dimanche 30 mars 2008

Shake Your Hips ! : Caroline's Smile




Découvert lors d’un showcase à la FNAC Montparnasse, les Shake Your Hips ! (Voir mon message du 18 février) m’avait assez favorablement impressionné. Et l’album « Caroline’s Smile ne fait que confirmer la bonne impression laissée par le showcase. Enregistré à l’ancienne, live en studio, ce disque souffre à peine d’une production légère largement compensée par la fougue déployée. De bons moments, il y en a beaucoup tout au long des onze plages de ce CD où le quintet francilien fait preuve d’une belle maîtrise. La rythmique Olivier Ferrié (batterie) / Daniel Boissinot (Basse) à laquelle il convient d’ajouter le guitariste Olivier Raymond est hyper solide. Le champ est alors libre pour l’harmoniciste Jean-Marc Henaux qui souffle comme si le vent de la « Windy City » lui passait directement par les poumons. Et puis il y a le chanteur Freddy Miller, une voix puissante et grasse, faîte pour le blues. Quand il n’assure pas les parties rythmiques, Olivier Raymond déploie de ses doigts agiles des soli et riffs inspirés. Non content d’exceller dans le blues, les Shake Your Hips n’ont pas oublié d’insuffler une bonne dose de groove dans leur note bleue. La guitare d’« High on the Hog » (peut-être la meilleure piste du CD) sonne comme si elle s’était échappée du « Payback » de James Brown. Autre exemple le dynamique « I got to change » et son ralentissement final qui s’enchaîne sur « Help Me », un des titres les plus lents du disque, un des plus poignant aussi. Enfin la dernière chanson, le morceau titre « Caroline’s smile », seule composition originale du disque prouve que les Shake Your Hips, sont aussi des songwriters inspirés, ce qui est probablement la prochaine étape pour ce groupe prometteur.

samedi 29 mars 2008

CRUAUTE

Depuis que j’ai commencé ce blog il y a de cela plus d’un an, il a toujours été question ici de musique, et j’ai bien conscience que ce nouveau message déborde largement du cadre que je m’était fixé au préalable. Néanmoins, certaines exactions me font vomir, et je reste persuadé, mais je suis peut-être un grand naïf, qu’ensemble il est possible de faire une différence.

En 2007, Guillermo Vargas Habacuc, prétendument « artiste », mais véritable ordure si vous voulez mon opinion, a payé deux jeunes enfants pour lui attraper un chien. Il a ensuite attaché l’animal à une corde, elle-même fixée au mur d’une galerie d’art. Il a ensuite laissé le chien mourir, le privant d’eau et de nourriture sous le regard des visiteurs de la galerie, sans que personne n’ait jugé utile de faire quoi que ce soit.

La pauvre bête est morte d’inanition.

Pire encore, ce Monsieur Habacuc a été invité par la biennale d’art du Honduras a rééditer son « œuvre » dans sa version 2008.

Il ne s’agit malheureusement pas d’une blague scabreuse ou d’un hoax de mauvais goût mais de faits avérés, très facilement vérifiables via google, photos à l’appui (mais je me refuse personnellement a diffuser de telles saloperies).

Eviter une telle ignominie est possible et une pétition (en espagnol) appelant à boycotter la présence de ce Monsieur à la biennale du Honduras est disponible ici.

Je suis le signataire n°1427768 et je vous invite tous à manifester votre écoeurement devant de semblables agissements, bien éloignés de ma définition personnelle de l’art.

Merci d’avance.

Régis Gaudin.

mercredi 26 mars 2008

Music from the motion picture JUNO

Le charmant petit film Juno ressemble aux films indépendants qui ont fait les beaux jours des salles obscures dans les années 90. Des films qui ont permis de découvrir des réalisateurs comme Quentin Tarantino, Vincent Gallo, Larry Clark, Spike Jonze ou Kevin Smith. Et la bande son de Juno est à l’avenant. Un disque plutôt acoustique qui fleure bon l’automne et les feuilles mortes. Avec au programme des classiques indémodables : The Kinks « A well respected man », Buddy Holly « Dearest », « I’m stinking with you » du Velvet Underground ou bien encore Mott The Hoople « All the young dudes ». On y trouve encore quelques raretés, la reprise de « Superstar » des Carpenters par Sonic Youth, et certains groupes côtés dans le milieu indé comme Belle & Sebastian et Cat Power. Mais la grande gagnante aux points de cette excellente BO est Kimya Dawson qu’elle soit en solo, en duo avec Antsy Pants ou accompagné de son groupe The Moldy Peaches (avec Adam Green), le timbre enfantin de Kimya est présent sur sept titres. Au final, une jolie petite compilation, mignonne comme tout, enregistrée à l’économie, et c’est ce qui fait tout son charme.

Michael Cera & Ellen Page : "Anyone else but you" (extrait du film)

mardi 25 mars 2008

Alvin Lee + Tony Joe White, L’Olympia, 24 mars 2008.


Je reste parfois pantois devant le manque de civisme de mes compatriotes. L’affiche de l’Olympia lundi dernier était excellente, deux légendes : l’anglais Alvin Lee (ex leader de Ten Years After dans les années 60) et le louisianais Tony Joe White. Croyez-vous que le public aurait pris le minimum de précautions nécessaire pour être à l’heure ? Non, rien à foutre. C’est non seulement un manque de respect vis-à-vis de l’artiste, mais c’est aussi, à l’Olympia dans la configuration assise où toutes les places sont numérotées avec des placeuses pour vous guider, très gênant pour les autres spectateurs. La première partie assurée par Tony Joe White, fut très courte, seulement une demi-heure, dont une bonne moitié fut gâchée par le va et viens continuel des retardataires. Je veux bien admettre qu’il y ait quelquefois des contretemps et qu’il est parfois difficile d’être à l’heure. Mais là, non. Ils étaient tout simplement trop nombreux à être en retard pour que cela relève uniquement du simple contretemps.


Bref passons et revenons au sujet principal de ce blog, la musique. Et elle fut de grande qualité hier soir. Commençons par Tony Joe White, vétéran de la scène blues de Louisiane, largement occulté sur sa terre natale, et auteur de « Polk Salad Annie ». Ce dernier a donné, on l’a vu précédemment, une prestation courte mais néanmoins intense. Assis tout du long, l’harmonica autour du cou et sa vieille Stratocaster dans les mains, Tony Joe a entamé son set en solo avant d’être rejoint par un excellent batteur, puissant, fin et technique. Un duo guitare/batterie, cet homme-là serait-il le père spirituel des Black Keys et autres White Stripes ? Je ne peux pas terminer la première partie de ce compte-rendu sans évoquer la voix de gorge profonde et grave de Tony Joe. Le temps n’a pas de prise dessus…





Vint ensuite Alvin Lee. Ancien leader de Ten Years After, créateur du riff inusable de « Love like a man », Alvin, survivant des 60s, est l’une des plus fine gâchette guitaristique en provenance d’Angleterre. Un vrai guitar-hero, mais qui à l’inverse de ses contemporains Eric Clapton, Jimmy Page et Jeff Beck n’a jamais vraiment eu le crédit qu’il méritait. En formation trio et avec sa fidèle Gibson demi-caisse rouge, Alvin a livré une prestation à mi-chemin entre John Mayall et Brian Setzer. C'est-à-dire en puisant aux sources du blues et du rock n’roll 50s. Je remarque qu’il n’utilise aucune pédale d’effet ou de distorsion, uniquement son ampli et l’overdrive. C’est du pur son, pas d’artifices. Impression renforcée par le bassiste qui quitte parfois son instrument pour utiliser une contrebasse encore plus « roots ». Alvin, je l’apprécie quand il est direct et qu’il balance ses riffs avec une précision imparable, moins quand il se perd dans des solos interminables (la remarque vaut également pour le batteur). Alvin nous a refait le coup de la nostalgie (avouons-le, c’est aussi pour cela qu’on se déplace) et nous lance un : « retournons à Woodstock » et d’enchaîner sur « I’m coming home ». La version de cette chanson (et son solo) jouée lors du festival de Woodstock en 1969 (et immortalisée sur film) l’a fait entrer dans l’histoire. L’audience en grande partie composée de vieux hippies tout droits sortis de « That 70s show » et autres « Dharma & Greg » est aux anges. J’ai pour ma part apprécié de vivre un petit bout de cette histoire par procuration.

http://www.alvinlee.com/

http://www.tonyjoewhite.com/


Ten Years After : "I'm going home" (Live Woodstock 1969)

Tony Joe White :"Polk Salad Annie"

dimanche 23 mars 2008

Elliott Murphy, le New Morning, 23 mars 2008.


« An evening with Elliott Murphy », c’est toujours la garantie de passer une excellente soirée (voir mes messages des 14 et 17 mars 2007). Elliott à ses petites habitudes dans le club de jazz du New Morning depuis qu’il a quitté son New York natal pour venir s’exiler à Paris en 1989. Il faut dire que sa carrière outre-atlantique, débutée en 1973, lui avait valu jusqu’ici plus de déceptions qu’autres choses. C’est en Europe qu’Elliott a retrouvé un nouveau souffle grâce notamment à son association avec le guitariste Havrais Olivier Durand, véritable guitar-hero anonyme. Donc, c’est un petit rituel, tous les ans au mois de mars un peu avant ou après son anniversaire (le 16) Elliott donne sa petite réception au New Morning. Et nous, eh bien on est là presque tous les ans, parce qu’on aime beaucoup le folk-rock d’Elliott.

Le duo Elliott Murphy/Olivier Durand commence le concert à deux guitares acoustiques et une nouvelle chanson. Puis arrivent le batteur Alain Fatras et Laurent Prado le bassiste. Olivier empoigne alors une superbe Gretsh demi-caisse noire jouée à l’aide d’un bottleneck et le groupe entame « Pneumonia Alley ». On arrive ensuite en terrain connu avec les tubes « Green River » et « Sonny ». Comme dans toute bonne petite réception qui se respecte, les invités se succèdent le chanteur Alain Janvier (bel organe) et la chanteuse des Natives, superbe voix soul, qu’hélas on n’entend pas assez. C’est ensuite le fils d’Elliott, Gaspard James Murphy qui vient ensuite apporter sa contribution guitaristique. L’avantage du concert annuel, c’est qu’année après année, on le voit progresser. Et il est plutôt bon le gamin, mais il est encore un ado et son papa le rappelle à l’ordre, une fois l’ovation terminée, « mais il doit avoir son bac à la fin de l’année » ! Beaucoup de nouvelles chansons on été jouées ce soir et quelques rescapées des 70s « Last of the rock stars » (Aquashow, 1973) ; « Diamonds by the yard » et « You’ll never know what you’re in for » (Nights Lights, 1976). Je suis particulièrement content d’avoir entendu « Last of the rock stars », car il s’agit de la chanson qui ouvre son premier album « Aquashow », c’est donc un titre important, car on n’a jamais deux fois la chance de faire une première bonne impression. Le concert a duré plus de deux heures et demie et de nombreux rappels car le public refuse de partir. Il y eu notamment une reprise épique du « L.A. Woman » des Doors mélangée avec des passages de « Baby please don’t go » et du classique blues « Got my mojo working ». « L.A. Woman » a permis à Elliott de tracer un parallèle entre son propre parcours et celui de Jim Morrisson qui avait lui aussi quitté les Etats-Unis pour Paris (ou il n’a hélas vécu que trois mois en Mai et Juillet 1971 avant de décéder). L’ultime rappel fut « As Good As » (extraite de l’album « Coming home again ») jouée sans rien ni amplis ni micro, près du public, guitares folk, harmonica et percussions. Hélas, certains spectateurs n’ont même pas pris la peine d’arrêter leurs conversations, ce qui a perturbé l’audition et m’a aussi quand même pas mal contrarié. Enfin bon, c’est sur ce moment de grande convivialité que cet excellent concert s’est achevé.

http://www.elliottmurphy.com/

jeudi 20 mars 2008

La musicale en tournée : Pete & The Pirates + The Blakes + The Kills + Gossip, L’Olympia, 18 mars 2008.


L’émission La Musicale de Canal + s’exporte ces jours-ci sur nos routes, après avoir modifié le concept de la version télé pour se rapprocher de celui du festival des Inrockuptibles, chaque groupe se succédant sur scène avec entre chaque set un entracte de vingt minutes. On commence donc avec la nouvelle révélation anglaise Pete and The Pirates, dont j’avais déjà entendu le plus grand bien. Pour faire simple, c’est sympa mais bon pas franchement de quoi sauter au plafond non plus. Serais-je blasé ? Autre révélation, le trio américain The Blakes, là on attaque dans le vif. Superbe découverte que ce trio qui nous a délivré une prestation fougueuse, rock n’rollesque à l’extrême. Plutôt qu’un long discours, je vous propose de les découvrir dans une version live de "two times", ça se passe de commentaires :



Pourquoi, diable, pourquoi, tout le monde crie au génie à l’évocation de The Kills ? Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ? Non, sérieusement parce que je n’arrive pas à comprendre. Certes je leur trouve quelques qualités à ce duo, une chanteuse classe, un son garage rock que j’affectionne, un certain charme lo-fi. Mais, pour une raison que j’ignore la sauce ne prend pas vraiment avec moi. Je ne saisi pas « le truc ». Je trouve la boîte à rythme vraiment trop « cheap » et cela leur donne un côté par trop monolithique pour mon goût personnel. Il n’y a guère que sur le dernier titre, joué en duo à deux guitares que le groupe retrouve un peu de la magie du Velvet Underground mais à part ça… Je les avais déjà vu il y a quelques années au festival des Inrockuptibles et je n’en garde pas un souvenir impérissable. Et ce n’est pas leur prestation de ce soir qui risque de me réconcilier avec eux mais bon puisque tous les goûts sont dans la nature…

Et on termine enfin avec la grosse affaire de la soirée le set de Gossip (voir mon message du 24 septembre 2007). Depuis le début des années 90, Gossip végétait dans une sorte de garage rock sympa, certes, mais assez anecdotique. L’arrivée de la nouvelle batteuse Hannah a complètement changé la donne, Gossip ne boxe plus dans la même catégorie. Quelle est la grande qualité d’un batteur ? Cette faculté de se mettre au service des chansons. La batterie n’est pas un instrument mélodique, bien savoir s’en servir, c’est savoir soutenir les autres musiciens sans tirer la couverture à soi. Et c’est exactement ce que fait Hannah, la batteuse de Gossip. Son jeu n’a rien de superflu, de spectaculaire ni de technique. Mais c’est exactement ce dont a besoin ce groupe. Dans ce contexte, elle est super efficace, booste les deux autres. Ca colle parfaitement et c’est ce que j’adore chez elle. Depuis ce changement, Gossip a littéralement explosé. Beth Ditto, l’incroyable chanteuse, lesbienne assumée et revendiquée est depuis devenu une icône gay. Elle aussi est impressionnante, malgré sa corpulence, 1m60 et une centaine de kilos, elle saute dans tous les sens. Et puis il y a cette voix… Pourtant, j’ai quand même été un peu déçu par le trio, accompagné ce soir par un renfort bassiste sur certains morceaux, qui, à mon avis, n’a pas joué la setlist que son immense talent mérite, piochant beaucoup trop dans son vieux répertoire. Il y a eu quand même de longs moments de flottement. Bon je dis ça mais en même temps je fais la fine bouche, « Yr mangled heart » et « Jealousy » sont rageurs. « Coal to diamonds » apporte une touche plus émotionnelle, qu’à mon avis ils devraient explorer plus avant. Et puis ils ont fini par retourner complètement la salle avec un « listen up » explosif. La scène est alors envahie par le public et transformée en dancefloor, la sécurité est complètement débordée. Et il y eu enfin ce « Standing in the way of control », joué en rappel, d’anthologie électrique. Le public est alors complètement survolté. Beth est alors revenue seule sur scène pour entonner l’air de « la vie en rose », il est vrai que l’on est à l’Olympia, histoire de calmer un peu l’audience… Encore une belle soirée malgré tout, et un réveil difficile ce matin et des tasses de café noir pour se réveiller…

Gossip : Listen Up (live big weekend 2007) :

Gossip : Standing in the way of control (live eurockéenes 2006)

lundi 17 mars 2008

MORPHINE

N’ayant rien de particulier à raconter aujourd’hui, j’ai décidé de vous faire partager un petit souvenir.


Originaire de Boston, véritable terreau du rock indépendant US (et ville d’où sont issus les Pixies), le trio Morphine à de suite fait forte impression. En France, ils seront la grande révélation des transmusicales de Rennes en 1993. C’est que le trio est atypique, batterie (alternativement jouée par Jerome Deupree et Billy Conway), saxophone (Dana Colley) et une basse pour le moins originale, composée de deux cordes uniquement et joué à l’aide d’un bottelneck. Les deux premiers albums, « Good » et « Cure for pain » sortiront coup sur coup en 1993. Même si ils entretenaient des liens étroits avec le jazz (le sax, le swing de la batterie) et le blues (le bottelneck) c’est bel et bien à un authentique groupe de rock n’roll que l’on affaire. Morphine, ou l’art de développer un son (aujourd’hui encore) frais et novateur tout en restant d’une certaine manière fidèle à la tradition binaire. Un authentique grand groupe. Le plus excitant et original des années 90. Morphine développait un charme vénéneux, dans un univers de clubs obscurs et enfumés à la Tom Waits. Un cadre de film noir pluvieux, traversé par de nombreuses femmes fatales. En déshabillant sa musique au maximum, Morphine dégageait quelque chose d’essentiel. Le personnage central du trio c’était Mark Sandman, homme aux talents multiples : auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste (bassiste, beaucoup, guitariste, un peu, pianiste et spécialiste des instruments bizarres type tritar, chamberlin…) et luthier. Et oui, sa basse bizarroïde à deux cordes, Mark l’avait fabriqué lui-même. Le groupe a continué sur sa lancée publiant en 1995 l’excellent album « yes » puis en 1997, « like swimming », ou hélas, la lassitude commençait à poindre. Puis ce fut le drame. Le 3 juillet 1999, à Rome, quelques jours avant une date prévue au New Morning, Mark Sandman s’effondre, tel un Molière rock, sur scène en plein concert. Les sources divergent quant à la nature du décès, aussi soudain que tragique, de Mark Sandman, certaines évoquent une crise cardiaque fulgurante, d’autre une rupture d’anévrisme. Il avait 47 ans. Quoiqu’il en soit le rock n’roll a perdu bien plus qu’un chanteur, le 3 juillet 1999, Mark c’était un iconoclaste de grande classe. Sur scène, l’unique fois où j’ai eu la chance de les voir en live, à l’Elysée-Montmartre le 2 avril 1994, Mark était passé maître dans l’art d’emballer le public en moins de deux. Du charisme, de l’humour, un sens de l’autodérision ravageur… En 2000, le groupe publie l’album posthume « The Night », que Morphine était en train de présenter au public lors de cette funeste tournée européenne. Suivront un live « Bootleg Detroit » enregistré par un fan dans le public et un best of, incluant quatre inédits, sorti en 2003. Pour être tout à fait complet, la discographie de Morphine est complétée par une compilation de faces B sortie en 1997 et d’un coffret (deux cds et un DVD) consacré aux enregistrements solo et inédits de Mark Sandman.

La vidéo de "Buena" (Cure for pain), c'était une autre époque et en ce temps là, même un trio quasi secret comme Morphine avait les faveurs de MTV:

Cure for pain live (de l'album du même nom) :

"Honey White" live (extrait de l'album "yes") :

dimanche 16 mars 2008

Blues Power Band, Fnac Montparnasse, 14 mars 2008.


La FNAC Montparnasse serait-elle devenue une annexe du blues Chicagoan ? Quoi qu’il en soit, un mois après les Shake Your Hips ! (voir mon message du 18 février) on a eu de nouveau droit, vendredi en fin d’après-midi, à un nouvel excellent showcase d’un autre très bon groupe français, Blues Power Band. Ce qui prouve bien la vigueur actuelle de la scène blues hexagonale, bien loin de se résumer au seul « cœur d’un homme », dont, avouons-le, on se bat, euh, comment dire, eh bien un autre organe que le cœur !


Bref, trêve de plaisanteries, par ce que sur scène, mes enfants, ça bouge sec. Blues Power Band, dit comme ça, ça à l’air tout con, mais c’est bigrement bien trouvé. Car « puissance » est bien le premier qualificatif qui vient à l’esprit pour décrire la musique de ce groupe. Laquelle est un subtil mélange entre gros son et groove. C’est à la fois lourd et funky, un peu comme si Led Zeppelin avait avalé les Meters. Ce concert respire la convivialité. Les BPB prennent beaucoup de plaisir sur scène et nous en donne autant en retour. On se fait des petites mimiques entre potes, on rigole, on saute en cadence. Musicalement, on affaire à des sacrés artilleurs. Une rythmique solide, Nicolas Paullin à la basse et Olivier Picard à la batterie, un chanteur, Hervé Joachim à peine moins impressionnant que Freddy Miller des Shake your hips, et surtout deux fines lames aux guitares Pascal Guégan et Régis (tiens, tiens le même prénom que l’auteur de ces lignes) Lavisse qui alternent les solos. Et surtout une belle générosité avec le public puisque les BPB tiendront la scène plus d’une heure. Vers la fin les deux guitaristes et le bassiste prendront le public d’assaut et finiront dans le public debout sur les tables. Une véritable course poursuite au milieu du public médusé. Une attaque en règle. C’est frais, euphorisant. Parfait pour débuter le week-end. Ou en toute autre circonstance…
http://www.bluespower-band.com/

samedi 15 mars 2008

The Cure, Palais Omnisport de Paris-Bercy, 12 mars 2008.



Ces dernières années, les Cure se sont fait assez rares. A l’exception d’un mini concert acoustique à l’Olympia en réponse à l’invitation d’une radio (impossible d’avoir des places) et d’une apparition au Live 8 à Versailles (idem), The Cure n’avait plus donné de vrai concert à Paris depuis l’an 2000, autant dire le siècle dernier. Côté disque, ce n’est pas mieux. A l’exception de (l’excellente) reprise du Love de John Lennon, sur l’album tribute, on ne les entend plus guère. Leur nouvel album (le premier depuis 2004) a tout de l’arlésienne qui commence à tourner à la mauvaise blague sans cesse repoussé à « une date ultérieure ». Aux dernières nouvelles il serait double et disponible à l’automne. Du coup, les Cure se retrouvent coincés dans une drôle de situation. Embarqué depuis un an dans une tournée mondiale afin de promouvoir un album pas encore sorti, et paraît-il, même pas fini. Cocasse. La composition du groupe a également évoluée depuis 2000, le guitariste Perry Bamonte et le clavier Roger O’Donnell sont partis, seul Bamonte a été remplacé par le revenant Porl Thompson. Ce changement de line up traduit une nouvelle orientation pour le groupe plus axé que jamais sur les guitares.

Le lien qui unit The Cure à son public est à la fois unique et très fort. Les concerts à Paris sont toujours une expérience particulière. Robert Smith adore autant les disques que les livres et se réfère autant à Nick Drake qu’à « l’étranger » de Camus ou au « fleurs du mal » de Baudelaire. De ce fait, Robert adore la France qui elle-même l’adore en retour. Le groupe est immensément populaire ici, probablement encore plus qu’au Royaume-Uni.

Ayant vu quatre fois les Cure auparavant, je pensais être prêt à tout et avoir tout vu. J’avais tort et c’était une profonde erreur de ma part. Démarré aux alentours de huit heures et quart, le concert s’est terminé un peu avant minuit. Oui, vous avez bien lu, ils ont joués pendant plus de trois heures et demi. Je n’en reviens toujours pas. Je n’arrive pas à croire que le temps ait passé si vite tellement j’ai adoré chaque seconde, chaque instant de cette soirée. Dès les premières notes de « plainsong », qui ouvre le show, la salle est plongée dans une ambiance à la fois irréelle et magique. Le light-show est particulièrement impressionnant, les lumières multicolores tourbillonnent dans tous les sens. Les Cure ont frappés très fort, grâce à une setlist particulièrement audacieuse : « Kyoto Song », « Jumpin’ someone else’s train », « Grinding Halt », « How beautiful you are » et j’en oublie certainement sont autant de titres pratiquement jamais joués en public. Et puis il y eut aussi les tubes : « Just like heaven », « Close to me », « In-between days ». J’ai eu un gros gros coup de cœur pour « a strange day » et sa guitare qui tourbillonne les oreilles, « Lovesong » et « From the edge of the deep green sea » trois de mes chansons préférées particulièrement puissantes ce soir. Le bassiste Simon Gallup est impressionnant et sautille comme un boxeur dans tous les sens. Porl Thompson qui ne joue pratiquement plus que sur des guitares demi-caisse est inspiré. Quant à Robert, et bien il est toujours le même, avec ses mimiques si particulières, son français parfois approximatif mais oh combien touchant et cette capacité à toucher le public, à créer une symbiose unique (rappelons que nous sommes quand même dans une salle de 15000 places). Et j’aimerais aussi rendre hommage au batteur Jason Cooper. En 2000, il me donnait encore un peu l’impression de « flinguer » les chansons à force de cogner comme un dingue. Ce n’est plus du tout le cas maintenant, le garçon a beaucoup bossé et ça s’entend. Puissant mais félin, il joue mieux que jamais. Et ce pendant trois heures trente. Je me répète mais quiconque s’est déjà assis derrière une batterie ou pris un jour une guitare entre ses mains ne peut qu’être admiratif d’une telle performance. Les rappels nous ramène en 1980 : « A forest » (Gallup énorme finit la chanson en solo avec le battement de mains du public pour seul accompagnement), « Play for today », « Three imaginary boys », « M ». Des retours sur scène il y en eut trois, quatre, je ne sais plus et je ne suis plus en état de compter de toute manière. On est sortis de Bercy comme des loques, plus de pieds, plus de mains à force d’applaudir à s’en choper des cloques, la tête à l’envers. On s’est fait retourner le cerveau mais d’une force, d’une violence, t’imagines même pas. Plus qu’un concert un putain de trip. C’est le plus gros groupe du monde, voilà c’est dit et c’est tout. Et notre petit groupe de potes a le cœur gros quand il faut se séparer sur le quai du RER.

Setlist : Plainsong, Prayers For Rain, A Strange Day, alt.end, The Walk, The End of the World, Lovesong, To Wish Impossible Things, Pictures of You, Lullaby, From the Edge of the Deep Green Sea, Kyoto Song, Please Project, Push, How Beautiful You Are, Friday I'm In Love, Inbetween Days, Just Like Heaven, Primary, A Boy I Never Knew, Shake Dog Shake, Never Enough, Wrong Number, One Hundred Years, Disintegration 1st encore: At Night, M, Play For Today, A Forest 2nd encore: Lovecats, Let's Go To Bed, Freak Show, Close To Me, Why Can't I Be You 3rd encore: Three Imaginary Boys, Fire In Cairo, Boys Don't Cry, Jumping Someone Else's Train, Grinding Halt, 10:15 Saturday Night, Killing an Arab 4th encore: Faith. Show was 3 hours and 30 minutes. (12/03 10:30)
http://www.thecure.com/

Quelques souvenirs :

The Cure : Lovesong (live 2001)


The Cure : From the edge of the deep green sea (live 1992 - Show)

dimanche 2 mars 2008

Eric Bibb : Spirit I am




Eric Bibb a plusieurs atouts dans sa manche. Tout d’abord son incroyable charisme et une passion évidente pour la musique. Qu’on lui demande quels sont ses disques ou instruments préférés et un sourire immense, d’une oreille à l’autre, apparaît sur son visage. Qu’il s’attarde chez un luthier pour admirer quelques guitares et il ne peut s’empêcher de soupirer des « uumm !» remplis de gourmandises. En pleine interview, assis à une terrasse, alors qu’un groupe joue à l’arrière plan, Eric ne peut empêcher son pied de battre la mesure. Cet homme est musique !

Fils du chanteur, plutôt underground, folk New-Yorkais Leon Bibb, Eric a débuté sur le tard, à la fin des années 90, à quarante ans biens tassés. Comme mu par une irrépressible envie de rattraper le temps perdu, il a sorti depuis une dizaine d’albums au rythme effréné d’une ou deux sorties annuelles. Son nouvel opus « Spirit I am » est disponible depuis quelques jours. Situé au confluent du folk, du blues et du gospel, cet album témoigne d’une inspiration qui ne se tarit pas. Double album, « Spirit I am » se compose de deux CDs. Le premier disque, « Get onboard » se veut plus produit. Les arrangements sont nombreux : cuivres sur « New Beal Street Blues » d’inspiration néo orléanaise. « Get Onboard » est une superbe chanson avec harmonica et orgue Wurlitzer. La magnifique « Spirit I am » est un gospel légèrement plus électrique qu’à l’accoutumée. Le premier titre est acoustique « Stayed on Freedom » est un hymne à la gloire des droits civiques, un traditionnel adapté par Eric. « Pocket » est l’occasion pour Eric de déployer tout son talent à la guitare folk dans un très joli arpège.

Comme son titre l’indique, le deuxième volet de cet album, « Field recordings » se veut plus dépouillé. Composé de sept titres, interprétés en solo à la guitare acoustique par Eric et pioché dans le répertoire traditionnel (« Stagolee », « I shall not be moved », « No more cane in the brazos ») et chez Huddie Ledbetter (« Goodnight Irene », « Bourgeois blues »). « Water » est la seule chanson originale composée par Eric sur ce deuxième disque.

Saluons enfin pour finir, le superbe travail effectué par le label (français !) Dixiefrog. Digipack luxueux, livret bien illustré, le deuxième CD propose en bonus une vidéo (comme toujours sur les productions Dixiefrog) d’une vingtaine de minutes (à regarder sur l’ordinateur) où Eric, en virée à la Nouvelle-Orléans, s’explique sur sa musique avec enthousiasme et passion. Du beau travail d’artisan, fait par des passionnés, voila de quoi a besoin la musique. Ouh Eric, comme j’ai hâte de te voir sur scène (à la Cigale, le 19 mai prochain).
http://www.ericbibb.com/
http://www.dixiefrog.com/
"In my father's house" (extrait de l'album précédent "Diamond Days"), live at Later with Jools Holland :

samedi 1 mars 2008

Pamela Hute : Three


Comme Pamela nous l’avait confié lors de l’interview de septembre dernier, les sessions de l’été dernier ont donné naissance à ce nouveau single. Le menu est cette fois assez court, trois chansons seulement en moins de dix minutes pour le désormais power trio. Au programme donc « Don’t help me » qui est LA nouvelle composition de Pam. Même si la miss a complètement abandonné la telecaster qui était, il y a peu encore sa marque de fabrique, Pam sait toujours comment faire bouger une chanson, « Don’t help me » en est la preuve, le tout légèrement parsemé d’un discret « effet Placebo ». Déjà présente sur la toute première démo de Pamela (enregistrée en 2005/2006), vient ensuite « Parachute » dans une nouvelle version (la précédente était déjà très bien aussi). J’ai un peu de mal à être totalement objectif, puisque ce titre a toujours été l’un de mes préférés de la demoiselle depuis que je l’ai entendu pour la première fois à l’OPA. Comptine légèrement désuète, « Parachute » est un petit bijou pop/cabaret d’à peine deux minutes. Sans guitares, mais avec piano, on est ici quelque part entre les Dresden Dolls et Ben Folds. La mélodie est imparable, les Beatles ne sont pas bien loin. Ce nouveau single se termine enfin avec une nouvelle version de « Chocolate Soup », titre phare du précédent maxi. On sent ici toute l’évolution du groupe et ce nouveau son un peu plus électro mais subtilement rock dans la même foulée. On reste donc un peu sur notre faim, trois titres c’est assez court, mais l’objectif principal étant de démarcher les labels, il me semble que Pamela est désormais suffisamment bien armée (enfin c’était déjà le cas auparavant) pour séduire une maison de disques. Best of luck, Miss.
En écoute : Parachute