

vendredi 22 août 2008

Dennis Wilson : Pacific Ocean Blue



Au sein des Beach Boys, le crédit est souvent donné à Brian Wilson, Dennis, le frère et batteur du groupe, est souvent sous-estimé, un peu à l’image d’un George Harrison chez les Beatles. Dennis était pourtant le seul authentique surfeur du groupe, en un sens il est le véritable Beach Boy, l’âme du groupe. Au-delà de l’anecdote amusante, il est également le premier à s’être lancé en solo avec l’album « Pacific Ocean Blue » sorti en 1977, qui bénéficie aujourd’hui d’une luxueuse réédition en CD.

Cet album, autant l’avouer, personne n’en attendait grand-chose. C’est un tort, car on affaire là à un chef d’œuvre oublié. « Pacific Ocean Blue », avec un titre pareil on peut s’attendre à un album gai, ensoleillé, chaud comme un rayon de soleil estival. Que nenni. L’album dégage une sorte de mélancolie contagieuse, comme une plage sous la pluie, « Pacific Ocean Blues » (par ailleurs l’une des meilleures pièces bluesy de l’album), plutôt que « Blue ». Musicalement, l’album fait un petit pas de côté comparé aux enregistrements de son groupe. Pop, plutôt rêveuse, avec de nombreux arrangements vocaux, moins cependant que chez les Beach Boys (mètre étalon en la matière). Les pianos, claviers divers, cuivres et cordes occupent ici une place de choix. Les nappes de sons se superposent créant ainsi une toile sur laquelle paresse la voix traînante de Dennis. « River Song », « Thoughts of you », « Time », les perles s’enchaînent le long de l’heure que dure le disque sans « filler ». Certains arrangements « You and I », « Mexico » par exemple, sont un peu datés mais cela participe pleinement au charme de l’ensemble.

C’est devenu une mode, notre époque est celle des « Editions Deluxe ». C’est la plupart du temps gênant dans la mesure où on se sent obligé de racheter un CD que l’on possède déjà. Ici, pour une fois, la major a fait son boulot de manière exemplaire. La sortie en version « Deluxe » correspondant à la réédition d’un album oublié qui n’existait pas en CD. C’est assez rare pour être souligné, mais, pour le coup, le consommateur (comprendre qui achète ses disques et paye sa musique) n’a pas l’impression d’être pris pour une vache à lait. Donc l’album, parfaitement remasterisé, est accompagné d’un second CD regroupant des titres de son deuxième album « Bambu », album que Dennis n’a jamais réussi a terminer et qui n’était jamais sorti. On peut entendre en bonus sur ce deuxième disque une nouvelle version de l’instrumental « Holy Man » ou Taylor Hawkins, batteur des foo fighters, a posé sa voix et pour laquelle il a écrit des paroles. La présentation du disque est à l’avenant. Packaging luxueux et élaboré, livret très fourni avec de nombreuses photos. L’ensemble forme un hommage remarquable à Dennis Wilson décédé le 28 décembre 1983. Dennis est mort noyé, comme s’il n’avait jamais voulu quitter cette plage fantasmatique. Il avait 39 ans.

http://www.pacificoceanblue.net/

Dennis Wilson : "Thoughts of You"


Dennis Wilson : "River song"


Dennis Wilson : "Are you real"

mercredi 20 août 2008

Paul Weller : 22 Dreams




Le nouvel album de Paul Weller nous donne une fois de plus l’occasion de souligner l’incroyable vivacité de ce musicien après trois décennies passées au service du rock n’roll. J’avais déjà évoquée sa carrière l’année dernière (voir mon message du 24 février 2007) et ce nouveau disque ne fait que confirmer ce que l’on sait déjà : Paul Weller est un grand ! Avec l’aide du fidèle Steve Cradock (Ocean Colour Scene), du légendaire Robert Wyatt (Soft Machine), de ses potes d’Oasis (Noel Gallagher, Gem Archer), des nouveaux venus Little Barrie (voir mes messages des 4 mars, 8 juin 2007 et 5 juin 2008) et Graham Coxon (ex-Blur) ; le « Modfather » nous gratifie d’un grand cru. A l’instar des doubles albums classiques des années 60, le menu est particulièrement copieux cette fois-ci : 21 titres (petite référence au titre dudit opus) et autant d’occasions de varier les plaisirs et les prises de risques. Bien loin de se contenter de ce qu’il sait faire à la perfection, Paul Weller joue sur différents registres. L’album s’ouvre avec « Light Nights », chanson acoustique aux relents de Nick Drake qui est bien loin de donner le ton de cet opus. En effet dès le deuxième titre « 22 dreams » on change de registre pour retrouver le Paul Weller dingue de soul et de rhythm n’blues bien aidé pour l’occasion par le trio Little Barrie, pas spécialement manchot en la matière. Notons également un hommage à John Coltrane sur l’instrumental jazzy « Song for Alice » ; « Invisible » titre interprété seul au piano sous influence Beatles ; la pop rêveuse de « Black River » et « The dark pages of september lead to the new leaves of spring ». Avec « Lullaby für Kinder » Weller ose même s’attaquer à la musique classique, arrangements de cordes à l’appui. « 111 » offre la facette la plus expérimentale de Weller à base d’orgues Moog et Mellotron. Mais la palme revient à mon avis à « Cold Moments », chanson la plus classique du disque mais diablement efficace. Il ne s’agit là évidemment d’un petit aperçu car ce disque n’offre aucun temps mort ou faible, chaque morceau nous emmène vers des nouveaux horizons et mérite d’être écouté tant Weller fait montre d’un impeccable savoir-faire en matière de songwriting. Un album bouillonnant, foisonnant et au final passionnant. La bande-son de vos rêves.

http://www.paulweller.com/
www.myspace.com/paulweller

Paul Weller : "22 Dreams"

Paul Weller : "Have you made up your mind"


Paul Weller : "Echoes around the sun"

lundi 18 août 2008

Golden Animals


Les Golden Animals sont un nouveau duo Batterie/Guitare composé de Linda Beecroft et Tommy Eisner, originaires du sud de la Californie. Fans des Bees et autres Brian Jonestown Massacre, retenez bien ce nom car dans le genre psyché 60s, les Golden Animals se révèlent aussi convaincant que les cinglés cités précédemment. Ecouter les Golden Animals les yeux fermés, c’est comme voyager dans le temps et retrouver le San Francisco des années 60. On pense alors pêle-mêle au Grateful Dead, au Jefferson Airplane, aux Byrds et il y a comme un soupçon de Jim Morrisson dans la voix du chanteur. Comme leurs aînés, les Golden Animals sont aussi très influencés par le Blues, il y a comme qui dirait du Cream qui sommeille en eux. Leur approche minimaliste est éminemment sympathique, leur EP donne l’impression d’avoir été enregistré au groupe électrogène dans une grange au milieu du désert, il n’y a pas de calcul dans leur démarche, c’est frais et authentique, ça fait du bien.

En attendant la sortie du premier album prévue pour la fin du mois, le premier EP des Golden Animals, malheuresement introuvable, peut être téléchargé gratuitement ici.

Et un grand merci à Saab pour cette nouvelle excellente découverte !!!!!!!!!

www.myspace.com/goldenanimals

Golden Animals : "Big Red Nose"

dimanche 17 août 2008

Foxboro Hot Tubs : « Stop Drop and Roll »




Un riff de guitare tranchant, une batterie qui dévaste tout sur son passage et un chanteur exalté. C’est ainsi que débute « Stop Drop and Roll » (la chanson), le premier titre de « Stop Drop and Roll » ; premier album des Foxboro Hot Tubs. Mais, en fait, qui sont les Foxboro Hot Tubs ? Surprise, surprise, la vie est pleine de surprises… Retenez votre souffle, vous êtes prêts ? Bon, je lâche la bombe : Foxboro Hot Tubs, c’est le projet parallèle de GREEN DAY ! Oui, je sais c’est étonnant, moi aussi je déteste Green Day… D’ailleurs, j’aurai su cela avant, je n’aurais jamais acheté ce CD. Et cela aurait été dommage, car je serai passé à côté de quelque chose. Car j’adore l’album de leur nouveau groupe. Bon il faut dire qu’ils partaient avec des a priori favorable les FXHT, une pochette imitation 33 tours au look sixties, un CD « vinyl replica », tout ceci ne pouvait que, forcément, me plaire. Au niveau du son c’est à l’avenant, aucun titre ne dépasse les trois minutes, l’affaire est expédiée en moins de trente minutes, c’est revitalisant comme un shoot d’adrénaline. Le tout sonne très roots, très sixties : guitare, basse, batterie, un peu d’orgue histoire de faire groover le tout un minimum et un type qui gueule dans le micro, voilà c’est tout, emballé c’est pesé. Les Hots Tubs poussent même le vice jusqu’à plagier « Summertime Blues » d’Eddie Cochran sur « Sally » et « You really got me » des Kinks sur « The Pedestrian ». Mais bon, c’est tellement euphorisant qu’on leur pardonne.
http://www.foxborohottubs.com/
www.myspace.com/foxborohottubs
Foxboro Hot Tubs : "Mother Mary" (live in Dallas) :

samedi 16 août 2008

Weezer : The Red Album


Troisième album éponyme de Weezer (voir mes messages des 24 avril et 16 mai) et autant de couleurs primaires. Après le « Blue » et le « Green » voici donc venu le « Red ». Un album attendu mais un résultat, autant le dire tout de suite, plutôt décevant, à l’image de « Make Believe » l’album précédant du groupe. Donc Weezer, groupe power pop chargé en « grosses » guitares, style dont ils sont en quelque sorte devenus les parangons. Weezer, c’est quatre albums remarquables, le « Blue », « Pinkerton », le «Green » et « Maladroit », c’est ensuite que les choses se sont un peu gâtées. Premier gros changement chez Weezer, Rivers Cuomo n’est plus le seul chanteur du groupe, les autres membres du groupe ont également le droit de pousser la chansonnette sur un titre chacun. Bon pourquoi pas après tout ? Weezer a bâti sa réputation sur des chansons courtes de 2 ou 3 minutes maximum, des « hooks » facilement mémorisables que l’on ne peut s’empêcher de chantonner tout de suite après les avoir écoutées. A ce titre le « Green Album » est remarquable de concision puisqu’il dépasse à peine les 29 minutes. Tout le contraire de ce « Red Album » ou Cuomo, désireux de sortir des schémas tout tracés, finit par sortir un album confus et ampoulé. Tout n’est pourtant pas à jeter dans ce nouvel opus. Weezer a toujours la magie du single qui tue en l’occurrence ici intitulé « Pork and Beans ». « Troublemaker » et « Dreamin’ » sont d’autres exemples d’une efficacité proverbiale. « Heart Songs » plus acoustique est touchante. Mais c’est hélas à peu près tout. « Everybody get dangerous » n’est pas mal, même si il est plutôt surprenant d’entendre Rivers Cuomo rapper (voilà ou ça mène de copiner avec Limp Bizkit !) et ce, même si le costume de rappeur n’est pas celui qui sied le mieux à Rivers. Mais ce n’est pas le pire, c’est quoi ce « The greatest man that ever lived », d’un pompeux que l’on avait plus entendu depuis Queen. Vous espériez tirer Freddie Mercury de sa tombe ou quoi ? Et ce « Cold Dark World » ? Elles sortent d’où ces nappes de synthés pourries indignes d’un sous sous sous Cure ? (ne vous détrompez pas j’adore les Cure) Hein ? Bon allez les gars, sortez un bon concert comme vous savez le faire et je vous jure tout sera pardonné…
http://www.weezer.com/
www.myspace.com/weezer

Le nouveau video clip "Pork and Beans" peut être vu ici.

vendredi 15 août 2008

Isaac Hayes (1942-2008)


Le Black Moses n’est plus. C’est avec une tristesse infinie que l’on a appris cette semaine le décès d’Isaac Hayes, un géant de la soul music et compositeur de la, géniale, bande originale du film « Shaft » (ah cette fameuse guitare wha-wha…). Pourtant Isaac Hayes vaut bien plus que cela. Enrôlé dans l’écurie Stax, Hayes et son binôme David Porter, a cosigné des dizaines de titres pour les artistes maison. Pianiste, saxophoniste, il a également exercé, avec un talent certain, comme producteur et arrangeur chez Stax. Il a pourtant galéré longtemps avant d’avoir finalement sa chance comme artiste. Mais lorsque celle-ci est finalement arrivée, c’est avec brio qu’Isaac Hayes a su la saisir. Son album « Hot Buttered Soul », sorti en 1969, a fait basculer la soul music dans une autre dimension, créant un groove différent. Moins nerveux et plus langoureux, délaissant les cuivres au profit de luxueux arrangement de cordes, précurseurs du « Philly Sound ». Entre ses mains expertes, « By the time I get to Phoenix », composée par Burt Bacharach, devient un morceau de bravoure frôlant les 20 minutes avec de longs passages parlés, annonciateurs du rap, et créant ainsi, sur la longueur, une sorte de transe hypnotique. Et puis il y a sa voix, chaude, grave et profonde, il a ouvert la voix aux crooners soul type Barry White. Il fut la star, attendue comme le Messie, du film « Wattstax ». Hayes était également acteur dans quelques navets blaxploitation et a prêté sa voix au personnage Chef dans le dessin animé « South Park » dans lequel il se parodiait. Il avait 65 ans. RIP.


Isaac Hayes : "Shaft" (live 1973 Wattstax)

samedi 2 août 2008

Let’s get lost de Bruce Weber

Le documentaire de Bruce Weber, l'un des rares longs métrages du photographe, consacré au jazzman Chet Baker, bénéficie d’une discrète ressortie cet été. C’est tout simplement l’un des plus beau et émouvant film jamais consacré à la musique.

Au début du métrage, filmé dans un noir et blanc somptueux, Chet Baker est un véritable adonis. Beau gosse, belle gueule, pétri de talent, excellent trompettiste et doté en plus d’une belle voix, qui vocalise presque aussi bien que Roy Orbison. Le James Dean du jazz. Le parangon d’une certaine forme de jazz cool, typiquement West Coast, évoquant un Los Angeles romantique à souhait, une Californie qui n’existe plus maintenant. Dans une des toutes premières scènes du film, dans un studio d’enregistrement, on y croise un Chris Isaak débutant véritablement impressionné d’être en compagnie d’une légende vivante. Puis Chet Baker change, embarqué dans un enfer cocaïné. L’histoire d’une déchéance.

Interrogé face à la camera, Vera Baker, la maman de Chet est au bord des larmes :
« Votre garçon est un brillant musicien et a gagné de nombreux prix. Mais vous a-t-il déçu en tant que fils ? »
Le silence est lourd, pesant. La réponse est sans appel :
« Oui. Mais je n’ai pas envie d’en parler… »

Chet Baker est ainsi. Usant de son charme et de ses bonnes manières pour carotter tout son entourage, prêt à tout pour se payer sa dose. Et se mettre finalement pratiquement tout le monde à dos. Et le film de raconter comment il s’est fait casser la gueule, et toutes ses dents, à San Francisco, à la suite d’un deal qui a mal tourné. Comment il a du réapprendre à souffler dans sa trompette avec un dentier, ce qui l’a éloigné de la scène pendant de longs mois. Et les seize mois de prison passé à Lucques (Italie) après s’être fait arrêté en train de se faire un fix dans les toilettes d’une station service.




A la fin du film, Chet Baker n’est plus que l’ombre de lui-même. Ridé, les joues creuses. Il n’a plus rien du jeune premier des débuts. Affalé sur la banquette arrière d’une Cadillac entouré de jolies pépées, la vie n’a pourtant plus l’air aussi belle. Pourtant, inexplicablement, son talent est intact, sa voix, son jeu de trompette n’a pas bougé d’un iota. Malgré tout, il accuse le poids des excès, bouge lentement, a du mal à s’exprimer, cherche ses mots. Ses phrases sont ponctuées de longs blancs évocateurs :

« Chet, quand tu reverras ce film, dans quelques années, est-ce que cela restera un bon souvenir pour toi ? »
« Oui, comment pourrait-il en être autrement. »

Pourtant Chet Baker ne verra jamais le film, tourné en 1987. Sa trajectoire se termine dans une flaque de sang, sur un trottoir d’Amsterdam, après une chute dont on ne saura jamais si elle fut accidentelle ou non. C’était le 13 mai 1988. Et ce soir là, tous les clubs de jazz de Paris, qu’il avait bien connu, sont restés silencieux. Il avait 58 ans. Il nous reste la musique et si j’ai un seul conseil à vous donner c’est d’écouter d’urgence son album « Strollin’ ».


La bande-annonce :