jeudi 30 octobre 2008

Allen Toussaint, l’Elysée-Montmartre, 27 octobre 2008.


Le flyer promet un « concert exceptionnel » en compagnie de « la légende vivant de New Orleans ». Le propos est élogieux, mais c’est amplement mérité. Allen Toussaint, c’est du lourd. Un pianiste virtuose pour commencer que l’on a pu entendre récemment en compagnie de James Hunter (voir mes messages des 20 septembre et 19 octobre) ou d’Elvis Costello pour le superbe album « River in Reverse » (on peut également le voir jouer dans les vidéos illustrant mon post sur Earl Palmer). En tant que songwriter et producteur, Toussaint a travaillé avec le gratin musical de sa New Orleans natale (et Dieu sait si la Crescent City est riche en la matière) : Dr John, The Meters… Son travail lui a également ouvert des portes vers des artistes plus « mainstream », les Rolling Stones notamment. Hélas, comme artiste solo, Allen Toussaint est assez peu connu et a peu d’albums à son actif. Enfin si le concert est « exceptionnel » c’est aussi parce que c’est le premier depuis 15 ans sur une scène française. Pour moi, c’est l’occasion de le voir en vrai. Et coïncidence calendaire qui n’a rien à voir avec la musique, son retour a lieu quelques jours à peine avant les fêtes de la Toussaint !!!!

Aussi cela m’a fait beaucoup de peine de voir la salle aussi peu remplie. L’Elysée-Montmartre, deux ans que je n’était pas revenu, j’y retourne comme on retrouve un vieil ami, c’est une petite salle au plafond décoré de modénatures en principe on y est debout, le bar se trouve au fond. Mais le concert étant loin d’être complet on a réduit la capacité de moitié grâce à des rideaux. Et on a même eu droit à une distribution de chaises de jardin en plastique. Un concert assis à l’Elysée-Montmartre, je n’avais jamais connu cela avant.

Impeccablement costumé et cravaté, Allen fait son entrée en scène en compagnie de son groupe : batterie, percussions, guitare, basse, saxophone et la star de la soirée au piano et au chant qui précise que son groupe est à 100 % originaire de la Nouvelle-Orléans. Le reste appartient à la fois du miracle et de la téléportation. Ce n’est rien, et d’une platitude sans nom, de dire que ce fût une soirée magique à graver dans les mémoires. De la soul voir du funk, du jazz et toujours ce son reconnaissable entre mille. Comme de coutume, chaque musicien y va de son petit solo et le duel batterie vs. percussions fut particulièrement tendu et impressionnant. Alors que le show touche à sa fin, Allen s’adresse à l’assistance : « Etes-vous déjà allés à la Nouvelle-Orléans ? Vous avez déjà fait mardi-gras ? Non, alors on a décidé de vous apporter un peu de mardi-gras ! ». Et Allen de se lancer dans une distribution de cadeaux « made in New Orleans » à la fosse : tee-shirts, masques de carnaval, CDs… Le public ne prête plus attention qui continuent à faire le bœuf et pourtant ça joue grave… Et voilà comment on délocalise l’Elysée-Montmartre et le boulevard de Rochechouart en plein Bourbon Street…

Allen Toussaint piano solo


Allen Toussaint : Southern nights

dimanche 26 octobre 2008

Greg Zlap : Road Movies


L’harmoniciste Greg Szlapczynski a accompagné le gratin de la chanson française, Johnny Hallyday (en quête de crédibilité blues), Charles Aznavour etc… Comme artiste solo, il a sorti quatre albums et pour ce cinquième opus, il effectue un retour au blues assez spectaculaire avec 24 images secondes en toile de fond. Comme un résumé de son existence (il est né a Varsovie et a grandi en Pologne), le disque s’intitule « Road movies » et son écoute est une sorte de voyage immobile, une projection cinématographique. Outre ses propres compositions Greg reprend ici les thèmes de « Paris, Texas », « Calling you » (Bagdad Cafe), « Ascenseur pour l’échafaud » et « Mo’Better blues » (de Spike Lee). Parmi ses compagnons de voyage, on note la présence du chanteur/guitariste Ian Siegal, une voix extraordinairement « blues », un petit quelque chose de Calvin Russell dans le fond de la gorge. Son chant fait des merveilles sur « Moon River », très Tom Waits dans l’esprit, « Now i am the blues », aux paroles assez marquantes, « Who’s gonna take my damn soul » et la très courte mais intense « Knocking on devil’s door ». Autre grande réussite « Wedding Theme » qui ouvre et ferme l’album comme un western. Quand Ian Siegal est en congé, c’est Greg lui-même qui prend en charge le chant, avec bonheur, sur « Sleepless nights », « The right spot » et « Long way home ». Route désertique, poussière, cactus et soleil de plomb sont les visions procurées par ce disque qui confirme la bonne forme de la scène blues Hexagonale. Maintenant, il ne manquerait plus qu’elle se fasse enfin entendre…
www.myspace.com/gregzlap

Greg Zlap : « Who’s gonna take my damn soul »


Greg Zlap : « Knocking on devil’s door »

mercredi 22 octobre 2008

The Datsuns : Headstunts

Jusqu’à présent les Datsuns étaient surtout connu pour leurs fulgurances. Capable de balancer des singles de trois minutes d’une efficacité imparable : « In love » ; « Motherfucker from hell » ; « I’ve got no words » etc… sont autant de décharges rock n’rollienne. C’est aussi efficace qu’un shoot, c’est la foudre rock n’roll qui s’abat sur vos oreilles. Le problème c’est que les Datsusns peinent à tenir la distance sur la longueur d’un album. Les deux premiers disques ont leurs moments, c’est sûr, mais aussi des longueurs. Toutefois, tout espoir n’est pas perdu, le troisième opus « Smoke and mirrors », plus abouti et mieux produit, est aussi, et de loin, leur meilleur.







Voici donc venu « Headstunts », le quatrième album des Datsuns. Et un nouveau départ pour les Néo-Zélandais ; déjà un nouveau batteur, dénommé Ben Cole. Et puis, comme un signe de maturité, les membres du groupe ont repris leurs noms de baptême et laissé tombé le pseudonyme de Datsuns. Ensuite, musicalement, si le groupe est toujours sous l’influence conjuguée de Led Zeppelin et d’AC/DC, les Datsuns réussissent tout de même à trouver de l’espace pour déchiffrer de nouvelles contrées musicales : « Human Error » et « Yeah Yeah another mistake » sont plus punk qu’a l’accoutumée. « Hey ! Paranoid People ! » met en valeur un orgue moog aussi inattendu qu’appréciable, « Eye of the needle » est une plage planante (du moins dans sa première partie) d’un calme surprenant. Pour le reste, les Datsuns, fait toujours preuve de son efficacité habituelle pour ressusciter le gros son des années 70. Tout juste si l’adjonction d’un orgue (« Cruel Cruel Fate ») leur donne un peu plus de groove. Christian Livingstone et Philip Buscke Sommervell ont de plus en plus d’assurance dans le rôle des guitar-heros et Rudolf de Borst est un bassiste extrêmement solide. Les Datsuns, l’exemple du groupe qui, s’il n’est essentiel pour personne, n’en est pas moins très attachant.

http://www.thedatsuns.com/
www.myspace.com/thedatsuns

The Datsuns : « Motherfucker from hell » (1st album)


The Datsuns : « Harmonic Generator » (1st album)


The Datsuns : « In Love » (1st album)

lundi 20 octobre 2008

Oasis : Dig out your soul.


Oasis est-il un grand groupe de rock ? L’interrogation est pertinente, et la réponse dépend surtout du moment où ladite question est posée. Je m’explique. La même question posée à leurs débuts, en 1994, la réponse aurait été sans appel : OUI, mille fois oui. J’ai saoulé suffisamment de monde à l’époque avec mes nouveaux héros, tellement j’étais persuadé détenir en eux le groupe de rock n’roll ultime un peu comme si les Rolling Stones s’étaient approprié le répertoire des Beatles. Hélas, l’embellie fut de courte durée et dura deux années 1994 et 1995 correspondants aux albums « Definitely Maybe » et « (What’s the story) morning glory ». La descente fut raide dès l’album suivant « Be Here now » pompeux, foiré, ou des couches et des couches de guitares s’empilent, l’écoute de cet opus donne l’impression d’entendre le travail de l’ingénieur du son en train d’essayer de rendre la chose écoutable. La déception fut à la hauteur de l’attente suscitée. Ca fait mal de l’avouer, mais depuis « Wonderwall », nos « nouveaux Beatles » sont devenus un groupe de pub rock, sympa, certes, mais banal. Un signe ne trompe pas, les albums suivants « Standing on the shoulders of Giants », « Heathen Chemistery » et « Don’t believe the truth », je les ai beaucoup moins écoutés que les deux premiers. Et c’est donc avec une certaine indifférence, teintée de nostalgie (quand même) que sort ce nouveau disque. Bien loin en tout cas de l’excitation des débuts. Petite note personnelle : à la sortie du deuxième album (Morning Glory), je me souviens m’être précipité à la FNAC à côté de la maison le jour même de sa sortie et d’avoir tapé un scandale pas possible en plein milieu du magasin : l’album n’était pas disponible, le rayon disque était en train de faire son inventaire ! Fin de la note personnelle.

Bon revenons à nos moutons. Alors, Oasis est-il un grand groupe ? Euh, en tout cas ce nouveau disque fait montre d’une ambition renouvelée. Ca dépote sec dès le début avec le mur de guitares de « Bag it up ». Autre déflagration (et pièce maîtresse) «The Shock of Lightning », qui porte bien son titre et renoue avec la morgue des débuts. Ils se permettent même de tâter des rythmes ternaires, je n’irai pas jusqu’à parler de blues, sur « Waiting for the rapture » et « The nature of reality ». La deuxième moitié de l’album, ne fera pas que des heureux, le groupe se lance, avec un bonheur inégal, dans le psychédélisme, le sitar de « To be where there’s life » est excellent. « (Get off your) High Horse Lady », « Falling down », « I’m outta time » jouent également sur cette corde planante avec des résultats mitigés, mais l’ensemble est suffisamment bien exécuté et produit pour que l’on puisse, au loin, distinguer un petit bout de nirvana.
http://www.oasisnet.com/

Oasis : « The shock of the lightning »

dimanche 19 octobre 2008

José James + James Hunter, New Morning, 17 octobre 2008.


Deuxième coup de cœur de la semaine, cette fois-ci pour le quartet du chanteur José James, que l’on a pu admirer en première partie. Quartet jazz tendance free composé du pianiste Gideon Van Gelder, du bassiste Neville Malcolm et du batteur Rich Spaven. Le pianiste a débuté seul, livrant une longue intro assez free avant d’être rejoint par José puis le reste de la bande. Le chanteur José à une voix assez mélodique mais ce qui le distingue c’est son sens du rythme. Son chant est très rythmé, probablement l’influence du scat et peut-être aussi pourquoi du hip hop, José étant suffisamment jeune pour avoir été amateur. Le quartet est très soudé et tous ont du « niveau ». Ils le prouvent d’ailleurs, y allant chacun l’un après l’autre de son petit solo. Mais une fois encore, c’est le batteur qui m’a réellement soufflé, tenant le rythme avec brio, jouant avec maestria de ses cymbales et maîtrisant le chabada à la perfection. Il impulse son énergie aux autres. Une excellente entrée en matière saluée comme il se doit et une bonne introduction pour la suite des événements.
La suite des événements, c’est le soul man britannique James Hunter qui nous la raconte. James Hunter, j’ai toujours, à tort, tendance à le considérer comme la révélation de l’année alors qu’il a déjà plus de dix ans de carrière en solo derrière lui. Mais bon il n’est jamais trop tard pour un coup de cœur. Car si l’album m’avait emballé, le concert ne fait que renforcer l’attrait exercé par le personnage. Sur scène l’homme est réellement sympathique et le plaisir de jouer et l’amour de la musique est contagieux. L’orgue tombe en panne. Aucun problème James prend la chose avec humour et simule aussitôt une panne de micro, provoquant l’hilarité générale. Puis glisse un discret « Damian » et ce le saxo, Damian Hand, qui assure le solo en remplacement de l’orgue en souffrance. Quels pros quand même. Carwyn Ellis l’organiste en galère, se rabat alors sur le piano et une nouvelle pique de James : « Mesdames et Messieurs, je vous présente Liberace ! ». Il fait très chaud dans la salle et Hunter tombe la veste : « Le pantalon vient ensuite ! », non, s’il te plaît James, restons potes… Enfin, avec un sens de l’humour pareil on ne peut pas s’ennuyer. Mais James est également un grand showman, le solo de guitare, joué sur une jambe avec petite chorégraphie à la clef, un autre solo joué avec la guitare posée par terre avant de brandir cette dernière en direction du public. Mais tout cela serait vain, si derrière la musique n’assurait pas. Citons le reste de la troupe en hommage, le contrebassiste Jason Wilson, le batteur Jonathan Lee, les saxophonistes Lee Badau et Damian Hand, le pianiste Carwyn Ellis et enfin James Hunter à la guitare et à la voix. A l’écoute de ce concert et l’énergie contagieuse qui en a découlé il m’apparaît de plus en plus clair qu’Hunter est le lien manquant (et fantasmé) entre rock n’roll, soul et rhythm n’blues, et ce grâce à son talent de guitariste. Malheureusement tout, y compris les bonnes choses ont une fin, et le temps des rappels est déjà arrivé. Le temps pour Hunter d’une dernière facétie puisqu’il jouera ce dernier grimaçant tout ce qu’il peut et affublé de fausses dents à la Frankenstein. Sacré farceur, va !!!!
http://www.jameshuntermusic.com/
www.myspace.com/jameshuntermusic
http://www.myspace.com/josejamesquartet
http://josejamesmusic.com/

José James

James Hunter

samedi 18 octobre 2008

Beverly Guitar Watkins + John Mayall, le Bataclan, 15 octobre 2008.




Tout d’abord, j’aimerais vous faire partager mon enthousiasme concernant la chanteuse/guitariste blueswoman Beverly « Guitar » Watkins qui a assuré, avec brio, la première partie. J’avais déjà entendu le plus grand bien d’elle, sans avoir encore eu l’occasion de vérifier par moi-même. Et cela a été un véritable coup de cœur. Le trio qui l’accompagne est soudé et vraiment efficace. J’ai particulièrement été impressionné par le batteur, Ardie Dean, épais comme un fil de fer et qui pourtant n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il s’agit de cogner et d’assurer le show. Il se lève joue parfois debout, assure un solo en tournant autour de sa batterie, tapant sur toute les caisses (y compris la grosse caisse) avec ses baguettes sans rater un seul temps puis il finit debout sur son tabouret, les pieds joints cognant frénétiquement la caisse claire. A la guitare Albert White dans un style blues/funk et à la basse Sol qui y va également de son petit solo. Toute cette joyeuse troupe assure deux titres histoire de chauffer la salle (ce qui a plutôt bien fonctionné) avant l’arrivée de la Dame Beverly « Guitar » Watkins. Et là ce fut le choc. Une voix soul qui a de la profondeur, de l’âme, du vécu (c’est une survivante du cancer) et, de plus, pas maladroite à la guitare. Elle évolue dans un style entre blues et jazz, ça swingue sec. Le public n’y est pas insensible et lui accorde un véritable triomphe qui se renouvellera lorsque le groupe traversera la salle « en civil » après leur set, une ovation leur sera réservée. Beverly exulte lève les bras, serre des mains. Votre serviteur aura droit à une tape amicale sur l’épaule de la part du batteur. Un grand moment. Beverly « Guitar » Watkins, retenez-ce nom, c’est un sacré petit bout de femme que l’on tient là. Ce fut trop court, frustrant même, espérons la revoir bientôt.

Vint ensuite la star de la soirée, le père du « British blues », Mister John Mayall. Membre fondateur des bluesbreakers, il a mis le pied à l’étrier à Eric Clapton (entre autres). C’est un phénomène. Croisé dans les allées du Bataclan, il est quasiment anonyme et avec ses lunettes cerclées, ressemble à un petit papy, il est quasiment septuagénaire. Sur scène, c’est un autre personnage qui d’un semble 20 ans plus jeune et joue avec l’énergie et l’enthousiasme d’un petit jeune. Virtuose à l’harmonica, très bon pianiste et honnête guitariste, il transpire l’amour du blues. Lui aussi est très solidement accompagné son trio texan/californien est redoutable. Le guitariste est très bon et se lancera dans un medley hommage à Led Zeppelin enchaînant les riff de la légende Jimmy Page sous les vivas de la foule. John Mayall, la preuve vivante de l’adage selon lequel, les bluesmen ne s’arrêtent jamais et jouent encore et toujours. Pour notre plus grand plaisir.

Beverly Guitar Watkins


John Mayall & The Bluesbreakers

mardi 14 octobre 2008

Jimmy Mc Griff (1936-2008)


Né à Philadelphie le 3 avril 1936, Jimmy Mc Griff fût l’un des grands maîtres de l’orgue Hammond B3. Elevé dans une famille de musiciens, il apprend le piano à l’age de cinq ans avant de tâter de la basse et du saxophone alto. C’est après avoir entendu Richard Groove (un nom pareil cela ne s’invente pas, c’était écrit…) jouer de l’orgue lors du mariage de sa sœur, que Jimmy adopte à son tour l’instrument. Il sera aidé dans sa quête par le fameux Richard Groove mais aussi également par son ami d’enfance Jimmy Smith (vous vous souvenez « Sure Shot », le sample des Beastie Boys…) qui ont prodigués leçons et conseils à Jimmy. Après avoir servi dans l’armée et aussi dans la police de Philadelphie, Mc Griff se consacre totalement à la musique à partir de 1961 et forme son trio. L’année suivante il décroche son premier tube grâce à une reprise d’« I’ve got a woman » (Ray Charles). Ce premier succès l’amènera à signer sur le label Sue avec un certain succès. La compilation (voir photo) est un véritable festin, régal pour les oreilles qui ravira autant les fans de rock « mod » que les amateurs de Soul ou de Jazz. Jusqu’en 1972 McGriff parcoura le monde avant de se retirer du business. Il reviendra cependant à la musique vers la fin des années 70 et enregistrera quasiment sans discontinuer jusqu’en 2001. Bien qu’évoluant dans un style entre Jazz, Gospel et Soul, McGriff se définissait sans ambiguïté comme un bluesman. Atteint de sclérose en plaques depuis de nombreuses années, il s’est éteint le 24 mai dernier à l’age de 72 ans, victime d’un arrêt cardiaque. RIP.
http://www.jimmymcgriff.com/


dimanche 12 octobre 2008

Nada Surf + Underground Railroad, L’Olympia, 7 Octobre 2008.

Un petit mot pour commencer sur Underground Railroad qui a assuré la première partie. Vraisemblablement français, le trio a tenté l’aventure britannique en s’installant à Londres, leur deuxième album vient de sortir. Ils oeuvrent dans un noise rock, tendance nineties, assez intéressant. Malheureusement, leur set a quelque peu été gâché par un son mal foutu, trop chargé en basse notamment, de nombreux larsens pourrissent l’ensemble. Néanmoins ils ont montré une belle énergie et leurs compositions accrochent bien à l’oreille. C’est dommage pour eux, une première partie de Nada Surf à l’Olympia, ce n’est pas le genre de plan qui se présente tous les jours mais on reparlera d’eux bientôt.

Vint ensuite un autre trio francophone, venu de New York, Nada Surf. Si leurs deux derniers albums pèchent parfois un peu par facilité (je me permets d’être un peu critique car je les aime beaucoup), ils restent sur scène un groupe d’une efficacité redoutable. Bien plus rock n’roll que sur disque. J’ai d’ailleurs l’impression que ce soir ils n’ont pas hésité à monter d’un cran le volume des amplis. Ca démarre comme une balle avec un enchaînement « Hi-Speed Soul » / « Treehouse » / « Happy Kid » ; et ça dépote direct. Il est vrai qu’en la personne d’Ira Elliott ils ont un des meilleurs batteurs à l’heure actuelle qui n’hésite pas à aller au charbon pour alimenter la machine. Daniel Lorca, le bassiste, passe la soirée en jouant assis (??) sans que cela l’empêche de gigoter dans tous les sens ; il est également un soutien rythmique remarquable. Et enfin Matthew Caws, le chanteur/guitariste, toujours aussi sympa avec le public.

Il y eut également des moments plus doux : « Inside of love », que Matthew décrit comme leur titre soul/motown, ou le public danse en rythme de droite à gauche les bras en l’air. Mais le plus beau moment fut sans doute « See these bones », avec un magnifique arpège en intro, des lumières superbes, comme suspendues dans le temps. Magnifique. Très bonne mention aussi pour « Weightless » avec les chœurs assurés par le public, « Blonde on blonde », chanson d’une beauté poignante et enfin « Blizzard of 77 » en rappel éthéré.

Daniel et Matthew l’ont confirmé, il s’agit de leur dernière tournée pour l’album « Lucky ». Afin de marquer le coup ils nous ont préparé quelques petites surprises des titres assez rares qu’ils n’ont pas l’habitude de jouer en concert « Telescope » et « Treehouse » extraits du tout premier EP, Karmic. Hélas au détriment de l’album « Proximity effect » dont ils n’ont joué aucune chanson.

Nada Surf, c’est un peu comme les Bellrays, en live ils ne déçoivent jamais. Raison suffisante pour profiter de leur présence avant une absence que l’on espère pas trop longue.

www.nadasurf.com
Underground Railroad : « Sweet »

mercredi 8 octobre 2008

Stephen Stills, L’Olympia, 5 octobre 2008.




Un concert solo de Stephen Stills, c’est toujours un événement par ce que cela arrive très rarement. Pourtant l’ex-compagnon de route de Neil Young (voir mes messages des 14 avril 2007 et 17 février 2008) possède un lien familial avec l’Hexagone, il est l’ex-mari de Véronique Sanson et son fils Chris Stills poursuit une double carrière dans le cinéma et la musique en France. D’ailleurs Stephen fait l’effort, au début du moins, de parler français : « Bonsoir, ça va ? L’Olympia, quelle joie ». Mais, plus important, Stephen Stills est une figure légendaire de la scène hippie folk Californienne de la fin des 60s, mine de rien on a là sur scène un mec qui était pote et a joué avec Hendrix, Clapton et est l’auteur du tube « For what it’s worth » (si, si vous connaissez…), ça se pose là comme CV. Problème, tout ça c’était il y a bien longtemps et depuis Stills a, comme beaucoup de ses contemporains, cédé à de nombreuses turpitudes : drogue et whisky. Aujourd’hui s’il est un grand père débonnaire avec un bel embonpoint, les excès se sentent ailleurs. Son talent de guitariste est intact (et toujours aussi impressionnant) mais sa voix ne ressemble en rien à ce qu’elle a été. Ca me fait un peu de peine, il a du mal, s’accroche pour chanter juste. Stills prend la chose avec humour, il finit « Changing partners » dans un long soupir évocateur : « C’était dans la tonalité originale pfff…».

A l’instar de son vieux pote Neil Young en février dernier, Stephen Stills a opté pour un concert en deux temps. Une première partie en solo acoustique et, après un entracte, une deuxième plus électrique avec un groupe. Le public de vieux hippies est aux anges… C’est justement ce set électrique qui m’a particulièrement, et agréablement, surpris. Accompagné par un gang de vieux routiers : basse, batterie et orgue, Stills a viré dans un blues tendance gros son, grosses guitares, je ne lui connaissais pas ce versant agressif (à l’inverse d’un Neil Young). Dans la même veine, Stephen n’hésite pas a bousculer son public ne se contentant pas de reproduire ses chansons notes pour notes, mais au contraire, change ses arrangements innove en restant fidèle à lui-même. Il a bien joué « For what it’s worth » mais dans une version qui diffère de l’original du Buffalo Springfield. Le concert s’est terminé avec l’aide de son fils Chris (qui a donc connu le bonheur de partager une scène avec ses parents) à la guitare et de la maman de ce dernier, Véronique Sanson, aux chœurs. La petite famille a repris « Love the one you’re with », extraite du superbe premier album solo de Stills, dans une version magnifique. Stephen Stills a tout de même de beaux restes.
www.stephenstills.com

Buffalo Springfield : « For what it’s worth/Mr Soul » (Vintage !!!)


Stephen Stills : « Treetop flyer »

samedi 4 octobre 2008

De la souffrance…

La Musique est une souffrance. Je ne parle pas là d’une quelconque souffrance morale, d’un blues particulier.

Non d’une souffrance physique.

De la douleur.

D’avoir les bras ballants, vidés de toute force après avoir joué de la batterie pendant des heures et des heures. D’avoir mal aux poignets d’avoir trop serré le manche de la guitare, du sang sacrificiel qui s’écoule le long des cordes. Et aussi du batteur du groupe normand Tahiti 80 qui souffre d’hypersensibilité auditive et qui, mais j’espère de tout cœur me tromper, ne pourra plus jamais jouer.

Toute création a un coût, et il est parfois lourd à payer.

Les musiciens payent de leur personne, il est parfois bon de le rappeler.

Pourtant nombreux sont ceux qui affirment : « la Musique c’est toute ma vie et il faudra m’arracher les deux bras pour m’arrêter »…